CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  2010 

 

 

n°2010
 
" Mon cher enfant "

 

 

(2018)-(Tun,Be,Fr)-(1h44)  -      Drame    

 

Réal. :     Mohamed Ben Attia    

 

 

Acteurs:  M.Dhrif, M.Mejri, Z.Ben Ayyed ...

 

Synopsis

 

 

Riadh s’apprête à prendre sa retraite de cariste au port de Tunis. Avec Nazli, il forme un couple uni autour de Sami, leur fils unique qui s’apprête à passer le bac. Les migraines répétées de Sami inquiètent ses parents. Au moment où Riadh pense que son fils va mieux, celui-ci disparaît.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Dépourvu de didactisme, scénarisé et mis en scène avec une sobriété exemplaire, "Mon cher enfant" dresse avec acuité le portrait émouvant d’un homme blessé dans ses principes, sa morale et ses valeurs. Un film intime et politique qui confirme le talent de son auteur.

La grâce et la puissance toute en retenue de Mon cher enfant confirment après Hedi (2016), son premier long métrage, toute l’attention qu’il faut porter à l’œuvre naissante du Tunisien Mohamed Ben Attia.

En paterfamilias rongé par le chagrin et le doute, Mohamed Dhrif est impressionnant. Une prestation intense, à l'image du film en quelque sorte.

Un mélodrame minimaliste, presque éteint, d'autant plus émouvant que le pathos est savamment absent du film.

Le spectateur ressent profondément la honte, la culpabilité et l’incompréhension de Riadh. Au point de ne plus toujours savoir dessiner la frontière entre ses fantasmes et la réalité.

Le pari était risqué, compte tenu du comportement désespérant de ces personnages, que le spectateur est invité à suivre sans arrêt mais auxquels il s’attache quand même grâce à une interprétation très juste.

Un mélodrame délicat sur le thème du terrorisme qui nous interroge sur le manichéisme avec lequel on a trop souvent l’habitude de réduire ce phénomène. Le scénario tumultueux et imparfait en diminue toutefois la portée.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

A Tunis, mais cela pourrait se passer n'importe où, un couple s'inquiète des migraines de leur fils unique de 19 ans qui va passer le bac. Une longue présentation (une demi-heure quand même !), tendre et bienveillante d’une famille sans problème apparent. Et ce fils introverti disparait juste avant de passer son bac pour rejoindre la Syrie. Le film se concentre sur le désarroi de « ceux qui restent ». Le pourquoi du départ, le prosélytisme, le djihadisme, rien de tout cela n’est abordé. Seul, l’implosion des repères de ce papa aimant est décrit avec acuité. A travers son errance en Turquie, sa confrontation à sa propre vanité, la remise en cause de ses paradigmes on assiste avec pudeur à l’effondrement du monde de cet homme qui ne comprend plus. C’est angoissant de justesse et de pertinence grâce à la performance éblouissante de Mohamed Dhrif.

A Tunis, Riadh et Nazli sont les parents de Sami, 19 ans. Riadh s'occupe et se préoccupe beaucoup de Sami, de ses problèmes de santé - il souffre de migraines - de sa réussite dans les études et de son épanouissement d'adolescent. Jusqu'au jour où Sami disparaît. Mon cher enfant parle de l'amour d'un père pour son fils. Un amour impuissant à voir venir et à éviter le pire. L'histoire se déroule en un rythme lent, propice au dessin des personnages et à l'installation d'une palette d'émotions complexes.
Dans le rôle de Riadh, Mohamed Dhrif est magistral.

C'est fluide, c'est riche, c'est doux! L'histoire est narrée comme de l'intérieur des personnages principaux sans psychologie complexe. L’acteur principal du vieil homme est bouleversant de vulnérabilité. Ce réalisateur envoute, son style est subtil, il fait naître les émois sans grandiloquence. Les situations, les dialogues, les scènes semblent accessibles immédiatement, banales et évidentes; un rythme doux et une tendresse pour les personnages nous bercent; pendant cela, son talent de metteur en scène délicat fait naitre étrangeté, angoisse et tensions sourdes. Un enchantement délicieux!

Sur un sujet délicat, un film intelligent, bien découpé bien monté, à voir plusieurs fois pour en percevoir la subtilité de l'amour paternel exacerbé qui en fait perdre la notion de la réalité. Magnifique interprétation d'une histoire Somme toute bien banale.

Inutile de rappeler encore le pitch de ce film. Derrière ces 104 minutes de quotidien universel se cache une multitude de niveaux de lecture, tous intimement liés à nos émotions les plus banales, les plus belles. Par le portrait de Riadh, le film confronte et questionne les choix d'une vie rassurante dans ses codes et fondements; sans cesse fragilisés par une quête hypothétique du bonheur. Il s'agit ici d'un chef-d'œuvre exigeant, beau et confrontant. Cet objet remarquable l'est d'autant plus qu'il ne s'agit "que" d'un deuxième film, marquant de justesse au delà des codes culturelles

« Chacun de nous en Tunisie connaît forcément quelqu’un qui est parti ou dont les proches sont partis en Syrie », indique Mohamed Ben Attia. Comment en est-on arrivé là ? Qu’est-ce qui pousse Sami dans cette folle aventure ? L’endoctrinement ne suffit pas à éclairer cette complexité. Pour Riadh, son père, les raisons sont obscures, autant que la cause de ses continuelles migraines. Que va-t-il pouvoir lui proposer pour le ramener à la maison ? Quel avenir peut motiver les jeunes d’aujourd’hui pour s’intégrer à la société ? Voilà qu’il fait cet impossible voyage et que ce sera pour lui une initiation, une prise de conscience qui remettra en cause toute sa vie. Il fallait pour ces questions et ces échanges l’espace et le temps : les plans séquences structurent le film et lui donnent cette impression de suspension, d’imprévisibilité. Car l’imprévisible est bien l’état des choses pour Riadh autant que pour la Tunisie, voire le monde tout entier. Et si l’enjeu des films du Sud était justement de rendre compte de cette perte de repères, cet état d’entre-deux, de vacillement, de malaise et d’inquiétude, de limbes, d’acédie, pour mieux percevoir combien cette phase transitoire, étape mélancolique du désenchantement, ouvre à l’expérience fondatrice du doute, et donc à la reconstruction ? (lire l'intégralité dans le compte-rendu bilan de Cannes sur les sites Afrimages et Africultures)

 

L’histoire est filmée de façon sobre, sans éclat, comme la vie de tous les jours d’une famille ordinaire, pudique, qui extériorise peu ses sentiments. Le jeu des acteurs est tout en nuance. C’est essentiellement par ses postures que l’on comprend les tourments de Riadh, ses petites inquiétudes du début, puis ses angoisses et enfin la déception qu’il éprouve de ne pas avoir su jouer son rôle de père de famille… Mohamed Ben Attia ne nous raconte pas seulement un départ au djihad, mais la difficulté de la transmission des valeurs dans une société sans beaucoup de perspectives.

Même s'il n'évite pas à son récit de bifurquer vers une issue et des séquences attendues, Ben Attia réussit le portrait touchant d'un vieil homme qui, ne vivant que pour fils, voit son univers s'effondrer du jour au lendemain. On peut louer la direction d'acteurs, tous très convaincants, mais regretter certaines longueurs, voire répétitions, notamment lorsque les parents se font face.

Très bon film qui nous présente très bien la détresse des parents face à l'engagement de leur fils pour la Syrie. En revanche on reste sur notre faim pour en comprendre les vraies raisons. On doit se contenter du point de vue de tous les autres personnages sauf le principal intéressé. C'est dommage !

 

Se rapprochant alors du mode thriller, le film devient truffé de maladresses, la pire étant une scène totalement ratée qui voit le père repartir avec son fils et deux autres jeunes hommes et dont on n'arrive pas à comprendre s'il s'agit d'un rêve ou de l'histoire que l'imagination du père construit et qu'il compte raconter à sa femme à son retour. En résumé, voici un deuxième film qui s'avère bien décevant par rapport au premier !

 

 

 

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