CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  87   

 

 

n°87
 
 

 

" India Song "

 

 

( 1975 )(Fr)-( 2h00 )  -    Comédie dramatique

 

Réal. :     Marguerite Duras 

 

 

Acteurs  :  M.Lonsdale, D.Seyrig, M.Carrière, ...  

  

 

 
  Critiques Presse

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

Ce film est étrange. Étrangement beau. C'en devient même effrayant. Comment Marguerite Duras, avec si peu de moyens, a réussi à recréer une telle ambiance, une telle intrigue : définitivement, c'est ce qui fait tout le mystère durassien. L'Inde était en réalité parisienne. Pourtant, tout au long du film, j'ai cru qu'elle avait tourné en Inde. C'est un film basé sur l'illusion. Les reflets, la réminiscence des souvenirs en ce lieu mort, tout autant que les personnages. Tout y est mort, mais tout n'est qu'un souvenir. Des fantômes qui viennent lentement occuper la scène, dansent avec langueur sur la musique sublime d'Alessio. Ils s'ennuient (thème récurrent chez Duras). Jusqu'au paroxysme de cette lenteur (accentué par des plans fixes très longs, ou des travellings sans fins...), le cri de Michel Lonsdale. Il est absolument effrayant. On en sursaute. Brusquement, c'est là que tout se casse. La monotonie se brise, ainsi que les personnages. Marguerite Duras est définivitement un être incroyable. Laissez-vous bercer par l'image et la voix de Delphine Seyrig. Et là, vous comprendrez peut être tout le charme d'India Song, toute la puissance de ce film.

Une belle musique lancinante, la poésie du texte de Duras, la sensualité de Delphine Seyrig, déesse sublime couvée par les regards de terriens dans un palace de Calcutta reconstitué à Paris, tout contribue à faire de ce film une oeuvre envoûtante, unique, dans la lignée de L'Année dernière à Marienbad.

Avec India Song, Marguerite Duras révolutionne le cinéma. Avec une remarquable économie de moyens, elle raconte une histoire qui s'est passée en Inde dans les années 30. Pour témoigner du passé elle utilise des artifices : personnages fantomatiques, décors sans vie. Il s'agit incontestablement d'un film difficile. Il y a 20 ans je n'étais pas parvenu à son terme. Mais pour qui fait l'effort de se laisser envahir par le texte, la musique et l'image, la récompense est belle.

Pasolini n'est pas loin derrière ces compositions hiératiques d'une lenteur intimidante, ces jeux de miroir et cette façon de tenir à distance l'animalité, de la cantonner à un hors-champ à la présence de plus en plus oppressante - les cris de Michel Lonsdale ! Une musique au parfum entêtant. Un bien beau texte et une façon envoûtante de déstructurer le récit et de le dire.

Marguerite Duras a écrit India Song à la demande de Peter Hall en août 1972 pour une mise en scène à Londres. La pièce reprend le thème et les personnages du Vice-consul tout en modifiant radicalement la perception.C'est surtout un drame d’amour fou d’une suprême élégance. Les images de Delphine Seyrig, valsant langoureusement sur la musique de Carlos d'Alessio, sont devenues mythiques. Ses partenaires masculins ne sont pas en reste et on comprend l’héroïne : on ne saurait dire qui, de Michael Lonsdale ou Claude Mann, est le plus séduisant. La narration durassienne, sublimée par la sombre photo moirée et mordorée de Bruno Nuytten, laisse un souvenir indélébile.

 

Ce film est bien étrange, entre lyrisme languissant, envoûtant, et long fleuve d'ennui. Le texte, avec ses mots suspendus et sa polyphonie, est très beau, mais aussi parfois hermétique. Sur le plan stylistique, c'est très singulier : les acteurs apparaissent comme les figures d'un drame quasi immobile, sans dialogue direct, les nombreuses voix off assurant une narration éclatée. Le tout est d'une élégance surannée, d'un maniérisme chic ou ridicule selon les goûts, et d'une lenteur qui a ses moments de grâce... et ses effets soporifiques. Marguerite Duras a inventé un style cinématographique bien à elle, tour à tour séduisant et exaspérant.

On est dans la contemplation, dans un espace-temps indéterminé entre ce qui est montré et ce qui est évoqué. Le décor est clos, contraint, plaqué et dérisoire (celui des ambassades), le milieu est moite. Deux élément sont utilisés avec virtuosité : le miroir dans la mise en scène, la musique dans la bande son. Je suis tombé dans l’ennui pendant le premier tiers du film, j’ai été envoûté ensuite, avant de retomber dans l’ennui à la fin. « India song » doit bien être le seul film où l’on entend M. Lonsdale hurler…Voir ce film est une expérience bien particulière, unique, même si ce n’est pas totalement convaincant.

 

Ce film a des valeurs curatives incroyables, il peut guérir n'importe qui souffrant gravement d'insomnie, d'ailleurs même quelqu'un de pas particulièrement fatigué aura tendance à s'ensommeiller (j'en sais quelque chose)."India Song" est mortel, soporifiquement mortel ! Il faut le voir...enfin il faut s'endormir devant pour le croire !

 

 

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