CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  937 

 

 

n°937
 
" L'éclipse "

 

 

(1962)-(Fr,It)(2h05)  -      Drame   

 

Réal. :     Michelangelo Antonioni   

 

 

Acteurs:  A.Delon, M.Vitti, F.Rabal, L.Seigner ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Le thème central pour moi n'est pas l'amour, mais la déperdition des êtres dans une société qu'ils ont créé mais ne maîtrisent plus. Vittoria "ne sait pas", elle est constamment perdue ne sachant plus ni ce qu'elle veut ni même ce qu'elle ressent. Elle semble penser que dans un monde plus primitif (ici au Kenya), la vie est plus simple, la vie étant un but en soi. Elle déteste le monde dans lequel elle vit et peine à y trouver un sens et même à aimer ses congénères. Riccardo et Piero, ses deux prétendants s'opposent : le premier semble nonchalant, passif, un artiste qui observe plus qu'il n'agit ; le second est obsédé par l'argent et a une vue extrêmement matérialiste de la vie. Nous observons ces différentes philosophies de vie se rencontrer, se heurter, fusionner, dans le contexte des années 1960. L'annonce du mal-être moderne. La qualité de la réalisation, de la photographie et du casting rend ce film éminemment romantique. Et délicieux.

La solitude... l’incommunicabilité... l’inconstance de l’amour... la déshumanisation... des thèmes chers à Michelangelo Antonioni qui trouvent ici une signification des plus intenses dans un film à l'esthétique très recherchée! Dans ce dernier volet d'un triptyque consacré à l'amour après "L'avventura" et "La notte", Antonioni filme l'ennui de deux amants n'ayant rien à partager! Sans aucun repère moral ou social, les personnages du film, magnifiquement interprètes par Monica Vitti et Alain Delon, sont perdus dans un monde matérialiste, uniquement intéressé par l’argent et la possession! Monica Vitti, compagne et égérie d'Antonioni, incarne une jeune bourgeoise vulnérable et désemparée qui connait une brève aventure avec Alain Delon, courtier cynique, avide et direct! L'actrice donne à son personnage sa singulière beauté, son humour, son sens tragique et son jeu d'une extrême beauté! Présentée au festival de Cannes, cette oeuvre envoûtante mais difficile d'accès remporte le Grand Prix du jury! Un pur chef d'oeuvre qui clôt cette trilogie de l'incommunicabilité antonionienne dont le final avec ses plans fixes déserts, silencieux et froid, est extraordinaire à plus d'un titre comme exercice de cinéma pur...

Film magnifique, notamment dans la façon dont Antonioni filme les silences (les 15 premières minutes sont sublimes) et les espaces extérieurs urbains, quasiment vides qui contrastent complètement avec les scènes qui se passent à la bourse : ce qui s'y passe nous paraît fou, presque absurde. Et Delon est excellent aussi.

Chez Antonioni, et de façon logique, l'illusion entraîne la désillusion. Si le cinéaste italien filme avec un désir et une sensualité rares les visages et les corps de ses acteurs, il filme aussi les silhouettes, les rues vides qui n’appellent pas forcément de visiteurs, un lampadaire qui s'allume faiblement, symboles d'une fragilité affirmée, d'une chance qui est passée et qui n'a pas su (ou voulue) être saisie. Il y aurait encore tant à dire de ce chef-d'oeuvre du septième art, comme ces scènes fascinantes à la Bourse qui durent un quart d'heure, mais qui pourraient très bien durer deux heures. "L'Eclipse" est un grand film de mise en scène, constamment surprenant et génialement construit: un des plus beaux films au monde.

Dès la sublime première scène du film, personnages et objets sont mélangés dans le cadre avec une importance égale. Le ventilateur et son souffle continu constitue même certainement le personnage principal de la séquence. Toute la mise en scène du film illustrera ainsi génialement cette phrase de Vittoria: "Parfois un morceau de tissu, une aiguille, du fil, un livre ou un homme, c'est la même chose". La conclusion en sera cette extraordinaire scène finale, une des plus grandes séquences jamais tournées par Antonioni, et qui donne son titre au film. Scène d'apocalypse, il s'agit d'une éclipse totale d'humains. Ceux-ci restent figés, muets, filmés en plan fixe avant de totalement disparaître et déserter le monde tandis que les objets prennent vie, s'animent et imposent leur règne. "L'éclipse" reste l'un de ces chefs d'oeuvre rares et inestimables du 7ème art.

 

Le Prix du Jury de Cannes 1962 qui a divisé les critiques de l’époque. Vittoria, dont on découvrira plus tard les origines modestes, se sépare de Ricardo, jeune attaché d’ambassade. Elle rencontre ensuite un courtier avec qui elle engage une histoire d’amour. Sophistiqué, Antonioni a un sens du cadre et de la mise en scène très fines. Il utilise aussi une grande variété de plans et renouvelle sans cesse la communication non verbale simplement par son talent cinématographique. La scène initiale de la rupture est mon sens d’une très grande réussite dans le malaise bien palpable et tellement réaliste des dernières heures de la vie d’un couple. L’utilisation aussi des mouvements des comédiens et de l’architecture des intérieurs est un prétexte pour faire disparaître et réapparaitre les personnages dans le cadre. Dans la première partie, par exemple, Monica Vitti, celle qui rompt, s’éclipse sans cesse du cadre pour y revenir. Une belle mise en image du titre du film. Mais la limite cruelle du film est que l’on ne ressent pas grand-chose durant 2 heures. On passe son temps à se poser des questions et à intellectualiser la mise en scène de l’auteur pour comprendre ce qu’il compte dire à travers sa caméra. Pourquoi tel plan ? Pourquoi tel mouvement ? … Aucune émotion ressenti avec ce film… juste une leçon d’analyse filmique durant laquelle je ne suis même pas sûr d’avoir trouvé toujours la justification des choix esthétiques.

Quand je vois un film d'Antonioni j'ai toujours l'impression d'avoir à lui adresser la même critique : il dirige et choisit ses acteurs avec maestria, arrive a placer des plans et des scènes magnifiques mais le reste semble toujours un peu creux...Qu'est-ce qu'on retient du film 1 an après, rarement grand chose. Antonioni, c'est rarement un bon investissement à long terme, c'est plutôt un plaisir de l'instant.

Il faut bien avouer que ce film est beau et sensuel, mais aussi que le titre est vraiment bien trouvé. L'éclipse c'est l'éclipse des sentiments. Sauf qu'ici c'est le jour furtif avant la longue nuit. Pagnol avait déjà exprimé cette idée dans "la gloire de mon père" à la dernière page du livre: "la vie est parsemée de brefs moments de bonheur au milieu d'un océan de tristesse." Et ce n'est pas très joyeux! Et dans notre film c'est cette vie morne et monotone qui reste en surface: témoin la longue scène d'introduction où la lassitude s'exprime au moyen de silences éloquents. En plus il est froid et sec comme ce noir et blanc. Ma scène préférée est celle de la danse africaine du début.

 

Un film terriblement ancré dans son époque... Trop sans doute. A croire qu'à force de longs plans séquence, d'images volés ou provoquées, de silences et d'observations cinématographiques, Antonioni découvre l'horreur du monde moderne où l'amour, sentiment éphémère et inconstant peine à prendre toute sa dimension. Le monde va à sa perte et rien ne semble stopper l'inéluctable. Surtout pas l'homme. Bref, Antonioni verse dans le pessimisme et ses personnages déteignent. Le résultat est d'un ennui consternant malgré la qualité de l'interprétation, notamment d'un Delon plus animal que jamais.

Qu'est que le film raconte ??? Rien... Qu'est qu'on a au niveau de la profondeur des personnages ??? Rien... A ce qu'il paraît Antonioni voulait montrer l'incommutabilité entre les êtres. Si c'est le cas, contrairement à Orson Welles qui a juste besoin d'un plan pour le faire ou Ernst Lubitsch d'un simple geste, le réalisateur lui a besoin de deux heures de vide. Certains pensent certainement que si le film est vide c'est pour mieux justement symboliser la vacuité de l'existence, etc, etc... Pour moi c'est juste du vide, avec un bel emballage certes, mais du vide quand même.

 

 

 

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