n° 246.....
(...Et bien ça y est, j'ai
trouvé ! ...Vous aussi ? Ah tant mieux !... Finalement ça n'aura pas
été trop long ni trop difficile...Espérons que le retour fonctionne
! ...Nous verrons bien ! ...Mais avançons à tâtons pour commencer
... Les pieds un peu en-dedans et sur des œufs dans ce drôle
d'endroit...Où
sommes-nous exactement et pour quoi faire?...La question sonne différemment si l'on
est simple visiteur ou carrément l'auteur...Et je n'en mène pas
large car il m'incombe de trouver la suite, je le sais bien...ou
juste un exutoire à cet imbroglio ! Pourquoi être allé me fourrer
dans une truc pareil ? Une rue qui...une petite rue où de chaque
côté...Les souvenirs dans mon cas ne servent plus à rien...ne sont
plus vraiment fiables...bien sûr je revois très bien le petit tiroir
qu'on posa sur un comptoir de bureau et qui contenait ma montre, mes
lunettes, une carte orange, une carte d'identité, quelques sous
et....mes lacets ! Si je ne pensais pas que cela n'était digne
de n'être mentionné que par le seul fait qu'il s'agissait de moi, je
n'aurais pas eu soin d'oublier auparavant que le petit
plateau-tiroir qui m'avait été réservé provenait d'une sorte de
meuble-girafe où il y en avait beaucoup d'autres dans lesquels on
apercevait divers papiers ou babioles provenant là encore de poches
ou de sacoches et même un d'où pendait aussi un lacet ! Dire que ma
vanité mal placée m'avait une de fois plus persuadé, au moins pour
une sorte de consolation dans mon désarroi, qu'il n'y avait bien
qu'à moi que pareilles choses pouvaient arriver ! Et bien j'étais
une fois de plus déçu...et surtout très étonné de ne me souvenir de
rien de ce qui m'avait amené dans ces locaux sinistres, et au double
sens puisque situés sur la gauche de la petite rue quand elle
descend...Tout un symbole...Et il y avait aussi ma ceinture !....
Ces petits plateaux en contenaient des choses !... Et des plus
diverses ! ...Mais oui, tout au fond il y avait encore autre
chose..... Mon "Que-sais-je" sur les Sentiments ! ...Un vrai
plateau-brocante-bouquiniste !... Et sous mes clés, un double
au carbone qui ressemble à un double de carnet de...Pour les voitures,
elle ne fait que monter ! Car aussi loin que je puisse me souvenir
la circulation y a toujours été à sens unique et même si je ne
conduis plus depuis longtemps, je me souviens qu'il fallait rudement
rétrograder dès le début si on voulait parvenir en haut sans
tousser! Et jamais l'inverse...On ne s'imaginait pas devoir freiner
dans cette grimpette ! Ni même lever le pied ! Etais-je allé
malgré tout trop vite ? Mais depuis longtemps je ne suis plus qu'un piéton,
alors pourquoi cette souche comme qui dirait de contredanse dans
cette espèce de petit plateau de fouilles, de farfouilles ?...Oui,
ma tante qui avait enseigné en Syrie avait rapporté à peu près le même
mais garni de lampes à huile romaines et de petites déesses-mères
aplaties aux seins ronds et troués...De l'autre côté aussi ils ont
des plateaux où sont disposés quelquefois, aux fins d'une consultation
précautionneuse, de très vieux manuscrits démantibulés...ce n'était
décidément pas le même côté ! Pourquoi l'autre tout à coup ? Et
cette prévenance de musée pour mes affaires personnelles ? De ce
côté là, c'est moi qui étais démantibulé...Pourquoi cela ?
Qu'avais-je fait ? Que m'avait-on fait ?... Elle achetait ses
brimborions archéologiques tout de suite après sa classe au lycée
français chez un marchand quelque part dans le vieux Damas, je
crois...J'avais pris mon stylo ce jour-là...et il n'y était pas par
contre, dans mon attirail ! ... Quand ils voyaient une vieille fille
à lunettes d'écaille ils se précipitaient pour lui tenir un moment
ses livres et l'accompagner quelques pas très gentiment m'avait-elle
dit des syriens...Quand donc était-ce ? Elle en est revenue en
soixante sept, j'avais dix-sept ans et ses leçons d'anglais se sont
tout de suite et entièrement portées sur moi comme le panache du jet
d'eau les jours de bise si l'on n'y prenait garde ...Il a soufflé
?... Oui, c'es bon maintenant... C'est une ivresse simple, il peut
partir ... Depuis la jetée on voyait le Mont-Blanc...Je n' avais
fait que me souvenir de Genève...Si c'était une ivresse simple alors
pourquoi ces menottes serrées et derrière le dos ?...J'avais mal
dormi moi, dans la salle d'attente je crois, j'avais rêvé cela tout
simplement... Quand même la télé-réalité a ses limites...en plus moi
qui ne la regarde jamais... ce n'était pas moi et puis c'est
tout...Je n'étais pas là ou pas le même...J'étais ailleurs...Oui
j'avais attrapé ces courbatures probablement en dormant un moment
dans le train dont les banquettes en bois ne sont guère
confortables...Seulement il n'y a plus de banquettes en bois en
seconde dans les trains de banlieue et depuis longtemps...Je me suis
trompé encore une fois...C'est plutôt sur une sorte de paillasse de
lattes de bois que j'ai cru me tenir sans jamais vraiment dormir,
m'endormir...sans plus aucune notion ni de l'heure ni de la durée ne
disposant ni de ma montre ni de la moindre ouverture sur l'extérieur
par où voir la nuit petit à petit se changer en jour ou
inversement...L'écoulement d'eau qui se produisait parfois dans la
pièce, ou la cabine, était-il suffisamment périodique pour aider à
une sorte de repérage de la durée ou même
servir vaguement d'horloge ? ...Je n'étais quand même pas sur
un bateau !...Du reste même dans les cabines les moins chères, tout
à l'avant, minuscules, désertées, invendables en hiver car les plus oscillantes par gros temps,
et bien le
petit coin-douche est malgré tout séparé de la couchette, et là d'où
je rescapais il
m'avait semblé au contraire qu'une sorte de cuvette d'aisance était
ancrée dans le sol juste sous mon nez ! Ce n'était quand même pas un
Bed-and-Breakfast, même irlandais ! J'avais en plus tous les bouts
des doigts noircis d'encre ! Je savais que mon stylo fuyait de temps
en temps mais il ne portait aucune trace d'encre ni sur le corps ni
sur le capuchon au moment de reprendre ma... Où étais-je ? Où
avais-je été ?...Tout au fond du couloir se trouvait la porte de la
cabine, de ma cabine en réalité car je l'ai toujours occupée seul,
trouvée vide en m'y rendant directement et sans prévenir personne et
pourtant jamais fermée à clef ...Personne alentour jamais dans toute
cette partie du bateau !... Si je n'étais pas à proprement parler un
passager clandestin puisque j'avais tout de même le ticket de base
pour la traversée en fauteuil, je m'en sentais assez bien l'âme et
même celle d'un curieux migrant car en réalité je n'allais nulle
part et on aurait pu croire que je ne m'embarquais que pour me
cacher, ce qui n'était pas exact non plus...Et je me demande si ces
notions avaient un sens au cours de ces traversées improvisées au
tout dernier moment sur la simple mention dans un bulletin à la
radio pour la nuit suivante d'une mer "Très Forte devenant Grosse"
!
..... ...Oui
ces mers nocturnes prévues grosses, voire très grosses ou
peut-être énormes, m'attiraient incontestablement...La
raison n'en était pas très claire mais la nuit tout s'arrangeait
dans l'obscurité des coursives et même de la passerelle...Il y
avait oui des correspondances un peu partout entre le fait que
non seulement je n'avais pas le mal de mer mais qu'une
indéniable excitation me prenait aux sauts et sursauts du navire
dans ces grandes houles simplement croisées ou tout à fait
confuses ! Une seule chose était vraiment sûre : bien sanglé, le
dos et les bras plaqués sur ma couchette, je ressentais ces
élévations et ces descentes de huit à dix mètres comme une sorte
de balançoire verticale et me demandais s'il ne serait pas
équivalent et parfaitement possible de faire installer chez soi
un système permettant de reproduire à l'identique ce prodigieux
mouvement de hachoir qu'une mer grosse communique à la proue
d'un navire et à tous ses occupants ou ce qu'il en reste ! ...
Il suffirait le long d'une colonne de...oui peut-être mais ce ne
serait pas la même chose...et puis la translation verticale ne
pourrait excéder deux mètres cinquante et à moins de transpercer
le plancher du voisin du dessus, je ne pourrais pas de la sorte
dépasser le stade d'une mer "Agitée à Forte", ce qui me paraît
bien peu motivant...Ah bien sûr je n'aurai plus de ces absences
injustifiées au bureau avec ces "On est allé s'abriter
durant deux jours...Il n'y avait plus personne à bord, juste le
pilote automatique et ses tic-tacs clignotants dans la nuit
titubante de la passerelle...Une seule personne entrevue à plat
ventre dans un couloir, à moitié nue dans son drap, se
tortillant et gémissant à l'unisson des coups de boutoir et des
redescentes phénoménales !...Elle était verte je vous
assure...Je n'ai pas pu revenir plus tôt, à temps quoi...Il me
reste encore je crois quelques jours de congé dans un petit
carnet quelque part dans mon tiroir tout au fond vous le
trouverez sûrement à la longue...Moi je fais pour le mieux, dès
que cela repartira je pourrai envisager mon retour avec moins
d'incertitude et même une certaine rigueur ou précision pour ce
qui sera peut-être mon heure de rentrée si je rentre tout à
fait...Oui les vagues sont terribles, elles vous montent d'abord
et vous descendent ensuite...Même une retenue sur salaire
ne m'a pas convaincu de revenir comme j'aurais pu le faire au
lieu de réembarquer à nouveau dès l'annonce de ce nouveau
renforcement, et cette fois sur l'ensemble des zones, à la force
onze, à la mer énorme, puisque je savais bien qu'il ne me
restait déjà plus de jours de congés ordinaires pour avoir passé
les trois derniers à visiter des appartements à longueur de
journée ne voulant habiter nulle part et rémunérant pour la
circonstance une jeune fille qui jouait elle l'employée de
l'agence au tarif double du baby-sitting ou de la garde
d'enfant...J'avais trouvé dans une lointaine banlieue un
ensemble de tours d'habitation entièrement vides où chaque
appartement à tous les étages était accessible...Une lumière à
la fois diurne et nocturne, des ombres solaires et lunaires !
...Elle faisait semblant de vouloir me les faire tous visiter
!...Heureusement je n'étais pas retombé sur celle à qui j'avais
demandé de m'accompagner dans ce tea-room installé à la place
d'un vieux cinéma de quartier dont on voyait encore les ombres
comme des pipistrelles s'agiter ou juste passer au fond derrière
le buffet des petits gâteaux...Dire que j'ai failli pour de bon
me renseigner au sujet des mécanismes les plus simples qui
soient permettant tout de même de réaliser des sortes de petits
ascenseurs auxquels on peut imprimer des accélérations et
décélérations oui c'est cela verticales d'une grande ampleur et
très vives, de longue durée et ralentissant vers la fin dans les
deux sens ! Bien sûr c'était un peu me compliquer l'existence
mais par contre si cela avait pu...En somme c'est parce que vos
parents n'avaient pas voulu ce dimanche soir à Dieppe tout
simplement prendre le bateau pour l'Angleterre comme vous
l'exigiez mais rentrer dare-dare comme prévu à Paris pour y
reprendre leur travail dès lendemain matin que...Cela oui m'a
conduit vers ce port avec ce ferry qui m'attendait tous les
soirs et que je pouvais prendre désormais quand je le voulais,
c'est à dire les soirs de traversées nocturnes prévues par bonne
tempête...Un gros ressort en haut et un autre en bas auraient
sans doute été suffisants pour initier et entretenir un moment
des oscillations similaires à une mer assimilée disons à "peu
agitée à agitée" ! Seulement comment assujettir tout à fait mon
lit à un tel stratagème et en faire une authentique couchette en
même temps ?...Et puis même pas "forte", c'était dérisoire ! ...Vous
vous évertuez à rejoindre nuitamment des ponts de navires
incertains pour des lames, des lames dites-vous, énormes
dites-vous, que vous ne distinguerez même pas à cause de la
noirceur et que vous verriez bien mieux de votre lit en y
pensant très fort ou à la rigueur oui peut-être c'est à
considérer, en installant une espèce de système à gros ressorts
de machine, l'un en haut, l'autre en bas, oui je ne dis
pas...Vous entre les deux...C'est à voir...A examiner...En tout
cas si au moins...Au fait, le bureau à côté du mien semble
inoccupé, je n'y vois jamais personne...peut-être vient-on y
prendre une chaise de temps à autre ou y déposer un carton...je
ne sais pas...comment cela se fait-il ? Je ne vois jamais
personne, n'entends jamais personne...Ah oui à côté du vôtre
c'est un bureau qui semble la plupart du temps inoccupé...Il
doit être prochainement transformé en débarras...et vous en
aurez sans doute la disposition ! Exclusivement !...La porte en
avait été fermée de mon côté depuis longtemps, je ne pouvais
plus l'ouvrir...passer à côté, savoir qui était de l'autre côté
du mur...Au début, un de vos très anciens collègues qui était
revenu s'y était installé sans le dire à personne et puis cela a
changé à nouveau puisqu'on a fini par être absolument certain
qu'il n'y avait plus personne, qu'il n'y avait plus jamais
personne...Pardon moi j'y étais...de temps en temps...j'avais
réussi à me faire faire une clé ou à pouvoir utiliser
mystérieusement la mienne qui marchait aussi dans cette serrure
commune avec ce local d' à côté qui était devenu pour moi,
n'ayant jamais réussi à y pénétrer tout à fait, un au-delà de
tout... )
n° 247.....
...ces temps de comment dire, comment vous dire...voilà, de
contournement et de retournement !...Tout à l'heure dans l'autobus
ce jeune homme qui avait l'air en face de moi de se sourire
intérieurement !...Il était peut-être content de vous voir...Non il
ne me regardait absolument pas, mais ce qui m'étonne et m'inquiète
aussi car je le vois tous les jours dans cet autobus, c'est qu'il
n'a pas d'écouteurs dans les oreilles ni le moindre smartphone à la
main !...Vous êtes comme moi, vous remarquez tout de suite les gens
qui vous intriguent, qui vous agacent, pour ne plus les lâcher de
tout le parcours !...En venant je pensais surtout à vous et à votre
offre d'emploi que je m'imaginais mirobolante mais je ne savais pas
à quel point elle allait être à la hauteur de mes prétentions !
Cette façon de devoir vous regarder sans vous voir pendant que vous
vous parlez à vous-même c'est tout simplement assez prenant si on
veut bien, mais on ne peut pas s'empêcher de se poser des questions
quand même...comme par exemple, qui doit regarder par la fenêtre
exactement, vous ou moi ?...Et surtout, quel air pouvez-vous bien
avoir à ce moment-là ? N'importe, ma rémunération couvre largement
des frais même substantiels dans ce domaine...Ces sortes de bons que
vous m'avez donnés m'ont l'air très sûrs...Oui ils sont ou seront
valables partout et permettent généralement de recevoir en échange
des timbres de collection ou des affiches d'une certaine valeur...Je
voudrais que cela puisse durer toujours...Avec moi, ce n'est jamais
de' l'indéterminé, rassurez-vous mademoiselle, c'est de la durée, de
la vraie durée...Je mène toujours mes victimes à bon port, jusqu'au
bout du chemin ! ...J'aime mieux ça... Quand je pense que vous
vouliez me payer avec des traveller's checks !...Il est exact que
j'en avais alors quelques uns dans la main mais cela n'a pas duré
vous voyez bien que les modes de rétribution sont innombrables...Ces
petites mains que vous avez...mais ce sont des mains d'enfant
!...Oui je dois dire que j'ai eu beaucoup de chance en les
conservant pratiquement...par quel prodige je l'ignore encore à
l'heure actuelle...Cela viendra peut-être, on vous doit une
explication, ce n'est pas commun, sans être non plus à proprement
parler une anomalie ou une infirmité...non, loin de là, c'est une
grâce à nulle autre pareille...Je suis même de ce fait sans
doute dépositaire de quelque chose qui m'échappe...Vous ne savez
qu'en faire...cela vous oblue ! ...En vérité je m'oblue moi-même,
c'est pire que tout...je n'arrive pas à me rassembler à temps pour
me conduire quelque part...d'où peut-être cette manie des petites
annonces qui ne mènent à rien...Non non, cette fois-ci c'est pour de
vrai, c'est du sérieux, je suis sérieuse pour vous, j'accepte
d'effectuer pour vous cette curieuse tâche qui n'est ni plus
rébarbative ni plus incongrue qu'une autre...je vous écoute,
monsieur, de quoi s'agit-il ?...Et bien voilà, mais avant tout je
voudrais savoir, cela me taraude depuis le début, dites-moi bien
mademoiselle, vous n'êtes pas madame Lehoux ?...Je ne suis ici que
depuis une heure et ne peux pas déjà connaitre toutes vos voisines
et pouvoir ainsi envisager à laquelle je pourrais bien ressembler,
non pas du tout...Vous êtes ici depuis hier matin !...Par contre
vous, vous me rappelez vaguement quelqu'un et peut-être justement ce
voisin qui habitait en face de chez moi et qui les jours de grand
soleil, en fin d'après-midi, quand il aérait sa chambre,
m'envoyait toujours avec sa fenêtre des rayons dans la figure ou sur
les murs de mon studio et en vous voyant tout à l'heure j'ai bien cru un
instant que c'était lui, mais il faut dire que je ne l'ai jamais vu de près, jamais
dehors, son immeuble donnait dans une autre rue, une autre commune,
une autre ligne d'autobus, une autre banlieue...Non non moi j'ai
longtemps habité une très haute tour, très éloignée de tout, sans
vis à vis immédiat...que deux immenses cheminées très loin tout au
bout comme posées sur l'horizon près desquelles j'ai du reste un
moment, dans un profond sous-sol, séjourné dans un
bureau...Vous avez je vois finalement pas mal voyagé où résidé dans
des endroits assez variés qui vous ont formé sans vous formater en
raison de votre exceptionnel don d'observation, non?...J'ai souvent
pris des autobus croyant me rendre quelque part...C'est le
circulaire qui vous plaisait le plus parce que vous repassiez
toujours à votre point de départ car il n'a pas de terminus...Oui je
tournais à longueur de journée autour de la capitale sans réussir à
en descendre...C'est très prenant je l'ai fait aussi...Et le fait de
voir les fenêtres de mon bureau où j'aurais dû me trouver depuis
longtemps passer et repasser sous mes yeux à peu près toutes les
heures ne me dissuadait nullement de rester scotché éternellement
sur mon siège à ma place attitrée juste derrière la cabine du
chauffeur au lieu de descendre au prochain tour à l'arrêt requis du
reste
situé juste en face d'un de ces fameux Centres des tourments et des
supplices !Le mieux c'est que c'est moi qui suis censé les infliger
or tout se passe comme si exactement l'inverse se produisait !...Et
non du reste je n'arrivais plus à descendre, je m'infligeais cette
sorte de manège autour de Paris peut-être pour tester en moi quelque
chose mais quoi ?... J'avais observé une chose assez curieuse,
un autocar à deux ponts stoppé dans une contre-allée et dont les
passagers du dessus, de plain-pied avec le premier étage d'un
immeuble passaient directement du véhicule dans la salle à manger de
gens qui se trouvaient exactement au même niveau et qui leur avaient
ouvert toute grande leur porte-fenêtre !...Certains en revenaient un
gobelet à la main ou se léchant les doigts, d'autres avec un magazine
ou même des pantoufles !...Oui j'ai entendu parler de cela, ce sont
des pontieux ou des pontiaques, je ne sais plus, bref en tout cas des gens dits "du pont", parce
qu'ils en procèdent soit de par leur appartenance initiale soit de
par leur destination ! J'en suis vite redescendu bien qu'on
m'ait assuré que j'y avais passé des années mais que je n'avais pas
réellement prêté attention aux gens et aux choses !
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