CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1941 

 

 

n°1941
 
" La fièvre de Petrov "

 

 

(2021)-(Fr,Ru)-(2h26)  -      Drame, Fantastique  

 

Réal. :     Kirill Serebrennikov   

 

 

Acteurs:  S.Serzin, C.Khamatova, Y.Peresild ...

 

Synopsis

 

 

Affaibli par une forte fièvre, Petrov est entraîné par son ami Igor dans une longue déambulation alcoolisée, à la lisière entre le rêve et la réalité. Progressivement, les souvenirs d’enfance de Petrov ressurgissent et se confondent avec le présent…

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Une oeuvre-monstre, un film-univers à la narration complexe et à la mise en scène totalement démente, dans la grande tradition du cinéma russe.

Entre cauchemar et décadence, la grande Russie de Poutine est une hallucination collective. Avec l'adaptation du roman subversif d'Alexeï Salnikov, le dissident Kirill Serebrennikov explose un patriotisme de propagande avec les armes d'un libre cinéma politique.

Il n’y a ici ni présent ni réalité fixes, mais un entrecroisement de temps et d’états où se mêlent la brutalité quotidienne et la science-fiction, le fait divers, et les réminiscences de l’enfance, le poétique et le trivial.

À la faveur d'une cuite homérique et d'une fièvre volcanique, c'est toute une vie, et un rapport complexe à l'histoire contemporaine de la Russie, qui éclatent devant nos yeux. Un film monstrueux, indigeste, trop grand, fou, et remuant, pour ne pas nous laisser à genoux. Quelque part entre le fantasme pelliculé et la chute de météorite.

La Fièvre de Petrov est une fresque hallucinée sur la Russie et ses vieux démons compilée dans une suite de scènes outrancières et de plan- séquences aussi épuisants que terrassants.

Petrov avait juste besoin de paracétamol. Il n’est pas impossible que le spectateur, ébloui par tant de virtuosité (ou d’autosatisfaction ?), en demande aussi, sans doute ivre de ce très impressionnant délire introspectif, vénéneux et opaque.

Face à cette mise en scène "fiévreuse" à la fois fascinante et assommante, le risque est grand de rester sur le pas de la porte sans jamais pouvoir entrer dans le récit.

On y retrouve toute la veine absurde d’un courant littéraire né dans la Russie post-soviétique des années 1990, incarné notamment par Victor Pelevine, mais le film se révèle trop radical et trop crypté pour maintenir l’attention du spectateur tout au long de ses 2 heures 17.

Un cauchemar d’hystérie et de fantaisie rance, de poses cool et maniérées, d’audaces en carton-pâte.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

Je ne connaissais pas Kirill Serebrennikov avant d'entendre parler de La Fièvre de Petrov au moment du Festival de Cannes cette année. J'ai découvert un artiste complet et cela se ressent dans le film. Je suis fascinée par ses plans séquences incroyables et la mise en scène en général ! Comme beaucoup je ne comprend pas qu'il n'ai pas eu de prix au festival de Cannes.

Super film ô combien russe ! Contrairement à ce que je pensais ce n’est pas difficile à suivre. Il y a Sergueï adulte qui a une grippe carabinée (le titre russe c’est Sergueï grippé) qui se retrouve dans des situations… russes et qui se remémore le Sergueï enfant qui lui-même avait été grippé au moment de Noël et qui avait rencontré la Fille des neiges dont on découvre les circonstances de sa vie au moment de cette fête de Noël . Après il y a d’autres personnages comme la femme de Sergueï qui mute quelque peu quand elle porte un manteau vert …Il y a aussi la vie russe…

Mais quel film ! On en sort avec un goût amer et désagréable mais, sous cette couche, se cache un bonbon rempli de cinéma et d'idées complètement irréalistes et magistrales. Son scénario illustre une lutte sociale et intra-familiale superbement écrit et qui dérange par son côté malade et alcoolisé. Après Leto, Serebrennikov confirme qu'il devient un immense réalisateur.

Totalement Punk !! Entre confusion des genres, des temporalités, du souvenir et de la réalité, de la vie et de la mort, Kirill Serebrennikov nous propose une oeuvre inracontable, psychédélique, qui demande à se laisser un peu emporter et à laisser la recherche de sens de côté, pour suivre Petrov dans ses tribulations enfiévrées. De la rêverie au cauchemar, les personnages semblent empêtrés dans un passé qui ne passe pas , et certaines scènes se rejouer à l'infini. Si l'on peut déplorer quelques longueurs, le film est techniquement totalement maîtrisé, et la bande originale de choix. A voir sans hésiter.

 

Étrange phénomène que ce film à la mise en scène exceptionnelle mais qui laisse passablement indifférent... C'est comme si la sophistication des plans écrasait complètement l'humanité des personnages. On assiste froidement à une débauche d'effets visuels sans jamais parvenir à toucher du doigt les protagonistes et leurs péripéties. Le film n'est pas aussi déconstruit que certains le prétendent. Il tourne autour de quatre personnages liés entre eux : mari et femme d'un couple divorcé, leur enfant, et une reine des neiges que le mari a croisé lors d'une kermesse de Noël quand il était enfant. Il n'est pas impossible que ce ne soit qu'en le voyant deux fois qu'on apprécie vraiment cet opus, mais il n'est pas aisé de se motiver pour retourner dans cet aquarium où on espère nager avec les poissons alors qu'on est contraint de simplement les regarder à travers la vitre.

La première projection de La fièvre de Petrov peut déboussoler, voire traumatiser, surtout si le spectateur n'est pas au zénith de sa forme physique (en festival, par exemple). Il est donc probable qu'une deuxième vision ne peut qu'être profitable à celui qui en aura le courage. Tout en restant persuadé que jamais le film n'atteindra les sommets d'émotion du merveilleux Leto qui peut lui être vu et revu ad libitum.

Toujours empêché de voyager hors des frontières russes mais "autorisé' à tourner, Kirill Serebrenikov, avec La fièvre de Petrov, risque de désorienter les amoureux du sublime Leto qui ignoreraient ses opus précédents. Cette journée d'un auteur de BD, atteint par une grippe carabinée, s'éloigne en effet assez vite du réalisme pour plonger dans des visions délirantes et extrêmes où alcool, sang, sexe et humour noir s'assemblent dans un cocktail détonant qui fait exploser tous les repères, près de 2h30 durant. A l'exception des scènes liées à l'enfance, avec sa charmante fille des neiges, le film se consomme trash et punk, dans un style qui rappelle, par ses pulsions radicales et peut-être son esprit de provocation, le Ken Russell de la grande époque, en plus sauvage encore. Il serait trop facile de dire qu'il s'agit d'un film que l'on adore ou que l'on déteste car il est aussi possible d'y prendre un plaisir inégal, parfois enchanté et parfois agacé par les mille et une pirouettes narratives de l'auteur.

La Fièvre. Oh, la fièvre on la sent. Dans le film de Kirill Serebrennikov, elle est à la fois un symptôme d'une décrépitude sociale mais également l'impulsion créative. Comme le suggère sa très belle affiche, le fin mot de l'histoire est à chercher dans un esprit agencé comme des poupées russes. Plusieurs niveaux de "réalité", autant de niveaux de lecture. Ce qui semblerait être un simple week-end dans la vie de son héros, Serebrennikov s'amuse à le pirater à coups d'intrusions impromptues : inventions, cauchemars, souvenirs, récits enchâssés, noir et blanc, animations,...La narration surprend autant dans ses virages que dans les genres qu'elle croise, puisqu'on y trouve du burlesque, du drame et de l'horreur.

S'il n'a pas l'envie d'un happy-end en bonne et due forme, on peut voir dans ce geste l'espoir d'un artiste qui en vécu assez pour s'employer à dresser un pont entre l'enfance et l'adulte. Il n'est pas impossible qu'en le franchissant, on soit un temps dans le brouillard. À priori, c'est un peu l'idée qui a motivé le cinéaste, quoique la durée joue parfois contre lui. Par contre, une fois que le lâcher-prise est dépassé, on a de bonnes chances de s'y retrouver à l'arrivée.

 

La caméra virevolte avec un brio qui peut-être bluffant, pour peu qu'on se laisse entraîner dans une sorte de toboggan dont le sens nous échappe, ou n'est perceptible qu'avec un temps de retard. Au final, je n'ai pas vraiment compris quel était le propos du film : trop de bruits, trop de dialogues, trop d'histoires, trop ... de tout. Le dernier plan du film résume assez bien ce que j'en pense : absolument brillant, ce plan montre un personnage qui quitte son cercueil, sans que je comprenne ce que cela veut dire, ni comment je peux le raccrocher à tout ce que j'ai vu avant.

Beaucoup de bruit pour pas grand-chose, beaucoup de gesticulations pour peu de sens. N'est pas Tarkovski qui veut. On ne peut lui dénier un talent de réalisateur, mais il serait bon de travailler le scénario et la cohérence d'un film ou alors se cantonner à des court-métrages ou vidéo clips.

 

 

 

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