CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2311 

 

 

n°2311
 
" La nuit des forains "

 

 

(1953)(1957/Fr)-(Sue)-(1h53)  -      Drame   

 

Réal. :     Ingmar  Bergman   

 

 

Acteurs:  A.Gronberg, H.Andersson, G.Bjönstrand ...

 

Synopsis

 

 

En 1900, un petit cirque ambulant donne des représentations au hasard des villes rencontrées. La petite troupe s’arrête dans un village où, trois ans plus tôt, le directeur du cirque a abandonné sa femme et ses enfants. Il leur rend visite.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Et encore un Bergman qui ne deçoit pas et même surprend par son audace formelle, ses quelques ingénieux cadrages sublimant aussi bien paysage que personnage. Harriet Andersson à ses débuts dans l'un se ses meilleurs rôle bien aidé il est vrai par son mari l'autre personnage principal, l'excellent Ake Gronberg que je découvrai à l'occasion hier soir. Le thème des forains semble avoir été traité avec justesse, une vraie empathie se dégage de cette joyeuse troupe sur chaque scène. Un des dix meilleurs films de Bergman assurément.

On ne peut pas voir un chef d'oeuvre tel que "La nuit des forains" sans avoir le dèsir immèdiat de se plonger dans l'intègralitè du cinèma de Ingmar Bergman dont l'existence tout en clair-obscur fait corps avec la lumière contrastèe de ce film magique! La reconnaissance internationale, Bergman l'obtiendra seulement en 1956 grâce au festival de Cannes pour son "Sourires d'une nuit d'ètè". Trois ans auparavant, il signait pourtant dèjà un pur joyau du 7ème art qui traite, en essence, de la tolèrance sous des formes dèroutantes! Dèroutante aussi la partition de Karl-Birger Blomdahl, cèlèbre compositeur de musique contemporaine, qu'on peut difficilement oublier! Ici, ce sont les prèoccupations morales et mètaphysiques qui prèdominent dans "La nuit des forains" où Bergman a brulè les ètapes et parcouru en quelques annèes un cycle crèateur qui laisse pantois! S'il n'y avait qu'une seule scène à retenir dans toute l'Histoire du cinèma suèdois, ce serait peut-être l'histoire relativement brève de la dèconvenue du clown Anders Ek dont l'èpouse, dans le plus simple appareil, est la risèe de la troupe de soldats indisciplinès! Une scène ou plutôt un fracassant moment de cinèma car tout ceci est racontè comme à l'èpoque du cinèma muet! Ambitieux et sublime...

Bergman n'a jamais prétendu être un cinéaste avant tout mais d'abord et surtout un metteur en scène de théatre utilisant les possibilités du cinéma pour développer de nouvelles formes narratives et expressives. Sa filmographie contient donc une petite dizaine de petits films réalisés tout au début de sa carrière qui, bien qu'intéressants, sont des ébauches à valeur expérimentale en un sens. "Ville Portuaire", "Musique dans les Ténèbres", "Vers la Joie" y figurent. Mais dès 1950, Bergman signe un premier chef d'oeuvre avec "Jeux d'été" qui sera suivi par deux autres bijoux: "Monika" et "L'Attente des Femmes". Et vint ensuite "La Nuit des Forains", souvent oublié, car précédant de peu le génial "Sourires d'une nuit d'été". Pourtant, tout est déjà là de ce qui fera de Bergman le cinéaste que l'on aime et connaît pour des oeuvres comme "Les Fraises Sauvages" ou "Persona". Les plongées dans la psyché de ses personnages, les jeux et drames du désir, les élans de noblesse inséparables des moments de bassesse, et cela fondu en une réalisation où tout les éléments sont maitrisés (photo, cadrage, montage). A voir et à revoir pour ceux qui apprécient le maître.

Un film dur au pessimisme ambiant assez écrasant. Beaucoup de thèmes sont abordés ici, notamment en ce qui concerne la vie de couple et ses écarts. Bergman, à la manière d'un film muet, s'appuie énormément sur la puissance des images pour souligner son propos, des images évoquatrices du malaise régnant autour de cette troupe de cirque ratée accumulant les problèmes financiers et les drames. Un film il est vrai peu accessible mais très fort, un très bon Bergman.

 

Dans l'univers du cirque au cinéma, il y a bien sûr l’indétrônable "Freaks" ; mais il ne faudrait pas non plus oublier "La Nuit des forains". Réalisé en 1953, celui-ci est souvent vu comme l'un des premiers films importants d'Ingmar Begman ; sans être un chef-d'oeuvre, il est vrai qu'avec "Jeux d'été" sorti deux ans plus tôt, il est de ceux où l'on décèle une réelle maturité. Bergman y prouve en tout cas sa sincère cinéphilie. En début de film, l'épisode sur la plage raconté chemin faisant semble une évocation du cinéma muet ; on peut même y voir une référence à "Dumbo" dans la phase d'édification du cirque. Le coeur même de l'oeuvre reprend un des thèmes fétiches du cinéaste, à savoir une dispute, puis une réconciliation conjugale. C'est dans cette veine qu'il déploie son indiscutable talent de conteur ; il nous raconte une histoire et une belle histoire. Et même si celle-ci observe un certain déclin dans son dernier tiers, il est difficile de résister au charme de l'égérie bergmanienne Harriet Andersson.

J’ai du mal avec le cinéma de Bergman. Pas parce qu’il est sans intérêt, mais justement parce qu’il est TROP intéressant. Photographie somptueuse, sens de la composition jamais pris en défaut (l’influence de l’expressionnisme allemand est incontestable) : formellement, "La nuit des forains" est une leçon. Un contenu intellectuel de haut niveau, avec cette réflexion sur le tragique et le ridicule, l’opposition entre les forains qui passent et les habitants qui restent. Quelques séquences fortes, comme lorsque le clown Frost (immense Anders Ek, un des acteurs fétiches de Bergman) va repêcher sa femme partie se baigner avec des soldats et la porte, pieds nus sur des cailloux, jusqu’au sommet d’une colline qui rappelle furieusement le Golgotha. Et pourtant, je n’adhère pas vraiment. Sans doute ce côté trop évidemment intellectuel, réfléchi, cette absence de spontanéité. Avec Bergman, tout est signifiant, et je passe mon temps à me demander ce qu’il veut montrer. Les acteurs sont parfaits, mais leur jeu est tellement sous le contrôle du réalisateur qu’on a le sentiment d’avoir affaire à des sortes de marionnettes. Tout est brillant, mais où est le simple plaisir de se laisser porter par un film ?

 

 

 

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