CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2329 

 

 

n°2329
 
" Le témoin "

 

 

(1978)-(Fr,It)-(1h30)  -       Policier   

 

Réal. :     Jean-Pierre Mocky   

 

 

Acteurs:  P.Noiret, A.Sordi, G.Preville, R.Dubillard ...

 

Synopsis

 

 

Antonio Berti, restaurateur de tableaux arrive d’Italie chez son ami Robert Maurisson, puissant industriel et banquier rémois qui l’a fait venir pour un travail à exécuter dans la cathédrale. Antonio prend la petite Cathy pour lui servir de modèle. A quelque temps de là, la fillette est retrouvée morte non loin d’une propriété inoccupée qui appartient à Robert. Or, le soir du crime, Antonio a cru apercevoir sa silhouette à proximité de la maison, alors qu’il revenait, lui, d’un rendez-vous manqué avec une jeune droguée...

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Peu connu et certainement l'un des meilleurs Mocky qui réalise ici un remarquable réquisitoire contre les notables et contre la peine de mort . Il nous montre à travers le meurtre d'une enfant qu'il y a toujours une justice pour les puissants mais pas forcement pour les innocents. L'immense Alberto Sordi qui interprète un peintre adorable qui est ami avec l'industriel (Philippe Noiret impeccable comme d'habitude) sera manipulé par celui-ci et par sa famille pour être envoyé vers son destin tragique . Avec ce film l'humour caustique de Mocky disparait un peu au profit d'une ambiance à la Chabrol .Le problème de la pédophilie est évidemment abordé mais le sujet est traité avec finesse.

L'un des meilleurs Mocky et l'une de ses plus belles rèussites ! Dans cette charge fèroce contre les moeurs provinciales, Jean-Pierre Mocky dènonce avec virulence l'absurditè du système judiciaire et de la peine de mort! Le remarquable Philippe Noiret prête sa silhouette bonhomme aux turpitudes d'un notable drapè dans une respectabilitè de façade et couvert par sa famille, face à l'acteur italien l'immense Alberto Sordi, plus sobre qu'à l'habitude, en tèmoin gênant! Une excellente satire au vitriol parfaitement maîtrisè par le cinèaste anar et superbement interprètè par Philippe Noiret et Alberto Sordi...

Nous retrouvons dans ce film beaucoup de thèmes, récurrents chez Jean-Mocky, présents dans beaucoup de ses films, soit comme sujets principaux ou sous-jacents à l'intrigue. Parmi ceux-ci: la bourgeoisie de province, méprisante et hautaine, le narcissisme médiocre de l'Église, l'avidité sexuelle de toutes et tous. Dans un contexte de film policier. Une préadolescente est retrouvée tuée et violée. Elle était le modèle de Alberto Sordi, peintre qui restaure une toile de l'église locale. Il est accusé à l'insu de son plein gré, car il est le dernier à l'avoir vue. Le film est aussi un plaidoyer contre la peine de mort. Il est le témoin du titre et va se retrouver accusé du viol et du meurtre. Philippe Noiret campe un bourgeois méprisant, et sa femme et la bourgeoisie de province le sont encore plus. Portrait au vitriol de la médiocrité et du racisme de caste, Jean-Pierre Mocky frappe fort (le matériel original est un roman de Norman Daniels) avec ce film qui donne une gifle au spectateur. Et il bénéficie d'une distribution importante, avec Philippe Noiret qui excelle en monstre concupiscent qui n'y peut rien, Alberto Sordi en naïf très bête, et Roland Dubillard dans le rôle du commissaire qui jubile d'ennuyer cette bourgeoisie qui se croit intouchable.

Les Mocky c'est soit bon, soit mauvais (voire ridicules parfois), heureusement ici c'est du très bon. Comme le dit Mocky "J'aime les choses bizarres et je fais des films bizarres sauf ici c'est un film classique" ; à l'origine Jean Gabin devait jouer dans Le Témoin mais la mort passant par là cela changea tout et Alberto Sordi joua le rôle de l'ami du notable Noiret. Les 2 acteurs sont fabuleux, Sordi joue un personnage sympathique et léger, plein d'entrain qui va soupçonner son ami d'avoir tué une petite fille, Mocky réalise ce film de manière plus sérieuse qu'à son habitude d'ailleurs l'ambiance est sinistre ce qui ne l'empêche pas de ponctuer Le Témoin de nombreuses touches d'humour. C'est vraiment un très bon film, intelligent et cynique.

On a parfois moqué Mocky dans sa période « j’enfoutiste », dont « Le Témoin » est bien éloigné. Ce film appartient à sa meilleure filmographie dans un genre policier qu’il respecte assez dans ses codes, tout en y ajoutant les griffes communes à son cinéma. La société déliquescente, les bourgeois, les curés , le cinéaste retrouve ses cibles favorites dans l’adaptation du roman d’Harrison Judd, autour de deux thèmes surlignés : la pédophilie et la peine de mort. On l’évoque à l’occasion de la disparition d’une fillette retrouvée étranglée près du domicile inhabité d’un riche industriel. Il est joué par Philippe Noiret, déjà conforme à cette époque à ce profil de gros nounours qui cache bien son jeu derrière ce sourire bienveillant. Alberto Sordi lui donne la réplique et c’est un bonheur tout aussi grand de le découvrir , pétulant et … italien ! Les deux hommes sont suspectés par l’enquêteur de service que Mocky habille à sa façon et c’est un beau personnage dans un contre-emploi réussi pour Roland Dubillard.

 

Lorgnant du côté de Chabrol, une satire au vitriol des mœurs décadentes et malsaines de la bourgeoisie de province des années 70, doublée d’une dénonciation de la peine de mort, portée par l’excellent Philippe Noiret en notable immoral, contrebalancé par la bonhomie innocente d’Alberto Sordi.

Antonio Berti arrive à Reims pour restaurer des tableaux de la cathédrale et retrouve son ami Robert, homme puissant grâce à un mariage d'intérêt. Cathy, une petite fille qui posait pour Antonio, est retrouvée dans le canal, morte, violée et étranglée, à proximité de la maison de Robert. Le premier quart d'heure est difficile à passer : femmes dépravées à gogos (les mariées et les petites filles), ambiance nichons/ BO fanfaronne, débit verbal assommant de notre italien. Puis Mocky devient sérieux lorsque l'intrigue policière s'installe et notre duo masculin s'avère au final efficace. Du bon sordide bourgeois et une dénonciation percutante de la peine de mort sous Giscard.

 

Mocky tente un mariage délicat entre cinéma italien et français pour ce drame. La naiveté de Sordi et la froideur de Noiret donne au film un contraste étonnant cependant la faiblesse de certains passages ne permettent pas au film d'acquérir une réelle densité .

Dans nos contrées, plus inégal que Jean-Pierre Mocky, on ne fait pas, ou alors difficilement. Pour ma part, si j'ai passé de bons, voire très bons moments devant certains films, j'en ai passé aussi de très pénibles. Devant "Le témoin", ce fut pénible. Au bout de 10 minutes, je savais que ça n'allait pas le faire. Et ce ne sont pas les quelques saillies réjouissantes entendues ça et là qui sauront me faire changer d'avis, c'est bien trop peu. Quel dommage que d'avoir su attirer deux comédiens du calibre de Philippe Noiret et Alberto Sordi pour aussi mal les employer. La direction d'acteurs n'était certes pas la priorité de Mocky mais quand même, quand on repense au feu d'artifice que fut "L'ibis rouge", ça fait suer.

 

 

 

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