CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  198 

 

 

 

 

n°198
 
" Elle "

 

 

(2016)-(Fr,All)-(2h10)  -     Thriller 

 

Réal. :     Paul Verhoeven 

 

Acteurs  :  I.Huppert, L.Lafitte ... 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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C’est une grande joie de retrouver Paul Verhoeven dans une telle forme. "Elle" est un film très noir et très drôle, un film vraiment tordu et vraiment fou.

"Elle" est un suspense à l'américaine, néo-hitchcockien, où le doute plane sur l'identité du violeur de Michèle et sur la probabilité de nouvelles agressions. Le goût de Verhoeven pour la provocation et la transgression exacerbe la crudité des situations et la cruauté des rapports entre les personnages.

Il fallait tout le talent sulfureux d’Isabelle Huppert pour dessiner ce portrait sublimement malsain d’une femme qui dissimule ses failles. S

Paul Verhoeven ne se prive pas d’exploiter toutes les facettes de la persona de son actrice, en lui offrant un rôle sur-mesure, vénéneux en diable, dans lequel Huppert radicalise avec une saisissante maestria cette opacité perverse et ce cynisme coupant typiquement chabroliens.

Combien d'actrices en France peuvent se permettre cette prise totale de risque ? Une seule, la meilleure: Isabelle Huppert qui, des années après nous avoir ébloui dans La Pianiste de Michael Haneke, s'impose une fois encore au-delà de tous les maigres superlatifs.

Isabelle Huppert incarne à la perfection ce rôle qui synthétise quelques-uns de ses personnages les plus mémorables.

Verhoeven  s’attaque à un sujet provocateur avec une telle intelligence, une ironie si ravageuse, un tel dédain de la morale conventionnelle et une telle maîtrise du cinéma et de son langage que le spectacle en devient passionnant, magnifique, grandiose.

Malgré son comique qui revient sans cesse, ce rire perplexe toujours proche du tragique, Elle est un vertige. Un film dur et dérangeant, d’un inconfort total, qui fait perdre pied jusqu’au malaise.

Un conte moderne : on y voit des femmes puissantes et des hommes faibles. Un conte hybride : il provoquera forcément des réactions contradictoires, du malaise à la jubilation en passant par le rejet. Mais un conte détonant et irrésistible.

Un thriller taillé sur mesure au pic à glace pour Huppert, impériale en femme incassable.

On peut admirer le talent d'un grand réalisateur et rester, à la fin du film, sur un désaccord qui gâche tout.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Je dois avouer que je ne m'attendais pas à une telle claque. "Elle" est un film extrêmement radical, qui montre que Verhoeven, même 8 ans, déjà, après Black Book garde tout son sens de la violence, tant physique que psychologique. "Elle" est un film dont on ne ressort pas indemne, un film puissant, un film qui mélange les genres et qui surtout ne se lasse pas de surprendre son spectateur, de le mettre mal à l'aise. Le rythme est d'ailleurs très particulier et participe pleinement à ce malaise. Je n'ai pas l'habitude d'aimer en plus ce genre de film où il n'y a pas une seconde en trop, au contraire, j'aime lorsque les scènes s'étirent, prennent leur temps, pour inscrire ainsi les personnages dans une réalité. Mais là, chaque coupure, chaque moment où une séquence s'arrête, on a une ellipse où quelque chose de grave, de dérangeant s'est produit, ce qui renforce, forcément, le malaise. On n'est jamais dans le confort. Et j'adore ce sentiment d'être là, sans trop savoir si c'est du lard ou du cochon. Et je rejoins les Cahiers du cinéma, je ne comprends pas que ce film n'ait pas été primé à Cannes, meilleure actrice, meilleur scénario et surtout Palme d'Or.

Glauque à souhait, adapté du sulfureux Philippe Dijan, Elle impose une esthétique sordide et des personnages soumis à la loi du sexe. Porté par son atmosphère et par l'humour de Verhoeven, Elle s'impose comme l'un des grands moments cinématographiques de l'année 2016, à ne pas louper.

Verhoeven se régénère merveilleusement et nous livre ici une œuvre d’une incroyable complexité et d’une grande tenue formelle, sans se départir d’un esprit frondeur et de réjouissantes mauvaises manières qui dynamitent de fond en comble ce thriller psychologique à tendance chabrolienne. Porté par une Isabelle Huppert hallucinante, au sommet de son art de la distanciation brechtienne, Verhoeven vogue au large des berges ternes de la psychologie et du rationalisme, plongeant dans la pénombre de l’âme humaine avec une jubilation de sale gosse. Il n’aura jamais été aussi loin dans l’ambivalence, le trouble narratif. Impossible en effet de savoir qui est vraiment ce personnage féminin en abîme ni ce qui l’anime.

On mesure la complexité abyssale de "Elle", film à la fois totalement jouissif dans sa forme et sa tonalité transgressive que d’une stupéfiante ampleur thématique. Veroheven signe un grand film et fait preuve d’une vitalité et d’une intelligence cinématographique à faire pâlir la plupart des cinéastes contemporains.

 

"Elle" de Paul Verhoeven m'a plutôt gêné et embarrassé... Non pas par l'esprit et le thème du film, mais par sa difficulté à s'y tenir et à aller complètement jusqu'au bout de son enjeu... Le cinéaste place Michèle et ses névroses parmi une multitude de personnages qui papillonnent autour d'Elle, et qui ne font qu'affaiblir la force de ce scénario qui passe du coq à l'âne sans arrêt.

 

Non seulement le scénario part dans tous les sens, mais il n'a pas une once de crédibilité. Les dialogues sont à l'avenant, ils sonnent faux et fleurent souvent la démagogie, les relations entre les personnages n'ont pas la moindre subtilité. Certes on reconnaît parfois - brièvement - la patte du réalisateur de Basic Instinct, mais on retombe très vite dans la comédie de boulevard et le suspense est cousu de fil blanc.

Bernée par la presse, je suis allée voir ce film. Ça faisait longtemps que je n'avait pas vu un navet pareil. Ça prouve que les journalistes spécialisés ne soutienne plus la qualité mais un reseau. Désormais je consulterai que les critiques du public, qui a aussi une éducation du regard qu'il ne faut pas sous estimer!

J'apprécie habituellement le style Verhoeven mais ça c'est une déception. Le résultat tombe à plat, un gros bide. On a l'impression qu'il a voulu rendre hommage au cinéma de genre français. On pense à Chabrol, Tavernier, ou même Gaspar Noé. Mais ce patchwork de thriller, de psychologie morale, de portraits de personnages, est indigeste, sans dynamisme, sonne faux ou déjà vu. On arrive péniblement au bout en se demandant à quoi sert ce film.

Pour ma part, j'ai vu un objet cinématographique non identifié oscillant entre le drame et la mauvaise comédie de boulevard sans jamais réussir à choisir (je n'ai rien contre le mélange des genres, mais mêler une histoire de viol avec de la grosse gaudriole, on pourrait peut être éviter), succession de situations aussi grotesques qu'invraisemblables qui m'ont fait alterner entre le ricanement nerveux (Dieu que c'est mauvais) et la nausée (Dieu que c'est malsain). Je ne vois rien à sauver dans ce naufrage, et surtout pas la morale de l'histoire qui présente le viol comme une distraction plaisante pour bourgeoise frustrée qui finit par y trouver son plaisir. Gerbant.

 

 

 

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