CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  690 

 

 

n°690
 
" Je vous salue, Marie "

 

 

(1985)-(An,Sui,Fr)(1h47)  -      Drame   

 

Réal. :     Jean-Luc Godard    

 

 

Acteurs:   M.Roussel, T.Rode, P.Lacoste ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première      France Soir     Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

 

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Oeuvre hermétique et peu accessible comme beaucoup de ses films, il est difficile de critiquer un film de Godard si on ne s'est pas livré au préalable à son étude attentive. Ici, Godard travail sur le mystère chrétien de l'immaculée conception. Transposé dans des temps contemporains (Joseph est chauffeur de taxi et Marie tiens une station d'essence avec son père) mais se voulant intemporel (par exemple avec l'encart régulièrement montré "En ce temps là"), le cinéaste reprend les éléments de l'histoire connue au travers de nombreuses références bibliques (l'annonce de l'ange Gabriel à Marie de la venue de Jésus, l'âne, la pomme, etc.). Il propose ensuite une réflexion sur l'origine de l'homme, soit de provenance Divine, soit de provenance extraterrestre comme l'explique un personnage du film. Enfin, ce qui a s'en doute le plus gêné les croyants, il donne une lecture charnelle du mystère de la vierge Marie. Marie est belle et aimée de Joseph mais leur relation n'est que platonique. Joseph doit apprendre à l'aimer sans la toucher (d'où la fameuse scène «C'est ça "je t'aime" ?»). De son côté, Marie, soumise aux nécessités de son corps de jeune femme (le film opère un peu comme un immense "zoom" vers le sexe de Marie), doit apprendre à accepter d'être l'instrument de Dieu.

Godard signe là un de ses plus beaux films visuellement parlant. Un film plutôt apaisé si on le compare à d’autres de ses films, des films plus énervés et peut-être plus agaçants pour le spectateur, comme Week-end par exemple. Ici rien ne sert de tout comprendre, il vaut mieux se laisser porter par cette histoire, plus ou moins fragmentée, comme d’habitude chez Godard. La beauté des plans pardonne le caractère éclaté du film et du scénario, et on comprend très vite que l’on a affaire à de très grands cinéastes. Je parle au pluriel puisque ce film contient deux métrages qui se succèdent très harmonieusement, que ce soit sur le plan formel ou thématique. En effet, le court-métrage d’Anne-Marie Miéville a autant de qualités que le long-métrage de son compagnon, qui lui succède après 30 minutes de virtuosité, notamment la prestation de Bruno Cremer, avec des gros plans très réussis. Quant à Godard, celui-ci laisse aller son penchant pour la contemplation en filmant de très belle manière une histoire assez provocatrice vis-à-vis de l’Eglise - le Nouveau Testament version années 1980 - mais tellement originale qu’elle en vaut le détour.

 

Il est frappant de constater que des films qui auraient ètè interdits aux moins de dix-huit ans voici trente cinq ans, aux moins de treize ans en 1981, sont dèsormais tous publics! Telle est la sagesse du temps: lorsque cela est nécessaire, les meilleurs auteurs tels que Jean-Luc Godard, n'hésitent pas à mettre en scène les situations les plus fortes. "Je vous salue Marie" heurte quelque part la sensibilitè religieuse et arrachera quelques protestations lors de sa sortie en 1984! Un nouveau scandale de plus à rajouter sur le tableau de chasse de Godard qui reprend dans ce chaos d'images et de sons le problème du mystère de l'incarnation en le plaçant dans notre monde moderne sans un certain humour! Un film dèroutant et l'ètrange beautè de Myriem Roussel pour une oeuvre inclassable! C'est aussi l'un des premiers rôles de Juliette Binoche! On n'aime ou pas...

Avec ce film, Godard "revisite" la naissance de Jésus et plus particulièrement la vie de Joseph et Marie avant sa naissance. Comme a son habitude, JLG y injecte sa vision et une sexualité très présente qui a conduit au rejet du film par les catholiques. Côté techniques, on retrouve le style de ses films précédents des années 80 avec l'usage de la vidéo et d'un minimalisme aussi bien dans l'éclairage que la mise en scène. Cependant, une histoire plus complète aurait rendu le film plus "consistant" et intéressant. Ce film reste tout du moins un bon Godard et cette vision de la nativité est plutôt originale.

C'est un film aux images étonnantes, intrigantes, étranges et magnifiques. La bande-son est extrêmement complexe et désoriente le spectateur de façon presque mystique ; Bach (le film débute par la fatale Toccata, vient la Passion, par après, ce sont là d'évident liens bibliques) et Dvorak (la symphonie du Nouveau Monde apparaît, c'est sans doute symbolique) en sont les compositeurs. J'ai trouvé ce film touchant malgré un certain abus de liens littéraires, bibliques et musicaux - c'est d'ailleurs ce que les gens reprochent beaucoup à Godard - mais voilà, c'est un beau film. En ce temps-là, l'herbe était orage et la lune était eau. Esprit Âme ou corps, ventre du printemps. En ce temps-là, le désir, la main et le ventre s'en étaient allés. Quelle voi(x)(e), le chemin ou la parole ?

Je ne suis pas parvenu à rentrer dedans. Après 10 minutes à peine, le film se perd et montre vite ses limites. Pourtant y a quelque chose de très gracieux, voluptueux, cette façon de filmer Marie comme s'il était obsédé, passionné. La musique aussi est merveilleuse (Dvorak et Bach il me semble). Mais derrière tout ça il n' y a pas grand chose. L'idée de faire un film sur l'immaculé conception en ayant une approche psychanalytique et iconoclaste aurait pu faire des merveilles. Après le film, j'ai mis un interview d'Antoine de Baecque (toujours très intéressant pour comprendre un peu mieux les films de Godard) et là on se rend compte que Je vous salue Marie est un film très personnel, presque intimiste. Godard met plus en scène l'amour qu'il porte pour Myriem Roussel qu'autre chose. Le problème, c'est qu'on le remarque beaucoup trop et quelque part ça rend son film inintéressant et hermétique ô possible. Le spectateur ne trouve pas vraiment sa place à travers ce long-métrage... Sinon la mise en scène est assez belle, les 10 dernières minutes plutôt sublime et je le redis une BO extra. Aurait pu mieux faire...

C'est loin d'être le meilleur Godard, il se contente sur la fin de filmer sa Marie (très jolie) totalement nue, son sexe en gros plan parlant en quasi voix off, c'est pas trop mal, mais dès qu'il y a interactions avec d'autres personnages ça semble moins inspiré. La toute fin est au dessus du reste.

 

Ce film possède une musique vraiment très jolie, mais bon la qualité technique est lamentable et surtout, le film est composé d'images, que d'images !! Ecoutez la bo du seigneur des anneaux en tournant les pages de la terre vue du ciel, et vous aurez vu le film !!!!

Mon tout premier Godard, qui sera sans doute également le dernier. L'idée de transposer dans le monde actuel l'histoire de la naissance de Jésus ainsi que par exemple les questionnements sur l'origine de l'homme (vie extraterrestre) sont intéressants, mais voilà... le film est super chiant. Les dialogues entre les protagonistes sont tout sauf crédibles, le montage est quand même assez foireux par moment (surtout l'intégration des musiques classiques dans les scènes qui sont coupées brusquement ou encore empêchent d'entendre clairement ce que disent les personnages) et le jeu des acteurs est terrible. J'ai juste trouvé certains passages involontairement drôles mais c'est là le seul point "positif" du métrage.

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA