CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  920 

 

 

n°920
 
" Les bruits de Recife "

 

 

(2014)-(Brés)(2h11)  -      Drame, Thriller   

 

Réal. :     Kleber Mendonça Filho   

 

 

Acteurs:  I.Santos, G.Jahn, M.Jinkings ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Les digressions fantastiques, notamment dans la dernière partie, orientent peu à peu ce premier long-métrage d’une bluffante maîtrise vers une violence de classe qui vient hanter la prospérité sclérosée de cette caste aisée.

Kleber Mendonça Filho a préféré convoquer la grammaire de la fiction. Célébré au Brésil comme à l'étranger, "Les Bruits de Recife" vaut pour la force du tableau sociétal qu'il propose autant que comme objet cinématographique rare, alliance étonnante d'inventivité et de rigueur.

Film d’angoisse hyperréaliste parmi les plus obsédants vus récemment, c’est un thriller dont l’intrigue aurait cette suprême élégance de ne jamais advenir, et qu’il ne reviendrait alors qu’à nous de délirer intimement.

Dans ces purs saisissements de cauchemar narquois (dans la lignée des splendides courts métrages de l’auteur, Vinil verde et Electrodomestica) éclate la singularité de ce premier film étonnant, parfois encore broussailleux, mais dont le travail sur l’espace et l’indicible porte une vraie détermination cinématographique. 

Entre thriller et peinture sociale, un premier film intrigant, qui joue avec maîtrise de l’ellipse pour découvrir sous le quotidien des énigmes inquiétantes.

Le bruit, métaphore sourde d'une violence urbaine ? Il ne fallait pas seulement y penser, il fallait l'exprimer. Ce film le fait à merveille. Kleber Mendonça Filho impose un ton et un style très abouti, faisant cousiner un hyperréalisme ironique avec des atmosphères quasi vaudoues aux confins de la science-fiction.

Malgré ses qualités, le film finit par distiller un léger ennui, troublé çà et là par quelques belles idées visuelles.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Longues barres d'immeubles ultramodernes, dans lesquels des appartements confortables deviennent de véritables forteresses protégées par quantités de grilles, verrous multiples et autres caméras. Kleber Mendonça Filho va nous faire découvrir la vie quotidienne de quelques-uns des membres de cette population aisée, à la gentillesse souvent feinte envers quantités d'employés, pour ne pas dire, serviteurs, fait qui semble exister depuis toujours, comme la méfiance des uns par rapport aux autres. Bien visible dans le passage de cette réunion de copropriétaires au sujet du devenir d'un concierge âgé, présent dans l'immeuble depuis de longues années. Certains sont prêts à le renvoyer aux dires de divers commérages et à la seule vue d'images filmées par un tout jeune gamin. Bien peu sont ceux qui lutteront contre cette décision La paraonoïa est contagieuse. Craintes et peurs réunies pour une explosion qui viendra ou pas. Il faudra attendre les dernières secondes du film pour avoir l'explication. C'est là toute la virtuosité du réalisateur qui rend l'atmosphère asphyxiante, de bout en bout. Un film fort, magnifiquement réalisé qui restera, pour moi, un très grand moment de cinéma.

Ce premier long-métrage du brésilien Kleber Mendonça Filho est une merveille de film. Aussi singulier, aussi enthousiasmant qu’un "Oslo, 31 août", par exemple. Une exploration quasi organique de l’espace de la ville où, travaillant à la fois sur ce qui est montré, perçu ou seulement deviné, le réalisateur exacerbe petit à petit le sentiment de claustrophobie et rend sensible la paranoïa croissante des habitants. Cette proposition de cinéma, cette manière absolument inédite de composer avec le hors champ et la matière sonore, impressionne pour longtemps.

Rares sont les films brésiliens qui arrivent sur nos écrans : raison de plus pour se précipiter avant qu'ils disparaissent des radars comme un certain avion, vu la fâcheuse tendance des salles de cinéma à ne pas laisser durer un peu les films, et surtout la faible curiosité de bien des cinéphiles auprès de qui hors du ciné USA, point de salut ! Ici on n'est pas dans les favelas comme dans d'autres films, mais dans une rue en train de se sécuriser : on assiste ainsi à la visite de deux types d'une société de sécurité qui viennent proposer de veiller la nuit sur les allées et venues. En fait, c'est la classe moyenne qui vit ici, aidée par des domestiques, protégée par des caméras, des grilles, doubles vitrages, murs. Il faut croire que ce n'est pas assez. Les voitures sont souvent délestées de leur auto-radio-cd pendant la nuit. Le film est visuellement très beau, magnifié par l'écran large. On a affaire à une sorte de film choral, pendant la durée duquel on se doute qu'il se trame quelque chose.

Film choral dont la maîtrise rappelle Robert Altman et dont le style distant et glacial rappelle Antonioni, c’est d’abord un film sur l’urbanisme au sens le plus ample, c’est à dire social et politique. Il y a chez Mendonça Filho une incroyable maîtrise de l’espace qui n’est pas que visuelle ; elle est aussi sonore. Ces "bruits de Recife" du titre (le film s’appelle en portugais "Le Son autour") que déploie la bande son sont tout aussi importants que l’image. "Les Bruits de Recife" est donc un (grand) film qu'il faut non seulement voir mais aussi écouter.

 

Les bruits de Recife s'appréhende comme une oeuvre qui traite des inégalités sociales avec un écart qui se creuse de plus en plus et de la violence sous-jacente qui rend chacun paranoïaque et de plus en plus obsédé par la sécurité. Le réalisateur a énormément travaillé sur l'espace et surtout les sons, qu'il rend inquiétants, renforçant un persistant sentiment de claustrophobie. Ceci posé, si le film a beaucoup d'intentions et d'idées, celles-ci ne trouvent pas suffisamment de prolongement sur l'écran, dans le sens où ces tranches de vie, plutôt banales, si on ne capte pas leur charge électrique, forment un puzzle dont la finalité est d'une subtilité qui n'a absolument rien de spectaculaire et n'est pas loin, parfois, de susciter un ennui poli.

Kleber Mendonça Filho voulait que son film soit comme un soap opera filmé par John Carpenter. Et c'est plutôt réussi. Voilà qui lui permet, entre chronique et mini thriller, de capter un profond malaise social, une violence prête à exploser. Mais il aurait pu davantage condenser son récit et donner plus de rythme à l'ensemble. Languissant, le film se répète un peu dans l'expression de son intention et, à l'inverse, ne développe peut-être pas assez l'élément dramatique introduit au final. Il n'en témoigne pas moins d'une intelligence et d'une sensibilité intéressantes.

Amateur de samba, passe ton chemin ! Ce film n'est pas pour toi ! Les bruits de Récife ne sont pas ceux d'une carioca endiablée, mais ceux, autrement plus oppressants, que l'on entend dans un quartier bourgeois de la capitale de l’État du Pernambouc, à la pointe Nord-ouest du Brésil. La caméra de Kleber Mendonça Filho pénètre dans l'intimité des habitants de ce quartier. Le propriétaire foncier du quartier. Il décide d'embaucher une équipe de vigiles qui installent leur tente au croisement. L'un d'eux a tôt fait de séduire la femme de ménage du patriarche. Pendant ce temps, une habitante de l'immeuble perd le sommeil à cause des aboiements incessants du chien du voisin. Ces éclats de vie, difficiles à résumer, forment un kaléidoscope fascinant. On se laisse happer dans ces micro-histoires dont on ne sait trop où elles vont nous mener. Elles ne mènent à rien. Ou à pas grand'chose. Sans doute le film de 130 minutes aurait-il gagné à être plus ramassé. Mais son atmosphère dérangeante (le soleil ne parvient pas à chasser l'angoisse) maintient l'attention.

Pour nous immerger dans le quotidien d'un coin de Recife, le réalisateur a choisi une approche "presque" documentaire, en maintenant sur toute la durée un décalage - par le travail sur la bande son, par l'irruption d'images oniriques - des plus réussis. Malheureusement, une fin coup de théâtre trop explicite gâche le plaisir du spectateur en voulant absolument donner un sens à tout ce qui a eu lieu auparavant et qui se passait parfaitement de cet éclairage.

 

J'avais aimé la bande-annonce, qui augurait d'un film rythmé et superbement réalisé. Les critiques presse étaient dithyrambiques. Tout laissait à penser que je passerai de bonnes heures de cinéma. Eh bien, il n'en a rien été. Je n'ai pas du tout été convaincu par le traitement du sujet de la sécurité et du quotidien des classes moyennes au Brésil, qui laisse finalement peu de place au semblant d'intrigue qu'est l'histoire des gens de ce quartier. Des dialogues interminables et souvent sans intérêt, si ce n'est celui de retranscrire la réalité du quotidien de ces brésiliens lambda(mais bon..), constituent l'essentiel du film. Quelques acrobaties de mise en scène sont à remarquer, mais rien d'assez saignant pour réveiller un spectateur plongé dans un état quasi-léthargique dès la première demi-heure passée. Je suis désolé, mais je ne comprends pas l'engouement autour de ce film.

Une déception face à ce film dont j'attendais beaucoup. Certes la chronique est bonne, le titre colle parfaitement avec le contenu car les bruits sont omniprésents, ceux qui entêtent, ceux qui rendent fous, ceux qui font plaisir... Mais les personnages sont plats et il est difficile de s'attacher à eux, ce qui plombe totalement l'accroche et laisse le spectateur passif et sans empathie.

 

 

 

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