CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2376 

 

 

n°2376
 
" La zone d'intérêt "

 

 

(2023)-(Am,An,Pol)-(1h45)  -      Drame, Historique, Guerre  

 

Réal. :     Jonathan  Glazer   

 

 

Acteurs:  C.Friedel, S.Hüller, J.Karthaus ...

 

Synopsis

 

 

Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

  Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles      Marianne       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première    Ecran Large     Elle    Ouest France   L'Obs   Critikat.com   La Croix 

 

L’expérience sensorielle convoque les images que le film relègue au hors-champ. La Zone d’intérêt bascule par moments au bord de l’insoutenable, et elle se doit de l’être : cela constitue la preuve de la volonté du réalisateur d’éviter à tout prix la mise en spectacle, bien que le long métrage développe incontestablement une esthétique.

S’éloignant considérablement du roman de Martin Amis (qui ne nomme pas les bourreaux dans son livre), Glazer montre les vrais personnages, les vrais lieux (le film a été tourné sur le site même). Cinéaste des fractures de la réalité, il a mis neuf ans à filmer cette histoire, à laquelle il donne une incroyable densité.

Un chef-d'œuvre d'une puissance narrative et formelle inouïe qui provoque la sidération.

Cadrages d’une rigueur maniaque, composition géométrique, fixité des plans, découpage au scalpel. Le dispositif mis en place par Glazer – dix caméras fixes postées à plusieurs endroits – place sous contrôle chacune des pièces de la maison et ce qui s’y joue.

Du plus grand crime de l’Histoire, Jonathan Glazer ne nous montre presque rien, mais par un travail remarquable sur le son et une mise en scène distillant le malaise, en restitue l’indicible horreur en convoquant notre mémoire collective.

Le réalisateur de « Birth » s'attaque au thème du génocide des juifs d'Europe. Il parvient à composer un objet esthétique soigné, au service d'un message assez convenu.

L'idée est théoriquement passionnante mais dans les faits pas sans limites, notamment car Glazer a la naïveté de croire que la puissance indépassable du hors-champ suffit à rendre vertigineuse la description du quotidien des Höss.

Le cinéaste utilise, certes, le hors-champ de manière radicale, et, reconnaissons-le, particulièrement dérangeante. Mais l’on peut aussi se demander si ce n’est pas le choix de la… facilité. Quoi de plus malin, en effet, que de se braquer sur la banalité du mal en son jardin, de réduire la machine de mort à une partition sonore, pour ne pas avoir à montrer ce qui se passe de l’autre côté ?

Le film s’accable lui-même d’une double peine : à la fois scolaire (les manuels du hors champ, de l’infilmable et de la banalité du mal récités par cœur) mais contredisant maladroitement sa propre doxa théorique en alignant les effets de sens, de rime et de choc, comme on checke une liste de courses au supermarché.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

On plonge dans la maison familiale, avec une mère au foyer idéale, des enfants qui jouent dans le jardin d'eden merveilleusement façonnée par madame et sublimement filmé avec un soin particulier au cadre et à la photographie, tandis qu'au-dessus du mur d'enceinte gris on perçoit les toits des baraquements et des cheminées fumantes. Une carte postale champêtre qui dénote juste par l'absence du chant des oiseaux, remplacé par des sons plus ou moins inaudibles provenant de l'autre côté de l'enceinte. Le travail sur le son est assez inouï, un son à la fois vaporeux et métallique avec une musique à la fois fascinante et macabre. Par contre on reste plutôt perplexe sur l'absence, exception fait de 2-3mn vers la fin, trop imposante de cris, du bruit des armes à feu, des aboiements de chiens, et sinon qui proviennent de si loin alors que la maison est accolée directement au camp. On ne voit donc rien, on n'entend que du brouhaha lointain, le récit repose effectivement sur ce quotidien routinier et redondant d'une famille normale dont le père a tout du directeur d'usine ni plus ni moins. L'idée est géniale, le potentiel dingue mais dans un même temps Jonathan Glazer semble être resté à la surface sans jamais avoir osé gratté juste un petit peu l'écrin. Un film à voir assurément, à conseiller ne serait-ce que pour l'expérience.

On canote sur la rivière voisine, les enfants jouent dans la piscine, la maman visite son potager entretenu par des hommes « d’à-côté » et le mari va et vient de la maisonnée au camp de concentration, tout proche, qu’il dirige en bon entrepreneur zélé. Un brin du quotidien de la famille Höss que Jonathan Glazer, le réalisateur accompagne nonchalamment pour ne pas détruire le bon ordonnancement d’un ordre établi sous l’enfermement et la torture. On en voit rien, on ne sait rien ou si peu, et seule la puissance de l’évocation scénique ( voire cynique ) permet de recentrer l’Histoire au cœur de ce fameux devoir de mémoire. Jonathan Glazer l'évoque dans une séquence éloquente et visionnaire pour le tortionnaire qui retourne des années plus tard sur les lieux de ses méfaits devenus musée et respect. Au spectateur alors d’assurer ses connaissances historiques et d’assumer ce transfert du pavillon fleuri des Höss aux bâtiments que l’on devine derrière le mur d’enceinte, où de très hautes cheminées crachent jour et nuit d’épaisses fumées noires …

Un gros coup de poing par la figure. Quelle réalisation ! Sandra Hüller est magistrale, Christian Friedel itou. Le cynisme culmine ici à son paroxysme. L'adaptation du livre, la direction d'acteurs, la mise en scène sont réussis. La scène d'ouverture est bucolique à souhait, une douce partie de campagne, elle donne tout de suite un ton au film. L'omniprésence d'un bruit de fond et de fumée grisâtre (avec ou sans cheminées) au loin glace le sang. Le soin apporté à la reconstitution d'un havre de paix pour enfants, jardins, fleurs et grand appartement, est louable. Bien évidemment, ce qui se passe derrière le Mur ne nous est jamais montré. Film beaucoup plus abordable qu'"Under the skin". A noter la fin du film, des images pour celles et ceux qui ne sont jamais allés à Auschwitz, en Pologne.

En mai dernier, le Festival de Cannes a connu un évènement plutôt rare : malgré une sélection qui, en 2023, était d’une qualité exceptionnelle, on a pu observer une convergence de la part des cinéphiles et du Jury du Festival quant aux deux meilleurs films de la compétition. "Anatomie d’une chute" s’est vu décerner la Palme d’Or et "La zone d’intérêt" a reçu le Grand Prix du Jury. On commencera par remarquer que la comédienne allemande Sandra Hüller est présente dans les deux films, interprète principale dans "Anatomie d’une chute" et deuxième rôle le plus important dans "La zone d’intérêt". "La zone d’intérêt" est un film remarquable, un film qui se voit, un film qui s’écoute, un film magistralement interprété et qui fait réfléchir quant au potentiel de cruauté et de négation dont peut faire preuve l’espèce humaine.

 

Glacial. Mais où veut donc nous amener Jonathan Glazer? On suit le quotidien de la petite famille de l'un des plus grands tortionnaires de l'Histoire. Pavillon "de banlieue" modèle, bien entretenu, gestion du personnel à l'ancienne, virée à la rivière... Tout pourrait paraître normal. Mais un deuxième film a lieu hors champ : on ne fait que l'entendre. Auschwitz est bien là, et il faut la banalité ordinaire des monstres pour ne jamais en parler. L'exercice de style est réussi (chaque composition graphique est impeccable), mais finalement, il manque, probablement à dessein, ce qui pourrait rendre cette démonstration moins clinique.

 

Ce n’est pas parce que l’on tient un sujet fort que le film est réussi . Bon c’est très bien réalisé, très bien joué mais avec des séquences difficilement compréhensibles et bizarrement l’émotion ne passe pas . C’est ce que m’ont confirmé des spectateurs à la sortie du film. Le propos ne se développe pas. Tout est dit en un quart d’heure et ensuite on tourne un peu en rond.

Une fois compris le procédé consistant à parler de l'horreur des camps, sans vraiment en parler mais seulement en la suggérant en arrière plan de cette vie de famille presqu'ordinaire du chef de camp dans sa villa au grand et beau jardin, avec ses enfants et domestiques, ses rares loisirs et son obsession de la productivité, on ressent comme un malaise, celui de ne rien ressentir !

Dispensable. faire un film sur les horreurs d'un système et parvenir à ennuyer, voilà le travail de Jonathan Glazer. La beauté plastique ne se suffit pas à elle seule. Tout est hors-champ dans ce film, les camps, les atrocités, mais aussi les dialogues puisque les personnages parlent peu et pour dire des choses banales. On comprend les intentions du réalisateur autour de la banalité du mal, de l'égoïsme, mais il aurait fallu le faire avec un film plus habité, ce qui est loin d'être le cas ici

Aucun intérêt ! il ne se passe rien et on s'ennuie, on s'ennuie... Des plans sur un homme qui éteint une par une les lumières du logement, des plans sur les marches descendues une par une c'est d'un vide abyssal !!! Ne pas montrer ce qui se passe de l'autre côté du mur est une chose, mais ne rien montrer de ce qui passe devant.. c'est affligeant

Le sujet du film c'est : "les architectes de la solution finale étaient capables de vivre normalement en niant la souffrance et les horreurs de l'holocauste". OK ça on avait bien compris. Le procédé cinématographique mécanique et froid est la seul invention de ce film qui ne raconte rien, ne nous interroge sur rien. Tant de films ont montré bien plus depuis des décennies.
Le réalisateur utilise les uniformes nazis et leur organisation impeccable et glaçante pour esthetiser ce qu'il dénonce. C'est paradoxal, c'est ennuyeux, c'est raté.

 

 

 

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