Les films noirs français de cette
époque sont pratiquement toujours des réussites. Ce huis clos à la
recherche d'un traitre est exceptionnellement lourd d'angoisse et de
mélancolie. Le casting au top et la photographie noire et blanche
exceptionnelle apportent une touche oppressante à une histoire déjà
pesante et sans faille. Haletant malgré le peu d'action qui se
déroule, jusqu'à la fin.
Une pièce de théâtre filmée qui rappelle
"douze hommes en colère". Un huis clos de qualité. Duvivier a
rarement fait des films moyens. Des dialogues soignés et l'action
qui avance avec la suspicion. L'homme qui regarde le match de boxe,
clin d'œil au match tendu qui les opposent tous les uns contre les
autres. Une fin tendue à l'extrême. Très réussi comme film.
15 ans après la Libération, une femme
réunit les membres d'un réseau de résistance qui se sont perdus de
vue, au prétexte d'un dîner de retrouvailles. En réalité, elle leur
annonce qu'elle vient d'apprendre que l'un d'entre eux est un
traître, qui a "vendu" ses compagnons à la Gestapo, provoquant à
l'époque l'assassinat de leur chef vénéré. Un climat de méfiance et
de suspicion s'installe alors, chacun des membres du réseau se
voyant tour à tour suspecté. "Marie-Octobre" est un polar sur fond
de Résistance agréable à suivre, au suspense savamment entretenu,
interprété par une troupe d'acteurs prestigieux, parmi les meilleurs
de l'époque.
La tension monte, soutenue par
d'impeccables dialogues (signés Henri Jeanson) prononcés par des
acteurs aussi brillants que complémentaires, du flegmatique Paul
Meurisse au bouillonnant Lino Ventura en passant par l'inimitable
Bernard Blier. Sans passage à vide, le film tient son suspense
jusqu'au bout et reste un bel exemple du savoir-faire de Duvivier,
même si l'on regrette quelque peu de ne pas y trouver l'audace et la
férocité de ses meilleurs films, comme le puissant "Panique".
Ça, ça s'appelle un film. Un vrai. Du
vrai cinéma. Une pléiade d'acteurs immortels, des dialogues
savoureux, un scénario original et un bon suspense. Marie Octobre
fait partie des films qui resteront à jamais dans l'histoire du
cinéma. Film superbe. Une
palette d'acteurs incroyables, tous plus convaincants les uns que
les autres, une tension psychologique alimentée par une succession
de retournements de situation. Ce film est un Cluedo, mais ce n'est
pas votre petite soeur et votre voisin qui sont vos compagnons de
jeu mais Reggiani, Ventura, André Pousse, Blier, Danielle Darieux.
Un film nuancé, beau, complexe, un huis clos comme il en existe peu.
A voir !
Avec une telle distribution, on était en droit
d'attendre un huis clos fort et spectaculaire; celui-ci se révèle
assez décevant, non pas à cause d'acteurs qui prennent un certain
plaisir à camper des personnages s'accusant à tour de rôle, mais
plutôt à cause d'une écriture qui bégaye et qui donne l'impression
que le film tourne en rond. Ce ne sont pas les dialogues qui posent
problème mais un scénario finalement peu progressif, au point que
les nombreux indices dévoilés paraissent interchangeables sur la
durée. La tension dramatique, au lieu de monter en puissance, n'agit
que par intermittence, dans ces moments où la mise en scène se fait
plus inventive et filme les visages avec une réelle intensité. On
suit cette histoire avec un certain détachement en se disant, au
bout du compte, qu'elle était bien ficelée mais que le film, lui,
était peu habité.
Le suspens est bien présent, le jeu des acteurs est excellent,
mais, et c'est là que j'ai été gêné, au total ce film ressemble plus
à une pièce de théâtre filmée qu'à du cinéma.
On a beau penser tout le bien
qu’on veut de Julien Duvivier,« Marie-Octobre » n’est pas l’une des
ses franches réussites. La mise en scène paresseuse et théâtrale de
Duvivier qui se contente visuellement de résoudre une énigme revue
et corrigée par Agatha Christie. Quand on se dit que juste un an
plus tard la Nouvelle Vague commençait et que Jean-Luc Godard
sortait le séminal « A bout de souffle », on comprend mieux alors
l’immense fossé générationnel et l’envie des jeunes futurs cinéastes
d’en découdre avec ce passé moribond.
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