CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  967 

 

 

n°967
 
" Le lieu du crime "

 

 

(1986-(Fr)(1h30)  -      Drame   

 

Réal. :     André Téchiné   

 

 

Acteurs:  C.Deneuve, W.Stanczak, D.Darrieux, V.Lanoux, ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

 Après l'intense "Rendez-vous", Téchiné confirme sa sortie du formalisme froid qui marqua la première décennie de sa carrière. Jusqu'à maintenant, son goût pour le romanesque noir et les dispositifs de mise en scène accouchaient de films intéressants mais toujours forcés et inaboutis. Il trouve ici la fluidité et l'ampleur qui lui manquait. "Le Lieu du crime" assume sans afféterie sa dimension fantasmatique (tous le film pourrait être le cauchemar de cet enfant lunatique ou le fantasme d'une femme qui aspire à un ailleurs romanesque), et nous rappelle que l'amour est avant tout affaire de collision fatale. Mêlant habilement le polar et le sentimental, Téchiné donne à ce film sombre et violent une forme légère et lumineuse.

"Le Lieu du Crime" enthousiasme toujours autant, et confirme sa place parmi les meilleurs Téchiné : dans cette campagne du Sud Ouest solaire qu'il filme mieux que tout autre, voici un rêve fascinant de fantômes transis qui viennent bouleverser l'ordre (mal) établi, faire basculer l'obéissance lisse (Deneuve, inquiétante, sublime) ou la révolte instinctive (beau rôle d'enfant rêveur et rebelle, écho de l'enfance du réalisateur) vers la folie du désordre et de l'aventure. Une forme passionnante, avec ses va-et-vient entre un naturalisme secoué de tensions inattendues et une théâtralisation qui louche vers le classicisme hitchcockien, une direction d'acteurs qui les pousse vers la légèreté et la vitesse plutôt que vers la psychologie et le pathos (drame de la plupart des films français de l'époque)... Que Téchiné peut être grand !

Un film entièrement centré autour de l'aura de Deneuve : elle s'abandonne complètement à son personnage et au regard de Téchiné qui filme un visage qui peu à peu s'illumine de l'intérieur. L'un des plus grands films sur la passion amoureuse.

Une tragédie sous le soleil d'un Sud Ouest magnifié. Au coeur d'une famille percluse de haines, une mère (Catherine Deneuve) se libère de son rôle et regresse vers l'adolescence, alors que son fils, lui, s'y plonge contre son gré. Dans ce film d'un lyrisme éblouissant, Téchiné enchaîne les séquences inoubliables : déjeuner de communion qui vire au drame, enfant étranglé près de la rivière à la tombée de la nuit, orage qui déchaîne les passions enfouies... Rarement le cinéaste n'avait il autant réussi à rendre autant d'itinéraires différents aussi bouleversants ! On est, dans ce LIEU DU CRIME, en pleine tragédie : les émotions sont fortes voire violentes, les mots claquent comme des giffles. Esthétiquement, le film est une épure tout en mouvement : panoramiques intimistes qui placent les personnages en crise dans un paysage d'été où plane l'orage. Que dire des acteurs ? Qu'avec une partition de ce niveau ils sont tous au meilleur de leur talent.Darrieux, Lanoux, Stanczac...et Deneuve, sublime, dans un de ses rôles les plus forts et les plus inattendus. La voir quitter son masque et plonger dans les excès tout en conservant son aura prouve une chose : c'est une immense comédienne.

«Le Lieu du crime » est un très grand film âpre et violent, rapide et lyrique, qui nous laisse des traces profondes. Sans doute le chef d’œuvre de Téchiné. « La beauté, écrivait Breton, sera convulsive ou ne sera pas ». Malgré le cadre chatoyant d’un midi ensoleillé et d’une campagne majestueuse, tout ici est convulsif : les situations, les postures, le climat. « Le Lieu du crime » atteint ainsi un surréalisme exempt de son bric-à-brac symbolique pour n’en garder que ce qui en fit la grandeur : la violence de la rencontre, le hasard objectif, la frontière vacillante entre rêve et réalité, entre raison et folie – le vœu de Thomas de faire sauter son école n’est pas sans rappeler le modèle de l’acte surréaliste. Téchiné atteint ici un remarquable équilibre entre un cinéma de la cruauté et un cinéma de la légèreté.

 

André Téchiné a ècrit pour Catherine Deneuve le rôle de Lili, mère d'un adolescent rêveur, qui retrouve goût à la vie au contact d'un voyou! Dans un style lyrique et romanesque, le cinéaste accumule les cadavres et télescope les destins dans le calme trompeur d'un petit village du sud-ouest de la France! Entre le chant des grillons et les flonflons d'un dancing, Tèchinè filme les ravages de la passion dans un univers familial dont toutes les valeurs explosent sous le choc d'une violence trop longtemps méconnue! Rèvèlè par "Rendez-vous" où il avait obtenu le Cèsar du meilleur jeune espoir masculin, Wadeck Stanczak se montre une fois de plus excellent dans cette oeuvre de brisures, de ruptures et de sanglots...

Une réalisation bien trop molle et sans tension dans ces conditions le coté déphasé des personnages est bien inutile et même contreproductif. Ils ont tout tenté pourtant pour accentuer le coté dramatique jusqu'à laisser les cheveux de Deneuve toujours mouillées après une nuit et une matinée, il fallait oser. Le film se regarde sans plus.

Un film très esthétique. Il est intéressant de remarquer que les images montrées du village sont toujours les mêmes. Comme pour indiquer que rien n'y change. Ce qui change, ce sont les personnages. Et d'abord celui de Catherine Deneuve, plus belle que jamais, qui vit une vraie crise initiatique. Beaucoup de coïncidences comme dans les films de Claude Lelouche. À moins qu'il ne s'agisse plutôt de la mécanique inexorable des enchaînements du destin...

Ce film est beau. Il me fait penser à des histoires de Chabrol. Un petit village de province dont la vie de quelques personnages va être troublée par un évènement. Pourtant, ici, c'est moins dans la tension, dans la bourgeoisie. C'est plus poétique, et Téchiné explore d'autres sentiments, d'autres domaines que Chabrol. Les rapports de forces entre les personnages sont plus forts, plus tendus, je trouve. Néanmoins on peut ressentir un peu de lenteur.

 

L'intrigue m'est apparue totalement artificielle avec des personnages sans véritables liens entre eux et dont on ne peut que difficilement comprendre la psychologie très particulière. Le film est fait de coïncidences et de rencontres hautement improbables qui n'ont pas emporté mon adhésion. J'ai été particulièrement déçu par Catherine Deneuve à contre-emploi. Cette femme qui semble mener sa barques tombe tout d'un coup follement amoureuse d'un homme qu'elle ne connaît pas depuis plus de cinq minutes ; réciproquement cet homme à la dérive (en cavale plus un meurtre et complètement trempé dans le froid de la nuit d'automne) se forge un destin avec elle. Quant au titre je m'interroge encore !

Comment est-il possible de susciter un tel degré d'ennui avec à peine 90 minutes de pellicule ? Cela relève assurément du grand art! Non, décidément, je n'adhère pas... «Le lieu du crime» (1986) a beau être regardé par certains comme l'un des plus grands chefs-d'oeuvre de Téchiné, je n'y ai vu pour ma part qu'une énième représentation du Grand Guignol. Trop d'hystérie tue l'hystérie! Pourquoi donc tous ces personnages sont-ils à ce point tarés? Cela en devient fatiguant! Tout dans ce film est exagéré, paroxystique: les situations, les personnages, les dialogues, les émotions ... Au point que l'ensemble en devienne paradoxalement aussi plat qu'une pâte à tarte passée au rouleau. À force d'être sollicité, le sismographe émotionnel déraille et finit par ne plus réagir à rien. Et quand, pour couronner le tout, on nous offre la pâtisserie dans une réalisation aussi lisse que parfaitement oubliable, on ne résiste plus à la tentation d'appuyer sur la gâchette..... Pan! Que chacun juge pour son propre compte! Mais moi j'oppose une fin de non-recevoir.

Téchiné n'est pas Racine et vouloir faire une tragédie au cinéma ou les personnages exposent leurs tourments est ambitieux mais peut vite tomber dans le ridicule. Ce que n'évite pas ce film dans sa seconde partie. Si certains personnages sonnent justes au départ ( notamment les grands parents) tout sonne faux à la fin en raison de l'accumulation de scènes paroxystiques sans moments de respiration. Il y a une scène peu crédible : Thomas qui se fait racketter par un détenu évadé , alors que ce dernier n' a pas vraiment de moyen coercitif pour le forcer à revenir avec de l' argent; cela ne tient pas debout ! A la limite ce serait bien qu'il y ait des scènes ou les personnages demandent de passer le sel pour retomber dans une certaine normalité. Tout dans ce film est exagéré: les situations, les personnages, les dialogues et trop d' émotion tue l'émotion ; au point qu'à l'énième péripétie ( un suicide , deux meurtres et une tentative de meurtre ) on ne réagit plus à rien ! L' enfant ,qui ressemble d'ailleurs à un mini adulte, devient vite exaspérant.

Lent, sans saveur, jeu des acteurs plat sans expression. Ils recitent leur texte comme une litanie. Reflet d'une epoque, non, on dirait une serie B à la josée dayan. Film sans intérêt malgré le casting. Danielle Darieux égale à elle même, magnifique, que fait elle dans cette galère?

 

 

 

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