MAGALMA

 

LECTORIUM

 

 

 

Encore la boîte du bouquiniste ou le carton du libraire d'occasions. Tous genres et éditions pêle-mêle, c'est  l'éclectisme assuré. Un livre au hasard qu'on ouvre à une page plus ou moins quelconque et cette courte lecture qui s'ensuit, généralement de quelques lignes tout au plus. Curieux ou pas mal...Au fait de qui est-ce ? Alors en le refermant on regarde sur la couverture le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage. (Ici ces derniers, dans un même esprit et pour inciter peut-être aux devinettes, ne sont dévoilés que le lendemain).

 

 

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n°1173
 

       Ayant pris en charge la situation telle qu'elle se présentait, j'imagine ainsi ses premières réactions : 1. Prendre personnellement la direction de la manoeuvre d'ensemble, en confiant à un bureau dirigé par un aide-major général la "gestion" des autres fronts où il ne se passait rien.

       2. Refuser de dépasser l'Escaut et Namur. Mettre tout de suite hypothèque sur le corps de cavalerie mécanique. 3. Assurer à tout prix la liaison solide entre les régions fortifiés à l'Est et le Groupe des Armées du Nord. Pour cela, remplacer les généraux commandant les IIè et IXè Armées. Faire de ces deux armées le Groupe d'Armées du Centre et le confier à un Général énergique. 

 

Général d'Armée Bourret - La tragédie de l'armée française (1947)

 

n°1172
 

       Au sortir de Kaboul, on marcha par une grande forêt, on s'assit sur l'herbe pour manger, on laissa les chevaux paître. On se préparait à décharger l'éléphant qui portait le dîner et le service, lorsqu'on s'aperçut que Topaze et Ebène n'étaient plus avec la petite caravane. On les appelle; la forêt retentit des noms d'Ebène et de Topaze. Les valets les cherchent de tous côtés et remplissent la forêt de leurs cris; ils reviennent sans avoir rien vu, sans qu'on leur ait répondu.

       Nous n'avons trouvé, dirent-ils à Rustan, qu'un vautour qui se battait avec un aigle, et qui lui ôtait toutes ses plumes. Le récit de ce combat piqua la curiosité de Rustan; il alla à pied sur le lieu, il n'aperçut ni vautour ni aigle; mais il vit son éléphant, encore chargé de son bagage, qui était assailli par un gros rhinocéros.

 

Voltaire - Le blanc et le noir (1764) - (conte)

 

n°1171
 

       -Eh ! voici notre jeune collègue ! dit aimablement le Père Soupe que la brusque entrée de Lahrier venait d'éveiller en sursaut. -Bonjour, bonjour dit Lahrier. Du premier coup d'oeil il avait aperçu, bien mis en vue sur l'amoncellement des affaires à traiter qui noyaient sa table de travail, un pli cacheté, couleur vert d'eau; il se hâtait, intrigué, goûtant à recevoir des lettres une anxiété délicieuse.

       D'un coup de doigt, sans prendre le temps de s'asseoir, il fit éclater l'enveloppe. Il lut : "Mon René chéri, ne vas pas demain au Ministère : je me suis faite libre et j'irai te voir. Reste au dodo à m'attendre ; je serai chez toi sur les une heure. Je t'embrasse les yeux, la bouche, la moustache et le bout du nez. Ta Tata."  

 

Georges Courteline - Messieurs les ronds-de-cuir (1893)-(Deuxième tableau)

 

n°1170
 

       Un moulin à vent c'est d'abord une maison. Une vraie maison où gîte maître meunier. Mais cette maison ne ressemble à aucune autre. D'abord elle se dresse solitairement à l'écart du village, au centre du pays plat céréalier. C'est souvent une tour de bois, posée sur un socle de maçonnerie en forme de tronc de cône ou de pyramide...

       Mais cette tour travaille et, pour ce faire, elle a des ailes. Et elle est capable de pivoter sur un socle afin de faire face à toute la rose des vents. Un cercle de bornes saillantes l'entoure comme un cadran solaire. Le meunier y prend appui pour déplacer  la queue du moulin, et avec elle tout l'édifice.

 

Michel Tournier - Les moulins de Beauce (1986) - (nouvelle)

 

n°1169
 

       C'est un personnage étrange, mystérieux, tout en contrastes, inquiétant, que celui de Marcel Jouhandeau : le sage petit professeur d'école libre de Passy a des fréquentations inavouables ; l'enfant de choeur a cruellement blessé les habitants de Guéret-Chaminadour ; le célibataire endurci a épousé une femme fatale; le sédentaire a fait en (1941)le coupable voyage de Berlin; le moraliste a justifié tous les vices...

       L'oeuvre est dédiée à la ville que l'homme a fuie et moquée; elle sort de l'album d'images où Jouhandeau a rassemblé ses souvenirs de Chaminadour, dont il a peint chaque habitant dans une fresque intarissable, traité avec le réalisme des enlumineurs du Moyen-Age. Le ciel et l'enfer, le plaisir et la souffrance, le bien et le mal y cohabitent dans un monde de fabliaux.  

 

Pierre de Boisdeffre - Littérature d'aujourd'hui - (Marcel Jouhandeau) (1965)

 

n°1168
 

       Qui vivrait sur le sommet d'une montagne élevée, isolée, n'embrasserait jamais du regard qu'une portion assez faible du paysage. Il ne connaîtrait ainsi qu'une région restreinte de la terre, avec des lacunes dues aux angles morts de la perspective, et cette vision partielle serait fugitive. Pour matérialiser durablement la figure du terrain, il n'est donc que d'essayer d'en fixer les traits marquants en un dessin respectant les formes.

       Ce croquis local peut déjà avoir toute la précision d'un plan, à condition qu'on prenne soin de faire correspondre, selon les lois de la similitude géométrique, les éléments du croquis et ceux de la nature. C'est dire en particulier que le rapport des longueurs de l'un et l'autre système doit rester fixe. Nous en dégageons immédiatement une notion essentielle, celle de l'échelle.  

 

André Libault - La cartographie  (QSJ n°937-1972)

 

n°1167
 

       Des désastres comparables sont infligés le même mois aux troupes allemandes par les deuxième et troisième Fronts d'Ukraine. Enfonçant dans la boue jusqu'aux genoux, les troupes du deuxième Front d'Ukraine attaquent par surprise en direction d'Ouman et réalisent, en 5 jours, une avance de 70 kilomètres sur un front de 175 kilomètres.

       Treize divisions, dont 6 blindées, sont détruites. En un seul point, 200 "Tigre et "Ferdinand", enlisés, sont pris en bon état. dans une progression de 400 kilomètres, poursuivie sans arrêt, le Boug, le Dniestr et le Prout sont franchis. Le front allemand est entièrement dissocié. Les armées soviétiques pénètrent en Bessarabie.

 

Général A.Guillaume - Pourquoi l'Armée Rouge a vaincu (1948)

 

n°1166
 

       Le même hiver, aussitôt après cette conférence, Tissaphernès se rendit à Caunos dans l'intention de faire revenir les Péloponnésiens à Milet, de conclure avec eux un nouveau traité à des conditions acceptables  pour lui et de leur fournir des subsides pour éviter de se les aliéner complètement.

       Il s'inquiétait en effet en songeant que, si la majeure partie des équipages de leur flotte venait à ne plus recevoir de solde, les Péloponnésiens se trouveraient contraints de livrer bataille sur mer aux Athéniens et qu'ils se feraient battre, ou bien encore que les hommes déserteraient les navires.

 

Thucydide - La guerre du Péloponnèse (livre VIII- II) (412 av.)

 

n°1165
 

       Les premières leçons de Calcul à l'usage du Cours Elémentaire sont des leçons d'initiation à l'étude des nombres et à la pratique des quatre opérations. La théorie n'y figure que sous la forme très réduite de quelques règles ou définitions essentielles. Nous estimons que même avec les débutants, il convient de fixer dans la mémoire certaines formules, courtes et précises.

       Il va de soi que les exercices constituent la partie prépondérante de notre ouvrage. Ils comprennent des séries, soigneusement graduées. L'exercice de Calcul mental et de Calcul écrit, destinés à exercer les élèves aux diverses  combinaisons auxquelles se prêtent les nombres et à les préparer ainsi au mécanisme des quatre opérations.

 

A.Lemoine - Arithmétique (1923) - (manuel scolaire)

 

n°1164
 

       Weidling pense qu'une chance inespérée s'offre à lui. Il va convaincre Hitler que défendre Berlin est insensé, que le combat coûtera la vie à des milliers de soldats et de civils et que la ville sera détruite. Si le Corps, au contraire, se dégage vers le sud, il pourra s'adjoindre à la 9ème ou à la 12ème Armée. Il conjure, implore, souligne que les ordres sont déjà partis, emploie toute sa force de persuasion.

       Hitler, remarque-t-il, reste indécis. C'est Krebs qui l'interrompt en disant qu'il n'approuve pas du tout le plan de Weidling. Le repli du Corps ouvrira une brèche aux Russes et fera sauter tout le front oriental. Hitler s'anime. Il prend la parole, et, à sa manière habituelle se lance dans un discours intarissable. Il explique son propre plan qui est de défendre Berlin, puis tout de suite, s'écarte du thème pour retrouver son ancienne rhétorique du Reichstag.

 

Werner Haupt - La dernière bataille de Hitler (1966)

 

n°1163
 

       Comme je l'avais déjà fait remarquer dans la préface de l'édition précédente, la reproduction, par des procédés photographiques modernes, d'ouvrages de base épuisés depuis longtemps en librairie, constitue en numismatique comme dans d'autres branches du savoir, un trait marquant de ces dernières années. L'Akademische  Verlag de Graz et la maison Forni de Bologne ont été particulièrement actives dans le domaine numismatique, mais elles n'ont pas été les seules à entreprendre de pareilles travaux.

       Ces reproductions photographiques sont souvent inférieures à l'édition originale, notamment en ce qui concerne la qualité de la typographie et des planches, mais elles rendent un très grand service à la recherche et, pour autant qu'elles me fussent connues, j'ai signalé leur existence à la place qui leur était assignée.

 

Philip Grierson - Bibliographie numismatique (1979)

 

n°1162
 

       Une immense muraille courait tout autour de la léproserie sur la colline, à deux kilomètres de la ville, et tout en haut de la muraille des sentinelles faisaient continuellement les cent pas. Certains de ces gardes étaient intraitables, hautains, d'autres au contraire se sentaient pris par la pitié. Et c'est pourquoi chaque soir les lépreux se réunissaient au pied de la muraille, interrogeant les soldats les plus gentils.

       -Gaspare, disaient-ils par exemple, que vois-tu ce soir ? Y-a-t-il quelqu'un sur la route ? Une voiture, dis ? Et comment est-elle cette voiture ? Et le Palais du Roi, est-il illuminé ? A-t-on mis des torches sur la tour ? Le Prince est-il de retour?... Ils continuaient ainsi pendant des heures, sans jamais se lasser, et, malgré le règlement qui le leur interdisait, les braves sentinelles répondaient, inventant le plus souvent, ce qui leur passait par la tête.

 

Dino Buzzati - L'homme qui voulut guérir (1958) - (nouvelle)

 

 1161
 

       L'homme, serviteur et interprète de la nature, n'agit et ne comprend que dans la proportion de ses découvertes expérimentales et rationnelles sur les lois de cette nature; hors de là, il ne sait ni ne peut plus rien. Ni la main seule, ni l'esprit abandonné à lui-même, n'ont grande puissance; pour accomplir l'oeuvre, il faut des instruments et des secours dont l'esprit a tout autant besoin que la main.

       De ces instruments dont Bacon vient de signaler la nécessité, dès les premières lignes du Novum Organum, nous n'envisageons, dans le présent travail, que ceux qui concernent essentiellement la Mécanique, ce premier chapitre de la Physique, au sens étendu de ce dernier mot, fusis. La Mécanique est, pour parler bref, la science du temps, des masses et des forces.

 

Jules Raibaud - Appareils et méthodes de mesures mécaniques (1928)

 

n°1160
 

       Le néo-romantisme s'est emparé de Mallarmé comme s'il incarnait ou préfigurait son propre mal du siècle, comme si la crise d'adolescence prolongée du poète n'avait jamais été surmontée. C'est oublier que cette lutte a pris fin au printemps 1871, avec la consolidation d'une santé fragile.

       Cette épreuve douloureuse avait été autant physique que morale, l'effet d'un surmenage et de l'abus du travail nocturne, autant que de méditations métaphysiques. Car cette crise, Mallarmé l'avait dépassée depuis le début sur le plan intellectuel : "après avoir trouvé le Néant, j'ai trouvé le Beau", ce qu'il développa un an plus tard ainsi : "J'ai fait une assez longue descente au Néant pour pouvoir parler avec certitude."

 

Stéphane Mallarmé (1842-1898) - Poésies (introduction)

 

n°1159
 

       Tous ceux qui ont donné des conseils sur l'art d'écrire ont insisté sur la nécessité, mais en même temps sur la difficulté, d'avoir à sa disposition un vocabulaire abondant et varié. Il nous faudrait, dit l'un d'eux, posséder une sorte d'arsenal toujours à notre portée, où nous puissions trouver rapidement et presque instantanément, au moment où notre idée s'éclaire prête à s'exprimer, le terme ou les termes propres destinés à rendre notre pensée dans toute sa précision.

       Mais avec les moyens naturels dont nous disposons, cette recommandation est bien difficile à suivre. Si on peut dire de l'imagination qu'elle est la "folle du logis", ne pourrait-on pas dire aussi bien de la mémoire qu'elle en est la gardienne infirme et infidèle, trop souvent sourde à nos appels ?

 

De Noter, Vuillermoz, Lécuyer - Dictionnaire des synonymes (1961)

 

n°1158
 

       Internet est aujourd'hui au coeur de l'actualité. Chacun s'accorde à penser qu'il est la source d'un nouveau mode de communication. La principale particularité de ce nouveau média n'est pas technologique. Il s'agit au contraire de sa simplicité d'accès en ce qui concerne la diffusion des informations. En effet, les médias facilement accessibles aux consommateurs d'informations que nous sommes tous ne manquent pas. Radio, télévision, livres, journaux, toutes ces sources sont à notre disposition pour un coût dérisoire.

       En revanche, leur utilisation pour diffuser nos propres informations est pratiquement impossible, tant leur accès nécessite des moyens techniques et financiers hors de notre portée. Bien sûr, quelques aventuriers parviennent de temps en temps à faire entendre leur voix en créant de nouvelles structures. Mais s'ils réussissent dans de rares cas à s'imposer, ils servent surtout d'alibis. Avec Internet, tout cela est en train de changer radicalement.

 

Nicolas Sancy - Votre site Web personnel (1999)

 

n°1157
 

       Tous portaient la blouse bleue par-dessus de singulières vestes de drap noir ou verdâtre, vêtements de cérémonie qu'ils découvraient dans les rues du Havre, et leurs chefs étaient coiffés de casquettes de soie, hautes comme des tours, suprême élégance dans la campagne normande. Césaire Horlaville  referma la portière de sa boîte, puis monta sur son siège et fit claquer son fouet...

       Soudain Maît'Belhomme qui tenait toujours son mouchoir sur son oreille se mit à gémir d'une façon lamentable. Il faisait "gniau... gniau... gniau", en tapant du pied pour exprimer son affreuse souffrance. -Vous avez donc bien mal aux dents ? demanda le curé. Le paysan cessa un instant de geindre pour répondre : "Non point, m'sieu le curé... c'est point les dents... c'est de l'oreille, du fond de l'oreille...

 

Guy de Maupassant - La Bête à Maît'Belhomme  (1885) - (conte rustique)

 

n°1156
 

       Ma parole! Vous avez perdu la tête  s'écria Spencer Coyle, tandis que le jeune homme, livide, répétait, un peu haletant : "Si, vraiment, ma décision est prise!" et "C'est tout réfléchi, je vous assure!". Ils étaient pâles tous les deux mais Owen Wingrave souriait, d'une manière exaspérante pour son moniteur qui gardait pourtant assez de discernement pour sentir que sa grimace - un absurde ricanement - trahissait une nervosité extrême et d'ailleurs compréhensible.

       - Mon erreur a été de continuer jusqu'à présent, voilà bien pourquoi je sens que je ne dois pas aller plus loin, dit le pauvre Owen. Il attendit machinalement, presque humblement, répugnant aux airs arrogants et n'ayant d'ailleurs nul sujet d'en prendre. A travers la fenêtre, le dur scintillement de son regard se posa sur les stupides maisons d'en face.

 

Henry James - Owen Wingrave (1892) - (nouvelle)

 

n°1155
 

       Il y avait une crevasse de la terre à l'endroit où se trouve actuellement ce qu'on appelle l'adyton du sanctuaire. Des chèvres paissaient autour de cette crevasse, le site de Delphes n'étant pas encore habité. Chaque fois qu'une chèvre s'approchait de la crevasse et y regardait, elle se mettait à bondir de façon étonnante et à bêler d'une voix différente de celle qu'on lui connaissait jusqu'alors.

      Le berger, étonné du prodige, s'étant approché de la crevasse pour regarder de quoi il s'agissait, il lui arriva la même chose qu'aux chèvres : en effet, celles-ci se comportaient comme les gens en proie au phénomène de l' "enthousiasme", et leur gardien se mit à prédire l'avenir. Après cela, le bruit de ce qui arrivait quand on s'approchait de la crevasse se répandit parmi les paysans.

 

Robert Flacelière - Devins et oracles grecs ( QSJ n°939-1965 )

 

n°1154
 

       Dans les conversations de Matignon, il est clair qu'il n'appartenait pas aux patrons et ouvriers réunis de voter sous mon arbitrage la loi de quarante heures. C'était l'affaire du Parlement. Mais il n'y a pas le moindre doute qu'au cours de ces conversations, le vote de la loi de quarante heures, ait été escompté.

       Le sujet de ces conversations était bien simple. Parmi les revendications ouvrières, il y en avait qui dépendaient du Parlement et les patrons s'y soumettaient d'avance loyalement. Il y en avait d'autres qui regardaient les patrons seuls, à savoir les revendications qui touchaient le taux des salaires. Je vous assure qu'à ce moment-là, il n'était pas question de diminuer l'importance du mouvement.    

 

Documents socialistes - Léon Blum devant la Cour de Riom (1945)

 

n°1153
 

       Un nombre impressionnant d'hommes de toute race se sont livrés depuis des siècles à la composition musicale, instinctive ou savante. En se limitant à la musique "occidentale"  (Europe et Amérique) et en fixant arbitrairement l'origine de celle-ci au premier âge de la polyphonie, on peut estimer que le nombre total de compositions  (modestes ou émérites) ayant illustré ces dix siècles d'histoire musicale n'est pas loin d'atteindre un million !

       Pour composer ce petit dictionnaire pratique des compositeurs, j'ai dû négliger non seulement les musiques traditionnelles d'Asie, d'Afrique et d'Océanie, mais aussi le jazz (art d'improvisation et non de "composition"), tous les folklores (créations spontanées et anonymes) et toute la musique "légère" de notre temps (où les critères d'appréciation, étrangers à toute esthétique, sont trop liés à la mode et aux techniques de diffusion).

 

Roland de Candé - Dictionnaire des musiciens (1964 )

 

n°1152
 

       Tout de suite, le dispositif de défense de Dien Bien Phu, place forte bientôt réduite à l'état d'entonnoir et de piège fut gravement entamé. On avait compté sur la supériorité d'artillerie et d'aviation. C'est l'artillerie du Viet-Minh qui se révéla dévastatrice et invulnérable dans les tunnels où elle était à l'abri ou dans les batteries à contre-pente. La D.C.A. du Viet-Minh rendit très difficile la couverture aérienne de la défense.

       On avait compté aussi sur une sorte de pont aérien ravitaillant la place, mais la piste d'aviation devint très vite impraticable et dans le périmètre de plus en plus resserré par la perte successive des ouvrages, il ne fut plus possible de recourir qu'à des parachutages de renforts, de vivres, de munitions et de médicaments. Pour écraser au sol les vagues d'assaut que commandait Giap implacablement, il eut fallu des bombardements massifs pour lesquels nous n'avions pas les avions nécessaires.

 

Georges Bidault - D'une résistance à l'autre (1965) - (témoignage)

 

n°1151
 

       Frappé, comme par la foudre, par la tempête de maux qui m'assaillait : " O Jupiter, m'écriai-je, si ce n'est pas faussement que l'on raconte que tu as connu les embrassements d'Aegina, fille de l'Asopus, et si, père tout-puissant, tu n'éprouves aucune honte à m'avouer pour ton fils, ou rends-moi mon peuple, ou, moi aussi, ensevelis-moi dans la tombe."

       Le dieu marqua qu'il m'avait entendu par un éclair et un coup de tonnerre favorable. " J'accepte ces signes, puissent-ils, je t'en conjure, m'annoncer d'heureuses dispositions de ta part ! dis-je alors. J'en regarde comme le gage le présage que tu m'envoies. Tout près de là se trouvait un chêne au feuillage touffu, de la plus rare espèce, issu d'un gland apporté de Dodone.

 

Ovide - Les Métamorphoses - Livre VII ( 8 ap. )

 

n°1150
 

       Ces peuples-là pourtant, une fois que nous en serons venus à bout, nous pourrons les maintenir sous notre autorité. Mais les autres, nous aurions beau les vaincre, il nous serait difficile de les faire obéir. Ils sont si loin et si nombreux! Il est insensé d'attaquer un pays dont même une victoire n'assurera pas la possession, quand d'autre part on ne peut espérer se retrouver, en cas d'échec, dans la situation antérieure.

       Les peuples de Sicile, tels qu'ils sont à présent, me paraissent peu dangereux pour nous et ils le seraient encore moins, je crois, s'ils tombaient sous la domination des Syracusains. Or c'est essentiellement avec cette perspective que les Egestains essaient de nous faire peur. Dans la situation actuelle, il reste possible que telle ou telle cité sicilienne envoie isolément des troupes contre nous pour complaire aux Lacédémoniens.

 

Thucydide - La Guerre du Péloponnèse (Livre VI- chap2) ( 414 av ) - (histoire)

 

n°1149
 

       Papa, maman et Attila sont à table, à l'office. C'est le premier anniversaire du petit Attila.  Le mot office suffit à préciser que nous nous trouvons dans une famille de l'Italie du Nord. Attila est un garçon rose et joufflu : la joie de ses parents. La joie et l'orgueil de ses parents. La joie, l'orgueil et l'espoir de ses parents.

       C'est la première fois que le petit Attila prend place à table en compagnie de papa et maman. Papa et maman sont assis sur des sièges ordinaires : Attila, lui, est installé sur une chaise haute à roulettes, comportant un pot de chambre en dessous du siège et un bouclier sur l'un des accoudoirs. Aujourd'hui Attila fait son entrée dans la vie tabulaire.

 

Alberto Savinio -Attila (1943) - (nouvelle)

 

n°1148
 

       Votre voiture peut se trouver immobilisée par une panne bénigne. Un tableau des pannes, un peu de patience, du bon sens, un esprit "bricoleur" suffisent parfois pour découvrir l'anomalie et y remédier. Encore faut-il avoir sous les yeux des éléments connus ou reconnaissables. Toutes les voitures ne se ressemblent pas, et il est vain de vouloir donner des "conseils" qui généraliseraient toutes les interventions et donneraient un même aspect à toutes les choses mécaniques.

       Certes la R18 a bien "emprunté" certains de ses éléments à sa devancière la R12 mais elle n'a aucun point commun avec des modèles d'autres constructeurs. Aussi dans cette collection, chaque voiture fait l'objet d'un livre séparé. La majorité des illustrations a spécialement été réalisée pour la R18 (7cv) et, capot-moteur levé, vous vous retrouverez immédiatement en terrain de connaissance. 

 

Solarama - Votre Renault 18 (1981)

 

n°1147
 

       Les fonctionnaires travaillent un peu, mais pas trop ! d'ailleurs ils sont mal payés, mais leur vie se déroule sous le signe de l'imprévu et de la poésie!... Dans cette scène, Giraudoux jongle apparemment avec le lieu commun  et le paradoxe ; pourtant ne soyons pas dupes : il transfigure l'un et l'autre. Il s'agit en effet de tracer la route du bonheur humain, entre la tentation de l'au-delà et le positivisme borné représenté par l'Inspecteur.

       Apprenant qu'Isabelle attend la visite du Spectre , le Contrôleur se décide à lui demander sa main. La jeune fille ne le repousse pas le moins du monde, mais se montre surprise qu'il vienne "à un tel moment".                                       -J'ai choisi ce moment, je l'ai choisi parce que je n'en suis pas indigne, parce qu'il m'est venu tout à coup à l'esprit que, plus heureux que ce spectre qui ne va vous apporter encore que confusion et angoisse, je pouvais le combattre devant vous, lui montrer son impuissance.

 

Jean Giraudoux - Intermezzo (1933) - (théâtre)

 

n°1146
 

       Ceux qui veulent gagner les bonnes grâces d'un prince ont coutume de lui offrir ce qu'ils possèdent de plus rare, ou ce qu'ils croient être le plus de son goût, comme des pierres précieuses, des étoffes d'or, des chevaux et des armes d'un prix proportionné à sa grandeur. Le désir que j'ai de me présenter à vous avec un gage de mon dévouement, ne m'a fait trouver parmi tout ce que je possède rien que j'estime davantage, ou qui soit plus précieux pour moi, que la connaissance des actions des hommes célèbres.

       Connaissance acquise par une longue expérience des temps modernes, et par la lecture assidue des anciens. Les observations que j'ai été à même de faire avec autant d'exactitude que de réflexion et de soin, je les ai rassemblées dans le petit volume que je vous adresse; et quoique je juge cet ouvrage peu digne de vous être offert, je compte cependant assez sur votre bonté, pour espérer que vous voudrez bien l'agréer.

 

Machiavel - Le Prince (1532)

 

n°1145
 

       Ce n'est pas d'aujourd'hui que, las de scruter le vol des corbeaux ou les entrailles des poulets pour tenter de percer le mystère du futur, l'homme a créé des "jeux"  qui lui donnaient le même délicieux frisson de l'incertitude pour un enjeu minime, le plus souvent pécuniaire; le succès du loto est la forme moderne de cet engouement.

       Mais que ce soit crainte d'irriter les divinités ou de se priver d'un pouvoir apprécié, les exploitants du hasard l'ont laissé longtemps  en dehors du mouvement scientifique alors que tant de disciplines parfois plus difficiles ou plus abstraites, progressaient avec une rapidité qui nous étonne encore maintenant.

 

Jaen-Louis Boursin - Les structures du hasard (1966)

 

n°1144
 

       Depuis l'aube des civilisations, l'envoûtement de la mer a exercé son effet magique. Tout au long de l'histoire, des hommes ont répondu à son appel : majestueux trois-mâts carrés des temps passés ou encore modestes dériveurs d'aujourd'hui louvoyant sur un lac, c'est tout un : votre premier coup d'oeil coulé vers une voile, votre première aventure sur l'eau, cette première et inoubliable sensation du vent sur les joues et vous êtes pris.

       Dès lors vous ne vivez plus que pour les moments passés avec votre bateau. Prendre le large, à la voile, procure une émotion qui ne peut se traduire en mots. Astreindre le vent à ses désirs exalte un sentiment intime de puissance, où l'orgueil se même au respect des grandes forces un instant asservies par l'homme et le gréement pour un dessein strict.

 

Alan Brown - L'école de la voile (1962)

 

n°1143
 

       Detroyat a tout tenté, tout essayé. Il est bientôt convaincu qu'il n'y a plus rien à faire. C'est l'instant de la ressource suprême : sauver sa vie, sauter en parachute. Mais quelle révolte de tout son être ! Abandonner ainsi en plein vol l'avion de Fieseler, l'envoyer s'écraser sur le sol , avouer qu'il n'en a pas été maître, ce n'est pas jouer le franc jeu !

       Il aura beau expliquer cette circonstance exceptionnelle, personne ne pourra le comprendre. Il n'aura pas été digne de la confiance qu'on avait placée en lui ! Mais mourir ainsi, c'est quand même trop stupide ! La terre monte, menaçante. Allons ! il faut se détacher ! Et vite ! De sa main tâtonnante, Detroyat a cherché, sur la ceinture qui le rive à son siège, la boucle dont le déclic va le libérer.

 

René Chambe - Enlevez les cales ! (sd)(c.1948) - (souvenirs de guerre)

 

n°1142
 

       Musique! Héritage sacré d'Apollon. Langage mystérieux si chargé de magie et si riche en sortilèges que les neuf Muses, malgré la diversité de leurs missions, ont tenu à être ses marraines et lui ont réservé le privilège de porter leur nom. Tous les arts, a dit Walter Pater, aspirent à rejoindre la musique.

       La musique résume, en effet, les victoires remportées par l'Art sur les éléments les plus prosaïques de notre vie quotidienne. Elle a allégé et ennobli  nos servitudes terrestres. Pour elle se sont trouvés miraculeusement disciplinés, idéalisés, spiritualisés et transfigurés le temps, l'espace, la durée, le mouvement, le silence et le bruit.

 

Emile Vuillermoz - Histoire de la Musique (1949)

 

n°1141
 

       Le dictionnaire de Victor Hugo est conçu comme une initiation à la vie et à l'oeuvre de Hugo ; il contient le maximum de renseignements précis, présentés sous une forme pratique. Il veut être l'instrument indispensable à quiconque, étudiant, professeur, grand public, a le besoin ou le désir de se renseigner sur Hugo et tout ce qui le concerne, dans sa vie et son oeuvre.

       Il permettra de trouver rapidement le renseignement recherché et évitera le dépouillement de très nombreux ouvrages. Depuis une trentaine d'années, l'oeuvre et la vie de Hugo ont été l'objet d'une masse de travaux érudits qui ont éclairé d'une manière nouvelle l'homme et l'écrivain. Le résultat de ces recherches sera mis à la disposition du lecteur, quitte à le renvoyer, pour des détails supplémentaires, aux ouvrages d'érudition, dans la  bibliographie.

 

Philippe Van Tieghen - Dictionnaire de Victor Hugo (1970)

 

 

 

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