CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  226 

 

 

 

 

n°226
 
" Belle de jour "

 

 

(1967)-(Fr,It)-(1h42)  -     Drame 

 

Réal. :     Luis Buñuel  

 

Acteurs  :  C.Deneuve, J.Sorel, M.Piccoli,  ...  

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

C'est en femme libre que Deneuve se prostitue et elle l'assume : à la femme de ménage (jouant ici le rôle de l'opinion publique) s'exprimant sur un ton condescendant en lui déclarant que "ça ne doit pas être drôle tous les jours", elle lui répond simplement "qu'est-ce que vous en savez ?". Un film fort, fascinant, fantasmatique, parfois drôle, parfois déroutant...Comme la vie et transcendé par une Catherine Deneuve qui trouvait là son plus beau rôle.

Le bel appartement du couple bourgeois , à l'angle de la célébre Rue de Messine, est rempli d'oeuvres surréalistes , de Dali, Picasso, Gris , Miro . On les voit et les revoit , c'est beau comme un musée. Ensuite il y a bien sûr le suréalisme , mais qui parfois déçoit les adeptes de la libération sexuelle ou de l'esprit 68. Bunuel n'est pas dans ce schéma là , il ne prone pas une "liberté" , ou une libération féministe. Il est dans la déconstruction , Deneuve ne se "libére" pas , Deneuve enfreint la loi , les bonnes moeurs, l'esprit bourgeois ,Bunuel ne sait pas si l'utopie libératrice est possible, ou plutôt il sait que collectivement elle n'est probablement pas possible. Par contre il abjecte l'ordre bourgeois. On est à la racine du surréalisme, dans le dadaisme. Deneuve à toutes ces aventures pour "casser" son éducation religieuse, elle avait refusé de prendre l'hostie petite fille , elle avait été abusé se venge, . Les scènes de rêveries imaginaires , de fantasmes sont aussi un moyen de se libérer , de tout "se dire", de ne plus se refreiner .La scène du duel , la scéne en Camargue avec la projection de boue, le client mongol avec son fantasme du "double sens", de la perle qui s'enfile par les deux cotés , la scène à la montagne avec une Macha Meryl " so cute " , autant de scènes cultes qui font de ce film un chef d'oeuvre , unique dans son genre.

Deneuve en bourgeoise masochiste est jubilatoire. Suprêmement élégante, brillamment filmée par la caméra savoureusement fétichiste du cinéaste, l'actrice fait montre d'une précision de jeu fascinante. Ses partenaires ne sont pas en reste, puisque de Michel Piccoli à Geneviève Page, tous sont au diapason de l'atmosphère faussement réaliste (il y a peu d'artifices de mise en scène) du film et de ses accents oniriques et surréalistes. Bien qu'inscrite assez profondément dans son époque, notamment à travers de discrètes références aux films récents qu'étaient alors "Psychose" et "À bout de souffle", cette oeuvre déconcertante conserve un charme et un trouble intemporels.

Au-delà du mépris que le réalisateur espagnol affiche pour son héroïne et le plaisir qu'il prend à la mettre dans des situations aussi embarrassantes que douloureuses, il y a paradoxalement une sorte de tendresse, de respect pour ses pulsions que n'importe qui pourrait avoir, si bien qu'elle reste fascinante de bout en bout. Le mérite en revient également à Catherine Deneuve qui, par sa douceur, sa grâce et sa beauté, fait de Séverine un personnage difficilement oubliable, peut-être même l'un des plus marquants de l'Histoire du cinéma français. Bref, un sommet de cruauté, d'intelligence mais aussi de pur élégance formel que ce « Belle de jour » : un chef d'oeuvre, tout simplement.

Très grand film. Dès l'introduction, bluffante, d'une grande violence et d'un érotisme génial, Bunuel donne toutes les clés du film, qui oscille entre fantasme et réalité. Le film capte l'attention constamment, mettant des enjeux passionnants et terribles à la fois. Deneuve s'impose comme une des plus grandes actrices de l'histoire du cinéma, à l'aise dans des scènes très différentes et jouant à merveille le malaise. D'une grande intelligence d'écriture, à base de dialogues intéressants, jouant avec des ellipses d'une inventivité incroyable et troublante, le film est scotchant et complexe. Le suspense sentimental est très précis. La fin est géniale et marque les esprits. Ça donne envie de découvrir Bunuel.

 

Belle De Jour est un bon film atypique. Cette œuvre, une sorte de drame érotico-fantaisiste n'a rien perdu de son caractère sulfureux, tiré du roman éponyme de Joseph Kessel. Entre fantasme et réalité, beaux salons et maison close, une étude au scalpel du masochisme et de la frustration de la bourgeoisie. Le film remportera en 1967 le Lion d’or à la Mostra De Venise plutôt mérité. Tout le film oscille entre deux pôles ; normalité et perversion, vulgarité et raffinement, sentiment et plaisir. Au-delà d'une réflexion sur la transgression, l'intérêt du film de Buñuel réside dans les séquences oniriques assez perturbantes mais intéressantes qui contaminent de bout en bout la narration. Le cinéaste s'attache à gommer systématiquement les frontières entre réalité et fiction. Je ne suis pas totalement emballer par l’ensemble bien que l’œuvre reste captivante malgré que cela reste un peu plat au final.

Il y a juste une seule chose qui m'a gênée dans ce long métrage de Bunuel! L'intonation de voix des acteurs! Non mais honnêtement est-ce qu'une intonation toute robotisée vous donne réellement envi de s'accrocher aux dialogues?! Bah moi non pas spécialement désolé! Et ce ton de voix monocorde, donne l'impression que les acteurs jouent mal, qu'ils sont totalement blasés, et qu'ils n'ont aucun talent, alors que ce n'est évidemment pas le cas! Peut être était-ce voulu par Bûnuel pour une raison ou une autre mais en tout cas ça m'a agacé!

Ici le thème exploité est celui de la bourgeoise secrètement salope. Les ellipses permettant l’émergence des fantasmes de Séverine sont bien menées, mais le film ambitionnant de créer le trouble et le malaise fait plutôt souvent sourire. Catherine Deneuve était réellement faite pour ce rôle ; lisse, parfaite, diaphane ; la bourgeoise au potentiel de salope n’est peut être pas un rôle de composition ! Pour la bourgeoise, c’est sûr ; elle n’a jamais été bien capable de jouer autre chose avec du talent. Lion d’or à Venise…

 

La réputation de chef d'oeuvre de ce film me semble très surfaite. Il a assez mal vieilli, dans la mesure où il a perdu le caractère scandaleux et provocateur qu'il pouvait encore avoir en 1966. Aujourd'hui, ce catalogue des "perversions" semble assez ridicule. Certes l'image est belle et les principaux acteurs impeccables, mais cette histoire manque totalement d'intérêt et de sensualité. Seul Piccoli, par la finesse de son jeu parvient à apporter un peu de crédibilité et d'humanité. Le duo de gangsters de Francisco Rabal et Pierre Clementi sonne faux et est devenu totalement ringard. Ajoutons que la complaisance vis à vis de la prostitution relève d'une idéologie douteuse et surprenante chez Bunuel. Bref, un film très daté. Les ados de 1966 ont peut-être fantasmé sur la froideur de Deneuve, mais aujourd'hui on s'ennuie ferme... 

 

 

 

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