CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  227 

 

 

 

 

n°227
 
" Le Guépard "

 

 

(1963)-(Am)-(3h25)  -     Historique, Drame 

 

Réal. :     Luchino Visconti  

 

Acteurs  :  B.Lancaster, R.Valli, A.Delon, S.Regianni ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

C'est probablement l'un des dix plus beaux films que j'ai pu voir, un « film-monument », un « film-œuvre d'art », où chaque plan est un tableau (formule cliché pour une fois totalement appropriée), un truc de dingue que ce soit pour les décors, les costumes, les mouvements de caméras, la photographie, la lumière... Bref, une splendeur absolue. Et puis il y a Burt Lancaster, impressionnant dans un rôle inoubliable, à côté duquel Claudia Cardinale et Alain Delon apparaîtraient presque palots... En tout cas, « Le Guépard » est ce qu'on appelle un incontournable, un film vous donnant foi dans le cinéma et gardant 40 ans après son pouvoir de fascination visuelle intact.

Comme tout monument de grande valeur, il est indémodable et tout à fait d’actualité. Tout est parfait : la beauté des décors, la mise en scène de génie, l’interprétation inoubliable de Burt Lancaster, le charme de Claudia Cardinale, le brio de l’Alain Delon qui ne se prenait pas pour Delon le Père, la rouerie de Paolo Stoppa. Et pour parfaire tout cela, une analyse historique éblouissante, des dialogues dignes d'un grand auteur, un choix de musique irréprochable. Un chef-d’œuvre de ce génial esthète qu’était Visconti qui a sûrement fourni au film quelques réminiscences de sa propre jeunesse de grand aristocrate qui passa plus tard du côté gauche.

Le chef d'oeuvre impérissable de Luchino Visconti n'a pas pris une ride,et se révèle même d'une troublante actualité.Bien qu'elle soit abondamment commentée,l'époustouflante scène du bal ne cristallise pas tout l'intérêt du "Guépard".Visconti s'attache à reproduire la méconnue période historique de la Sicile de 1860.L'aristocratie locale y vivant depuis des générations,voit son mode de vie,être proche de l'extinction à la suite du rattachement forcé à la république naissante d'Italie.Le prince Salina,patriarche pondéré,d'un calme olympien,d'une clairvoyance étonnante,symbolise le déclin inexorable de sa lignée,à moins d'une alliance opportuniste.Burt Lancaster,empli de cynisme,de majesté et de morgue,livre une prestation confondante de brio.

Ce film est le sommet du cinéma Italien, largement supérieur à mon goût à "La dolce vita". Pourtant, il y a quelque chose de paradoxal et fascinant: Visconti n'a visiblement rien à nous raconter, juste une histoire romantique avec un bal au final. Mais il met en scène, et là, tout prend sens, c'est animé et époustouflant. La musique de Nino Rota aussi classique soit-elle dans son traitement nous emporte. Claudia Cardinale, au sommet de sa beauté, est tout simplement éclatante et remplit l'écran de par sa présence. Il faut faire le vide avant de voir "le Guépard" et tout simplement admirer. A ce moment-là, tout est sublime...

 

"Le Guépard" n'est peut-être pas le plus grand film de Visconti le cinéaste mais il est certainement celui où sont le mieux exposées les contradictions de Visconti l'homme. "Le Guépard", c'est "La Cerisaie" de Tchekov au temps du Risorgimento, soit la décadence de l'aristocratie (dont Visconti était issu) et la montée en puissance d'une bourgeoisie qui aiguise déjà son cynisme en prévision des beaux jours à venir. Le film est d'un formalisme absolu, ce qui dénote bien le rapport ambigu qu'entretient Visconti avec l'évolution des rapports de classe. De cette impossibilité à embrasser totalement les causes qui l'attirent, Visconti fait naître aussi bien les forces que les limites de son film.

"Le Guépard" m'a moyennement convaincu. Ses qualités techniques ne sont pas à remettre en cause mais l'histoire n'est qu'un tas de longueurs que n'arrange pas l'importante durée du film, selon moi injustifiée. De nombreuses scènes sont étirées inutilement, le rythme mou et le propos redondant font que l'on s'ennuie à plusieurs reprises pour au final qu'une poignée de moments forts. Toutefois, on peut décerner une mention spéciale à Nino Rota pour sa musique et à Burt Lancaster pour sa prestation.

Difficile d'adapter le roman très méditatif et éthéré du prince de Lampedusa. Il ne fallait pas moins que le talent de Visconti pour s'y attaquer. Néanmoins, ce magnifique film de trois heures peine à trouver son rythme, justement parce que le roman ne se prête guère à une adaptation cinématographique. La beauté des décors, le talent des acteurs, la splendeur des costumes, tout cela souligne l'immense talent du plus grand réalisateur italien. Ce que Visconti ne pouvait faire, en revanche, c'était soumettre le roman aux exigences du septième art : comment retranscrire les phrases pleines de profondeur du Prince de Salina dans des dialogues qui restent spontanés, comment faire ressortir la méditation du Guépard sans utiliser la voix off, et surtout comment faire de l'oeuvre presque anti-romanesque (pas de grandes péripéties, un fil rouge peu voyant, etc., l'essentiel se passant en profondeur et dans le non dit) un film accessible ? Le Guépard est beau à voir, mais on peut avoir le sentiment qu'il ne s'y passe pas grand chose parce que tout est suggéré et sous entendu. L'ennui peut donc poindre le bout de son nez, ce qui prouve la difficulté à adapter l'oeuvre au cinéma. Cependant, le Guépard reste indispensable parce que, sur le fond, il parvient malgré tout à donner un écho de la profondeur du livre, et, sur la forme, parce qu'il reste un chef d'oeuvre absolu du cinéma.

Une Palme d'Or contestable à certains égards, d'un ennui insupportable de prime abord mais qui dévoile manifestement sa flamboyance visuelle lors de la dernière demi-heure... Tout semble, près de 50 ans après la consécration cannoise, reposer sur la fameuse séquence du bal, d'une exquise et obsédante longueur, d'une beauté démiurgique et proprement grisante. Sinon les 120 premières minutes sont telles un bloc de lieux communs des plus indigestes, probablement alourdies par de grossières erreurs de rythme. Le trio formé par Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale ne brille que trop rarement ( excepté dans la dernière partie du métrage ) et la musique envahissante de Nino Rota empêche l'émotion de s'installer de manière authentique. En d'autres termes Le Guépard de Luchino Visconti témoigne d'une magnificence dont il serait dommage de se priver, quand bien même il faudrait dépasser l'ennui profond de ses deux premiers tiers. Très inégal, certainement surestimé mais bénéfique sur le tard. Un classique.

 

Un film qui sent bon l’Italie. Le scénario, calqué sur l’œuvre littéraire originale et homonyme de Di Lampedusa, est de ceux dont le classicisme à l’eau de rose satisfera d’autant plus la cinéphilie de votre grand-mère que la réalisation et le jeu des acteurs, fort jolis et sans prétentions, s’y accordent tout à fait. Mais malheureusement ce ne sont pas ses longueurs qui rendront le film éternel, et malgré ses belles images et ses beaux sentiments, il est aujourd’hui un peu défraîchi. A éviter pour les nouvelles générations.

 

 

 

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