CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  762 

 

 

n°762
 
" Cosmos "

 

 

(2015)-(Fr,Por)(1h42)  -      Comédie dramatique, Policier  

 

Réal. :     Andrzej Zulawski   

 

 

Acteurs:  S.Azéma, J-F. Balmer, J.Genet  ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Le film trouve des points exacts où diffuser la matière obsessionnelle du roman pour l’inclure à son propre mouvement panique – et révèle une ambition d’à lui-même faire cosmos.

Un moineau mort accroché par une petite corde, une fissure au plafond en forme de flèche, un bout de bois, une bouche déformée associée à une autre bouche, une main qui glisse vers une fourchette, une théière, tel est Cosmos.

La caméra virevolte et la réalité se dédouble pour proposer de nouvelles variations sur une même situation pour culminer dans un finale délicieusement ambigu.

Le chaos règne dans "Cosmos". Quinze ans après "La Fidélité", Andrzej Zulawski revient aux commandes d'un film surréaliste, étrange et hilarant dans lequel il s'aventure et s'autorise à filmer des choses que l'on ne voit plus dans 99% de la production cinématographique annuelle. Il faut le voir pour le croire.

"Cosmos" est un film de chambre au grand jour, un septuor qui prend finalement l’air et de l’ampleur, puis l’obscurité de la nuit, pour mieux mettre en lumière ses ressorts et ses rouages. Ce n’est pas très nouveau mais c’est fait dans une veine délirante, et nous est rappelé qu’« il n’existe pas de combinaisons impossibles ».

Que voit-on et qu’entend-on dans "Cosmos"? Des images d’une grande précision formelle qui nous épargnent ce scandale permanent du cinéma actuel.

On se fiche de l'histoire. Seul le jeu de piste importe, entre inquiétude macabre et folie douce, dans un univers où le grotesque le dispute à la beauté. C'est constamment foutraque, parfois agaçant, souvent obscur, mais impressionnant.

Bienvenue dans un monde qu'on ne peut montrer sans perdre la raison !

On pouvait attendre le retour du cinéma brûlant de Zulawski. Et on peut donc être déçu de le voir se consumer dans cette farce hermétique, où la théâtralité l'emporte sur le lyrisme.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

L’adaptation parfaite d’un livre qu’on pensait inadaptable. De la beauté naturelle pour les acteurs, les textes et les paysages. On en ressort surpris et troublé, l'agréable sensation d'avoir assisté à du grand cinéma.

Grand film du retour. Tous les thèmes et les obsessions de Zulawski y sont présents, magnifiés et poussés à l'extrême. Rencontre d'un grand artiste avec son auteur de prédilection. Ovni tombé à pic ! Sortie parallèle d'un livre, le premier je crois, sur l'oeuvre du Maître "Andrzej Zulawski, sur-le-fil" lettMotif/J.d'Estais Il était temps! Zuzu revient!!!!!!!

Bouleversant, léger mais pointu. Il est compliqué d’exprimer ce que je viens de voir, ce qui est certain c’est la réussite d’un style de film qu’on ne voit nulle part ailleurs. Mais qui est Jonathan Genet ? on ne le connait pas, il sublime ce premier rôle. Où était-il pendant tout ce temps, où l’on voyait toujours ces mêmes acteurs français ennuyants.

On peut être interrogé, dérangé, inquiété, mais c’est là toute la beauté de ce film. Pour une fois qu’un film avec des acteurs français sort du lot, ça faisait longtemps.

Peut-être l'objet le plus non identifié du cinéma français cette année ! Cosmos est fou, drôle, hystérique, absurde et théâtral. Les performances des comédiens plus décapantes les unes que les autres, avec une mention particulière pour Jean-François Balmer, excellent, rajoutent de la folie au film. Mis à part quelques petits moments déstabilisants où l'on se sent un peu perdu, Cosmos nous apporte un peu de folie et de poésie salvatrices en ces temps tourmentés !

J'ai vu Cosmos hier, le jour de sa sortie. Salle comble. Ce film est une merveille artistique : beauté de la photographie, musique sublîme et acteurs remarquables (Balmer, Azema, et deux grandes révélations au cinéma : Victoria Guerra future star et Jonathan Genet, au jeu puissant et charismatique). Quant à la réalisation (primée à Locarno) elle est un tel concentré d'intelligence et de génie - au milieu de la tiédeur des films du moment - qu'elle nous rappelle tout ce qu'il est possible de faire avec de la pellicule lorsque l'on a du talent. Le style fulgurant de Zulawski fait exploser tous les codes narratifs servis courrament à la sauce ketchup : Zulawski revisite les codes du langage, emploie des valeurs de plan originales, des axes de vue, perspectives... quitte à y perdre en route un peu des habitués du "prêt à penser". Nulle part ailleurs dans sa filmographie, on trouve autant de comédie. Car on rit beaucoup dans ce film. La profondeur en plus. Le génie de Gombrowicz rencontre celui de Zulawski dans une dentelle d'horlogerie, une oeuvre d'orfèvre toute en évocations, symboles, métaphores, paraboles. Quant aux mauvaises critiques du film elles font penser à cette sentence confucéenne : "quand le sage montre la lune, l'idiot, lui, regarde le doigt". Grand merci, Mr Zulawski, pour ce Cosmos plein de lunes, de stars et de soleils. On ressort de ce film l'âme gonflée d'un trésor impalpable, et s'en est là, il me semble, l'un des privilèges de l'art.

 

Après une éclipse de 15 ans, Andrzej Zulawski est de retour et il n'a pas (tellement) changé. Faute de connaître le livre de Gombrowicz dont Cosmos est adapté, le spectateur en est réduit à subir les péripéties d'un objet assez peu identifiable et qui s'obstine à dérouler une intrigue dont on se fiche un peu, avec un moineau pendu comme élément le plus identifiable. Le film est braque (pour reprendre la moitié d'un vieux titre de Zulawski) bourré de références littéraires et cinématographiques et émaillé de jeux de mots plus ou moins amusants (Spielbeurk !). L'interprétation des plus jeunes acteurs, bien que souvent théâtrale, est acceptable. En revanche, les pauvres Sabine Azéma et Jean-François Balmer sont en surjeu permanent, bien obligé tant ils ont des dialogues abscons à déclamer. Une seule chose fait ne pas décrocher tout à fait : le sens du cadre de Zulawski qui, quand les bavardages cessent enfin, nous offre des scènes admirablement composées dans les splendides paysages du Portugal. Mais ces moments-là sont hélas bien rares.

On commence avec un moineau retrouvé pendu puis on enchaine avec une Sabine Azéma délirante et capable à tout moment de bugger en pleine conversation et il y a aussi un mec déguisé en Tintin. Si vous ne l’aviez pas encore compris, oui ce Cosmos est assurément un film étrange avec ses personnages hauts en couleurs et ses dialogues lunaires. Il faut donc s’accrocher les premiers instants pour entrer dans le délire instauré par le réalisateur Andrzej Zulawski même si j’avoue avoir été largué totalement dans la dernière demi-heure. Son titre offre un indice, c’est sur qu’on a là un drôle d’ovni à réserver aux curieux mais tout le monde n’aura peut-être pas le courage de rester jusqu’au bout !

 

Le réalisateur polonais Andrzej Zulawskia a eu son heure de gloire dans les années 70 et 80, avec des films comme "L’Important c’est d’aimer", "Possession", "L’Amour braque" ou "La Femme publique". Il n’avait plus rien tourné depuis "La fidélité", il y a 15 ans. A la vision de "Cosmos", on est en droit de penser qu’il aurait pu, qu’il aurait dû, prolonger cette abstinence. En effet, il arrive parfois que la vision d’un film mette en rage les spectateurs et c’est ce qui risque d’arriver avec ce nouvel opus d’Andrzej Zulawski, car il est probable que la grande majorité des spectateurs regrettera qu’un investissement sans doute important ait été mis dans un film aussi catastrophique que "Cosmos" alors que tant de films d’une qualité à coup sûr supérieure ont énormément de mal à se monter un peu partout dans le monde, quand ils y arrivent. Le fait qu’un tel film ait permis à Zulawski d’obtenir le Léopard d’Argent du meilleur réalisateur lors du dernier Festival de Locarno est vraiment plus que surprenant, même si la mise en image s’avère être son seul point positif.

Quand je ne comprends pas un film, je suis tiraillé entre deux sentiments contradictoires. Le premier est la détestation : je déteste ce film qui m'est hermétique. Le second, un peu moins prétentieux, est la honte et le regret : je suis trop bête pour le comprendre et regrette de ne pas l'être un peu moins pour y comprendre quelque chose. Rarement ces deux (trois ?) sentiments contradictoires se sont-ils autant opposés qu'à la vision du dernier film de Andrzej Zulawski, adapté de Witold Gombrowicz. Ces références écrasantes m'interdisaient de tenir "Cosmos" pour une hystérie foutraque, pour un brouillon potache. Pourtant, la direction d'acteurs en roue libre, le scénario inconsistant, la mise en scène aux abonnés absents évoquent plus un étudiant prétentieux de la FEMIS en fin de scolarité que deux des plus grands artistes polonais contemporains. De là à déchoir Zulawski de sa nationalité, il n'y a qu'un pas que nos palinodies constitutionnelles me dissuadent de franchir.

Voilà un ovni dans le ciel vide de Zulawski. Si le cinéma doit raconter des histoires, sinon l’Histoire, Cosmos n’assume pas cette requête. Collage surréaliste de plans sans objet, patchwork de personnages sans raison, on eût préféré la rencontre d’un âne avec un parapluie sur une table de disection plutôt que celle d’une limace sur une motte de beurre. Que reste-t-il lorsqu’il n’y a ni queue ni tête dans un corps cinématographique informe? Rien, comme l’éructe Balmer. Ce vide sidéral, cosmique, n’est-ce pas celui du cinéma zulawskien qui semble se perdre dans le trou noir de la vacuité et de l’insignifiance? L’ennui nous étreint tout au long du film, dans ce gloubiboulga qui lorgne du côté de Godard (introduction de la littérature comme argument filmique) et de Cronenberg (celui du Festin nu) sans jamais captiver ne serait-ce qu’une infime minute notre esprit par tant d’hystérie.

 

 

 

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