CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2204 

 

 

n°2204
 
" Scum "

 

 

(1979)-(An)-(1h38)  -      Drame, Policier  

 

Réal. :     Alan  Clarke  

 

 

Acteurs:  R.Winstone, M.Ford, J.Firth  ...

 

Synopsis

 

 

Angleterre, années 1970. Trois jeunes, Carlin, Davis et Angel arrivent dans un borstal, un centre de détention pour mineurs. Ils ont peur. Ils ont raison, car ils vont connaître l'enfer. Dans le centre, c'est la loi du plus fort, la loi du plus méchant, le règne de la terreur et de l'humiliation. Pris dans l'engrenage infernal d'un système sans issue, Carlin, Davis et Angel n'ont plus qu'un but : survivre.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

  Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première      France Soir     Elle     Ouest France     L'Obs   La Croix 

 

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

Le film prend aux tripes et ne nous lâche jamais. Alan Clarke réalise un film très réussi qui décrit de façon très réaliste le fonctionnement d'une maison de correction pour mineurs dans les années 70. La violence physique et psychologique est très présente, notamment de la part du personnel pénitencier, qui jamais ne permet à ces jeunes de penser à une possible réinsertion malgré des délits mineurs. Les acteurs sont très bien choisis et les rôles de Carlin et Archer notamment savamment écrits et interprétés. La réalisation d'Alan Clarke est de grande qualité; Kim Chapiron ne s'est pas trompé en reprenant dans Dog Pound tous les ingrédients de Scum (comme Gus Van Sant avec Elephant).

Un choc intégral hautement subversif pour son époque et pour la nôtre, un bloc de haine sculpté dans la pierre brute d'une maison de redressement britannique : voilà ce qu'est ce Scum, titre ordurier en forme de crachat véritable, pamphlet anti-carcéral réalisé par le grand maître du cinéma " made in britain ", l'incontournable Alan Clarke. Dans ce microcosme ultra-politisé au sein duquel les dignitaires donnent les mauvaises réponses au lieu de ( se ) poser les bonnes questions la loi de la jungle et celle du silence semblent être les seules échappatoires narratives d'un film à la maîtrise inouïe, d'une fluidité et d'une précision remarquables et implacables. Si Scum est un grand chef d'oeuvre formaliste il possède en outre un regard rigoureux et documenté sur les borstals qui n'aurait rien à envier d'un Orange Mécanique. Au pied du mur de l'institution et des réformateurs, les jeunes n'ont d'autre occupation que celle de supporter. Par tous les moyens. Entre violences extrêmes, corruptions et monologues stériles à l'adresse des gardiens ces derniers peuvent au mieux conserver leur liberté d'esprit : c'est ce que représente la figure d'Archer, martyr insolent et impertinent cherchant vainement à bousculer l'ordre établi, rejetant avec lucidité les raisons absurdes d'un tel fonctionnement avant de se résigner comme ses compagnons de galère. Dans ce drame à sens unique, froid comme la mort, dans lequel le faible degré de justice se trouve réduit à une minute de silence dérisoire la colère gronde de part en part. Impressionnant

 

Finalement, en dehors des informations qui nous ont été relayées par les médias lors du gouvernement Tatcher (ayant débuté en 1979, étant également l’année de sortie du film au cinéma), on ne sait finalement pas grand-chose sur la société anglaise. Alan Clarke nous éclaire donc un peu plus à l’aide de ce « Scum », qui se passe dans une maison de détention pour mineurs qui voit Carlin, ado violent, répondre aux provocations des matons et des autres détenus. « Scum: », rien que le titre annonce la couleur. Attendez vous à un film qui se présente sous la forme d’un film violemment anti carcéral et qui crache tout bonnement à la gueule d’une société totalement à la dérive. Ici, pas de romance, pas de dentelle, c’est l’heure de la subversion. Dans cet univers inhumain qu’est la prison, plusieurs questions se posent? Qui sont les vrais voyous? Les adolescents ou les surveillants généraux, matons et autres connards du genre? La justice existe-t-elle? Doit-elle simplement se résumer uniquement à une minute de silence hypocritement ordonnée? Originellement prévu pour la télévision anglaise en 1977, « Scum » fut recalé car jugé trop trash, trop violent et surtout trop réaliste, tout le monde sait très bien que dire la vérité, ça fait chier beaucoup de monde. Et franchement, quand on regarde le produit cinématographique fini, on comprend très bien pourquoi la BBC n’a pas eu les couilles de se mouiller. Certaines scènes, que je ne citerai pas ne manqueront de tournebouler la tripaille des âmes les plus sensibles. « Scum » avait trois objectifs très clairs: dénoncer, faire réfléchir et révolter. Les trois sont atteints. Voila la définition d’un film réussi et maitrisé de bout en bout. Une pièce maitresse.

 

Tout a déjà été dit ou presque sur "Scum", film culte d'Alan Clarke sur les prisons pour mineurs en Angleterre des '70. L'une des oeuvres les plus noires et dures sur le sujet, qui marque à jamais. Le jeune Ray Winstone est impressionnant dans le rôle principal. Un film violent, sans espoir et pessimiste comme seuls savent les faire les anglais. Chef-d'oeuvre

On est à la fin des années 70, dans une Angleterre rongée par le néo-libéralisme thatchérien. C'est ce climat social d'alors qu' Alan Clarke, réalisateur méconnu en France, va dépeindre dans le sillage des films de Ken Loach. C'est d'abord pour la télévision qu'il va réaliser un film sur une institution centenaire qui enferme les jeunes délinquants (les borstals). "Scum" fut d'ailleurs censuré par le gouvernement de la dame de fer, le réalisateur va alors contourner l'interdiction en transformant son film pour le cinéma. On n'est pourtant pas dans la surenchère de violence, mais notre mémoire restera marquée par certaines scènes comme un drap blanc qui s'imbibe de sang, un jeune qui se fait lire et relire une des rares lettres qu'il reçoit, ou encore spoiler: 

 

Scum (1979) était prévu pour être un téléfilm diffusé sur la BBC (en 1977), mais le film étant d’une rare violence (trop réaliste), la chaîne préféra ne jamais le diffuser. Alan Clarke dût alors réaliser un second film, reprenant la même trame, mais cette fois-ci destiné au cinéma. Il y dépeint avec beaucoup de réalisme l’univers glacial, austère, ultraviolent et inhumain d’un établissement pénitentiaire pour mineurs (ou maison de correction). Rien à voir avec les établissements que l’on a en France. En Angleterre, ils sont gérés de manière très radicale où aucune erreur n’est tolérée, au risque de se voir frapper par un des membres du centre et de voir son séjour se terminer au placard. Bien évidemment, avec un tel encadrement, les peines ne servent absolument à rien à ses jeunes en pleine perdition. Au lieu de les mettre dans le droit chemin, leur séjour ne fait que renforcer leur haine contre le système, au risque de les perdre à jamais. Alan Clarke est radical et va droit au but (pas de générique de début, on entre de plein fouet au cœur de cet établissement pénitentiaire, un monde véritablement coupé du monde et qui n’obéit qu’à ses propres règles). Un huis-clos oppressant qui ne devrait pas vous laisser de marbre, par tant de violence exacerbée (aussi bien physique que morale). A signaler enfin, l’excellent remake : Dog Pound (2010), signé Kim Chapiron. Et dans le même registre, un brillant film norvégien (inspiré de faits réels), à savoir Les Révoltés de l’île du Diable (2010)

Film dur et léger à la fois, Scum est bien réalisé et décrit bien les problèmes des maisons de redressement pour mineurs ainsi que les problèmes de racisme ou de violence et harcèlement (cela ira même jusqu'au viol) des plus faibles. Il relève aussi de l'ignorance des adultes et d'une révolte (fin du film) incomprise puisque tous vont être punis sans chercher à comprendre leurs erreurs. Parfois film trop scolaire et vide d'esprit, mais qui se rattrape aux derniers minutes du film.

 

 

 

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