CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  810 

 

 

n°810
 
" Le disciple "

 

 

(2016)-(Ru)(1h58)  -      Drame   

 

Réal. :     Kiril Serebrennikov   

 

 

Acteurs:  P.Skortsov, A.Gorschilin ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Œuvre au propos extrêmement riche, Le Disciple dépasse la mise en question des travers d’une société déboussolée pour interroger, de manière beaucoup plus singulière, l’ensemble des glissements successifs qui sont de nature à invoquer les monstres de la dictature et du fondamentalisme.

Une parabole, plutôt bien menée et suffisamment fine pour être dérangeante, sur l’influence manipulatrice que peut exercer la religion. D’actualité…

En longues prises et théâtralité pleine d’énergie, Kirill Serebrennikov porte à l’écran les conséquences de la crise mystique d’un adolescent qui retourne le sens des Écritures.

Plongée glaçante dans la radicalité obsessive d’une crise fanatique, "Le Disciple" décline en longs plans-séquences les étapes d’une escalade promise au désastre, sur fond de délitement idéologico-social, entre réévaluation de l’héritage stalinien, relents antisémites et homophobie constitutive dûment pointés.

Sujet ambitieux, à la mise en scène souvent impressionnante, mais qui pêche à force de trop enfoncer le clou. On peut pourtant déjà parier que ce cinéaste va faire parler de lui. Il y a du talent partout.

Un sujet fort, mais qui souffre de son traitement manichéen.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Un film intéressant qui démonte, à travers la crise mystique d'un adolescent, la folie du fanatisme religieux et ses contradictions ...

« Adultère ! » sa mère divorcée ; « impudique ! » la nudité des filles en bikini à la piscine ; « abominable ! » l’homosexualité de son copain handicapé ; « lâches ! » les prêtres qui préfèrent le confort du pardon au martyr ; « hérétique et juive ! » sa prof de biologie qui épouse les thèses Darwiniennes… Venia est un lycéen russe qui passe son temps à apprendre par cœur la Bible, puis convoque à tout bout de champ les prophètes pour dénoncer son entourage. Crise mystique ou diabolique provocation d’un adolescent solitaire et idéaliste ? En tout cas, en s’intéressant au double sens de certains versets de la Bible, Venia parvient à les retourner pour servir sa lecture très radicale des Ecritures. A force de glissements successifs, sa dénonciation finit par engendrer les monstres du fondamentalisme. Le film de Kirill Serebrennikov est une magnifique parabole de l’intégrisme et du fanatisme religieux.

La religion et ses rapports au pouvoir, comme sujet d’engagement et de manipulation. Cela pourrait faire un beau sujet de philo. C’est déjà un très beau film, tiré d’une pièce de théâtre réalisée par le même auteur. Un film original et ambitieux, puissant et fort, avec quelques superbes scènes tournées en plans-séquences - la croix dans la classe, ou Vénia déguisé en singe.

Un excellent film d'une puissance visuelle et sonore exceptionnelle qui révèle un grand réalisateur européen. Sur un sujet fort et humaniste de l'obscurantisme religieux et sur le traditionnalisme de la Russie moderne, le film réussit à captiver.

 

Le réalisateur utilise un procédé qui surprend, mais auquel on s'habitue progressivement : les sources bibliques des citations apparaissent en incrustation sur l'écran. Cette lancinante énumération qui parfois tient lieu de dialogue, prouve qu'on peut faire dire n'importe quoi à n'importe quel texte, en sortant des éléments soigneusement choisis de leur contexte. L'intérêt du scénario réside dans la façon dont les institutions russes donnent du crédit à ces élucubration contre l'avis d'une jeune prof qui tente (maladroitement) de faire valoir la valeur du raisonnement scientifique. Tout cela se finira mal, évidemment, du fait notamment du substrat de refoulement (homo ?) sexuel qui explique d'une façon peut-être un peu trop évidente l'attitude du jeune homme. La mise en scène est superbe, à base de plans-séquences de toute beauté . A voir si vous avez le temps.

Vienamine ne veut plus aller à la piscine. Non pas qu'il ait froid ou qu'il ne sache pas nager, mais parce qu'il a un problème de religion ! Et sa religion à lui, c'est le catholicisme. Il récite à tout va des extraits de la Bible, tous aussi monstrueux les uns que les autres, s'agissant du rapport des hommes à Dieu, de la guerre, des femmes, de l'homosexualité, du pouvoir etc. Le réalisateur est malin. Il aurait évidemment été plus d'actualité que de raconter la radicalisation d'un adolescent russe à l'Islam fondamental, ce qu'il évite brillamment, même si personne n'est dupe de l'analogie. Sous des dehors très ironiques, souvent grinçants, Kirill Serebrennikov raconte avec brio et tact l'illumination religieuse de cet adolescent, qui finit par confondre le réel de sa vie aux symboles des écritures. En quelque sorte, le réalisateur décrit la trajectoire qui peut conduire des jeunes au pire. Pour autant, le film met parfaitement en scène la complicité des adultes qui à leur insu ou pas, facilitent ce cheminement pervers et criminel vers le radicalisme. Le propos est très théâtral. Les personnages sont grotesques ou fantasques, ce qui permet de ne pas céder à la facilité sociologique. Il s'agit bien d'une sorte de fable cruelle sur le risque de la radicalité, tant laïque que religieuse d'ailleurs , avec ses relents d'antisémitisme, de terrorisme, de mensonge et de désespoir. Toutefois, le film souffre peut-être d'une absence d'empathie ou d'une froideur qui laisse le spectateur sur sa faim. On ressort de cette histoire, suffoqué, mais finalement pas vraiment convaincu.

Les films russes ne courent pas les salles. Celui-ci avait l’air très intriguant. Je l’ai trouvé plutôt bien fait. Une mise en scène assez puissante, un scénario bien écrit (dans l’actualité mais quelque peu prévisible) et une interprétation solide. L’ensemble brasse beaucoup de thèmes, mysticisme, antisémitisme, homophobie, etc. et peut être parfois un peu lourd. J’attendais tout de même que ce soit un peu plus fort, un peu plus dérangeant. Le disciple, à l’instar de Le ciel attendra, ne nous rassure pas sur le fanatisme religieux, quelque que soit la religion, et sur le retour vers le Moyen-âge. Et ne fait que confirmer mon idée sur la question. De belles qualités pour un bon film tout de même...

 

Ce film laisse le spectateur très sceptique. Il a été primé à Cannes mais on peut se demander sur quels critères. On ne peut pas considérer qu'il illustre le phénomène actuel de radicalisation religieuse (peu importe la religion, ici chrétienne), la situation étant celle d'un individu illuminé on ne sait pas pourquoi, et sans aucune influence extérieure. La seule correspondance avec ce qui se passe actuellement est la lâcheté et l'ignorance érigée en règle du système"normal", et encore .... il s'agit surtout de caricature. On peut soupçonner ce film de vouloir "faire peur" et ça peut marcher. On n'a vraiment pas besoin de ça.

Consternant. Je m'attendais à un drame psychologique sur les tourments d'un jeune homme enivré par sa foi dans un monde ayant perdu le sens du sacré... Que nenni ! On assiste pendant deux heures à un théâtre de Guignol dans lequel des personnages se tapent dessus en poussant des cris. Ce ne sont d'ailleurs pas même des "personnages" avec une épaisseur psychologique mais des caricatures qui s'agitent. Il y a là la mère débordée qui bêtifie, le pope bedonnant, antisémite sur les bords, qui chasse le démon avec une espèce de balayette plongée dans l'eau bénite, une proviseur bornée, tyrannique et qui a le vin triste, un professeur de sport idiot, une professeur de biologie qui distribue des capotes et pense que Jésus et ses disciples étaient une communauté homosexuelle... et, cerise sur le gâteau, un adolescent chrétien fanatique qui, caricature oblige, est antisémite, homophobe - et comme si la charge n'était pas suffisante - assassin pour couronner le tout. N'est pas Voltaire qui veut. Le réalisateur se veut irréligieux, il n'est que grotesque.

 

 

 

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