CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2148 

 

 

n°2148
 
" Cela s'appelle l'aurore "

 

 

(1955)-(Fr)-(1h42)  -      Drame    

 

Réal. :      Luis  Bunuel  

 

 

Acteurs:  G.Marchal, L.Bosé, J.Bertheau ...

 

Synopsis

 

 

Se sentant délaissée par Valério, son époux médecin, avec qui elle vit en Corse, Angela décide de partir retrouver sa famille à Nice. Pendant ce temps, Valério s'éprend d'une jeune femme, Clara. Lorsque Sandro, un ami du médecin, tue le patron d'usine qu'il tient pour responsable de la mort de sa femme, Valério et Clara acceptent de le cacher...

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

Du cinéma, du vrai, avec des détails cachés, des élipses, une histoire... Où est la vie pour Bunuel ? Du côté du classicisme du policier qui lit Claudel (les temps ont bien changé), ou de la création du médecin épris de Dali et du surréalisme ? A faire regretter le temps des détails sur les image. Mais quel est donc ce tableau qui se cache chez ce médecin, avec à nouveau des yeux crevés, par la modernité ? L'intrigue se noue progressivement, l'amour, l'honneur, l'honneur de se battre pour les pauvres, le déshonneur d'une classe possédant tout et pour qui des gens ne sont rien. Bunuel le révolutionnaire, le perfectionniste. Du cinéma qui fait plaisir.

A la première vision « Cela s’appelle l’aurore » surprend les fans de Luis Buñuel par son académisme. Les ruelles de la ville (Bastia ?) une utilisation très contrastée du noir et blanc et une galerie de bourgeois médiocres, égoïstes et inhumains peuvent faire penser à du Duvivier, sans la noirceur assumé, ni l’intensité étouffante. Sauf que le peuple est bon. Ces gens que soigne le médecin sont des pauvres, drapés dans leur dignité et leur honneur, car c’est tout ce que les puissants ont bien voulu leur laisser. Dans une galerie de monstre qui va du grand patron et son laquais, du beau père cynique et de la femme qui aspire avant tout à réintégrer son l’univers de la haute bourgeoisie niçoise. Il faut au moins une deuxième vision pour s’apercevoir qu’Angela au prénom trompeur, ne dépare la galerie, loin de là. Mais le plus ignoble étant sans doute le commissaire. Parfait faux cul, qui dans son bureau placarde le christ de Dali, règlement de compte au passage du cinéaste (qui se ressemble s’assemble). Quelques piques comme le dialogue de Claudel tourné en dérision, la lâcheté du prêtre et le tableau iconoclaste du Christ ne suffiraient pas à casser le côté convenu de ce récit. Mais il y a la vengeance de la victime d’une abomination sociale et l’histoire d’amour à contre courant de toute bienséance sociétale. Dès le premier plan où elle apparaît, Lucia Bosè illumine l’écran. Et de comprendre pourquoi elle tapa dans l’œil de Visconti et ensorcela Michelangelo Antonioni, puis Luis Miguel Dominguín. L’aurore c’est elle.

 

Cela s�appelle l�aurore» (France, 1955) est un film français au milieu de la période mexicaine de Luis Bunuel. Etrange échos coïncident à l�actualité de février 2007 (suicides des employés aux usines Renault), «Cela s�appelle l�aurore», sur fond d�une histoire adultérine, illustre le bafouement du prolétariat par le patronat tout puissant. Ayant pour personnage principal un médecin (Georges Marchal, le Shark de «La Mort en ce jardin» (France-Mexique, 1956) de Bunuel), le film conte la vie de cet homme sur une île close, de ses convictions et de ses amours. Passion prime, Bunuel égal à lui-même. Le noir et blanc et les nombreuses scènes nocturnes, surtout dans la seconde partie du film, appuient la noirceur de l�histoire et la passion «jusqu�au boutistes» des faits. Les deux fronts sur lesquels vogue le film nourrissent la richesse fondamentale de cette ?uvre. Car à part illustrer un tableau (néo-)réaliste, «Cela s�appelle l�aurore» parle de ce médecin marié qui tombe amoureux d�une veuve (la magnifique Lucia Bose). La volonté de Bunuel de se jouer des codes éblouit ici lorsque le couple tombe amoureux non pas lors d�une situation idyllique mais au chevet d�une fillette violée. Volonté de révolutionner la naïveté débile de l�image de l�amour au cinéma. Car, comme dans «Abismos de pasion» (Mexique, 1954), nulle n�empêche la passion d�enivrer les êtres. Enfin «Cela s�appelle l�aurore», titre poétique pour un film-fait, bascule la gravité de son illustration dans l�ironie déictique de Bunuel.

 

Un film très classique pour Buñuel, où l'on retrouve néanmoins quelques touches originales (le tableau avec les yeux crevés...) et un casting de qualité (l'émouvante Lucia Bosè, le jeune Julien Bertheau, qui deviendra un habitué des dernières œuvres du cinéaste). Les sujets abordés pouvaient déranger à l'époque (l'adultère, l'intégrité, le pardon au meurtrier du patron tyrannique...) et sont traités de façon humaine et sans parti pris.

 

Ce film est bien fait, je l'avoue. Mais franchement, je me suis ennuyé, surtout dans la deuxième moitié.

 

 

 

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