CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2044 

 

 

n°2044
 
" Lara Jenkins "

 

 

(2019)-(All)-(1h59)  -      Drame    

 

Réal. :     Jan-Ole  Gerster   

 

 

Acteurs:  C.Harfouch, T.Schilling, A.Jung ...

 

Synopsis

 

 

Comme tous les autres matins, Lara débute sa journée par une cigarette et une tasse de thé. Aujourd'hui est un jour important : elle a 60 ans et c'est le premier concert de piano donné par son fils Viktor. Elle le soutient depuis ses débuts et se considère comme déterminante dans son succès. Mais Viktor est injoignable depuis des semaines et Lara semble ne pas être conviée à l'événement, contrairement à son ex mari et sa nouvelle compagne. La journée va alors prendre un tour inattendu.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

  Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première      France Soir     Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

 

Ce qu'il y a de fort dans ce film-là, c'est le mystère qui plane au-dessus d'une femme incomprise d'elle-même, et rejetée par les autres précisément pour ces raisons. Le mécanisme du masque (de la froideur) est ici brillamment disséqué

Une ouverture à la vie, aux autres et à elle-même finement jouée, en suivant une partition qui va crescendo

On sait bien depuis Haneke que les pianistes souffrent de psychorigidité. Mais ce qui sauve Lara de la caricature, et du même coup le film de Jan-Ole Gerster de son penchant pour la sévérité, c’est l’humour.

On pourrait craindre une oeuvre "psychologisante", mais le long-métrage s'autorise quelques moments d'une légèreté assez atypique. Et surtout, il y a Corinna Harfouch exceptionnelle.

D’où un drame languissant et lancinant, si l’on veut, mais qui ne manque pas de dynamique ou, pour reprendre une terminologie musicale, qui a la vivacité fantasque d’un scherzo. Un scherzo molto furioso, bien entendu.

Avec un sens pointilliste du détail et une mise en scène d’une précision chirurgicale, Jan-Ole Gerster parvient à l’identification d’une femme : l’effroi des rapports sadomasochistes entre une mère et son enfant s’impose cruellement devant cette partition en sourdine, portée par Corinna Harfouch, la Isabelle Huppert allemande, impressionnante de dureté blessée.

Avec une rigueur subtile à la Haneke, Jan Ole Gerser filme sans jamais la lâcher cette femme élégante, froide et anguleuse comme les quartiers de Berlin qu’elle arpente en quête de réponses et d’identité.

Portrait intelligent mais glacé d’une femme face à l’effondrement de ses certitudes.

Jan-Ole Gerster a de la compassion, semble-t-il, pour son personnage de matriarche aux abois. Mais la compassion qu’on pensait nous-mêmes avoir en stock finit par manquer face à son calvaire si pesamment pétri de clichés.

Jan-Ole Gerster fait ici preuve de la même maîtrise dans la conduite de son récit que dans Oh Boy, qui l’a révélé en 2012, mais sans pour autant confirmer les espoirs placés en lui. Car le fait de donner à vivre cette histoire dans la tête d’une héroïne à ce point glaciale crée une distance émotionnelle qu’il se montre incapable de briser.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

Très beau portrait de femme, incapable de donner de l'amour et qui, après avoir été "démolie" à l'adolescence, démolit à son tour, dans une spirale mortifère qui semble inéluctable.

Magistral portrait d'une femme étouffée par sa propre ambition déçue qu'elle reporte sur un fils adoré, jalousé et torturé. Une belle réussite pour ce cinéaste qui s'affirme comme un maître outre-Rhin.

L’héroïne ne sait pas vraiment comment elle a pu en arriver là, mais ce jour d’anniversaire ( 60 ans ) elle remonte les rues de sa ville, en même temps que son passé . Et tout s’éclaire peu à peu sur son passage, ces gens qu’elle n’aiment pas ou qui lui échappent, ses contrariétés du moment ou de toujours. Son fils , pianiste prodige se produit le soir même , mais l’évite. Son ex fait aussi barrage à sa volonté de comprendre en quelques heures ce qu’elle a détruit pendant plusieurs années. Le cheminement est complexe mais le réalisateur réussit parfaitement à dominer les tempéraments de ses protagonistes pour mieux formuler des caractères fermes, jamais définitifs. Ce qui conduit à ce flottement permanent de doutes et d’incertitudes qui jalonnent le parcours de Lara. Elle est jouée par Corinna Harfouch, sans reproche !

Belle surprise que ce "Lara Jenkins" (Lara en VO) où l'on peut suivre en quelque sorte le résumé de la vie de l'héroïne à travers la journée de son 60ème anniversaire. Jan-Ole Gerster nous sert un film atypique, oscillant entre répliques cinglantes et touches d'humour légères. Corinna Harfouch (que je ne connaissais pas) est formidable en mère toxique et un poil névrosée. L'émotion est au rendez-vous.

 

24 heures dans la vie d'une femme. Dans la veine de cette littérature germanique dont le cinéma allemand est l'heritier, nous assistons au déroulé d'une journee très particulière. Filmé en plans fixes comme le regard de Lara Corinna ( une decouverte ) ce film distille lentement une émotion grandissante sans pathos, juste la vie de ceux qui sont passés à coté de leur vie. Ce n'est pas l'enfer, ce n'est pas le paradis, juste des erreurs, des fausses routes, des malentendus et la frustration sourde qui ne se dit pas. On ressort de ce film pas tres heureux, pas vraiment malheureux, juste songeur.. et moi, qu'ai je fait de ma vie?

Voilà un film sec et efficace. Durant vingt-quatre heures, le réalisateur nous propose une promenade dans Berlin avec Lara Jenkins, nouvellement retraitée, ancienne fonctionnaire et mère d’un fils virtuose qu’elle a "indirectement" formé au piano. Jan-Ole Gerster nous brosse le portrait d’une femme sèche qui est passée complètement à côté de sa vie. Vingt-quatre heures suffisent pour la connaître. Mais la connaît-on vraiment ? Toujours est-il, nul besoin d’étirer l’histoire sur des mois des années. C’est à la fois aride et touchant grâce à la toute dernière scène. Belle et sobre prestation de Corinna Harfouch vue dernièrement dans la série "Deutschland 89". Quant à Tom Schilling, dans la peau de Viktor, discret mais très convaincant. J’ai eu plaisir à le voir après son touchant personnage dans « L’oeuvre sans auteur ».

Vu avant le confinement. Film très particulier, décrivant l'influence qu'a, a priori, eu une mère sur son fils, et qu'elle possède toujours. Jeune auteur, ce fils essaie de percer avec un style qui ne plaît pas à cette mère envahissante. N'empêche, les morceaux de piano délivré, sont magnifiques à écouter !

Un sujet original, une tension tout au long du parcours de Lara Jenkins du matin au soir de cette grande journée. La clé est pour moi la révélation de son ancien professeur de piano qui lui dit combien elle était douée : elle pourra enfin aller mieux

 

Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme. Lara Jenkins a le rythme et l'élégance d'un court roman de Stefan Zweig.
Il en a aussi l'âpreté. Car Lara, l'héroïne, n'a rien de sympathique. Cette Prussienne glaciale et vipérine ne peut s'empêcher de décocher des piques autour d'elle et de repousser les mains qui lui sont tendues. L'accumulation est lourde sinon lassante. D'autant que le scénario refuse toute facilité : aucun rayon de soleil ni happy end. On pense évidemment à "La Pianiste", l'affreux roman de la prix Nobel autrichienne Elfriede Jelinek, adapté par Michael Haneke avec Isabelle Huppert, les perversions sexuelles et le sadisme de son personnage principal en moins. Je n'avais pas aimé "La Pianiste". Je n'ai guère plus apprécié "Lara Jenkins" qui m'a donné envie d'aller me pendre en sortant de la salle. Suicidaires s'abstenir !

Admirable ! Proverbes 18:21 nous dit "La mort et la vie sont au pouvoir de la langue; Quiconque l'aime en mangera les fruits." et c'est tout à fait le résumé de cette histoire magnifiquement interprétée par Corinna Harfouch. J'ai beaucoup aimé ! Merci pour ce très bon moment !

 

 

 

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