CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2267 

 

 

n°2267
 
" Dark Waters "

 

 

(2019)-(Am)-(2h08)  -       Biopic, Drame   

 

Réal. :     Todd  Haynes   

 

 

Acteurs:  M.Ruffalo, A.Hathaway, T.Robbins ...

 

Synopsis

 

 

Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie...

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

  Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première    Ecran Large     Elle    Ouest France   L'Obs   Critikat.com   La Croix 

 

Sobre, mais d’une réelle invention esthétique , "Dark Waters" achève de placer Todd Haynes parmi les grands cinéastes américains, honnêtes, généreux, attachés à leurs personnages, en parfait équilibre entre conformité et différence

Tout est observé avec une extraordinaire finesse de regard. Tout est complexe, mélangé, ténu, sincère, imprévisible. En frottant son idéalisme à la réalité la plus inquiétante et la plus funeste, il n’est pas impossible que Todd Haynes ait réalisé son chef-d’œuvre.

Todd Haynes, dans ce thriller justicier, prend le parti des victimes. La charge contre DuPont donne à Dark Waters des allures de film environnementaliste militant ; la cause est entendue.

La mise en scène énergique de ce thriller qui réussit le prodige d’être clair et pédagogique sur un sujet aussi complexe, bénéficie aussi du jeu, tout en finesse et nuances, de Mark Ruffalo

L’information est glaçante mais dit bien aussi que nous sommes tous liés les uns aux autres par un destin commun. Impossible de ne pas sortir de ce film sans être remué par cette idée. Impossible non plus de ne pas avoir envie de courir chez soi bazarder toutes ses poêles en Téflon.

S'il mène son récit convenablement et parvient ici et là à y injecter sa sensibilité, Todd Haynes semble contraint par le genre qu'il visite, comme étouffé par des codes qui anesthésient son style.

Jadis Todd Haynes tournait des films provocateurs ou kitsch comme Poison ou Velvet Goldmine. Aujourd’hui, il se retrouve du côté des bien-pensants avec ce film correct, mais impersonnel sur l’action héroïque d’un avocat contre la puissante firme chimique DuPont

S'il se rêve comme un pavé jeté dans la mare du scandale, Dark Waters tient plutôt du coup d'épée dans l'eau.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Todd Haynes s'empare d'une réalité nauséabonde pour nous décrire les eaux troubles dans lesquelles s'ébrouent les grandes entreprises mondiales. Ici le géant de la chimie Dupont qui depuis 40 ans empoisonne sciemment l'eau de tout un comté en Virginie, et intoxique même l'humanité entière, toute en se remplissant les poches, avec son "Téflon". Film aussi modeste dans sa mise en scène qu'important dans sa dénonciation d'un monde rendu inhumain par la cupidité de quelques-uns. Avec l'espoir un peu vain que David finisse un jour par terrasser Goliath.

Un film d'utilité publique qui, en dehors de nous ouvrir les yeux sur l'une des plus grandes affaires environnementales du XXIème siècle (99% d'entre nous, humains, sommes composés en partie de résidus de l'industrie Dupont !), qui donc se révèle un grand film d'enquête, de procès, l'un des meilleurs thrillers environnementaux jamais tournés. On pense à Erin Brokowitch, bien sûr, mais aussi à Spotlight, et aux films d'Alan J. Pakula. C'est parfois aride, et gris, et fastidieux, mais la sensation ressentie ne dure jamais, sans cesses reprise par l'intrigue qui avance, malgré les chausse-trappes tendus à cet avocat qui mériterait de devenir un héros planétaire, bien plus que ce fainéant de Superman qui ne fait rien, lui, contre les perturbateurs endocriniens !

Dans la grande tradition du genre, des milliers de pots de terre tentent de faire payer un pot de fer pour des empoisonnements terribles pour lesquels un individu risquerait la chaise électrique dans certains pays. S'il s'agit d'un récit porté sur une longue et interminable procédure entre pénalistes le film s'attarde aussi logiquement sur les victimes et leur désarroi, sur l'intimité de Robert Bilott et les conséquences sur sa famille sans trop en rajouter, et ne tombe pas dans l'écueil de l'avocat chevalier seul contre tous en n'omettant pas le soutien de son supérieur et de ses associés alors même qu'on comprend la position peu confortable de leur cabinet vis à vis de leurs clients habituels. D'un drame humain effrayant et effroyable, le film se positionne plus en un thriller écolo-financier prenant et terrifiant mais aussi touchant quand il le faut.

Enquête juridique tirée de faits réels, "Dark Waters" est porté avec beaucoup de talent par Mark Ruffalo, voûté par le poids et l'ampleur de la tâche! Bénéficiant d'une très belle réalisation, le film s'avère haletant et emporte facilement l'adhésion sans esbroufe. Evitant tout sentimentalisme, la narration s'attache essentiellement au fond de l'affaire et à la dénonciation de la toute puissance des multinationales ainsi qu'au combat à l'usure de cet homme investi d'une mission impossible! Utile, sobre et efficace!

 

Un bon film de procès comme les Américains savent bien les faire, même si le procès lui-même n'apparaît presque pas à l'écran. Tout le monde joue très juste et l'histoire racontée est assez édifiante, surtout que tout ceci est en fait tout à fait actuel vu que l'affaire s'est terminée très récemment. On peut par contre reprocher au film une certaine lenteur, certes probablement voulue pour nous faire sentir le désarroi croissant du héros face à la lenteur des procédures, mais au final cette langueur se transmet un peu au spectateur dans la dernière partie.

Certes, c’est un bon film, mais, bon sang, c’est trop soporifique ! Un fait divers aux conséquences dramatiques et qui concerne chacun d’entre nous, car qui n’a pas une casserole ou une poêle en Téflon chez soi (?), une négligence révoltante qui perdure depuis plus de 70 ans sans qu’on ne fasse rien, il y a de quoi développer une psychose à juste titre. Cependant, le film est trop technique, trop juridique, trop journalistique, trop méticuleux, trop soporifique, trop procédurier, pour ne pas nous faire sombrer dans un profond sommeil. C’est vraiment dommage parce que Mark Ruffalo est excellent et il ne mérite pas çà. Ceci dit, je maintiens que c’est un bon film car il est instructif. Peut-être que Todd Haynes devrait demander à Clint Eastwood la recette pour raconter un fait divers en mode thriller ?

 

Mark Ruffalo se prend pour Julia Roberts. Je me demande vraiment si on aurait caché le nom du réalisateur aux critiques, s'ils se seraient enflammés pour le film ? C'est comme pour Quentin Tarantino ou Pedro Almodovar. Il suffit de mettre le nom de Todd Haynes et ça y est ! Le film est forcément génial. Mais qu'est-ce qu'il y a de bien dans ce film ? En quoi en regardant ça on se dit que nous sommes dans un grand moment du cinéma ? Soyons sérieux ! Avec Erin Brockovich, Steven Soderbergh avait déjà tout dit, et fait le grand film contemporain sur ce thème. Dark waters n'apporte rien de plus. Todd Haynes copie. Le réalisateur est allé jusqu'à attribué des rôles aux protagonistes de l'affaire, mais attendez, si on se souvient bien, Erin Brockovich elle-même jouait dans le film de Steven Soderbergh. Todd Haynes n'a rien inventé. En plus le film de Todd Haynes est rétrograde puisque de l'héroïne (et quelle formidable héroïne !) interprétée par Julia Roberts, on passe au héros traditionnel (homme et blanc) avec à ses côtés, le rôle désastreux de l'épouse et mère de famille. Alors bien sûr c'est peut-être le portrait fidèle de la réalité et de la composition des rôles dans la société américaine, mais on est dans le cinéma, et je veux que le cinéma m'élève. Le film de Soderbergh était une ode au féminisme et à l'écologie. Toujours précurseur et visionnaire Steven Soderbergh (on ne rappellera pas le film Contagion). Là Dark waters apparaît comme un téléfilm qui se laisse voir, faute de mieux. Mark Ruffalo fait son numéro, et Anne Hathaway n'est pas crédible dans son rôle d'une desperate housewive. Le film prend l'eau, et on boit la tasse !

 

 

 

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