qu'

MAGALMA

 

LECTORIUM

 

 

 

Encore la boîte du bouquiniste ou le carton du libraire d'occasions. Tous genres et éditions pêle-mêle, c'est  l'éclectisme assuré. Un livre au hasard qu'on ouvre à une page plus ou moins quelconque et cette courte lecture qui s'ensuit, généralement de quelques lignes tout au plus. Curieux ou pas mal...Au fait de qui est-ce ? Alors en le refermant on regarde sur la couverture le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage. (Ici ces derniers, dans un même esprit et pour inciter peut-être aux devinettes, ne sont dévoilés que le lendemain).

 

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n°390
 

       Désormais, je laisse à la muse divine le soin de bercer ma douleur; martyr d'amour à dix-huit ans, et, dans mon affliction, pensant à un autre martyr du sexe qui fait nos joies et nos bonheurs, n'ayant plus celle que j'aime, je vais aimer la foi. Que Jésus, que Marie me pressent sur leur sein : je les suis : je ne suis pas digne de dénouer les cordons des souliers de Jésus; mais ma douleur ! mais mon supplice !

        Moi aussi, à dix-huit ans et sept mois, je porte une croix, une couronne d'épines ! mais dans la main, au lieu d'un roseau, j'ai une cithare ! Là sera le dictame à ma plaie !...

 

Arthur Rimbaud - Un coeur sous une soutane (1870) - (nouvelle)

 

n°389
 

       Le capitaine anglais, ravi de tant de diligence, quitte le bord suivi de son équipage, avec une évidente satisfaction. Pendant toute la durée de nos négociations, ce vieux loup de mer m'a abondamment abreuvé de thé anglais chaud, fort et coupé de lait, d'un goût dont j'avais perdu même le souvenir.

        A partir du moment où son boy a quitté l'office, mon garçon à moi, avec le même thé, la même eau et les mêmes ustensiles n'a jamais pu me servir autre chose qu'une infâme tisane en dépit de mes plus violentes protestations. Le colonel Bramble avait raison : "Vous Français, vous ne savez pas faire le bon thé ! "  

 

Raoul Baudan - Service à la mer (Commandant de l' "Ile de France") (1959) - (souvenirs)

 

n°388
 

       Le gros Gaston, à sa façon minaudière, aimait faire des présents, des cadeaux qui pointaient le bout de leur nez minaudant hors de l'ordinaire, tout au moins à ce qu'il croyait mignardement. Un soir il remarqua que le coffret où je rangeais mes pièces d'échecs était cassé et, dès le lendemain matin, un de ses petits chenapans m'apporta de sa part  une cassette de cuivre, avec un couvercle orné d'un motif oriental fort élaboré, et une robuste serrure.

        Au premier coup d'oeil je reconnus une de ces tirelires de paccotille, appelées luizettas pour quelque obscure raison, que l'on achète à Alger ou ailleurs et dont on ne sait plus que faire ensuite. Elle se révéla trop plate pour mes lourdes pièces, mais je la gardais néanmoins, la vouant à un tout autre usage. 

 

Vlasimir Nabokov - Lolita (1959) - (roman)

 

n°387
 

       On est seul dans la voiture. Se glisser au volant. Vérifier le bon fonctionnement des accessoires. Mettre les essuie-glaces. Actionner le lave-glace. Faire fonctionner le clignotant. Arrêter les essuie-glace. Conduire : poser les deux mains sur le volant et le tourner de gauche à droite, sans interruption. Allumer la radio. Enfoncer l'allume-cigare. Poser un coude sur le rebord de la fenêtre, une main sur le volant, prendre l'air hyper-décontracté et jeter un regard circulaire pour juger de l'effet produit sur les passants.

 

Delia Ephron - Comment faire l'enfant (1983)

 

n°386
 

       Si étrange que cela vous paraisse, il existe un pouvoir mystérieux capable de transformer votre vie de façon si profonde, si radicale, si complète, que lorsque le processus en sera achevé, vos amis vous reconnaîtront à peine, et du reste, vous ne pourrez guère vous reconnaître vous-même.

        Ai-je été vraiment, vous demanderez-vous, cet homme ou cette femme dont je me souviens vaguement, et qui portait mon nom il y a six mois ou six ans ? Etais-je vraiment cette personne ? Cette personne pouvait-elle être moi ? Or en vérité vous serez en un sens le même, tout en étant cependant quelqu'un d'absolument différent.

 

 

Dr Emmet Fox - Le Pouvoir par la Pensée constructive (1973)

 

n°385
 

       Depuis le début de l'histoire, les jours consacrés à la guerre sont plus nombreux que les jours consaceés à la paix. La vie de société est une guérilla permanente. Là où l'hostilité s'apaise, l'indifférence s'étale. Les cheminements de la camaraderie, de l'amitié ou de l'amour semblent perdus dans cet immense échec de la fraternité humaine.

        Heidegger, Sartre l'ont mis en philosophie. La communication reste pour eux bloquée par le besoin de posséder et de soumettre. Chaque partenaire y est nécessairement, ou tyran, ou esclave. Le regard d'autrui me vole mon univers, la présence d'autrui fige ma liberté, son élection m'entrave. L'amour est une infection mutuelle, un enfer. 

 

Emmanuel Mounier - Le personnalisme (1950) - (philosophie)

 

n°384
 

       Notre curiosité quant au sort ultime de la matière engloutie par un trou noir est encore insatisfaite. Que devient la matière dans un trou noir ? Il est très difficile de satisfaire notre curiosité sur ce point-là. Vraiment, tout ce que nous pouvons faire, c'est de spéculer. En effet, nous ne disposons d'aucun moyen de savoir si les lois de la Nature qui ont été si péniblement découvertes et énoncées en observant l'Univers restent vraies dans les conditions extrêmes d'un trou noir. Nous ne pouvons reproduire ces conditions d'aucune façon sur Terre, ni les observer au firmament puisque nous ne connaissons aucun trou noir dans notre entourage.

 

Isaac Asimov - Trous noirs (1977)

 

n°383
 

       Le ressortissant français Germinal Chamoin né le 9 août 1901 à Romilly-sur-Seine (permis de séjour des autorités polcières cantonales de Sigmaringen du 21 novembre 1944 n° 56944) est autorisé à faire un voyage à de Sigmaringen à Flensburg et retour. Ce voyage doit avoir lieu dans l'intérêt du service et a pour but d'accompagner et d'aider le docteur Louis Destouches grand blessé de guerre dans son voyage au Danemark jusqu'à Flensburg et de lui porter aide.

        Les services de distribution des billets de chemin de fer allemands sont priés de lui délivrer les billets nécessaires. Ce certificat perd sa validité après la retour à Sigmaringen et doit être restitué à l'autorité.

 

François Gibault - Céline, chevalier de l'Apocalypse (1940-1961)  (1981)

 

n°382
 

       Cet ouvrage est le premier de deux volumes intitulés Eléments de chimie-physique. Les notions qui y sont exposées constituent la base indispensable, non seulement pour les étudiants qui se spécialiseront en chimie mais encore pour ceux qui poursuivront des études dans des disciplines différentes, les sujets traités étant adaptés aux certificats de P.C. ,  C.B.-B.G. , C.P.E.M.  et C.P.E.B.H. .

        Notre expérience de l'enseignement nous a montré tout l'intérêt que portent les étudiants aux notions, nouvelles pour eux, de structure atomique et moléculaire : la formation des molécules, leur forme géométrique, leur réactivité leur avaient souvent été présentées de façon arbitraire. Ces notions deviennent plus cohérentes et s'éclairent à la lumière des théories modernes de la liaison chimique.

 

Nicole Lumbroso-Bader - Cinétique chimique (1968)

 

n°381
 

       Des mille formes de la vie, chacun ne peut connaître qu'une. Envier le bonheur d'autrui, c'est folie ; on ne saurait pas s'en servir. Le bonheur ne se veut pas tout fait, mais sur mesure. Je pars demain ; je sais : j'ai tâché de tailler ce bonheur à ma taille... gardez le bonheur calme du foyer...

       - C'est à ma taille aussi que j'avais taillé mon bonheur, m'écriai-je ; mais j'ai grandi  ; à présent mon bonheur me serre. Parfois, j'en suis presque étranglé...

       - Bah ! vous vous y ferez ! dit Ménalque ; puis il se campa devant moi, plongea son regard dans le mien, et, comme je ne trouvais rien à dire, il sourit un peu tristement et ajouta: on croit que l'on possède, et l'on esr possédé.

 

André Gide - L'Immoraliste (1902) - (roman)

 

n°380
 

        - Monsieur le Capitaine, laissez-moi vous poser, à mon tour, quelques questions.

        - Allez-y.

        - Quand j'ai ouvert et que je vous ai vu, c'était bien vous qui aviez sonné ?

        - Oui, c'était moi.

        - Vous étiez à la porte ? Vous sonniez pour entrer ?

        - Je ne le nie pas.

        - Tu vois ? J'avais raison. Quand on entend sonner, c'est que quelqu'un sonne. Tun ne peux pas dire que le Capitaine n'est pas quelqu'un.

         - Certainement pas. Je te répète que je te parle seulement des trois premières fois puisque la quatrième ne compte pas.

         - Et quand on a sonné la première fois, c'était vous ?

         - Non ce n'était pas moi.

         - Vous voyez ? On sonnait et il n'y avait personne.

 

Eugène Ionesco  - La cantatrice chauve (1954) - (théâtre)

 

n°379
 

       Si l'on mesure avec précision les abscisses du chariot à divers instants, on constate que l'accélération n'est pas rigoureusement constante, mais qu'elle décroît, et d'autant p lus vite que la vitesse est plus grande. Ceci est encore plus net si, au lieu de faire rouler un chariot dans l'air, on le fait rouler sous l'eau dans un bassin.

       On constate alors que l'accélération satisfait à une relation  y(t) = yo - f(v)  la fonction f(v) est appelée le terme de la résistance du fluide à l'avancement du chariot. On a ainsi une équation différentielle qui, une fois intégrée, permet de déterminer le mouvement du chariot, si on donne la position initiale et la vitesse initiale. 

 

Jean-Louis Destouches - La Mécanique Elémentaire (QSJ n°906-1967)

 

n°378
 

       Rien au monde n'est aussi fragile et aussi fugitif qu'un renom de pouvoir qui n'est pas appuyé sur une force qui lui est propre. Le seuil d'Agrippine est aussitôt désert ; personne ne la console, personne ne la visite, si ce n'est quelques femmes qu'attire l'amitié ou la haine, on ne sait. Parmi elles était Julia Silana, que Messaline avait chassée, comme je l'ai raconté plus haut, du lit de Silius.

        Silana, célèbre par sa naissance, sa beauté, la légèreté de ses moeurs, fut longtemps chérie d'Agrippine. Puis de secrètes inimitiés avaient rompu leur intelligence, depuis qu'Agrippine, à force de répéter que c'était une felle dissolue et sur le retour, avait détourné de l'épouser un jeune noble, Sextius Africanus.

 

Tacite (c.54-c.120 ap.)  - Annales  - (histoire romaine)

 

n°377
 

       La constante intrication des facteurs organiques, psychogénétiques et relationnels a déjà été évoquée. Elle nécessite de ne rien négliger des facteurs somatiques associés au tableau d'une psychogénèse manifeste ou encore d'un déséquilibre individuel ou interindividuel  alors qu'existe pour le sujet une pathologie organique susceptible de générer le symptôme d'appel.

       Une grande part des dysfonctions ne réclame pas d'exploration spécifique : l'éjaculation précoce primaire, l'impuissance circonstancielle chez l'homme ou encore les phobies sexuelles.

 

Philippe Brenot - La sexologie (QSJ n°2861-1994)

 

n°376
 

       La mort dans l'âme, chapitré sévèrement par ses proches collaborateurs, Déat se rendit comme convenu à l'Hôtel Majestic. Les adjoints de Sauckel se montrèrent intransigeants, et demandèrent à Déat de signer un texte autorisant les départs pour l'Allemagne soit de la totalité de la classe 1944, soit des hommes de quarante-cinq  à soixante ans.

        C'était un chantage inacceptable. Déat refusa. Après son départ, les Allemands rédigèrent un texte concernant la seconde proposition et annoncèrent qu'ils l'appliqueraient malgré tout.  Quelques jours plus tard, ils l'envoyèrent à Déat. Il le signa !

 

André Brissaud - La dernière année de Vichy (1965)

 

n°375
 

       Je ne me dispense pas ici de faire une  psychologie  " de la croyance " , des " croyants " , au profit, comme il se doit, des " croyants " eux-mêmes. S'il y en a aujourd'hui qui ne savent toujours pas combien c'est indécent d'être "croyant" ou un signe de décadence , fêlure de la volonté de vie, dès demain ils le sauront.

        Ma voix atteint aussi les durs d'oreille. Il semble, si je n'ai point mal entendu, qu'existe chez les chrétiens une sorte de critère de la vérité appelée " preuve par la force ". "La croyance rend bienheureux : ainsi elle est vraie."

 

Nietzsche - L'Antéchrist (1896)

 

sn°374
 

       C'est le succès qui donne à la vie de la couleur et de l'éclat. Un peu de succès...et des forces nouvelles affluent en nous ; nos pensées deviennent plus nettes et plus hardies ; nos doutes s'évanouissent ; tout effort nous est facilité, et nous envisageons l'avenir avec joie.

        L'insuccès, par contre, nous énerve, nous inquiète et paralyse nos énergies pour un temps plus ou moins long. Aussi nous efforçons-nous de retenir le succès et de l'attacher à nos pas. Il est indispensable à tous : au matérialiste comme à l'idéaliste.

 

Henry Lowenfeld - Comment choisir et gérer ses placements ? (1912)

 

n°373
 

       Un seul mot de tout ce discours acait frappé Clélia, c'était la menace d'être mise au couvent, et par conséquent éloignée de la citadelle, et au moment encore où la vie de Fabrice semblait ne tenir qu'à un fil, car il ne se passait pas de mois que le bruit de sa mort prochaine ne courût de nouveau à la ville et à la cour. Quelque raisonnement qu'elle se fît, elle ne put se déterminer à courir cette chance : être séparée de Fabrice, et au moment où elle tremblait pour sa vie ! C'était à ses yeux le plus grand des maux, c'en était du moins le plus immédiat.  

 

Stendhal - La Chartreuse de Parme (1839) - (roman)

 

sn°372
 

       Une soif folle s'empara de moi. Mon regard allait du melon aux seins, des seins au melon, sur un tel rythme saccadé que bientôt je n'eus plus conscience de mes gestes. La béquille triturait le melon, le réduisait en bouillie si bien qu'il finit par tomber sur ma tête au moment même où la femme aux seins glorieux, ayant finalement décroché le diabolo, descendait l'échelle.

       Je me jetai par terre pour me cacher et tombai sur ma cape d'hermine inondée de jus de melon. Haletant, épuisé, j'attendis que la paysanne, me découvrant nu dans le vestibule, remontât un échelon pour en croire ses yeux, mais sans doute ne me vit-elle pas car elle disparut malgré mon attente.

 

Salvador Dali - La vie secrète de Salvador Dali (1952)

 

n°371
 

       Après Bourg-le-Rond  (1937) qui est la démystification d'un miracle et Printemps ches les ombres (1939), où des adolescents petits-bourgeois jouent à s'abstraire de la vie, Alexis Curvers (1906) a attendu près de vingt ans avant de nous donner Tempo di Roma (1957). Ce fut une révélation. Avec un constant bonheur d'écriture, un artiste venu du Nord réussissait à exprimer le spectacle divers et le charme impalpable de Rome, en même temps qu'il semblait découvrir, avec une sorte de ravissement, l'art de flâner, de jouir de sa culture et de son expérience, de participer en gourmet, sans trop s'embarrasser des conventions et des principes, aux festivités éphémères de la vie.

 

R.Burniaux/R.Frickx - La littérature belge (QSJ n°1540-1980)

 

n°370
 

        Pardonne-moi de traverser si vite et de si mal décrire des lieux d'une telle importance ; mais la Suisse doit t'être si connue d'avance, ainsi qu'à moi, par tous les paysages et par toutes les impressions de voyage possibles, que nous n'avons nul besoin de nous déranger de la route pour voir les curiosités.

       Je cherche à constater simplement les chemins du pays, la solidité des voitures, ce qui se dit, se fait et se mange çà et là dans le moment actuel.

       Par exemple, je dois dire que j'ai demandé aucun bifteck, craignant qu'il ne soit d'ours ; et qu'ayant appris que, dans les chalets, séjours de l'hospitalité, une tasse de lait se vendait quatre francs, je m'en suis refusé la consommation. L'expérience des voyageurs passés n'est dont point inutile ; voilà ce qui doit recommander la présente lettre à ton attention.

 

Gérard de Nerval (1808-1855) - De Paris à Cythère

 

n°369
 

       La cote d'une oeuvre picturale est incontestablement liée à la notoriété de son auteur. Il est donc primordial que la signature figure au bas de l'oeuvre. Il arrive, cependant, que des toiles ne portent pas de marque distinctive. Elles peuvent, dans certains cas, être attribuées par les experts, à un auteur, dans la mesure où ceux-ci peuvent, sans toujours en avoir la preuve, reconnaître le style de cet auteur.

        Ainsi, la signature d'un peintre illustre, si elle est authentique, est toujours un élément valorisant d'une oeuvre. A l'inverse, un tableau ancien, même d'auteur inconnu, peut avoir une grande valeur pour ses qualités artistiques propres. Il faut aussi signaler l'existence de nombreux faux qu'il n'est pas toujours facile de déceler même pour un expert.

 

Direction Générale des Impôts -Bureau III B 4 - Guide d'évaluation des biens (1982)

 

n°368
 

       Ecoute, homme sage, homme prévoyant, qui étends si loin aux siècles futurs les précautions de la prudence ; c'est Dieu même qui te va parler et qui va confondre tes vaines pensées par la bouche de son prophète Ezéchiel. Assur dit de ce saint prophète, s'est élevé comme un grand arbre, omme les cèdres du Liban ; le ciel l'a nourri de sa rosée ; la terre l'a engraissé de sa substance  (les puissances l'ont comblé de leurs bienfaits, et il suçait de son côté le sang du peuple). C'est pourquoi il s'est élevé, superbe en sa hauteur, beau en sa verdure, étendu en ses branches, fertile en ses rejetons.

 

Bossuet - Sermon sur l'ambition (1662)

 

n°367
 

       Tchouang-tseu dont on ne sait pas grand-chose, vécut sans doute, au IVè siècle avant J.-C. Il aurait refisé la charge de ministre de l'Etat de Tchou. Méprisant les intrigues politiques, il n'entendait pas en devenir la victime. Il préférait, disait-il, rester un goret crasseux, heureux dans sa fange, plutôt que de devenir un boeuf gras promis au sacrifice. En 742 ap. J.-C. , sa ville natale prit le nom de Nan-hoa, Fleur du Sud.

 

H. van Praag - Sagesse de la Chine (1966)

 

n°366
 

       Il est trop tard maintenant pour voir les Giotto de Padoue. Nous les verrons au retour de Venise. Gagnons la mer. Gagnons la mer à petite vitesse, en prenant notre temps par ce crépuscule noir et or. Tout est à voir autour de nous. Le pays est devenu gentiment paysan. Ce ne sont plus les Géorgiques opulentes des approches du Mincio, c'est un canton d'hommes légers  qui ne prennent même pas la terre au sérieux.

        S'ils ont des poètes, je parie qu'ils ne chanteront les moissons, ni les vendanges, ni les boeufs aux cornes en lyre. En fait de lyre, un jeune gars, ni beau ni laid, joue du bugle au seuil d'une petite ferme. Nous nous arrêtons deux minutes pour l'écouter.

 

Jean Giono - Voyage en Italie (1954)

 

n°365
 

       Le mouvement gaulliste est loin d'être toute la droite et il est autre chose qu'elle. Aux élections municipales d'octobre 1947, il connaît un éclatant succès, y compris dans des villes de tradition socialiste comme Marseille et Lille. Il recueille environ 40% des suffrages exprimés dans les communes de plus de 9000 habitants. Un véritable raz-de-marée. Aux législatives du 17 juin51, malgré une loi électorale compliquée conçue contre lui et le Parti communiste il conquiert 117 sièges à l'Assemblée nationale.

        Il a obtenu de très nombreuses voix dans les banlieues urbaines et dans les arrondissements à prédominance ouvrière. Comme le boulangisme autrefois, le R.P.F. a coalisé sous son nom une partie de la droite et une fraction non négligeable d'électeurs de gauche.

 

J-Ch. Petitfils - La droite en France de 1789 à nos j.  (QSJ n°1539 -1973)

 

n°364
 

       -Qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que je vais faire ?

       -Dors. Moi, je voudrais dormir.

       -Dormir...Dormir ?

       -Oui, chérie... dormir. Les lits sont faits pour qu'on y dorme.

       -Le mien, mal fait.

       -Ce sont les lits de l'Allemagne.

       -Il me faudrait je ne sais quoi.

       -Pour dormir, tu n'as besoin que de toi. C'est avec toi que tu dors. Tu couds avec le fil. Tu galopes avec ton cheval. C'est avec toi que tu dors.

       -Je crois que j'ai besoin d'un peu de fleur d'orange.

 

Jacques Audiberti - Le mal court (1948) - (théâtre)

 

n°363
 

       Cette culture fruitière modernisée ne peut intéresser qu'une partie relativement faible des 100 000 ha encore occupés par le châtaignier.  Que faire du surplus ? Les débouchés traditionnels tendent à s'amenuiser, y compris ceux des extraits tannants des châtaigniers qui utilisaient le bois des vieux arbres.

        Deux formes d'utilisation de l'ancienne châtaigneraie méritent d'être étendues: d'une part le taillis, de croissance très rapide, encore assuré de très bons débouchés (piquets, échalas, parquets, etc...) et qui sera peut-être utilisé plus largement dans l'avenir en papeterie ; d'autre part l'enrésinement.

 

Pierre Cochet - La Forêt (1963)

 

n°362
 

       La racine et l'écorce de berbéris sont légèrement laxatives et exercent un effet stimulant sur le foie. En mettre 40g dans un litre d'eau ; bouillir, puis infuser 10 minutes ; utiliser comme boisson.

       Le polypode est le laxatif des enfants et adultes dont le foie est insuffisant. On en met 40g dans un litre d'eau ; bouillir 2 minutes, infuser 10. Boire en deux jours, à n'importe quel moment.

      Le liseron des haies est un laxatif recommandé dans l'insuffisance hépathique, l'engorgement du foie, les cirrhoses. Mettre deux ou trois pincées de feuilles par tasse d'eau bouillante : infusr 10 minutes. Diminuer ou augmenter la dose selon le cas. prendre une tasse avant chaque repas.

 

Raymond Dextreit - Le foie ce méconnu (1960)

 

n°361
 

       Jour après jour le personnel de la lutherie poursuit son travail absorbant. Il s'agit de rendre encore plus précis le système d'évaluation des instruments et de trouver de nouveaux moyens de les améliorer, car, à en juger par les notes décernées, les violons expérimentaux  le cèdent encore un tout petit peu aux meilleures créations anciennes.

       En outre, on a remarqué que les modèles de fabrique n'obtiennent des notes très élevées que lorsque les experts les écoutent à une distance d'au moins sept mètres de l'exécutant. A proximité immédiate, la sonorité est un peu plus rauque et plus mordante qu'il ne faudrait : "cela sent le bois vert".

 

Gleb Anfilov - Physique et Musique (1969)

 

 

 

 

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