CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  808 

 

 

n°808
 
" 45 ans "

 

 

(2016)-(An)(1h35)  -      Drame  

 

Réal. :     Andrew Haigh  

 

 

Acteurs:  C.Rampling, T.Courtenay, G.James ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice, Charlotte Rampling trouve l’un de ses plus beaux rôles dans le poignant "45 ans" d’Andrew Haigh.

Baigné d'une mélancolie à faire pleurer le fantôme de Tchékhov, 45 ans offre en outre à Charlotte Rampling l’occasion de déployer une inoubliable symphonie de nuances. Jusqu’à un final proprement sublime.

Sans effet de manche, Andrew Haigh accompagne l’un et l’autre dans les méandres d’une souffrance surgie avec cet encombrant fantôme. Le résultat est remarquable de justesse.

Pour faire vivre cette complexité, ce glissement tectonique, il faut un metteur en scène ultrasensible. Il faut aussi deux acteurs d'exception.

Chronique dramatique tournée comme un thriller et superbement portée par ses deux acteurs principaux, “45 ans” interroge avec intelligence et élégance les relations de couple, sans pathos mais non sans émotion.

C'est un film discret et terrible où le réalisateur a l'intelligence de faire du troisième âge non pas une génération molle et assoupie, mais ardente et tourmentée.

Alors qu’il semblait s’engager sur les rails confortables d’un face-à-face conjugal postbergmanien, délicat mais un peu académique, le film se dérègle ainsi dans un climat d’étrangeté morbide, rejouant le motif du remplacement amoureux de Sueurs froides.

Cette observation minutieuse et sensible des ravages mentaux d’une jalousie rétrospective n’évite pas la pesanteur des dialogues, ni des symboles. Mais Tom Courtenay, tout en silences et hésitations, et Charlotte Rampling, qui semble se craqueler intérieurement de douleur, font des miracles.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Petit message au spectateur pressé, impatient, avide d’action : Passez votre chemin ! Dans ce film, on prend le temps ! On prend le temps de découvrir l’univers de Kate et de Geoff, de vivre leur quotidien rythmés par les ballades avec Max, les « cup of tea », leurs lectures au coin du feu... Le TEMPS ! Parlons-en du temps, le crachin britannique est omniprésent, le vent ne cesse de souffler et de s’infiltrer dans le joli cottage du couple situé dans la campagne grisonnante de l’Angleterre. Le décor est planté pour 1h35 d’interrogations et de non-dits avec une seule question en trame de fond : si le premier amour de Geoff n’était pas mort accidentellement, se seraient-ils, seulement aimés ? Tom Courtenay (78 ans au compteur, s’il vous plait) tient la baraque face à une Charlotte Rampling (70 ans) extraordinaire de vérité, de sensibilité, d’émotion. Sans cri, sans gesticulation, on « vit » avec elle tous ses doutes, sa douleur, la trahison par l’être tant aimé ! Le plan final, sur le visage de Charlotte, nous laisse sans voix, abasourdi dans nos fauteuils…et l’on se dit que l’on prendrait bien, nous aussi, a « cup of tea » pour nous remettre de nos émotions... En deux mots, JE RECOMMANDE !

Charlotte Rampling, une fois encore exceptionnelle, et Tom Courtenay, tout à fait imprégné de son rôle de vieux mari fatigué, donnent sa puissance à cette belle mais soudainement incertaine histoire d'amour,. Un amour, toute une vie à deux, remis brutalement en cause au moment d'en célébrer le quarante-cinquième anniversaire. Un film sensible, qui n'en fait pas trop, à la fois réaliste et nuancé, où l'expression, bien plus que dans les mots, se faufile dans les attitudes, les regards, les expressions du visage. Et un très beau thème, celui du mensonge, de la dissimulation, qui, même bien des années après, peuvent remettre en cause une vie amoureuse qu'on avait cru construite autrement. Peut-être le film "parlera"-t-il plus à des couples déjà mûrs, qui saisiront mieux la profondeur du questionnement comme celle des sentiments au travers de leur propre parcours.Quoi qu'il en soit, une belle réussite, et, tant pis pour la redite, une Charlotte Rampling parfaite.

Un film atypique sur la décomposition des sentiments dans un couple qui prend de l'âge, poignant, déstabilisant. Alors que très peu de choses sont dites, les émotions et sentiments des personnages se lisent sur leurs visages et dans leur attitude, tandis qu'ils apparaissent dans leur vérité. Charlotte Rampling est bouleversante en femme blessée.

Au début du film, Kate croise un jeune voisin, ou un ancien élève. Elle a encore l'oeil malicieux et rieur. Mais lorsque son mari Geoff reçoit cette lettre de Suisse, ce regard pénétrant de Charlotte Rampling, un regard unique au cinéma, va changer, progressivement, nous emmenant dans un trouble dont on se demande jusqu'où cela va aller. Charlotte Rampling est d'une expressivité bouleversante. C'est là un de ses plus grand rôle. D'ailleurs le film s'achève, le générique défile, très dénudé, juste des noms qui fuient, et beaucoup de spectateurs restent dans leur fauteuil, comme en introspection. C'est rare...

 

C'est un encore jeune réalisateur qui réussit ce prodige de filmer la vieillesse avec intelligence et émotion. La conjonction de deux événements simultanés - un vieux couple célèbre ses 45 ans de mariage tandis que le mari reçoit des nouvelles (!) de celle qu'il a aimée un demi-siècle plus tôt - va bouleverser les existences de ces retraités un peu confits dans leurs bougonnements et leurs vieilles habitudes. Le film montre avec une économie de moyens, la complicité, l'intimité, puis le doute ou la déception, la tristesse ou les derniers petits bonheurs, l'hypocrisie et la résignation, toutes attitudes que le couple Rampling- Courtenay joue avec la justesse et le grand naturel des comédiens classiques britanniques. Bande-originale très "nostalgie"...On peut regretter toutefois une mise en scène parfois lymphatique et une photo tristounette.

Un film à l'élégance discrète. On le regarde avant tout pour Charlotte Rampling et de fait, c'est bien elle qui porte tout le film. Il est fascinant de la voir vieillir sans que sa beauté ne s'éteigne. Face à elle, son partenaire (Tom Courtenay) est inexistant. Le scénario est intéressant, le thème en filigrane est passionnant. C'est une vision de ce que peut être l'amour chez un "vieux" couple, de ce que peut devenir l'amour, qui est proposée. Très loin de celle de Haneke dans "Amour", qui abordait cette thématique avec un parti pris beaucoup plus radical. Toutefois,"45 years" doit, en quelque sorte, être un peu intellectualisé pour voir son intérêt réellement dégagé. Sans cela, l'ennui n'est pas très loin, et menace d'autant plus qu'à force de viser la sobriété et la simplicité à tous les instants, le film ne suscite guère d'émotions. Ainsi, en dépit de certaines qualités dont l'oeuvre est indéniablement dotée, on peut rester à peu près insensible à "45 years". Reste que le charisme et la grâce de Charlotte Rampling éblouissent.

Le film, ainsi que la prestation des acteurs, ne manque pas d'élégance. Andrew Haigh s'attache aux petites choses de la vie, suivant à la trace ses deux personnages principaux, dans un mélodrame tout en retenue et en finesse, ce qui semble à la fois la force et la faiblesse du film : en effet difficile de ressentir de l'émotion face à la banalité du quotidien et aux petites tracasseries de la vie de tous les jours, ce qui est tout ce que le film à à offrir. Bien fait certes, mais on ne peut s'empêcher de se demander : à quoi bon? Le film entier ne tient que sur l'interprétation des personnages principaux, particulièrement réussie.

Il est effectivement difficile de ne pas saluer la prestation de Charlotte Rampling mais au-delà de sa performance tout en intimité, le film manque un peu d’un second souffle. La beauté latente de l’ensemble séduit un certain temps avant de prendre le dessus et effacer l’intérêt qu’on porte à ce couple septuagénaire. Rares sont les films qui savent porter un regard juste sur le couple après des années de mariage, celui-ci est réussi mais la qualité et la précision du regard de son metteur en scène n’effacent pas un certain classicisme dramatique. Classieux, sensible et réaliste le film n’échappe pas à un certain cadre. Très, trop anglais ? Peut-être. Au-dessus de la torpeur plane la performance.

 

Un film s'adressant à des personnes d'un certain âge qui aiment se complaire dans l'ennui, les regrets et l'absence de but inhérent à la vieillesse. Malgré des acteurs convaincants, la mise en scène inutilement contemplative ne parvient pas à cacher la grise uniformité de l'intrigue. Si ce film s'était appelé "5 ans" avec des acteurs de 30 ans, la prétendue sagesse du message serait passée pour une futilité d'adolescents.

Ce n'est pas un mauvais film, mais c'est tellement long, lent et ennuyeux! Bien sûr il y existe une ambiance, c'est très bien filmé et Charlotte Rampling est bien dans son rôle, toute en nuances, en regards et en non dits; mais elle ne me semble pas oscarisable!

 

 

 

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