qu'

MAGALMA

 

LECTORIUM

 

 

 

Encore la boîte du bouquiniste ou le carton du libraire d'occasions. Tous genres et éditions pêle-mêle, c'est  l'éclectisme assuré. Un livre au hasard qu'on ouvre à une page plus ou moins quelconque et cette courte lecture qui s'ensuit, généralement de quelques lignes tout au plus. Curieux ou pas mal...Au fait de qui est-ce ? Alors en le refermant on regarde sur la couverture le nom de l'auteur et le titre de l'ouvrage. (Ici ces derniers, dans un même esprit et pour inciter peut-être aux devinettes, ne sont dévoilés que le lendemain).

 

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n°660
 

       Les physiciens ont longtemps hésité entre une représentation corpusculaire et une représentation ondulatoire de la Lumière. au début du XIXè siècle, à la suite des travaux d'Augustin Fresnel, ils ont tous fini par se rallier à la représentation ondulatoire qui, convenablement interprétée, a été ensuite incorporée à la théorie électromagnétique de Maxwell. Les succès remportés par la théorie ondulatoire de la Lumière dans la prévision détaillée de tous les phénomènes les plus fins de l'Optique physique avient fait complètement abandonner par la Science de la fin du XIXè siècle toute idée d'une constitution granulaire de la Lumière.

       La découverte par Hertz en 1887 de l'effet photoélectrique a été à l'origine d'un certain retour vers la conception d'une structure discontinue de la Lumière.

 

Louis de Broglie - Certitudes et incertitudes de la Science (1966)

 

n°659
 

       On pourrait croire, sans choquer la raison, que notre pays occupe à peu près le centre de la Grêce et même du monde habité; car plus on s'en éloigne, plus les froids et les chaleurs qu'on rencontre sont pénibles à supporter. Et si l'on veut aller d'un bout de la Grèce à l'autre, on passe autour d'Athènes, comme au centre d'un cercle, soit qu'on voyage par mer, soit qu'on voyage par terre.

       Sans être entourée d'eau de tous côtés, Athènes n'en a pas moins les avantages d'une île : elle a tous les vents à son service, soit pour importer ce dont elle a besoin,  soit pour exporter ce qu'elle veut; car elle est entre deux mers. Sur terre aussi, elle reçoit une grande quantité de marchandises; car elle est sur le continent. En outre, tandis que la plupart des Etats sont incommodés par le voisinage des barbares, les Etats voisins d'Athènes sont eux-mêmes très éloignés de ces mêmes barbares.

 

Xénophon - Les revenus (c. 380 av.)

 

n°658
 

       Ce petit livre se propose de donner de la Théorie de la Relativité Restreinte une image aussi fidèle que possible à partir des connaissances de mathématiques et de physique  acquises en Propédeutique ou dans les classes de Mathématiques Spéciales conformément aux nouveaux programmes.

        Après l'introduction dans ces programmes des espaces vectoriels, des matrices et des formules classiques d'Analyse relatives aux intégrales doubles et triples, nous avons pensé qu'il restait peu à faire aux élèves-ingénieurs des Grandes Ecoles ou aux étudiants en fin de Propédeutique pour s'initier à la Relativité d'une façon valable.

 

Gaston Casanova - Relativité Restreinte (1961)

 

n°657
 

       Nous traverserons la forêt de la Rochebeaucourt par l'I.C. 63 qui rejoint l'I.C. 57 pès de Rougnac dont l'église, qui possède  quelques pans de murs du Xè, fut reconstruite  au XIIè. La nef unique, très longue et couverte d'un lambris plat et surmonté d'un clocher. Le choeur et la nef surmontent une crypte rectangulaire au berceau surbaissé.

       On peut voir encore le vieux château du Repaire avant de se diriger sur Villebois-Lavalette par le G.C. 16 où nous découvrirons les ruines d'une importante forteresse qui appartint à la maison d'Epernon. Les parties les mieux conservées sont l'enceinte et la chapelle à deux étages. Celui du bas comprend quatre travées dont la première formait porche.

 

Georges Pillement - La France inconnue (1956) - (guide)

 

n°656
 

       J'avais vingt fois voulu me tuer pour elle, je m'étais ruiné, j'avais détruit ma santé pour elle. Quand il s'agit d'écrire, on est scrupuleux, on regarde de très près, on rejette tout ce qui n'est pas vérité. Mais tant qu'il ne s'agit que de la vie, on se ruine, on se rend malade, on se tue pour des mensonges. Il est vrai que c'est de la gangue de ces mensonges-là que (si l'âge est passé d'être poète) on peut seulement extraire un peu de vérité.

       Les chagrins sont des serviteurs obscurs, détestés, contre lesquels on lutte, sous l'empire  de qui on tombe de plus en plus, des serviteurs atroces, impossibles à remplacer  et qui par des voies souterraines nous mènent à la vérité et à la mort. Heureux ceux qui ont rencontré la première avant la seconde, et pour qui, si proches qu'elles doivent être l'une de l'autre, l'heure de la vérité a sonné avant celle de la mort !

 

Marcel Proust - Le temps retrouvé (1927) - (roman)

 

n°655
 

       Mais pourquoi, au fond, essayer de vulagariser, alors que tout dans la Science Moderne, tend vers l'abstraction ? Si les nouvelles théories sont nouvelles, c'est surtout parce qu'elles cherchent à simplifier l'Univers, à tout ramener à des facteurs élémentaires communs, à des formules plus lapidaires les unes que les autres. Or quel langage est plus précis, moins poétique que celui de l'Algèbre, à la seule condition que l'on veuille se donner la peine d'en admettre la Phonétique et la Grammaire ?

       Ce que nous nous proposons donc, ici, ce n'est pas, pour rester dans la lignée de cette collection, de rabaisser. De simplifier, oui, mais non de vous considérer comme incapable de nous suivre dans des sphères plus élevées, comme trop peu évolué pour le "génie" que nous sommes. Dans cette stratégie, il n'y a guère de place pour la vulgarisation et nous n'hésiterons nullement à appuyer telle affirmation d'une version mathématique si celle-ci devait être plus simple.

 

Fred Klinger - Mais oui, vous comprenez la Physique (1965)

 

n°654
 

       Rochel eut l'impression de se retourner dans un lit tout en rêvant. Il distinguait maintenant le profil de Sabazio sur la vitre bleu nuit, au passage de quelques carrefours ou clairières sinon, brillait seul le petit brasier de tabac qu'il portait à ses lèvres dans le noir. Quand Sabazio enferma finalement sa cigarette dans un cendrier hermétique comme une tombe miniature, Rochel ne vit plus rien. La voix seule de son ravisseur lui parvenait.

       Il aurait voulu étendre le bras, allonger ses doigts vers lui, étant sûr que Sabazio profitait de ce passage de totale obscurité pour se dématérialiser complètement quelques secondes, une minute même, ne laissant que des vêtements tombés en tas sur la banquette, tandis que lui, devenu scarabée, cafard (ou rien : tel coin de la voiture, telle poignée de portière pouvaient tout aussi bien être son refuge du moment) continuait à pérorer en se moquant ouvertement de sa victime.

 

Michel Braudeau - Passage de la main d'or (1980) - (roman)

 

n°653
 

       Je frissonnais de peur, et en même temps je brûlais d'une allègre espérance en votre miséricorde, Ô Père. Et tous ces sentiments s'échappaient par mes yeux et par ma voix, quand, tourné vers nous, votre Esprit de bonté nous dit : "Fils des hommes, jusques à quand vos coeurs seront-ils appesantis? Pourquoi chérissez-vous la vanité et recherchez-vous le mensonge?"

       Certes j'avais chéri la vanité et recherché le mensonge. Et vous, Seigneur, déjà vous aviez magnifié votre Saint, le "ressuscitant d'entre les morts et le plaçant  à votre droite" afin que, d'en haut, il envoyât Celui qu'il avait promis, "le Paraclet, l'esprit de vérité." Il l'avait déjà envoyé et moi je l'ignorais.

 

Saint Augustin - Les Confessions (397-401)

 

n°652
 

       Je soufflai la chandelle de mon hôte, ce qui fit rentrer le corridor dans une obscurité aussi complète que celle où était la chambre; je lui recommandai de ne retrouver sous aucun prétexte la deuxième clef de la porte, et je le priai de me laisser tirer d'affaire tout seul. Il ne demandait pas mieux.

       La petite guerre continuait toujours, et les éclats de rire des combattants faisaient un tel bruit, que j'entrai dans la chambre, refermai la porte à double tour, et mis la clé dans ma poche, sans qu'aucun d'eux s'aperçût qu'il venait de se glisser dans la place un surcroit de garnison. Je n'avais pas fait deux pas, que j'avais reçu sur la tête un coup de matelas qui m'avait enfoncé mon chapeau jusqu'à la cravate.

 

Alexandre Dumas - Impressions de voyage en Suisse (1832)

 

n°651
 

       La pensée du jeune enfant est un sujet énorme, que j'étudie depuis plus de quarante ans sans en avoir encore fait le tour, et qu'on peut aborder sous de multiples perspectives. J'en retiendrai trois.

        Cette étude montre d'abord en quoi l'enfant diffère de l'adulte, c'est à dire ce qui manque au jeune enfant pour raisonner comme un adulte normal de culture moyenne. On peut vérifier, par exemple, que certaines structures logico-mathématiques ne sont pas à l'oeuvre à tout âge et ne sont donc pas innées.

        Cette étude montre ensuite comment se construisent les structures cognitives. A cet égard la psychologie de l'enfant  peut servir de méthode explicative générale en psychologie, car la formation progressive d'une structure fournit à certains égards son explication.

        L'étude du mode de construction de certaines structures permet enfin de donner une réponse à certaines questions que se pose la philsophie des sciences. A cet égard la psychologie de l'enfant peut se prolonger en "épistémologie génétique".

 

Jean Piaget - Six études de psychologie (1964)

 

n°650
 

       Il y a une quinzaine d'années, un de mes jeunes amis, étudiant en médecine, entre un jour dans l'église Saint-Roch, à Paris, avec une prostituée et, tandis que l'office se déroulait, caché dans un confessionnal, il se livra à la fornication. Athée, agressivement antireligieux, il avait accompli son "exploit" comme un sacrilège délibéré, et non pas seulement comme une de ces farces scandaleuses dont les carabins sont friands.

       Des années passèrent. L'étudiant, devenu docteur, épousa une cheftaine scoute. Ménage sympathique et sain, promis au bonheur familial autant qu'à la réussite sociale. A ce bonheur il ne manquait qu'un enfant. Il vint, au bout de neuf mois, le plus naturellement du monde. C'était un monstre à tête de chien, une espèce de gélatine violacée et baveuse, informe et purulente, sur le front duquel saillait une boursouflure qui ressemblait vaguement à l'effigie de Saint-Roch.

Roger de Lafforest - Ces maisons qui tuent (1972)

 

n°649
 

       Les principaux pronostics que les anciens tiraient de l'observation des étoiles sont contenus dans ce passage de l'Histoire naturelle de Pline : "Il y a dans le signe de l'Ecrevisse deux petites étoiles, nommées les Anons; le petit espace qui les sépare est occupé par un petit nuage qu'on appelle la Crèche : quand par un ciel serein ce nuage cesse d'être visible, c'est le présage d'une tempête violente. Si des deux étoiles la septentrionale est dérobée par le brouillard, le vent du midi sévit : l'Aquilon si c'est la méridionale...

       Si l'on voit voltiger de nombreuses étoiles, laissant une traînée blanchissante, elles présagent du vent dans cette direction. Si elles courent dans le même sens, les vents seront constants ; inconstants si elles courent dans des directions différentes."

 

Louis Dufour - Les dictons météorologiques (1973)

 

n°648
 

       La première voix, qui soutint et proclama le nationalisme égyptien, avait été celle de Loutfiel-Sayed, qui fut appelé le Maître du siècle "Ustaz al Gil";son influence fut considérable. Parmi les prosateurs qui ont repris la pensée de ce maître incomparable, on ne saurait trop rendre hommage à son disciple préféré Taha-Hussen. Fortement imprégné de culture française, Taha-Hussen s'est efforcé de démontrer l'harmonieuse fusion que représentent les civilisations occidentale et orientale, sur le sol même de l'Egypte. C'est là qu'il fut possible d'assimiler les pensées grecque, latine et européenne et d'en retrouver les origines profondes.

       Taha Hussen dès son enfance eut le malheur de perdre la vue. Courageusement, l'enfant accepta sa destinée et, avec une ferme résolution et une philosophie stoïque qu'un adolescent ne saurait rarement trouver lui-même, poursuivit ses études avec le désir fervent d'y rencontrer la vérité, mais aussi la consolation.

 

Jacques C.Risler - L'Islam moderne (1963)

 

n°647
 

       L'hiver, très rigoureux cette année-là, devait se prolonger plusieurs semaines, entraînant une consommation de charbon plus forte qu'à l'ordinaire et ne laissait pa de stocks sur les carreaux. Les dirigeants du mouvement croyaient donc que l'industrie, les transports, les foyers domestiques ne supporteraient pas d'être privés de combustibles et qu'afin d'éviter une catastrophe le pouvoir serait bientôt contraint de souscrire à leurs conditions. Mais ils comptaient surtout que, la preuve étant ainsi faite que rien ne pouvait remplacer en France le charbon français, on renoncerait à lui appliquer un programme de réduction.

       Or, pour ma part, c'est justement ce programme que j'entends maintenir en tout cas. Non, certes que je visse personnellement  sans mélancolie cette diminution de leur rôle infligée à nos charbonnages. Je savais bien quels trésors de labeur avaient été dépensés par des générations de mineurs à faire valoir un patrimoine dont au lendemain de la Libération, j'avais moi-même voulu qu'il devînt national. En ma qualité d'homme du Nord, je portais à ces travailleurs une estime particulière.

 

Charles de Gaulle - Mémoires d'espoir (1971)

 

n°646
 

       Le tuyau auquel Herst venait de faire allusion avait été une véritable aubaine pour le photographe. Il s'agissait d'une promenade à cheval en solitaire de Pierre Malarche, une escapade comme le président aimait à en effectuer de temps en temps au désespoir de ses gardes du corps. Herst qui était un peu son confident pour ces sortes d'affaires, en avait informé Gaur la veille, sachant très bien que celui-ci tiendrait sa langue trop heureux d'exploiter seul ce renseignement précieux.

        Dissimulé dans un fourré, Martial put prendre une photo assez remarquable, qui eut les honneurs d'une première page dans un hebdomadaire. Malarche avait cru au hasard d'une photo d'amateur et ne s'était pas formalisé. Il tenait à son auréole de sportif et à la réputation qu'il avait d'être un esprit indépendant. Il ne détestait pas que la preuve en eût été publiée, dès lors qu'il n'avait pas été importuné par le témoin.

 

Pierre Boulle - Le photographe (1967) - (roman)

 

n°645
 

       Nous ne savons malheureusement rien de ces premiers pas de Marcel Proust dans le savoir scolaire. On peut seulement présumer que, précoce et curieux comme il était, il apprit vite et avec ardeur, qu'il fut très tôt en mesure de faire des lectures au-dessus de son âge  et de griffonner des billets. sans doute faut-il faire entrer en compte la recherche de compensations dans l'activité spirituelle, à laquelle devait l'engager une santé précaire. Souvenons-nous qu'il naquit le 10 juillet 1871, dans la maison d'Auteuil où sa mère s'était réfugiée, chez son oncle Weil.

      Comment la vie prénatale de l'enfant n'aurait-elle pas subi le dangereux contrecoup des angoisses de la guerre puis de la défaite, des privations et des souffrances du siège de Paris, des horreurs de la Commune, qui devaient particulièrement affecter la jeune femme sensible qu'était Mme Adrien Proust ? Marcel était si faible à sa naissance qu'on n'espérait pas qu'il pût vivre. Toute son enfance se ressentit de cette fragilité initiale.

 

André Ferré - Les années de collège de Marcel Proust (1959)

 

n°644
 

     Un cri d'indignation s'échappa de mes lèvres. "Calme-toi, dit ma tante à qui cette colère faisait plaisir. On pourrait s'entendre. Ne donnons pas à ces gens la satisfaction de penser qu'ils nous ont atteints." A table ce soir-là, je m'assis donc en face de M. Georges Espinchat, marchand de drap dans le chef-lieu du département voisin. Dès les premières cuillerées de soupe, il nous informa que son "commerce" était le plus en vue de la ville et qu'il espérait tripler son avoir dans les cinq années qui allaient suivre.

     Sa maison s'élevait place de Jaude, formait selon lui le point de mire de cet endroit où je souhaitais intérieurement de ne jamais mettre les pieds. Douze demoiselles sous ses ordres (il me regarda d'un air sévère pour s'assurer que nul commentaire égrillard ne me viendrait aux lèvres), deux comptables et trois employés subalternes préposés au nettoiement , car les locaux étaient vastes.

 

Julien Green - Le visionnaire (1934) - (roman)

 

n°643
 

       Que ce soit par mode, par goût ou par "standinge", vous êtes passionné comme tout le monde par ces chères vieilles choses... Vous n'aimez pas pour autant être grugé ou acheter à prix d'or un objet aimable, mais sans valeur. "Le dictionaire Marabout des antiquités et de la brocante" vous épargne cette mésaventure. Et même si vous êtes connaisseur, il vous apprend mille et un détails qui vous raviront.

       Qu'il s'agisse de meubles, de tapis, de tapisseries, de porcelaines, de faïences, de céramiques, de verreries, d'argenteries, de broderies, d'étoffes, de bronzes, d'étains, de laques, d'ivoires, de jades, d'armes, d'horloges, de gravures, ce livre répond à toutes vos questions. Il donne en quelque 1300 articles, "toutes les bonnes adresses du passé".

 

Anne Saint-Clair - Le dictionnaire Marabout des antiquités et de la brocante (1971)

 

n°642
 

       J'ouvre les Index et je n'y trouve aucun philosophe de l'Antiquité, aucun philosophe du Moyen-Age, ni chrétien, ni arabe, ni juif... ; j'arrive au XVIe et je vois que les Espagnols pouvaient lire tous les traités de Pomponazzi , même celui qu'il écrivit contre l'immortalité de l'âme, puisqu'on ne leur interdit  que le De incantationibus. Ils pouvaient lire intégralement presque tous les philosophes de la Renaissance italienne : Marsilio, Ficino, Nizolio, Campanella, Telesio (ces deux derniers avec quelques expurgations). Que puis-je ajouter ?

        Même si cela paraît incroyable, le nom de Giordano Bruno ne se trouve dans aucun des Index inquisitoriaux espagnols, pas plus que celui de Galilée, de Descartes, de Leibnitz. Plus curieux encore, Thomas Hobes et Spinoza ne s'y trouvent pas mentionnés davantage ; Bacon n'y est cité que pour d'infimes modifications. Quant aux sciences exactes, physiques et naturelles, les erreurs et les calomnies proclamées contre l'Inquisition y sont plus notoires encore. Pourtant, pas un seul adepte de ces sciences ne fut poursuivi.

 

Guy et Jean Testas - L'Inquisition ( QSJ n°1237 -1966)

 

n°641
 

       Les appareils construits en France s'adaptent à n'importe quel réservoir pulvérisateurs sous pression, ou puisent le liquide à injecter dans un seau ou un réservoir quelconque; ces pals permettent de régler exactement la quantité de liquide à introduire dans le sol à chaque piqûre. Avec ces appareils on peut donc apporter la quantité d'engrais soluble voulue aux emplacements et à la profondeur désirés. Les résultats pratiques sur la productivité des arbres ont été excellents.

       Que l'on emploie les engrais liquides au pal doseur, ou les engrais en poudre à la barre de fer, il importe de ne faire les applications que lorsque le terrain est frais, à la suite d'une période pluvieuse ou d'un arrosage copieux, pour éviter que les engrais restent en solution trop concentrée autour des points d'introduction, car les racines voisines pourraient en souffrir.

 

Jean Masselin - Pratique actuelle de la culture fruitière (1938)

 

n°640
 

       Marc-Aurèle naquit à Rome, sur le Mont-Caelius, au mois d'avril de l'année 121, il reçut d'abord le nom de son bisaïeul maternel, Catilius Severus ; mais après la mort de son père, il porta celui d' Annius-Verus , qui était le nom de sa famille. Dans la suite, il prit, en reconnaissance de son adoption, ceux d'Aelius Aurelius: le premier appartenait à la famille d'Adrien, et le second à celle d'Antonin. Devenu Auguste, il laissa le nom de Verus, quoique son père l'eût illustré, à Lucius Commodus, son frère d'adoption; au nom ainsi abandonné, il substitua celui d'Antonin, dont l'histoire le distingue par le prénom de Marc , ou le surnom de philosophe, qu'aucun écrivain ne lui a contesté bien que ce titre ne lui ait été conféré par aucun acte public.

       Parent d'Adrien, on l'éleva dans le palais de cet empereur, non comme un jeune prince qu'énervent  des soins prodigués par la mollesse, mais sous les yeux des maîtres les plus capables de développer avec succès ses facultés physiques et morales. 

 

M.Toulotte - Histoire des empereurs romains (1834)

 

n°639
 

       L'impossibilité du mouvement est tirée de ce que le mobile transporté doit d'abord parvenir à la moitié avant d'accéder au terme. Le plus lent à la course ne sera jamais rattrapé par le plus rapide ; car celui qui poursuit doit toujours commencer par atteindre le point d'où est parti le fuyard, de sorte que le plus lent a toujours quelque avance. C'est le même raisonnement que celui de la dichotomie : dans les deux cas, en effet, on conclut qu'on ne peut arriver à la limite, la grandeur étant divisée d'une façon ou d'une autre ; mais ici, on ajoute que même ce héros de vitesse, dans la poursuite du plus lent, ne pourra aussi y arriver.

 

Zénon d'Elée - Doxographie ( c.450 av. )

 

n°638
 

       One year after the Normans have installed themselves in the province, Bohemond had driven the Greek Patriarch out of Antioch, together with most of the higher Greek clergy. Considering his policy of hostility to Byzantium, this was a natural enough move, but it was hardly likely that the Greeks would regard it as such. The insult to the Patriarch of Antioch was one of Alexius Commenus's major grievances against the Normans.

        The old prelate, who was respected by Latins and Greeks alike, had been solemnly reinstated on his patriarcal throne by the Crusaders, and no one at the time of the capture of Antioch had thought of disputing his rights. William of Tyre explains, not without some trace of embarrassement, that the venerable man left Antioch  "of his own free will without any violence having been done to him". 

 

Zoe Oldenbourg - The Crusades (1966) - (roman historique)

 

n°637
 

       Il y a dans l'art un point de perfection, comme de bonté ou de maturité dans la nature ; celui qui le sent et qui l'aime a le goût parfait ; celui que ne le sent pas et qui aime en deça ou audelà, a le goût défectueux. Il y a donc un bon et un mauvais goût, et l'on dispute des goûts avec fondement.

       On a dû faire du style ce qu'on a fait de l'architecture. On a entièrement abandonné l'ordre gothique, que la barbarie avait introduit pour les palais et pour les temples ; on a rappelé le dorique, l'ionique et le corinthien : ce qu'on ne voyait plus que dans les ruines de l'ancienne Rome et de la vieille Grêce, devenu moderne, éclate dans nos portiques et dans nos péristyles. De même on ne saurait en écrivant rencontrer le parfait, et, s'il se peut, surpasser les anciens que par leur imitation.

       Combien de siècles se sont écoulés avant que les hommes, dans les sciences et dans les arts, aient pu revenir au goût des anciens et reprendre enfin le simple et le naturel ! 

 

La Bruyère - Les Caractères (1689-96)

 

n°636
 

       Il y avait à gauche une esplanade bordée de platanes et soutenue par un mur penché en arrière, qui avait bien dix mètres de haut. A doite, c'était la rue. Je dirais : la rue principale. S'il y en avait eu une autre. Mais on y rencontrait qu'une petite traverse, qui n'avait que dix mètres de long et qui avait encore trouvé le moyen de faire un crochet  à deux angles droits, pour atteindre la place du village. Plus petite qu'une cour d'école, la placette était ombragée par un très vieux mûrier, au tronc creusé de profondes crevasses, et deux accacias : partis à la rencontre du soleil, ils essayaient de dépasser le clocher.

        Au milieu de la place, la fontaine parlait toute seule. C'était une conque de pierre vive, accrochée comme une bobèche, autour d'une stèle carrée, d'où sortait le tuyau de cuivre. Ayant dételé le mulet (car la charrette n'aurait pu le suivre), François le conduisit à la conque, et la bête but longuement, tout en battant ses flancs de sa queue.

 

Marcel Pagnol - La gloire de mon père (1957) - (souvenirs d'enfance)

 

n°635
 

       L'accent admirable et surtout vrai avec lequel furent prononcées ces paroles fit tressaillir le prince; il craignait un instant de voir sa dignité compromise par une accusation encore plus directe, mais au total sa sensation finit bientôt par être de plaisir : il admirait la duchesse ; l'ensemble de sa personne atteignit en ce moment une beauté sublime.

      "Grand Dieu! qu'elle est belle, se dit le prince; on doit passer quelque chose à une femme unique et telle que peut-être il n'en existe pas une seconde dans toute l'Italie... Eh bien avec un peu de bonne politique il ne serait peut-être pas impossible d'en faire un jour une maîtresse; il y a loin d'un tel être à cette poupée de marquise Balbi, et qui encore chaque année vole au moins trois cent mille francs à mes pauvres sujets.

 

Stendhal - La Chartreuse de Parme (1839) - (roman)

 

n°634
 

       Les pêcheurs continuèrent à s'avancer prudemment. L'un d'eux, armé d'un harpon très primitif, un long clou au bout d'un bâton, se tenait debout sur la pirogue, pendant que les deux autres pagayaient sans bruit. Ils attendaient que la nécessité de respirer ramenaât les lamentins à leur portée. Dix minutes au plus, et ces animaux reparaîtraient certainement dans un cercle plus ou moins restreint.

       En effet, ce temps s'était à peu près écoulé, lorsque les points noirs émergèrent à peu de distance, et deux jets d'air mélangé de vapeurs s'élancèrent bruyamment. Les ubas s'approchèrent, les harpons furent lancés en même temps; l'un manqua son but, mais l'autre frappa l'un des cétacés à la hauteur de sa vertèbre caudale.

 

Jules Verne - La Jangada (1881) - (roman)

 

n°633
 

      Sa blessure lui avait fait perdre, irrémédiablement sans doute, beaucoup de son agilité; pour traverser simplement sa chambre, il lui fallait un temps infini comme à un vieil invalide; quant aux promenades sur les murs, il avait dû en faire son deuil. Mais cette aggravation de son état s'était trouvée largement compensée, à son avis, par le fait qu'on ouvrait maintenant tous les soirs la porte de la salle à manger; il attendait cet évènement durant deux heures couché dans l'ombre de sa chambre, invisible pour les dîneurs, il pouvait alors observer toute la famille réunie autour de la table dans la lumière de la lampe, il avait le droit d'écouter la conversation avec l'autorisation de tout le monde : c'était beaucoup mieux qu'auparavant.

 

Franz Kafka - La métamorphose (1915) - (nouvelle)

 

n°632
 

       Le cardinal Cesi, par sa légation de Bologne, était à mi-chemin entre Florence et Mantoue : don François  de Médicis le désigna pour négocier le contrat avec Mgr Zibramonte, représentant de Mantoue. Les Gonzagues pardonnaient au légat d'avoir révélé que don Vincent avait communiqué le mal français à une vierge, puisque c'était l'un des témoignages qui avaient éclairé le consistoire.

       A leur première rencontre, le cardinal Cesi dit à l'évêque d'Albe qu'il avait à lui transmettre la plus étrange demande qu'un ecclésiastique, mais c'était la condition préalable des Médicis à la poursuite des entretiens : ils demandaient que don Vincent fît, devant témoins, la preuve de sa puissance avec une vierge.

 

Roger Peyrefitte - La nature du Prince (1963) - (roman)

 

n°631
 

       Même lorsque l'intérêt personnel et concret n'est pas en jeu, les solidarités nationale et universelle de notre temps créent ce besoin de savoir tout de suite ce qui advient à l'autre bout du pays ou du monde. L'actualité est alors un facteur du critère d'intérêt. Pratiquement, cela veut dire que le journaliste s'efforce d'apprendre et de relater le plus vite possible les évènements significatifs et dignes d'intérêt, mais également que les nouvelles "retardées en transmission" se verront accorder moins d'importance relative que si elles avaient été connues dans les délais normaux.

       L'information qui aurait valu cinq colonnes à la une si l'on avait pu la surtitrer "exclusif- de notre envoyé spécial" ne vaudra plus, sauf exception, qu'un entrefilet en page intérieure si la rédaction en a eu connaissance... en lisant les confrères.

 

Philippe Gaillard - Technique du journalisme ( QSJ n°1429-1975)

 

 

 

 

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