CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  363  

 

 

 

n°363
 
" Dans la cour "

 

 

(2014)-(Fr)-(1h37)  -     Comédie dramatique  

 

Réal. :     Pierre Salvadori   

 

 

Acteurs:  C.Deneuve, G.Kervern, F.Atkine ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     Les Echos     Télérama      Cahiers du Cinéma     Positif      

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première     France Soir     Elle     L'Express    Le Nouvel Obs    La Croix   

 

On est sous le charme de "Dans la cour", rencontre improbable et inoubliable d'un gardien d'immeuble et d'une retraitée, joués par Gustave Kervern et Catherine Deneuve.

Dialogues ciselés que s'approprie le phrasé inimitable de Catherine Deneuve. Gustave Kervern, en gentil paumé, forme avec elle un tandem cocasse, aussi burlesque que touchant. Chronique tendre sur le mal-être, les fêlures du quotidien sans jamais verser dans la déprime ni le pathos.

Pierre Salvadori est le peintre des âmes endolories, il brosse des portraits de personnages sensibles, entre rires et larmes. Sa distribution tient la part belle dans cette tragi-comédie.

Le huitième long-métrage de Pierre Salvadori en vingt ans de carrière est, nettement, le plus réussi. Pourquoi ? Simple. Il est le plus désespéré, donc le plus beau.

Avec "Dans la cour", il parvient à ce balancement gracieux avec une fluidité qui tranche singulièrement dans le paysage à demi-sinistré de la comédie à la française.

Salvadori se plaît à filmer des scènes complexes où l'apparente légèreté est sans cesse contredite par le mal-être, réel, des deux personnages principaux. En résulte l'impression troublante de se noyer le sourire aux lèvres.

Une beauté aérienne, funambule, irradiante, que le film finit par libérer, on ne sait comment.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

La réunion de deux dépressions. Différentes. Lui, s'est comme retiré du monde (excellent Gustave Kervern) quand elle glisse doucement vers des lubies obsessionnelles et frôle la démence (formidable Catherine Deneuve). Et la cour d'un immeuble, drôle d'endroit pour une rencontre, microcosme où les fêlés (dans tous les sens du terme) se côtoient. Devant la caméra de Pierre Salvadori, loin de ses comédies sophistiquées, et malgré une poignée de scènes irrésistibles de drôlerie, c'est la difficulté à vivre et à ne pas s'isoler des autres qui prend le dessus. Admirablement écrit et dialogué, s'insinuant dans le quotidien en soulignant le burlesque et le tragique de toutes les existences, le film ne cherche jamais à épater ou à sublimer son propos. D'où parfois, quelques moments plus ternes, vite oubliés par la grâce d'une histoire simple et douloureuse, déprimante et vivifiante à la fois.

"Dans la cour" est un film doux et triste, une œuvre mélancolique d'une grande beauté. La trame est classique mais ce qu'en font Pierre Salvadori et ses acteurs est magnifique. L'immeuble est représenté comme un microcosme composé d'appartements dans lesquels chacun vit seul – même lorsque les copropriétaires sont en couple, ils semblent en vérité bien solitaires – mais la cour est le lieu de leurs rencontres et Antoine le lien qui les unit, alors qu'en choisissant d'être concierge il n'aspire qu'à la tranquillité et à la discrétion.

Le gouffre entre ce chef-d’œuvre et les productions télévisuelles basées sur le même fond qu'on trouve sur toutes les chaînes – "Nos chers voisins" et ce genre de pastilles insipides – est insondable : d'un côté, on a un éloge du conformisme et la simplification angélique des différences humaines tandis que de l'autre, on a juste du beau, du vrai, du sincère.

Le film qui m'a procuré le plus de plaisir depuis le début de l'année Je suis encore sous le charme de Deneuve , Kerven et des autres acteurs tous excellents. J'adore ces films dont le fonds est sombre mais la forme lumineuse , drôle , légère parfois . Unité de lieu certes , mais diversité des situations , dialogues savoureux , des surprises , du rythme , de l'émotion , de l'empathie pour ces personnages torturés ,.J'ai adoré ce film car il procure humblement et sans chichis mais sans facilités non plus , du plaisir , de la réflexion , de l'étonnement , de la joie , de la tristesse , tout ce qui me comble au cinéma.

J'ai beaucoup aimé ce film doux amer, qui me fait penser au livre "Le pressentiment" d'Emmanuel Bove, à quelques détails près. Il montre que chacun et chacune sur cette Terre a son petit grain de folie, et regarde son prochain avec stupéfaction mêlée de raillerie. On est toujours l'étrangeté d'un autre. Et pourtant les bizarreries des uns et des autres s'articulent à merveille, si on fait un pas en arrière pour observer le monde on s'aperçoit qu'il s'en dégage une certaine harmonie, et que la vie finit toujours par rejaillir même dans les endroits où on ne l'attend plus. Une belle leçon, je trouve.

 

Un gardien d'immeuble trop gentil parmi des propriétaires tous givrés. Ca sent la crise existentielle, la névrose, l'obsession, la dépression, la folie... mais la vie suit inexorablement son cours. Comment s'en sortir avec ses fêlures, ses fissures ? Intéressant, mais le tout ne décolle pas vraiment.

Cette fissure comme pour rappeler les fêlures de ses personnages, l'usure du temps... mais le résultat est un assez décevant : une réalisation classique sur un rythme lent et linéaire ; le film ne décolle jamais vraiment. Mais une mention évidente à la composition saisissante de C. Deneuve!

 

Ça commençait bien, quelques répliques incisives et drôles dans les premières minutes (quasi toutes dans la bande-annonce d'ailleurs) mais plus les minutes s'écoulent et plus le temps devient long, on se détache des personnages et on sort de cette fameuse cour. Kervern ne fait aucun effort d'élocution (dépressif ok mais il faut aussi penser aux oreilles des spectateurs), Deneuve remplit le contrat, de même que son mari à l'écran Féodor Atkine, mais ça ne suffit pas, le film s'enlise rapidement, tire en longueur, jusqu'au final surprenant mais bâclé. Dépressifs et suicidaires s'abstenir...

Curieux ratage. Pendant la première demi-heure (jubilatoire), Salvadori met en place des éléments alléchants (singularité des deux personnages principaux, microcosme de la cour, phobie de la lézarde et de l'écroulement, secte illuminée...etc.) et dont on se dit qu'ils vont servir à une intrigue détonnante... Mais non, à mi-parcours ( dans la scène navrante de l'assemblée des copropriétaires entre autre), le scénario avorte et Salvadori finit par se regarder filmer ses ("si merveilleux") comédiens dans un film "d'auteur" dépressif et mollasson comme le cinéma français sait si bien faire. Décidément à scénario malingre, film pingre... Et la critique, jugeant sur les (bonnes) intentions, est incroyablement indulgente.

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA