CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2276 

 

 

n°2276
 
" La ballade de Bruno "

 

 

(1977)-(All)-(1h47)  -       Comédie dramatique   

 

Réal. :     Werner  Herzog   

 

 

Acteurs:  Bruno S., E.Mattes, C.Scheitz ...

 

Synopsis

 

 

À la sortie de la maison d'arrêt où il a purgé une nouvelle peine, Bruno Stroszek promet au directeur de ne plus boire d'alcool, puis s'engouffre dans un bistrot. Il assiste alors à une scène qui le révolte : un souteneur veut "vendre" la prostituée Eva à un autre maquereau. Bruno prend la jeune femme en pitié et la recueille dans son modeste appartement. Ils y retrouvent Scheitz, un vieil original, qui a gardé les lieux en l'absence de Bruno. Mais, harcelé par les souteneurs, le trio décide de partir. Quoi de mieux que l'Amérique pour prendre un nouveau départ ?

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Un film dur qui propose une vision extrêmement pessimiste de la société. Les rêves et les espoirs de personnages attachants, marginaux, pathétiques, se trouvent confrontés à une société qui écrase, dépouille, humilie les plus faibles. Bruno S., avatar de ces personnages écrasés par le monde, est démuni aussi bien devant le hors-norme des voyous qui le tabassent que devant la norme absolue du banquier qui le dépouille. Le rêve d’une Amérique où tout devient possible est un leurre sans échappatoire. A l'image de cette fin poignante, grandiose et grotesque où tout tourne en rond, auto-dépanneuse comme remonte pente, et où des poules et des lapins dansent en cage sur un air de rock& roll dans un no man's land d'illusion.

Un univers qui fait penser aux films d’Aki Kaurismäki, avec ses paumés attendrissants, son mélange d’ironie, d’absurde et de dérision très à froid. Il est possible qu’en concevant cette fable négative W. Herzog ait eu en tête l’ « Amerika » de Kafka. Le grotesque métaphysique de la fin est vraiment extraordinaire, très propre pour le coup au réalisateur, et rappelle son « Les nains aussi ont commencé petits » (même image du véhicule abandonné tournant en rond jusqu’à son explosion). Pas dans la veine démesurée des Herzog les plus connus, mais un film tout aussi singulier et extrêmement attachant.

Pitoyable, assisté, sans honneur, faible...Les qualificatifs me manquent pour décrire le personnage de Bruno. Réalisé peu de temps après L'Enigme de Kaspar Hauser, La Ballade de Bruno est un film terriblement pathétique, une oeuvre magistralement interprétée par l'acteur anonyme Bruno S. ( son personnage est des plus effrayants de par sa faiblesse, dans la mesure où il ne fait pas grand chose pour se tirer d'affaire ). Werner Herzog possède le don de pouvoir créer des personnages limites, marginaux, rejetés par la société et le plus souvent intéressants : c'est le cas de Bruno mais aussi d'Eva, et d'un bon nombre de personnages de sa filmographie. Bruno est un être lâche, alcoolique et sans envergure, ce qui le rend plus inquiétant que réellement touchant. Pourtant, La Ballade de Bruno est un film tellement fort, tellement inspiré même ( je pense notamment à la scène finale avec les poules ) qu'il m'apparaît d'emblée comme un petit chef d'oeuvre de cruauté.. Un film rare, malheureusement.

Cette histoire quelque peu tirée par les cheveux est un pur moment de bonheur se laissant apprécier avec des personnages pittoresques interprétés par un génialissime et omniprésent Bruno S., Scheitz dans le rôle du doux dingue et bien d'autres. En visualisant ce film, nous remaquons que les acteurs sont loin d'être professionnels; ceci ne gâche en rien ce film, bien au contraire, ce film respire la sincérité. Ces humains exploités par l'Amérique se révèleront maintes fois pathétiques et attachants notamment lors de la fin hilarante ressemblant à du grand n'importe quoi qui s'avère finalement cruelle et impitoyable. "Stroszek" est un film dur, sensible et réaliste mais c'est surtout et avant tout la destruction du rêve américain, sans conteste l'un des meilleurs Herzog.

 

Bon film cependant. Scenario épuré ce qui le rend d'autant plus interessant. Brutalisé par de brutaux musiciens allemands et n'étant pas respecté pour ses ennuyeuses compositions, Bruno se suicidera finalement sur un télésiège tournant en boucle a coté d'animaux en cages dressés à rejeter les mêmes mouvements. (allégorie de la musique faite sur ordinateur et du phénoméne rave-party?)

Le film de Herzog qui me plaît le moins jusqu'à présent notamment par sa vision triste et extrêmement pessimiste de la société. Un détenu sorti de l'asile essaie de construire une nouvelle vie en Amérique avec l'aide d'un ami et d'une ancienne prostituée qu'il prend en affection. L'espoir de renouveau se heurtera à une société tout aussi violente et inadaptée que celle qui venait juste de quitter. Un héros comme dans les films de Kitano, mais Herzog préfère se concentrer sur le côté dramatique et social pour délaisser la narration et la technique irréprochable qu'on lui connaît.

Bruno, c'est un paumé mal fagoté, musicien raté, alcoolique et lunaire. Il sort de prison, et s'engouffre dans son bistro préféré pour siroter une bière. Là il retrouve Eva, une prostituée malmenée par deux affreux jojos. Il propose à la malheureuse de la recueillir chez lui. Elle accepte. Eva fait la connaissance du seul ami de Bruno, Scheitz, un petit vieillard tout aussi marginal. Grâce à ses nouveaux amis, elle reprend goût à la vie. Mais les deux méchants souteneurs continuent de la harceler et de la tabasser, s'en prenant même à Bruno qui ne se défend pas. Devant cette impasse, le couple accepte d'accompagner Scheitz qui part pour les Etats Unis rejoindre son neveu Vont-ils enfin trouver le bonheur? La Ballade de Bruno est un film désenchanté, fait de fuites et d'enfermements. La scène finale, dans le village indien, est révélatrice. Ce couloir de la mort où des animaux répètent sans cesse les mêmes partitions derrière leurs vitrines, sont un écho à la vie de Bruno. Et il n'existe aucun échappatoire. Werner Herzog nous dresse le portrait d'un homme simple, pour lequel on finit par s'attendrir, confronté à la cruauté du monde. On peut prendre part à sa ballade.

 

D'accord on a bien compris que Werner Herzog à travers ce film et à travers le portrait d'un marginal a voulu montrer que la vie en Allemagne est pourrie pour ce type de personnage mais qu'elle n'est pas mieux aux États-Unis avec son rêve américain ; voilà pour le message... Mais pour le faire plus efficacement passer, il aurait fallu choisir d'autres chevaux de bataille que le lambinage dans le rythme, ce qui provoque bien sûr l'ennui, et la distanciation totale par rapport aux protagonistes, ce qui empêche l'attachement et l'empathie. Le seul moment intéressant est vers la toute fin avec une poule qui danse, une autre qui joue du piano, un canard qui joue du tambour et un lapin qui conduit une voiture de pompier ; autrement...

 

 

 

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