CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2272 

 

 

n°2272
 
" Le narcisse noir "

 

 

(1948)-(An)-(1h40)  -      Drame    

 

Réal. :     Michael Powell  /  Emerick Pressburger  

 

 

Acteurs:  D.Kerr, Sabu, D.Farrar, J.Simmons ...

 

Synopsis

 

 

Sur les contreforts de l’Himalaya, une congrégation de nonnes s’établit dans un ancien harem avec l’intention de transformer le lieu en dispensaire. Dean, un agent anglais, est chargé de les aider à construire l’école qui servira à éduquer les enfants de la région, mais il se heurte rapidement à la sœur Clodagh qui trouve ses manières incorrectes. Au sein de la communauté, la solitude pèse de plus en plus sur les sœurs, et les tensions s’exacerbent…

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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"Le Narcisse Noir" laisse bouche-bée. Chaque plan, digne d'une peinture de grand maître, donne envie d'arrêter le temps pour en admirer les contours.

Des couleurs flamboyantes et une tension érotique permanente : "Le Narcisse noir" est le chef d'oeuvre de la production Archers, créée par Powell et Pressburger.

Ce "Narcisse noir" atteint une perfection formelle devenue une référence.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Quoi de mieux pour le très brillant duo Michael Powell-Emeric Pressburger que de réaliser entre deux chefs d'oeuvre ("Une Question de vie et de mort" et "Les Chaussons rouges" !) un autre chef d'oeuvre. Dans un Inde de studio, Michael Powell a réussi à instaurer une histoire à l'atmosphère envoutante filmée par une superbe photographie en couleurs justement récompensée par un Oscar. Deborah Kerr, dans le rôle d'une nonne rigide, qui se révèle par une série de flashs-back remarquablement introduit et par son changement de comportement au fur et à mesure du déroulement du récit, très humaine, est brillante mais la palme revient sans conteste à Kathleen Byron dans le rôle de la soeur Ruth dont la glaceur du regard fait froid dans le dos dans la scène de la tentative de meutre. Un des films les plus fascinants qui ait été réalisé.

L'odeur du narcisse noir, la coquetterie d'une lèvre maquillée, la luxure qui pervertit les êtres, le tambour incessant, l'isolement, l'aspect fantomatique du lieu, la folie, le trouble des sentiments, le passé qui ressurgit malencontreusement. Il y a tout ceci dans ce film vénéneux à l'apparence pourtant inoffensive. Étrange et fascinant.

Une congrégation de nonnes s'installe dans un ancien harem sur les hauteurs de l'Himalaya afin d'en faire un dispensaire. Mais en plus de la présence d'un anglais pour les aider, il y a l'atmosphère générale qui règne et qui va tourmenter bien des âmes. Sur une histoire tout à fait classique qui aurait pu tomber dans le cliché, le duo formé par Michael Powell et Emeric Pressburger réalise un film tout à fait fascinant où l'érotisme vient pointer le bout de son nez (oui, c'est possible avec des bonnes sœurs !). En mettant les nonnes à l'épreuve, le scénario révèle des tourments bien humains ravivés par un décor tout à fait spectaculaire. Et pour cause, l'Himalaya, entièrement reconstitué en studio est d'une impressionnante beauté visuelle qui permet des plans assez époustouflants. C'est donc un très beau film que nous avons là, sublimé par ses décors et par la prestation de Deborah Kerr.

La première chose que l'on remarque dans "Le narcisse noir", c'est sa sublime photographie d'ailleurs récompensée par un Oscar. Les plans de caméra, la lumière et les couleurs mettent en valeur les magnifiques décors. On lui donnerait vingt ans de moins.
L'intrigue est à la hauteur du visuel et, même si elle est relativement classique, elle comporte plusieurs passages inoubliables. La qualité d'écriture des dialogues transcende cet aspect a priori commun et livre une véritable réflexion autour de sujets comme la perte de la foi (normal ici), la sexualité bridée, la résistance à la tentation, la distinction entre le Bien et le Mal,etc.
La psychologie de la Mère supèrieure incarnée par Déborah Kerr est finement travaillée et on pourrait regretter que cela ne soit pas le cas pour certains personnages secondaires. Je pense notamment à Soeur Ruth dont la folie est assez soudaine. "Le narcisse noir" aurait gagné à être plus long pour mieux ressentir cette montée progressive de la tension entre les soeurs de ce couvent.
Cela reste un très bon film qui conserve toutes ses qualités malgré les années passées.

 

On peut regretter que le malaise ne se ressente qu'aux niveaux des personnages, et pas dans l'ambiance (comme dans Les hauts de hurlevent, aujourd'hui les réalisateurs ne se concentreraient que là-dessus, oubliant le reste). Il aurait sans doute été plus intéressant de pousser les choses plus loin (mais je n'ai pas lu le livre), avec la jeune indienne, ou entre les nonnes. Les dialogues sont bons, et les réactions des personnages sont crédibles, ne choquant jamais (alors que cela devient extrème vers la fin). Préférez Colonel Blimp, Le chausson rouge ou Le voyeur de Powell, mais le film reste bon, et niveau dépaysement... c'est du caviar!

Ce film a pour avantage sa beauté visuelle incomparable (sans doute la plus belle photographie des années 40) mais souffre de son scénario qui commençait pourtant sur le sujet intéressant du choc des cultures entre les nonnes et les indiens hindous mais va vite s'éterniser sur une petite histoire interne au couvent. Et même si les personnages sont brillamment interprétés, leur psychologie est trop mal travaillée pour permettre aux spectateurs une immersion totale dans les relations, aussi teintées de poésie soient-elles. Une splendeur à voir, mais pas forcément à revoir…

J'ai eu du mal à rester jusqu'au bout. Pour sûr c'est un des meilleurs films des 40's, la photographie est superbe, j'ai trouvé les décors vraiment beaux, du miel pour les yeux. De plus l'historie est très intéressante et fondatrice du genre, mais ça a assez mal vieilli dans l'intrigue, le jeu d'acteurs et le rythme du film. Attention alors ce n'est pas du cinéma de divertissement, c'est pour les artistes !

 

Ennui. Désespérément classique, "Le Narcisse noir" ne repose que sur sa photographie et sa mise en scène emphatiques. Powell veut tellement nous en jeter plein la vue que son intention fige toute émotion ou presque. Donc trop solennel dans la forme, et, d'un autre côté, celui de la foi, pas assez : trop de dialogues, peu de recueillements, beaucoup de blabla et finalement on ne jouit pas comme nos soeurs du lieu qui déchaîne leurs pensées car à par un bout de précipice et le palais, on a que dalle (si un souvenir de chasse en Irlande de soeur Clodagh). Même le vent est trop pensé, j'imaginais les ventilo tourner ici et là, c'est dire.. Donc impossible pour ma part de plonger dans cet univers gavé d'effets scéniques. Heureusement que Soeur Ruth plonge, elle, dans la folie, le pâleur et la sueur frontale, donc merci au maquillage. La torride Jean Simmons apparaît trop peu, des personnages dont on attendait quelque chose (le saint homme) demeurent finalement, comme le reste, des objets de décor.

Ce film qui devait être éblouissant en 1947 a de mon point de vue très mal vieilli et donne une impression de mièvrerie quand on le regarde en 2010. Certes les images sont jolies, certes le thème cornélien ou racinien du déchirement entre passion et devoir est éternel, mais les dialogues et leur traduction sont pauvres et la mise en scène trop hollywoodienne. 

 

 

 

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