CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  833 

 

 

n°833
 
" La fiancée du pirate "

 

 

(1969)-(Fr)(1h47)  -      Drame  

 

Réal. :     Nelly Kaplan  

 

 

Acteurs:  B.Lafont, G.Géret, M.Constantin ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Une merveille d'humour et de férocité. Bernadette Laffont dont c'est le meilleur rôle de sa carrière est époustouflante et Michel Constantin dans le rôle d'un client respectueux est touchant de justesse et de tact. Superbement interprété et orné d'une jolie musiquette.

Non, ce film n'est pas féministe, du moins si on considère comme "féministe" la tendance actuelle des mouvements "autorisés" de cette mouvance qui n'ont pas de mots assez fort pour condamner la prostitution alors qu'il la confonde avec le proxénétisme. Or de prostitution, c'est bien de cela que traite ce film avec une intelligence rare et une liberté de ton salutaire. Pour Mary, se prostituer n'est en rien dégradant, c'est un métier lui apportant tantôt des relations enrichissantes (merveilleux épisodes avec Constantin), tantôt une arme contre l'hypocrisie ambiante, car le point de vue du client est aussi évoqué, tout le monde y a plus ou moins recours (question de circonstances, d'occasion) mais quelle différence entre les tartufes qui s'en défendent et ceux qui assument complétement (Constantin encore une fois). Jolie musique et Bernadette Lafont n'a jamais été aussi belle. Un film brillant dont le sujet reste d'actualité (il sera toujours d'actualité). J'ai adoré !

L'originalité de ce film dont l'affiche fit scandale à l'époque (refusée par le Figaro) est de faire incarner le personnage positif de l'histoire par une marginale, une prostituée occasionnelle qui s'assume complètement et qui fait absolument ce qu'elle veut en se moquant éperdument de l'hypocrisie ambiante, puis en en jouant et en la dénonçant ! Le personnage d'André joué par Michel Constantin est particulièrement vu, démontrant qu'il est parfaitement possible d'être à la fois client de prostituée et de respecter ces dernières. Plus de 40 ans après ce film politiquement incorrect "fonctionne" toujours merveilleusement bien.

La réalisatrice Nelly Kaplan (ancienne assistante de Abel Gance tout de même) fait son effet avec ce premier film audacieux qui fut interdit au moins de 18 ans. On se retrouve dans une bourgade au fin fond de la campagne où les croyances (racismes ?!) ont encore la vie dure, une mère et sa fille, désouevrées, sont donc exploitées et rejetées par la populace, surtout par les hommes... Jusqu'au jour où sonne la vengeance... La rebelle se transforme en vamp séductrice et fait raquer le bourgeois avant de se libérer du joug machiste et matérialiste. Sur l'air de la chanson "Moi je me balance" (écrite par Moustaki et chantée par Barbara) l'histoire est donc celle d'une femme piégée qui va s'émanciper via ses armes, ses charmes donc e, ensuite, par l'envie de liberté éveillée par une séance de cinéma itinérant. Un film qui, mine de rien, est aussi riche dans le fond que dans la forme, plusieurs clins d'oeil indique une certaine idée de la politique comme une affiche sur le droit à la contraception ou quand Marie (magnifique et sensuelle Bernadette Lafont) comprend que tout l'argent qu'elle entasse ne sert quà se rendre prisonnière d'un matérialisme finalement inutile. Magnifique film sur une Cendrillon féministe et libre...

Pour moi ce film est le symbole cinématographique de Mai 1968, la libéralisation de toutes les contraintes par la dérision et les rires. Le fond est peu critiquable, la forme beaucoup moins. Il est difficile d'y trouver de la beauté sauf dans les rapports sentimentaux entre Marie et André. Il est impossible non plus d'éviter la vulgarité et la crasse, heureusement elles passent au cinéma lorsque le message porte, ce qui est le cas. Les comédiens sont excellents et que dire de Bernadette Lafont dont le naturel est confondant ! C'est un film à voir absolument par tout cinéphile malgré une mise en scène contestable, il a marqué son époque bien que nul producteur en dehors de Claude Makovski n'en ait voulu . Dans le scénario, je suppose que c'est la vision du film ambulant projeté par André et que nous ne voyons pas qui a élargi l'horizon de Marie, déjà secouée par la mort de sa mère. Avoir choisi pour le titre français celui du ''film dans le film'' montre combien Nelly Kaplan est cinéphile. Pourquoi n'est-elle pas devenue une de nos grandes réalisatrices ? Mystère.

Depuis Michelet, la sorcière est l’emblème du féminisme et de l’esprit libertaire. Le bouc émissaire des frustrations, la révélatrice des hypocrisies. Le film de Nelly Kaplan actualise le mythe sur le ton de la comédie satirique et ça fait beaucoup de bien en nos temps de jobardise cynique, conformiste et à sa manière, cléricale. Les comédies de l’époque (fin des années 60, début des années 70) ont aussi leur intérêt sociologique : elles peignent une France traditionnelle (rurale en l’occurrence) bouleversée par l’arrivée de la société de consommation. Dont Marie est le vecteur perturbant, en même temps que le bourreau de la tranquillité des familles.

 

Que tout cela a bien vieilli, un peu trop mal. Dans la lignée des films de l'époque (on sent l'empreinte de Buñuel), cette Fiancée du pirate vaut surtout pour l'interprétation convaincante de Bernadette Lafont, qui brille d'autant plus dès qu'elle côtoie le lumineux Michel Constantin. Pour le reste, on oubliera les nombreuses lourdeurs, les clichés grossiers de la France rurale, les traits grossis de cette société arriérée pour ne s'attacher finalement qu'à cette fable sociale, à mi chemin entre Maupassant et Zola. Une curiosité. Sans plus.

Film créé dans la foulée de mai 68, et de la libération de la femme, il décrit un village dans une France rurale caricaturée avec ses classes sociales complètement dépassées. Ce film que j'avais vu à sa sortie en 69 avait alors un parfum de soufre. C'est avec beaucoup de plaisir que je viens de le revoir aujourd'hui, autant pour Bernadette Lafont qui était au mieux de sa forme que pour l'ambiance qui y règne. Je lui trouve cependant maintenant un côté amateur, fait à la va vite.

Avec ce film on ne sait pas trop sur quel pied danser? En effet le film semble avoir mal vieilli et cela lui donne une mauvaise image, au sens propre, je trouve. D'un autre côté, c'est très réaliste. On a vraiment l'impression de se retrouver dans un petit village de campgane bien paumé, glauque. Mais avec sa clique de notables et quelques personnes bizarres, comme cette Marie. Bref on ne sait pas trop si c'est un bon ou un mauvais film. Au début, en tout cas, c'est plutôt la seconde option qui semble l'emporter. Malgré l'interprétation de P. Lafont, secondée par des seconds rôles plus ou moins connus, le début n'est pas très bon. C'est seulement au bout d'un moment qu'on se rend compte où la réalisatrice veut nous emmener. La fin est donc beaucoup mieux que le début. C'est naif, mais très réaliste, collant à la réalité au maximum. Un film comme on en voit pas souvent.

 

Ok c'est féministe, ok ç'est la bonne époque des seventies, ok, c'est rockn'roll, mais bon, ce film n'est pas bien terrible....

 

 

 

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