CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1987 

 

 

n°1987
 
" Playtime "

 

 

(1967)-(Fr,It)-(2h04)  -       Comédie   

 

Réal. :     Jacques Tati   

 

 

Acteurs:  J.Tati, B.Dennek, J.Lecome  ...

 

Synopsis

 

 

Des touristes américaines ont opté pour une formule de voyage grâce à laquelle elles visitent une capitale par jour. Mais arrivées à Orly, elles se rendent compte que l'aéroport est identique à tous ceux qu'elles ont déjà fréquentés. En se rendant à Paris, elles constatent également que le décor est le même que celui des autres capitales...

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

  Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération    TéléCinéObs    Première      France Soir     Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

(reprise en 2014)

Le dernier-chef d'oeuvre de Jacques Tati, en 1967, est une vision prémonitoire du "village planétaire" qu'on connaît aujourd'hui. Le burlesque précis mais incroyablement allusif, jamais insistant même dans la répétition, s'allie avec une poésie rêveuse qui donne au film quelque chose de flou, de nuageux, d'un peu languissant parfois. Un charme étrange, unique, à redécouvrir.

Playtime est un pur chef-d'oeuvre, qui concilie les vertus du génie créateur et du divertissement populaire, de l'intelligence critique et de la fantaisie inspirée, de l'observation réaliste et de la dérive burlesque.

Une copie restaurée et rallongée de dix minutes pour cette oeuvre corrosive et ultravisionnaire. Bref, un régal pour les connaisseurs et ceux qui découvriront le film.

Le cinéaste avait fait en sorte que chacun des plans soit foisonnant de gags. "Playtime" rappelle la célèbre publicité des Galeries Lafayette : il s'y passe toujours quelque chose

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 Au milieu des années 60, rien n'est laissé au hasard, chaque geste, chaque mot a son utilité. Il est interdit de perdre de temps, et qui ne consomme pas est rapidement considéré comme suspect... Seul Monsieur Hulot, affublé de sa pipe légendaire, déboussolé devant cet étrange spectacle – il l'était déjà dans la maison ultra-contemporaine de Mon Oncle – reste fidèle à lui-même : maladroit, timide, tendre, ayant même le toupet de faire la cour à une jeune femme ! Un film extraordinaire, à la mesure de l'ambition d'un Tati qui alla jusqu'à recréer une ville de toute pièce pour les besoins de son film, entraînant sa société de production dans un des plus célèbres naufrages financiers de l'histoire du cinéma. La scène centrale du film, dans le restaurant « où il faut voir et être vu » et qui organise sa soirée inaugurale sans que rien ne soit vraiment au point, nous offre des irrésistibles scènes de burlesque pur. Un régal.

Une question m'a poursuivi pendant tout le film : est-il possible qu'un film pareil existe ? Tati était-il un être humain ? Si oui, comment expliquer cette omniprésence d'un génie cinématographique non identifiable ?
Envolées mystiques d'abord, puis destruction totale proche de THE PARTY, PLAY TIME est un film impressionnant. Il ne s'y passe rien, et pourtant, il s'y passe tant de choses ! Reflets, miroirs, portes présentes en parti ou rien du tout ; mille lectures, mille visions ne suffiraient pas. Tati est partout. Nous l'aimions en monsieur Hulot. Dans PLAY TIME, nous l'adulons, puisqu'il se dédouble à l'infini. Intemporel, le film porte une essence singulière du début à la fin, qu'il est un peu dur de quitter. La photographie est exceptionnelle ; quelle ingéniosité dans les plans ! A chaque scène, on est conscient d'avoir forcément raté quelque chose.
Certaines scènes sont absolument mythiques ; la vue de l'extérieur de l'appartement, sans le son, ou encore le restaurant loufoque.
Il y a des jours, comme ça, où on se dit "j'ai vu un grand film. Le Cinéma avec un C majuscule, ça existe. Tenez, regardez. Il y a des moments uniques dans une vie."

Il y a des films qui dépassent le stade du simple divertissement ; des films dont il importe peu qu'ils nous plaisent ou qu'ils nous déplaisent, tant leur envergure se situe au-delà de la faculté de juger ; des films que l'on peut qualifier de chef d'oeuvre sans rougir ni même prendre de véritables risques... Je ne ferai donc pas preuve d'une réelle originalité en décrétant que le Playtime de Jaques Tati est un miracle du Septième Art, une de ces expériences uniques qui vous clouent le bec avant même que l'envie de contester vous traverse le citron. Tout a été dit auparavant : exploration du son - paysage acoustique, amplifications comiques, alternance de silences et de brouhahas - utilisation du décor comme un nouveau moyen de créer le burlesque, audaces narratives - dilatation des séquences, notamment celle de la soirée, morceau de bravoure d'une durée conséquente ; dialogues inaudibles, qui nous rappellent que la parole n'a jamais été aussi secondaire - personnages développés jusqu'à l'indécence, du protagoniste au dernier figurant... Playtime est un monument du burlesque qui se moque pas mal des conventions artistiques, un de ces films intouchables que le temps n'a pas ridé d'un poil. Je m'incline.

Sorti à l’origine en 1967, Playtime a droit à une seconde jeunesse avec cette version restaurée. Aujourd’hui encore ça reste une œuvre unique de la part de Jacques Tati (on n’ose alors imaginer l’impact qu’il avait à l’époque). Ceci n’est pas vraiment un film mais un tableau vivant où presque tous nos sens sont mis à contribution. Ça fourmille de petits détails visuels au point qu’on se dit qu’on est forcément passé à coté de quelque chose et qu’il faudra le revoir plus d’une fois. Au cœur d’une ville qu’on confondrait facilement avec New York si au détour de quelques reflets on n’apercevait pas la Tour Eiffel ou encore l’Arc de triomphe, on entrevoit également l’uniformisation de nos sociétés et le début de la consommation de masse. Culte tout simplement.

 

J'ai d'abord été séduit par ce "Playtime". Ce petit coté naïf, cette absence de dialogue, les gags discrets d'une imagination débordante et les décors remplis de figurants qui fourmillent de petits détails imperceptibles. Puis, très vite, j'ai trouvé que le film commençait à tourner un peu en rond. Je me suis aperçu que ces gags, qui me semblaient si délicieux de prime abord me faisaient uniquement sourire à défaut de me faire rire. En un mot, je me suis un peu ennuyé, mais tout en étant conscient de l'immense talent de Jacques Tati.

Un film de Jacques Tati qui nous plonge dans un Paris moderne et impersonnel, grandiose et superficiel. Une comédie aux qualités certaines dans laquelle le réalisateur soigne parfaitement ses cadres. Cependant, en deuxième partie, la réalisation tourne un peu en rond et s’avère moins nostalgique et plus expérimentale que le chef d’œuvre "Mon Oncle" qui traite lui aussi du progrès en marche. Le film offre également un charme moins accessible et un panel de situations moins original et diversifié que son prédécesseur. Malgré tout, "Playtime" présente une belle photographie de la fin des années 1960 et demeure une touchante réflexion sur la modernité urbaine !

Jacques Tati se ruina la santé et financièrement avec cette fable follement ambitieuse tournée en 70 mm."Play Time"(1967)est un petit miracle de cinéma.Il n'existe rien de commun.2 heures pleines de non-sens,sans fil narratif,où Tati critique vertement la société de consommation et l'uniformisation architecturale.Ses décors,grandioses,proches de la mégalomanie,adoptent un style futuriste,clinique,anguleux.Monsieur Hulot,l'alter-ego maladroit de Tati,ne manque pas de s'y perdre.Il y a de quoi être soufflé devant une direction artistique aux milliers de figurants,aux plans-séquences complexes,et aux discussions multiples.C'est comme si l'on assistait à une tranche de vie en direct.Le travail sur le montage sonore,et l'élaboration des nombreux moments saugrenus force aussi le respect.Tati était un visionnaire,qui misait tout sur le pouvoir de l'image.Malheureusement,ses intentions sont souvent caduques,et il est bien difficile de demeurer attentif,devant un spectacle,certes bien vivant,mais totalement dépourvu d'enjeux dramatiques,scénaristiques et de personnages fixes.Il bouscule les repères,au point que ceux-ci peuvent se dissoudre dans cette oeuvre déconcertante.

 

 Tati est  un cinéaste qui maîtrise le sens de la poésie visuelle. Seulement, il semble se mettre à distance de son personnage principal pour montrer plus de séquences avec les représentants de la ville moderne. Hulot se fond donc dans la masse, et nous le confondons avec d'autres personnes qui portent la même tenue que lui. Hulot est perdu dans ce monde, cette transition de l'âge adulte sérieux et responsable, où tous les enfants ont disparu. Ce changement est désarmant pour l'habitué de Tati. Ses deux films précédents privilégiaient son héros, alors qu'ici il l'abandonne, ne lui donne plus de guide, les gags sont toujours drôles mais se font rares, la deuxième partie s'étire trop ( le bal du restaurant chic est interminable ) ; il n y a plus vraiment d'histoire, l'errance a pris le dessus. Tati a réalise un film pessimiste, qui peut sonner le glas de son personnage, perdu dans le labyrinthe du monde industriel et adulte.

Un film purement formel, d'une grande froideur et donc très difficile d'accès. A travers des décors monochromes, des personnages uniformes et des situations robotiques caricaturales, le cinéaste délivre un film futuriste en forme de dénonciation. Tati dénonce donc avec véhémence l'innovation quand celle-ci est impersonnelle et futile et le désir d'uniformisation absolue. Malheureusement, le trait est tellement forcé que le réalisateur se transforme en réactionnaire sans recul ni mesure. Son film est un dispositif risqué qui tourne en boucle sur des situations ubuesques, non dialoguées et répétitives... au point d'en épuiser,presque d'en saouler le spectateur. Pour moi c'est inregardable et j'ai bien vite jeter l'éponge, même s'il faut saluer le talent de mise en scène et la radicalité du propos.

 

 

 

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