CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  656 

 

 

n°656
 
" Guêpier pour trois abeilles "

 

 

(1969)-(Am)(2h11)  -      Comédie   

 

Réal. :     Joseph Mankiewicz  

 

 

Acteurs:  R.Harrisson, S.Hayward, C.Robertson ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Mensonges, manipulations et marionnettes : Joseph Leo Mankiewicz dépense tout son talent pour se remettre de la catastrophe de Cléopâtre (dont il est quand même venu à bout). Guêpier pour trois abeilles est un merveilleux prélude au Limier, qui sera encore plus sobre, encore plus acide et fracassant. La pièce Volpone semble avoir été écrite pour Mankiewicz. Mais ce dernier, qui n'aime pas les histoires simples, l'agrémente de quelques piments suivant une de ses merveilleuses recettes. Le plus fameux ingrédient, son préféré (qu'il a déjà utilisé à trois reprises), c'est Rex Harrison. Comme tous les grands acteurs britanniques, il se distingue par son élégance, son cynisme redoutable et un flegme imperturbable. Idéal manipulateur pour Mankiewicz. Un autre élément important, ce sont les décors, raffinés comme toujours. Mankiewicz, qui finalement n'aimait pas tellement le Cinéma, fabrique une splendide pièce de théâtre où le moindre détail est soigné. Appréciant les conflits et situations tendues, il réunit dans un nid de vipères les caractères les plus différents qui soient. Bien sûr, on pense à Agatha Christie quand au dénouement. Mais le ton venimeux et ironique sont bien de Mankiewicz. Un vrai jeu de tricheurs !

A la fois pièce de théâtre bouffonne, polar alambiqué et subtil, et grande démonstration du jeu de la manipulation - tout le monde réussit à manipuler tout le monde - qui est le thème favori de Mankiewicz. Le film se déroule à Venise, la cité des masques et des apparences. Mankiewicz met en scène tout ça en maître absolu, intriguant à chaque plan, renouvelant le suspense à chaque mouvement de caméra. L'ironie et le recul sur son propre art se font sentir à mesure que le film avance, comme si l'auteur, après Cléopâtre, ressentait une grande vanité qui niche au coeur même du cinématographe. En "disparaissant" symboliquement via son personnage, il rend finalement sa liberté au film. Chef-d'oeuvre.

Joseph L. Mankiewicz nous offre une variation autour de la pièce "Volpone" de Ben Jonson : Cecil Fox, riche homme habitant Venise, décide de faire croire à trois des femmes qu'il a connu dans sa vie qu'il est mourant afin de s'amuser à les voir se battre pour l'héritage. Mais les acteurs de la pièce qu'il met en place réservent bien des surprises. Le scénario est formidable, acceptant ses références pour mieux les renier ensuite et il illustre bien l'avidité de l'être humain, prêt à tout lorsqu'il s'agit d'argent ("On n'en a jamais assez" dira Cecil). Mankiewicz, qui n'est pas né de la dernière pluie, sait nous régaler de dialogues savoureux qu'il met en scène avec autant de plaisir que le personnage de Cecil Fox, donnant aux morts des voix-off et allant jusqu'à montrer la façade qui se cache derrière la dignité. Les décors sont superbes et face à face, le duo formé par Rex Harrison et Cliff Robertson fait des merveilles.

N'a t on jamais vu un réalisateur poussé la psychologie de ses personnages aussi loin? Les enfermant dans un huis clos passionnant dans un venise métaphore du showbuisness où tout le monde veut l'argent de tout le monde! Où l'on vit et on meurt aussi vite qu'on est adulé ou oublié! Un film des plus réfléchis sur le cinéma et ses limites a hollywood! Joseph L Mankiewicz ou le théoricien le plus brillant du système hollywoodien!

 

Beaucoup d'élégance et de sophistication pour cette comédie policière dont la fin fait penser au style d'Agatha Christie. Rex Harrison est en très grande forme et entouré d'un fabuleux casting. Certes c'est parfois un peu bavard mais on passe un moment très agréable .

"Volpone" est une source idéale pour Mankiewicz : On y retrouve son goût pour les manipulations, son cynisme aristocratique et son esprit ludique. Le cinéaste joue surtout avec le spectateur, semant le film de fausses pistes (dans la première version du film, il semblerait qu'il soit allé encore plus loin, avec des interventions off de comédiens ou de techniciens !). Tout cela reste bon enfant, sur le ton de la farce - les comédiens, inégaux, cabotinent à mort. C'est un peu la limite du film qui, au final, n'a ni le mordant du "Limier" ni l'humanité de "Eve". Mais cela reste un excellent divertissement.

Mais pourquoi s'obstiner à ressortir ce film mineur du grand Mankiewicz, trop théâtral et limite ennuyeux. Revoir "Eve", "Le limier", "La comtesse aux pieds nus" ou encore "L'aventure de Mrs Muir" nous ferait mille fois plus de bien messieurs les distributeurs.

 

Si les dialogues sont ciselés et parfois drôles, on n'adressera pas les mêmes compliments à la construction de l'intrigue pour le moins confuse et peu crédible. On a connu Mankiewicz le scénariste plus inspiré. Idem pour le réalisateur qui semble être en difficulté avec un casting hétérogène qui ne l'aide guère à combler les manques narratifs de son scénario. L'ensemble est forcément bancal et le film n'aura guère de succès. "Guêpier pout trois abeilles" conserve malgré tout une grande vertu, celle d'avoir servi de brouillon à un autre huis clos qui celui-là fera mouche cinq ans plus tard. "Le limier" où seront seuls en piste Laurence Olivier et Michael Caine sur une adaptation d'une pièce d'Anthony Shaffer ne souffrira d'aucun des défauts du film qui nous occupe ici. Ceux qui ne sont pas des spécialistes de l'œuvre de Joseph Mankiewicz ne sont pas obligés de mettre la main dans ce guêpier.

 

 

 

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