CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  244 

 

 

 

 

n°244
 
 "La double vie de Véronique"

 

 

(1991)-(Pol,Fr)-(2h10)  -     Drame 

 

Réal. :     Krzysztof Kieslowski 

 

Acteurs:  I.Jacob, A.Bardini, S.Dumas ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

A-t-on vraiment un double physique et psychologique sur cette terre ? C'est la question que nous pose Krzysztof Kieslowski avec La double vie de Véronique. En effet, ce film raconte l'histoire de deux femmes ne se connaissant pas car habitant l'une à Paris, l'autre à Cracovie mais étant similaires dans leurs actes et leurs apparences. La première partie, desespérante dans son issue, se déroule en Pologne. La jeune femme obsédée par son art finissant par en mourir sur scène. La deuxième partie, à Paris, est un peu plus optimiste. Se résumant à un jeu de cache cache amoureux, Véronique évite les erreurs de sa quasi homonyme Weronicka, ce qui lui sauvera la vie ainsi que son amour. Certains trouveront le film austère et chiant, pour moi il n'en est rien. Musique sublime composée par le grand Zbigniew Preisner, photographie magnifique, tous les plans sont de véritables tableaux, et surtout Irène Jacob dans son premier grand rôle qui irradie le film de son regard profondément mélancolique.

20 ans plus tard, a-t-on déjà oublié Kieslowski, et son incroyable talent à conjuguer esthétique raffinée et évocation délicate des sentiments, voire des sensations les plus ténues ? Ce serait dommage, d'autant que l'on ne voit guère de successeur à son cinéma extrêmement émotionnel tout en restant parfaitement abstrait, voire théorique. Avant l'apothéose que constituerait la trilogie "Bleu, Blanc, Rouge", "la Double Vie de Véronique" permet de saisir toute l'originalité du regard que pose sur les êtres humains - les femmes surtout, magnifiquement filmées - Kieslowski : un peu comme chez Antonioni, mais avec une grâce peut-être encore supérieure, il ne s'agit ici surtout pas de nous raconter une histoire, mais de toucher au contraire à l'insondable mystère de l'existence (sommes nous des marionnettes, ou au contraire contrôlons-nous notre existence ? pourrait être le sujet - très simplifié, je l'avoue - du film). Faisceaux de coïncidences, brouillard ténu de sensations...

Un des plus beaux films du monde. Chef d'oeuvre absolu. Lumière fabuleuse, histoire troublante et plus beau rôle d'Irène Jacob. Le projet de Kieslowski initial était de sortir le film dans 20 salles avec 20 montages différents. Cela aurait donné 20 merveilles. Ne le ratez pas et faites le connaître !

Je retrouve mon amour pour le cinéma avec ce jeu de piste amoureux habillé de la pudeur qui faisait défaut à Amélie Poulain.

Partant d'un scénario qui ne s'emballe jamais, entretenant une atmosphère étrange et hypnotique, soulignons aussi l'excellente interprétation d'Irène Jacob, qui instille tant la subtilité que la fragilité donc à son personnage, emprunt d'une profonde générosité, évoluant sur les cimes de l‘improbable. Terminons évidemment par le thème en lui-même, à savoir le double, la gémellité, traité avec délicatesse, exhumant certes la quête identitaire intimiste, mais pour mieux la fondre dans l’obscurité des terrassements. Un film unique.

 

Critiques dithyrambiques à sa sortie... On peut revenir dessus presque vingt ans après et montrer une certaine réserve : à l'image de la bande son et de la photo, l'ensemble du film est ampoulé et prétentieux. Reste un scénario très "kieslowskien" vraiment dignes d'intérêt, mais Dieu que ses films polonais sont nettement au-dessus ! Cela dit, la double vie de Véronique reste très regardable, surtout comparée à la catastrophique trilogie des trois couleurs qui suivra après. Irène Jacob est l'autre point fort du film.

Ensemble intéressant, avec quelques belles scènes; mais qui se cherche sans cesse sans parvenir à se trouver. La réflexion introduite n'est pas réellement pertinente, ce qui rend le scénario légèrement futile. La mise en scène est un peu simpliste, au delà des quelques plans filmés en caméra-oeil, et ne permet donc pas de donner au scénario l'ampleur qui nous avait échappée. Le tout reste agréable pour les sens comme pour la réflexion; mais sans folie, sans grandeur, juste "comme ça".

Pour quelles raisons insister sans cesse sur des objets-rèfèrence entre les deux personnages, tel le lacet ? Pourquoi ne pas tout simplement laisser couler l'histoire ? Pourquoi ne pas laisser aller tout doucement les personnages vers le dènouement ? Pourquoi leur faire prendre des chemins tortueux ? Pourquoi ne pas tranquillement raconter cette histoire plutôt que d'en faire un exercice de style, qui n'est pas celui de Kieslowski ? Des réponses aux multiples fausses pistes que le cinéaste lance souvent avec humour et délectation, sans répondre autrement que sous forme d'un point d'interrogation!

 

Krzysztof Kieslowski pouvait être un cinéaste intéressant quand il réussissait à concilier esthétisme et émotion. Ce qui est le cas pour "Rouge" et pour deux ou trois épisodes du "Décalogue". Hélas dans "La Double Vie de Véronique", l'esthétisme écrase totalement l'émotion et cela malgré une idée de départ aussi attirante qu'étrange et un argument scénaristique absolument magnifique qui avait tout pour donner un très fort potentiel émotionnel à savoir que Véronique peut ressentir inconsciemment des émotions liées aux actions de Weronika. Mais bon quand un sujet très chaleureux est abordé par un cinéaste qui avait décidé d'être plus-que-jamais un véritable congélateur, et en dépit de la pétillance de la très belle Irène Jacob, on ne peut qu'avoir un film très froid, trop froid.

Attention, danger! Je me prépare à commettre, sans une once du plus petit des remords, un crime de lèse-Kieslowski! Le réalisateur polonais a beau être réputé «génial» , ses oeuvres m'exaspèrent. «La double vie de Véronique» (1991) est un film insupportable. Son contenu est à ce point vaporeux et évanescent qu'on le cherche désespérément dans les interstices d'un récit pourtant habilement construit mais dont le style est odieusement racoleur. Tout est y minutieusement calculé pour maintenir la vie neurovégétative du spectateur moyen dans un état de mélancolie digne des romans de Barbara Cartland. Et que dire de la musique de Zbigniew Preisner? Elle cumule avec une complaisance repoussante tous les poncifs d'un romantisme à l'eau de rose pimenté d'un slavisme de bazar du plus mauvais aloi. «La double vie de Véronique», c'est la mièvrerie lacrymale de «Bambi», l'histoire en moins, et quelques bonnes louches d'érotisme en plus, pour faire «adulte». Au demeurant, il est vrai que le talent strictement cinématographique de Kieslowski est grand, mais la noblesse des causes, auxquelles ledit talent est dévolu, n'est pas indiscutable. À réserver donc aux midinettes consentantes nostalgiques des guimauves les plus sirupeuses de Walt Disney.

 

 

 

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