MAGALMA

 

LECTORIUM

 

 

 

Encore la boîte du bouquiniste ou le carton du libraire d'occasions. Tous genres et éditions pêle-mêle, c'est  l'éclectisme assuré. Un livre au hasard qu'on ouvre à une page plus ou moins quelconque et cette courte lecture qui s'ensuit, généralement de quelques lignes tout au plus. Curieux ou pas mal...Au fait de qui est-ce ? Alors en le refermant on regarde sur la couverture le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage. (Ici ces derniers, dans un même esprit et pour inciter peut-être aux devinettes, ne sont dévoilés que le lendemain).

 

 

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n°1110
 

       Comment choisir, parmi les milliers d'artistes dont les toiles ornent les musées d'Europe et d'Amérique, ceux qui mériteraient de constituer la cohorte des "grands peintres" ? L'entreprise paraît bien présomptueuse. Est-elle même tout à fait légitime depuis que la mise en évidence des écoles, des courants internationaux et des grands mouvements stylistiques a notablement affaibli  le culte exclusif des "titans", des "phares", que le mythe romantique du héros avait suscité au XIXè siècle et qu'entretient encore un certain public friand de biographies romanesques ?

       Isoler, comme le propose ce dictionnaire, les personnalités d'exception, c'est, nous ne l'ignorons pas, récuser une histoire de la peinture égalitaire ou donnant du phénomène de la création une explication excessivement sociologique. Un tel choix est nécessairement injuste. Combien d'artistes retenus parmi les contemporains seront-ils oubliés dans vingt ou trente ans ? Combien, parmi ceux que nous avons négligés, auront alors trouvé ou retrouvé une dimension historique ?

 

Michel Laclotte - (Introduction au) Dictionnaire des Grands Peintres (1988)

 

n°1109
 

       Le petit volume que nous offrons aujourd'hui aux lycéens est l'adaptation d'un livre récent de M. James Gow, principal de l'école supérieure de Nottingham, intitulé A Companion to school classics. Le succès rapide que cet ouvrage a obtenu en Angleterre et en Amérique est dû surtout à ses qualités pédagogiques. Depuis plusieurs années M. Gow dictait à ses élèves de courts résumés, destinés à leur faciliter la lecture et l'intelligence des auteurs qu'on explique en classe ; ce sont ces notices qu'il a publiées, en leur conservant la simplicité familière qui en fait le charme.

       Quand la première édition du Companion me tomba sous les yeux, je félicitai M. Gow non seulement de ce qu'il y avait mis, mais de ce qu'il avait eu le courage de n'y point mettre. Dans une matière aussi vaste que l'antiquité grecque et romaine, on ne peut pas être à la fois complet et bref. Le professeur, éclairé par son expérience, a su choisir ; il a sacrifié résolument bien des détails pour insister sur ceux dont la connaissance est indispensable.

 

J.Gow / S.Reinach - Minerva (1890)

 

n°1108
 

       D'accord, je suis encore petit : et après ?... D'ailleurs, c'est vous qui le dites, que je suis petit... Qu'est-ce que ça veut dire, petit ?... Cette distinction entre grands et petits, c'est vous qui l'avez inventée, parce que ça vous arrange... Vous vous êtes approprié toutes les choses du monde et vous les cachez, parce que vous avez peur que nous vous les prenions... Ou même sans raison, sans une raison "précise", comme vous dites... Rien que pour le plaisir de nous les enlever, car vous savez que nous nous en servirions mieux que vous...

       Vous croyez que je ne le sais pas ?... C'est pour ça que vous êtes si sévères... Vous croyez peut-être  que je n'ai pas découvert la raison pour laquelle vous faites toujours la gueule ? Vous prétendez de plus que les grands sont des personnes sérieuses. Ils ne rient jamais. Ils ont des pensées graves. Assis et penchés, ils se tiennent le menton dans la main, froncent le front comme les statues des cimetières. Mais moi, je sais que ce n'est pas vrai...

 

Alberto Savinio - Toute la vie (1943) - (nouvelle)

 

n°1107
 

       En s'appuyant sur une longue tradition de sagesse et de bon sens, Jean Palaiseul nous parle dans ce livre du "sommeil naturel", de la respiration, du miel aliment et remède, des maux qu'il est parfois dangereuw de guérir, des bienfaits du jeûne, de l'alimentation, de la spiritualité... Il nous présente un véritable dictionnaire pratique des plantes, donnant pour chacune d'elles la description qui permet de l'identifier, son histoire, ses propriétés médicinales avec les dosages précis pour son emploi ainsi que les divers troubles et affections pour lesquels elle est indiquée.

       Un index-répertoire détaillé complète et facilite l'utilisation de ve "guide vert" de la santé. Ce livre, fruit de la méditation d'un honnête homme en étroit contact avec la nature, apporte une bouffée d'air frais et des recettes éprouvées pour une vie meilleure. "Mon voeu, dit Jean Palaiseul, est que le livre de mon bonheur devienne celui du vôtre."

 

Jean Palaiseul - Nos grand-mères savaient... (1972)

 

n°1106
 

       Il ne faut donc pas s'étonner si Javotte, qui avait été élevée dans l'obscurité, et qui n'avait point fait de lecture qui eut pu former l'esprit ou l'accoutumer au récit des passions amoureuses, tomba dans ce piège, comme y tomberont infailliblement  toutes celles qui auront une éducation pareille. Elle ne pouvait quitter le roman dont elle était entêtée que pour aller chez Angélique. Elle ménageait toutes les occasions de s'y trouver, et priait souvent ses voisines de la prendre en y allant et d'obtenir pour elle congé de sa mère.

       Pancrace y était aussi extraordinairement assidu, parce qu'il ne pouvait voir ailleurs sa maîtresse. En peu de jours il fut fort surpris de voir le progrès qu'elle avait fait à la lecture, et le changement qui était arrivé dans son esprit. Elle n'était plus muette comme auparavant, elle commençait à se mêler dans la conversation et à montrer que sa naïveté n'était pas tant un effet de son peu d'esprit que du manque d'éducation, et de n'avoir pas vu le grand monde.

 

Furetière - Le roman bourgeois (1666)

 

n°1105
 

       Il y avait une fois un roi, père de trois filles ravissantes. La plus jeune, Psyché, surpassait si grandement ses soeurs en éclat, qu'auprès d'elles, elle paraissait être une déesse frayant avec d simples mortelles. La renommée de sa beauté s'étendit sur toute la terre et de tous côtés les hommes se mettaient en route pour venir la contempler avec émerveillement et adoration, et aussi pour lui rendre hommage comme si, en vérité, elle était une immortelle. Ils allaient jusqu'à dire que Vénus elle-même ne pouvait rivaliser avec cette mortelle.

       Et tandis que de plus en plus nombreux ils se pressaient autour d'elle, plus aucun d'eux n'accordait une pensée à Vénus. Les temples de la déesse étaient négligés, ses autels recouverts de cendres froides ; désertées, ses villes consacrées tombaient en ruines. Tous les honneurs qui lui avaient été jusque-là réservés allaient maintenant à une simple jeune fille destinée à mourir un jour.

 

Edith Hamilton - La mythologie (1942)

 

n°1104
 

       Les encyclopédies de Voyage Nagel présentent la 2ème édition de leur titre "Belgique et Luxembourg". Cette réédition nous était réclamée par de nombreux lecteurs, la précédente version en étant épuisée depuis plusieurs années. Nous pensons que leur attente sera comblée. En effet, le texte original de Monsieur J.Giory, quelque excellent qu'il fût, était de toute évidence périmé sur un certain nombre de points du fait même des progrès peu communs accomplis par la Belgique dans le domaine du Tourisme en particulier.

       C'est pour en tenir compte que nous avons chargé deux de nos plus fidèles collaborateurs, MM. Henri Morestin et Paul Wagret, bien connus de nos lecteurs, tous deux universitaires éminents, de la tâche délicate de préparer cette nouvelle édition. Sur place, ils ont vérifié, corrigé, amendé, depuis les merveilleuses villes d'art jusqu'aux dernières nées des stations balnéaires.

 

Arthur Haulot - Belgique et Luxembourg (1974) - (guide touristique)

 

n°1103
 

       La vraie figure du Compagnonnage est devenue aujourd'hui étrangère au public, qui méconnaît son importance ancienne, son passé plusieurs fois séculaire, non moins que son renouveau contemporain. Le nom de Compagnonnage n'évoque à l'esprit du Français moyen qu'une notion vague, sans rapport avec la réalité des faits, quelque chose qui tient d'un pittoresque bohême, d'un folklore artisanal ou d'un romantisme suranné.

       Avouons que nous avons nous-mêmes pu sourire du roi Salomon, du Père Soubise ou de maître Jacques, sans songer que l'on a pu sourire devant nous de réalités qui nous tenaient plus à coeur et qu'aucun sourire ne confère une supériorité quelconque, politique, intellectuelle et encore moins professionnelle à celui qui, naïvement, se l'attribue.

 

Luc Benoist - Le Compagnonnage et les Métiers ( QSJ n°1203-1966 )

 

n°1102
 

       C'est cette joie intérieure (qui n'est pas seulement le soulagement d'avoir échappé au danger, mais la satisfaction d'avoir bien rempli une tâche, acquitté une dette, conquis un droit) qui est peut-être la plus grave de nos tentations. Depuis vingt-cinq jours, nous ne l'avions pas éprouvée et elle nous manquait. Hier soir, de nouveau, nous étions sur les ordres, mais personne n'est venu nous réveiller et la mission n'a été décommandée qu'à midi, pour ce soir.

       Objectif : Duisburg. Météo médiocre, qui me cause les mêmes désagréments à la pensée du décollage, mais nous vaut aussi les mêmes consolations pour les projecteurs et les canons. Décollage facile, car il y a un restant de jour et l'acte d'émerger des nuages sur cet étonnant décor de bleus nordiques et d'or me cause chaque fois le même choc au coeur.

 

Jules Roy - Retour de l'enfer (1951)

 

n°1101
 

       L'histoire du théâtre ne peut s'écrire sur le mode des autres arts. Ce qui est spécifique et essentiel dans un spectacle ne reste vivant que dans l'esprit des contemporains. Le théâtre n'existe qu'au moment où il a lieu, et son caractère éphémère est lié à sa nature même. Il n'y a pas de musée du théâtre, de lieu d'héritage où Malraux voyait, pour la peinture et la sculpture, la naissance de toute activité créatrice.

       S'ajoute à cette difficulté pour l'historien, que le théâtre a eu et a de plus en plus l'ambition de réunir tous les arts en un seul : poésie et littérature, musique et peinture, sculpture et architecture. Il possède, de surcroît, ses propres moyens d'expression : diction, jeu corporel, danse, mime, costumes, éclairages.

 

Jacqueline Jomaron - Note au lecteur dans "Le théâtre en France" (Encycl. LDP ) (1992)

 

n°1100
 

       Il n'y a personne parmi vous, mes chers amis, qui n'ait entendu parler des drows de Thulé et des elfs ou lutins familiers de l'Ecosse , et qui ne sache qu'il y a peu de maisons rustiques dans ces contrées qui ne comptent un follet parmi leurs hôtes. C'est d'ailleurs un démon plus malicieux que méchant et plus espiègle que malicieux, quelquefois bizarre et mutin, souvent doux et serviable, qui a toutes les bonnes qualités et tous les défauts d'un enfant mal élevé.

       Il fréquente rarement la demeure des grands et les fermes opulentes qui réunissent un très grand nombre de serviteurs ; une destination plus modeste lie sa vie mystérieuse à la cabane du pâtre ou du bûcheron. Là, mille fois plus joyeux que les brillants parasites de la fortune, il se joue à contrarier les vieilles femmes qui médisent de lui dans les veillées, ou à troubler de rêves incompréhensibles, mais gracieux, le sommeil des jeunes filles.

 

Charles Nodier- Trilby (1832) - (conte)

 

n°1099
 

       "L'un des plus grands hommes de notre temps", selon Churchill, l'Arabe blanc, le roi sans couronne de Damas, le prince de la Mecque, le seconde classe de la R.A.F.. La légende, très tôt, s'est emparée de Lawrence d'Arabie, dissimulant la vérité de l'homme. C'est à mettre à nu cette vérité que Phillip Knightley et Colin Simpson se sont employés, à partir de confidences, de lettres et de documents inédits.

       Apparaît l'image d'un agent britannique au Proche-Orient animé par une solide passion anti-française et qui devait avouer lui-même avoir commis "un délit d'escroquerie à l'égard des Arabes". S'éclaire le comportement intime d'un homme - autour de l'épisode de Deraa, où Lawrence fut livré au gouverneur turc de la ville -  qui avait le goût des pratiques masochistes. Les auteurs ne cherchent pas le scandale ; ils disent ce qui fut.

 

P.Knightley / C.Simpson - Les vies secrètes de Lawrence d'Arabie (1969)

 

n°1098
 

       La France reçut son nom à partir du Traité de Verdun (843) qui ébaucha aussi ses contours. La mention de la Gaule disparut alors des textes, sauf chez les érudits férus de langue latine, comme le moine Richer de Reims au Xès par exemple. La France est dès lors connue comme telle, jusque dans l'administration de Bagdad où Ibn Khordâdhbeh la signale à la fin du IXè siècle (Ifranja). Avant la France, il y avait eu le royaume des Francs, constitué à partir du roi Clovis qui, partant de Tournai, entreprit une vaste conquête territoriale poursuivie par ses successeurs. Ce royaume couvrait au moins toutes les anciennes Gaules.

       Après le sacre de Pépin le Bref (751), la dynastie carolingienne, dont la force grandissante s'est progressivement manifestée aux côtés des rois mérovingiens avant de les remplacer, continua l'oeuvre d'expansion territoriale. Charlemagne, fils et successeur de Pépin, a fait du royaume des Francs un empire (800).

 

Renée Mussot-Goulard - La France carolingienne ( QSJ n°2390 -1988 )

 

n°1097
 

       De cette frairie de jeunes écrivains séduisants et provocants - de Jacques Laurent à Michel Déon et François Nourrissier - apparus dans les lettres autour de 1950, le plus typique reste Roger Nimier - notre Brummel. On ne peut rêver plus de talent et plus de défauts : le goût de déplaire poussé jusqu'à la provocation, un bon usage du mépris, une apparente frivolité dissimulant beaucoup de travail et de culture.

       A quoi s'ajoutaient un dandysme sardonique, plus d'ironie que d'humour et d'âcreté que d'ironie, le tact dans l'insolence et l'art de savoir jusqu'où il peut aller trop loin étaient ses moindres travers; enfin, la modestie n'était pas son fort. Mais l'écrivain racé avait su se donner un style original, qui paraît simple et qui est le contraire du naturel, où l'on retrouve les influences de Retz et de Stendhal, de Valéry Larbaud et de Marcel Aymé.

 

Pierre de Boisdeffre - Les mousquetaires de la "nouvelle vague" (1958)

 

n°1096
 

       Il était bien évident, pour des hommes politiques de l'ordre nouveau, que le fonctionnement des partis politiques, ces rouages caractéristiques du régime défunt, ne pouvait plus se concevoir en termes traditionnels. Le pouvoir pétainiste qui, dès le mois d'août 1940, ébauche avec la Légion française des combattants une forme d'association politique selon son coeur, interdira effectivement, à l'origine, toute activité publique aux partis classiques.

       C'est donc paradoxalement en zone occupée que cette vie associative trouvera dans les premiers temps son exutoire, l'évolution générale des rapports de force conduisant Vichy à peu à peu en tolérer puis autoriser l'exercice au sud, sous des habillages plus ou moins transparents.

 

Pascal Ory - Les collaborateurs (1976)

 

n°1095
 

       Les Incas cherchèrent bien plus à forger une organisation politique et sociale fortement structurée qu'à créer un style artistique. Leur art, quoique techniquement accompli, se distingue relativement peu dans la céramique, les tissus ou l'orfèvrerie, mais leur architecture est significative et très impressionnante.

       Forteresses, villes et édifices religieux furent construits avec divers types de pierres massives et maçonnées. Certains édifices furent bâtis avec  des mégalithes, de dimension et de forme irrégulière dont la taille était si juste qu'ils s'imbriquaient parfaitement; d'autres avec des blocs plus petits assemblés selon une méthode similaire.

 

E. M. Upjohn - Les arts primitifs. (1958)

 

n°1094
 

       Depuis une dizaine de jours les perquisitions allemandes se poursuivent. La Gestapo a opéré successivement chez Justin Godart, Henry Torrès, Zyromski, Moro-Giafferi, Vistor Basch, Jouhaux, Rucart, Blum, et au siège du grand orient, de la Grande Loge, du Parti Radical, de l'Union des Théosophes. Pétain fait son troisième remaniement. Où sont les ministères qualifiés d'instables, de la troisième République ?

       Laval devient vice-président, Baudoin est Ministre des Affaires étrangères. Sans doute pour en écarter Laval. Marquet reste Ministre de l'Intérieur. Alibert est Garde des Sceaux, Weygand, Ministre de la Défense nationale. Avec trois sous-secrétaires d'Etat, dont Darlan à la Marine. L'Etoile de Darlan monte, mais bien lentement, sans doute, à son gré.

 

Roger Langeron - Paris juin 40 (1946)

 

n°1093
 

       Alors que la Méditerranée orientale a vu naître des civilisations brillantes  dès la fin du troisième millénaire (les pyramides égyptiennes, la grande période sumérienne en Mésopotamie, le palais de Cnossos en Crète), l'Europe occidentale non méditerranéenne demeurait dans la préhistoire néolithique. La pénétration de l'Orient civilisé vers l'Ouest se fit par deux voies : terrestre, à travers les régions danubiennes de l'Europe centrale ; maritime, le long des côtes de la Méditerranée.

       Dès l'apparition du métal (cuivre puis bronze), l'évolution de l'Occident s'accélère, des civilisations puissantes se développent au cours des deuxième et premier millénaires (Carthage, les Celtes, les Etrusques). Cependant, parvenues à une expression personnelle, faite d'influence méditerranéenne et de tradition autochtone, celles-ci baisseront finalement pavillon devant Rome et l'empire romain deviendra à l'aube de l'ère chrétienne le creuset de notre civilisation occidentale.

E.M. Upjohn - Les Arts des Etrusques à la fin du Moyen-Age (1955)

 

n°1092
 

       En théorie, tout converge vers les deux présidents des Chambres, le speaker et le vice-président. En pratique, il en va tout autrement. C'est le président protempore qui remplit en fait les fonctions de président du Sénat. Les fonctions du speaker sont d'ailleurs beaucoup plus prestigieuses que celle de son homologue au Sénat. Le speaker est presque toujours un des deux ou trois membres les plus influents de la Chambre.

       Sa fonction est essentielle : il a le droit de "reconnaître" , c'est à dire d'accorder le droit de parole à un représentant , mais peut tout aussi bien l'ignorer si bien qu'il dirige de fait les débats ; il a le pouvoir de transmettre pour examen un projet de loi à la commission de son choix et de le faire vite ou lentement, ce qui décide en partie du sort réservé au projet.

 

Françoise Burgess - Les institutions américaines ( QSJ n°1547-1974 )

 

n°1091
 

       The Cavalier Parliament has come to realize that this war, properly understood, was not a continuation of the old contest between England and Holland for maritime supremacy, but a design to put an end to Dutch independence as a chief obstacle to the French Jesuit conquest of Europe.

        Moreover, the disappearence of Holland  as an independent power would be fraught with danger for England's maritime security, because the Delta of the Rhine would then fall into the hands of France. France too was a maritime rival, potentially more formidable even than Holland, and if established in Amsterdam she would soon make an end of english naval supremacy.  

 

G.M. Trevelyan - A Shortened History of England  (1942)

 

n°1090
 

       Nous autres, élèves des lycées démocratiques, nous nous plongions avec volupté dans ce monde saugrenu. Nous nous instruisions aussi. Plusieurs d'entre nous avaient donné des leçons à un garçon d'ailleurs gentil, qui avait erré à travers beaucoup d'institutions. Il m'apprit comment on compose des ceintures à soixante et une poches, soixante pour les sujets de français les plus probables, une pour la tables des matières.

        Et aussi comment on écrit des devoirs sur des petits papiers en accordéon qu'on peut plier dans le creux de la main. Cette ceinture valait cinq cents francs, presque ouvertement, à l'institution dont il sortait. Ailleurs, il partageait l'argent de ses leçons avec son répétiteur. Je faisais semblant de ne pas entendre ces invites. Nous assistions à une survivance du monde d'après-guerre et il nous paraissait à la fois cocasse et un peu désuet.

 

Robert Brasillach - Une génération dans l'orage (1941) - (mémoires)

 

n°1089
 

       J'étais trop heureux du service que je pensais lui rendre en ma qualité d'ancien, de très ancien ami,  pour ne pas courir lui porter la nouvelle cet après-midi même. Je savais qu'elle travaillait tard, comme moi d'ailleurs, mais je sacrifiai à notre amitié une bonne heure de lumière d'un jour de février. Conformément à mon attente, je la trouvai dans son atelier où sa carte de visite "Mary J. Tredick" - pas Mary Jane mais Mary Juliana - s'étalait sur la porte selon un usage masculin.

       Elle me parut un peu lasse, un peu vieillie et sensiblement marquée, mais à peine eus-je franchi son seuil, elle ôta ses vilaines lunettes pour m'accueillir. Pendant qu'elle raclait sa palette et essuyait ses pinceaux, elle ne songea pas à se débarrasser de la blouse maculée qui l'enveloppait de la tête aux pieds, ce qui donnait amplement la mesure de son renoncement à plaire.

 

Henry James - La marque du temps (1900) - (nouvelle)

 

n°1088
 

       L'Helladique ancien II voit l'installation définitive des colons, venus d'Asie Mineure, dans la plupart des sites néolithiques de la Grèce centrale et du Péloponnèse, tandis que que la Thessalie reste sur les données  de son brillant néolithique expirant ; on voit par là que le courant venait par la mer, des Cyclades et de l'Anatolie.

       Les poteries caractéristiques sont la "saucière", qui est certainement un vase à boire, et une poterie peinte à glaçure appelée "urfirniss" (vernis ancien) par les fouilleurs allemands d'Orchomène , différente d'une poterie à glaçure du même nom répandue au néolithique moyen. Le site le plus marquant de cette période est Lerne , sur le golfe d'Argos, où domine une demeure à plusieurs pièces et à l'étage, au toit couvert de tuiles.

 

Guy Rachet - L'univers de l'archéologie (1970)

 

n°1087
 

       Etes-vous là ? N'êtes-vous pas moins nombreux que je le suppose amis passés, présents, futurs, égoïstes ou généreux, justes ou injustes, ardents ou dénués, tous maîtres de mon coeur par l'affection, par les égards, par l'exigence ?  Tous, un instant vous eûtes - ou vous aurez - certains de mes goûts, j'eus - ou j'aurai - certains des vôtres.

       Mais la plupart du temps nous sommes différents. Nous suivons des chemins parallèles, mais l'un c'est dans la plaine, l'autre dans la montagne et l'un a chaud et l'autre a froid, l'un repose dans l'herbe quand l'autre jouit de la neige, l'un se fleurit d'une rose et l'autre d'une agate dans le désordre des fatigues et des privilèges, des buts et des impasses.

 

Paul Eluard - A mes amis (1947)

 

n°1086
 

       Quand la messe fut dite, je retournai à la venta. J'espérais que Carmen se serait enfuie ; elle aurait pu prendre mon cheval et se sauver... mais je la retrouvai. Elle ne voulait pas qu'on pût dire que je lui avais fait peur. Pendant mon absence, elle avait défait l'ourlet de sa robe pour en retirer le plomb. Maintenant, elle était devant une table, regardant dans une terrine pleine d'eau le plomb qu'elle avait fait fondre, et qu'elle venait d' y jeter.

       Elle était si occupée de sa magie qu'elle ne s'aperçut pas d'abord de mon retour. Tantôt elle prenait un morceau de plomb et le tournait de tous les côtés d'un air triste, tantôt elle chantait quelqu'une de ces chansons magiques  où elles invoquent Marie Padilla, la maîtresse de don Pedro, qui fut, dit-on, la Bari Crallisa, ou la grande reine des Bohémiens.  "Carmen, lui dis-je, voulez-vous venir avec moi ?"

 

Prosper Mérimée - Carmen (1845) - (roman)

 

n°1085
 

       Le plan fut méthodiquement appliqué par les groupes terroristes organisés dès le temps de paix pour la guerre civile avec des cadres en partie étrangers (Espagnols et heimatlos de l'Europe centrale) provenant pour la plupart des anciennes brigades internationales d'Espagne. En général, très soigneusement préparés, frappant des militaires hors du service et sans méfiance, ces attentats ne comportaient tout d'abord que fort peu de risques immédiats pour les exécutants.

       Dès le premier moment, le commandement militaire allemand en France fit savoir qu'il avait reçu du G.Q.G. allemand l'ordre de procéder à des exécutions massives d'otages, si les coupables n'étaient pas arrêtés dans les dix jours. Le Gouvernement français protesta aussitôt avec la dernière vigueur contre ce principe monstrueux.

 

Pierre Pucheu - Ma vie (1948)

 

n°1084
 

       Le bien immobilier par excellence est le sol, la terre, que nos ancêtres appelaient le fonds (La Fontaine, Le laboureur et ses enfants : "Travaillez, prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins"). Ensuite, c'est le bâtiment, l'édifice construit sur le terrain et qui s'y incorpore.

       Objet de possession précieuse et convoitée, le bien immobilier est traditionnellement régi par le droit civil qui fixe les manières d'en devenir propriétaire, réglemente son usage et veille aux relations paisibles entre voisins. Pierre de touche de toute civilisation libérale (Tolstoï : "Le droit de propriété est inhérent à la nature humaine, sans lui il n'y aurait nul intérêt à cultiver la terre").

 

Jean-Loup Montigny - Les biens immobiliers ( QSJ n°1689-1977)

 

n°1083
 

       Nous ne pensons pas devoir présenter P.M. Bourdeaux à nos lecteurs. son goût de la mer, ses nombreux voyages ses "convoyages", ses récis ont rendu son nom familier dans le monde du Yachting. De son expérience sont nés les Guides du Yacht's man en Méditerranée, depuis 1945, et maintenant la grande série des Guides Manche-Atlantique et aussi Paris-Méditerranée par les canaux.

       Car pour joindre les mers, Manche-Atlantique-Méditerranée, P.M. Bourdeaux a connu aussi les péripéties des Canaux et des Fleuves. Seine, Yonne, Saône, Rhône, Gironde, Canaux du Centre et de Bourgogne, Canaux du Midi. Enfin tout ce qui a pu accompagner la migration de nombreux Yachts qu'il a conduits d'une mer à une autre.

 

P.-M. Bourdeaux - Guide pratique de Navigation de croisière  (1965)

 

n°1082
 

       En enrôlant quinze auteurs grecs et latins sous la bannière "noire", la présente anthologie n'entend pas sacrifier à une mode ; elle n'est pas non plus un canular d'anciens Khâgneux s'abandonnant aux délices empoisonnés de l'anachronisme. Certes le label "noir", en littérature,  est d'habitude conféré à des ouvrages beaucoup plus récents : on fait remonter la naissance du genre au plus tôt  au XVIIIè avec les romans "gothiques" anglais.

       On lui concède l'âge de raison avec Balzac et certains feuilletonistes du siècle dernier ; on lui reconnaît une pleine maturité avec les grands Américains contemporains comme Chandler, Mc Bain ou Hammet. Reste évidemment à se demander si, bien avant son "invention" officielle, le genre ne se préexistait pas à lui-même, si bon nombre d'auteurs, comme Jourdain de la prose, n'ont pas fait du "noir" sans le savoir.

 

C. Leroy / R. Martin - Récits noirs de l'Antiquité  (1987)

 

n°1081
 

       Les ouragans et les tempêtes ont eu aussi des répercussions historiques : la destruction de l'Armada a mis fin à la suprématie de la flotte espagnole. En 1889, les Allemands ayant bombardé Apia, dans les Samoa (Océanie), détruisirent une propriété américaine ; les Etats-Unis réagirent énergiquement et les six navires de guerre allemands et américains s'apprêtaient à passer à l'action quand un cyclone régla le différend en coulant impartialement les deux flottes, ainsi d'ailleurs que six navires marchands.

       Bismarck désavoua les initiatives de son consul et réunit la conférence de Berlin qui garantit la paix. Les tempêtes avaient coulé plus de vaisseaux que les guerres. Le président Mac-Kinley déclara : "Je redoute plus un cyclone dans la mer des Antilles que la flotte espagnole tout entière. Faites établir un service d'avertissement de tempêtes dès que possible."

 

Louis Auberger - Atmosphère et météores (1964)

 

 

 

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