CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  588 

 

 

n°588
 
" Pasolini "

 

 

(2014)-(Fr,It,Be)(1h24)  -       Biopic, Drame  

 

Réal. :     Abel Ferrara  

 

 

Acteurs:  W.Dafoe, N.Davoli, R.Scamarcio ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Avec une précision, un sens du cadre, une connaissance de l’Italie qui transparaît à chaque plan, Ferrara décrit un homme qui se sent vieillir.

Vrai film de fantômes donc que ce "Pasolini", beau comme un rayon de soleil traversant la poussière, aux aguets d'un éclat mystique. 

Magnifique mise en abîme sur l’art de créer, "Pasolini" s’érige comme une fascinante fantaisie poétique et métaphysique, loin des contingences terrestres du biopic, auquel il échappe miraculeusement, restaurant le prestige écorné de Ferrara.

Allez-voir ce portrait sensible d'un homme que rien n'apaise. Ni la poésie, ni les films, ni les romans. Et qui se laisse mener par le goût de la provocation et de la révolte.

Abel Ferrara réalisateur au début de sa carrière de deux sulfureux succès jamais renouvelés, filmeur fiévreux et damné, (...) a enfin trouvé avec ce film l’énergie et la manière de marquer son admiration pour son glorieux aîné.

Reste qu’en dépit du folklore touristique (visite du cinéma de Ferrara par le détour d’une caricature de celui de Pasolini) des scènes tournées d’après Porno – Téo – Kolossal – qui en appauvrit fatalement la rage et le génie –, Pasolini séduit les sens bien plus qu’il ne déçoit sur le terrain de l’instruction des faits.

Un propos parfois confus, mais une performance passionnante de Willem Dafoe.

Le Pasolini de Ferrara, brillant, mais ­dévitalisé (malgré la séquence, attendue, de la mise à mort sauvage de l’artiste sur la plage d’Ostie), ne manque pas de grâce et de classe, mais reste exempt de tout lyrisme.

Ce biopic atypique ne dit pas grand-chose de l’homme et de l’artiste, se contentant d’aligner des scènes insignifiantes traversées de saillies faussement scandaleuses, à la limite du ridicule.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Ceux qui ne connaissaient pas Pasolini avant ce film sortiront déçus (voire choqués) de la salle. Pour les initiés, c’est tout autre chose ! Ils retrouveront une part de l’âme du réalisateur, auront l’impression de l’avoir côtoyé durant une petite heure et demie et d’avoir pu l’assister dans les derniers instants de sa triste vie. Quoi qu’il en soit, ce biopic est vraisemblablement une des plus réussies de ces dernières années !

Pasolini est le premier biopic de Ferrara, mais le cinéaste new-yorkais s'écarte d'un traitement classique pour faire une évocation plus personnelle du maître italien. Un hommage original et iconoclaste ainsi qu'une introduction intéressante à l'œuvre des deux cinéastes.

 

Ferrara a le mérite de sortir des sentiers battus du biopic traditionnel mais Pasolini semblait être un challenge trop important pour lui. Le film, en jouant sur la mise en abyme, le film dans le film dans le livre ou vice versa intrigue puis finit par ennuyer. Ferrara réalise un film brouillon ou l'on n"apprend rien de bien neuf sur le cinéaste de Salo. L'ensemble est esthétiquement léché, un poil racoleur et certains partis pris sont plus que contestables (scène bâclée de la mort du réalisateur) mais Willem Dafoe est parfait dans le rôle titre. Il se fond parfaitement dans la peau du cinéaste et livre une excellent prestation. Ferrara alterne le bon et le mauvais sans cesse et fait de Pasolini un projet intéressant mais inabouti!

Le Pasolini de Ferrara ne déçoit pas sur la forme... mais un peu voire beaucoup sur le fond... Car la prestation de Dafoe, la mise en scène, la photographie sont magistrales : on est littéralement plongé dans l'Italie des années de plomb à travers le prisme Pasolinien, cette Italie tourmentée, cette Italie qui ballote entre le conservatisme religieux, politique et l'émancipation sexuelle, révolutionnaire. Par contre la magnifique scène où un Pasolini agacé tente d'expliquer son état d'esprit, sa raison de vivre, sa vision à un critique littéraire imperméable restera lettre morte : car ensuite la trame s'accélère pour finir sur une version conventionnelle de la mort de ce poète rebelle. Dommage.

Le dernier jour sur terre du cinéaste du Décaméron vu par le réalisateur de Bad Lieutenant, cela ne pouvait donner qu'un film singulier, davantage un essai qu'une narration classique tentant de s'approcher de la vérité. Ferrara parle évidemment de lui-même dans ce Pasolini, tellement les deux hommes ont de nombreux points communs et, en premier lieu, celui de ne pas accepter de se fondre dans la masse et de jouer de la provocation pour réveiller une société anesthésiée par le conservatisme et le moralisme. C'est donc une sorte d'hommage, bancal, que rend l'américain à l'italien mort de façon sordide, victime de l'homophobie. Un peu embrouillé entre des scènes familiales, réalistes, et d'autres, fantasmées à partir d'oeuvres de Pasolini, le film connait quelques jolies fulgurances et Willem Dafoe joue de manière juste et sensible.

 

Le véritable parti-pris de ce film, somme toute assez mal rythmé et trop bavard, vient de la reconstitution du meurtre de Pasolini. Cet évènement tragique, source d’hypothèses complotistes qui auraient mérité d’être au moins prises en compte, apparaît comme la résultante d’une simple agression (telle que l’a décrite le suspect dans sa déposition trente ans plus tard). Cette absence de dimension politique dans ce crime odieux est justement ce que l’on peut reprocher à tout ce qui a pu le précéder, le scénario ne cherchant à développer que les aspects philosophiques et artistiques de sujet d’une telle manière que l’on peut en conclure qu’à travers lui, Ferrara n’a, une fois encore, parler que de lui.

Film crypté pour cinéphiles, qui y trouveront sûrement plein de choses formidablement intelligentes, ce "Pasolini" frappe surtout par l'ennui qu'il génère. Totalement opaque, cet entrelacement de scènes de vie quotidienne banale et de séquences proto-érotico-onirique, dans lequel les italiens parlent anglais la plupart du temps, parait interminable et vain. Le meilleur moment c'est l'ouverture, les quelques extraits de "Salo" qu'un Willem Dafoe transparent visionne en auditorium. Ensuite, le film tourne à vide et on s'endort devant.

Le point de départ est pourtant intéressant : relater la journée précédant la mort, à 53 ans, du cinéaste (Willem Dafoe est troublant de ressemblance), le 2 novembre 1975, tabassé par des homophobes, sur une plage d’Ostie alors qu’il avait emmené un mineur de 17 ans pour une relation sexuelle dans sa voiture (avec laquelle, il écrasera Pasolini en fuyant). On assiste au déjeuner avec sa mère et des amis, une interview avec un journaliste français. Le film est gâché par des scènes gratuites (une fellation homosexuelle et des scènes d’orgie en plein air) et une mise en images confuse du livre qu’écrivait alors Pasolini. Même accompagné d’une musique de Jean-Sébastien Bach (« La passion selon St-Matthieu »), le film n’en est pas meilleur. Abel Ferrara reste donc fidèle à son image sulfureuse.

 

 

 

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