CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1881 

 

 

n°1881
 
" L'ange exterminateur "

 

 

(1962)-(Esp)-(1h35)  -      Drame fantastique  

 

Réal. :     Luis  Bunuel   

 

 

Acteurs:  S.Pinal, T.Junco, E.Rambal ...

 

Synopsis

 

 

Edmundo et Lucia de Nobile, un couple bourgeois de Mexico, donnent une réception après l'opéra dans leur luxueuse demeure. Quelques faits bizarres se produisent alors : des domestiques partent sans expliquer leur comportement, les invités connaissent une impression de déjà vu, Ana retire de son sac deux pattes de poulet alors que Blanca joue au piano une sonate de Paradisi.
Au moment de partir, une étrange réaction interdit aux invités de quitter les lieux. Ces derniers finissent par dormir sur place. Mais le lendemain matin, ils constatent qu'il est toujours impossible de sortir du salon.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première      France Soir     Zurban    Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

(sortie DVD 2006)

Mais au milieu des gags, des énigmes, des images insolites et des situations incongrues, le regard de Bunuel est là, laser impitoyable qui met en évidence la médiocrité des comportements humains.

Acerbe répétition générale du Charme discret de la bourgeoisie, somptueusement photographiée par Gabriel Figueroa, avec un inoubliable épilogue.

Oui, "L'Ange Exterminateur" est un grand Bunuel, donc un très grand film

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Un des chefs-d'oeuvre de Bunuel. C'est à la fois un formidable film fantastique, avec un mystère qui reste inélucidé (de grands bourgeois mexicains restent prisonniers d'une pièce à l'issue d'un dîner), une satire religieuse, comme Bunuel en fit beaucoup, et un pamphlet politique dénonçant indirectement la complicité (au pire) ou l'inertie (au mieux) de la bourgeoisie espagnole dans l'Espagne de Franco qui venait de condamner pour blasphème Tristana du même Bunuel. Génial.

"L'ange exterminateur" ne pourrait être qu'un film à pitch dans la mesure où l'impossibilité pour ces bourgeois de sortir de la maison de leur hôte n'est pas expliquée. Ils se demandent pourquoi ils ne peuvent aller au-delà du salon mais ne tentent jamais de le faire : c'est peu dire que Buñuel fait preuve d'un sens aigu de la tragédie en observant ses personnages inexplicablement coincés dans la même pièce, progressivement gagnés par la folie et la haine. Mais le film n'est pas qu'une succession de reproches, il marque surtout l'évolution de l'élégance à la sauvagerie et insiste sur la détestation de ce changement : la critique de la bourgeoisie est cinglante et, à ce titre, on a vite compris qui était l'ange qui planait au-dessus de ce petit monde. Si l'ensemble est d'une violence morale forte, il est aussi traversé par des dialogues imprégnés d'un comique absurde et par des images abstraites totalement folles,

Luis Buñuel et la bourgeoisie, une union pour le meilleur, enfin surtout pour Buñuel et les spectateurs, et le pire, pour les bourgeois uniquement heureusement. Partant d'un argument totalement surréaliste et qui fait tout le charme de l'oeuvre, le cinéaste développe avec une logique imperturbable et une acuité redoutable une véritable satire bien vacharde où il se plaît à montrer les bourgeois tels qu'ils sont, se dégageant peu à peu de leur vernis de "respectabilité". Ils s'humilient tellement qu'on aurait presque pitié d'eux (je dis bien presque!!!). Traduction : ce film est extrêmement jouissif de la première jusqu'à la dernière seconde. Et en plus, la cerise sur le gâteau est pour la fin, réjouissante comme cela devrait pas être permis. Loin d'avoir tout vu pourtant de ce cinéaste, il est certainement incontestable qu'on a affaire à un des sommets du réalisateur. Incontournable.

Voici l'un des tous meilleurs films de Luis Bunuel, une fable apocalyptique fascinante doublée d'un sens de l'humour dévastateur. L'Ange Exterminateur succède à Viridiana et s'inscrit d'une certaine manière dans sa continuité. La petitesse de la bourgeoisie et l'Eglise sont une nouvelle fois sur la sellette ( cela dit, le film s'avère davantage surréaliste que la Palme d'Or 1961 )., L'Ange Exterminateur est un film en dehors du temps, dont on remarque la durée tout en s'en délectant. Un chef d'oeuvre. 

Bunuel reprend sa dissection de cette bourgeoisie qu'il déteste tant, cette fois-ci en la placant dans un huit-clos particulièrement étouffant, mais qu'elle est pourtant la seule à s'imposer. Mais au-delà de l'aspect symbolique et métaphorique de l'oeuvre sur lequel il serait très long de revenir, c'est la manière dont Bunuel a représenté ses personnages qui fascinent. Tout le monde y tient ainsi son rôle à merveille, sans jamais tomber dans la caricature ou dans le stéréotype. De plus, Le réalisateur sait également montrer une grande retenue dans sa mise en scène, et c'est également là une des grandes forces de l'oeuvre. En effet, si les affrontements physiques ne sont jamais loin, Bunuel sait remarquablement les suggérer, ce qui les rend en définitive d'autant plus forts. Et que dire de cette fin délectable et particulièrement subversive... Bref, et cela même si l'oeuvre est légèrement inégale dans son rythme, "L'Ange exterminateur" n'en demeure pas moins tout à fait essentiel. Un must.

 

 "Je me suis toujours senti attiré, dans la vie comme dans mes films, par les choses qui se répètent sans savoir pourquoi". Bien d'autres symboles propres à l'imaginaire torturé de Buñuel parcourent ce film très étrange et déroutant qui ne livre pas toutes ses clefs. Toutefois une lecture purement marxiste du film assez attrayante peut laisser penser que la bourgeoisie par son comportement discriminant et incestueux se condamne de manière consubstantielle à subir les foudres des poussées révolutionnaires qu'elle génère.

Indéniablement un bon film qui dénonce, entre autres choses, l'esprit grégaire et l'hypocrisie de la haute bourgeoisie à travers un conte fantastique plaisant à suivre. Le film est rempli des petits détails étranges dans presque chaque plan. Mais je trouve la démonstration un peu trop facile et explicative pour être vraiment passionnante.

 

Il faut peut-être prendre un peu de recul et analyser froidement ce film. Aucune des louanges qu'on lui attribue généralement n'est justifiée : du point de vue formel, il y a des répétitions inexplicables, des entrées et sorties de champs à la paresseuse et un éclairage médiocre. Du point de vue de la progression dramatique, Buñuel tombe dans le piège des films chorals, à part deux ou trois personnages bien typés, on fait vite dans la confusion, l'impossibilité de sortir de la pièce est particulièrement mal expliquée, c'est répétitif en diable et ça tourne en rond, l'explication de sortie de crise est tordue (d'ailleurs pourquoi ce besoin subit d'expliquer ?) Enfin le fond est lourd, si la bourgeoisie est éventuellement condamnable en tant que classe, ses tics et comportements sont peut-être ridicules et artificiels mais ni plus ni moins que ceux des classes moyennes ou défavorisées. Quant à l'humour surréaliste dont ferait preuve le film, je le cherche encore ! Un an après le sublime Viridianna, la deception est de taille !

Si le point de départ est comme je l'ai souligné plus haut excellent, la suite laisse à désirer. Pour une fois, la caméra de Bunuel n'est guère inspirée, restant en retrait, comme compressée dans un huis clos dont elle ne parvient à faire ressortir aucune tension. Les plans sont tout à fait carrés et sans inventivité, le montage est on ne peut plus académique, le travail sur la lumière convenu ; et ce rythme, ronfffllle... Heureusement que je ne l'ai pas démarré tard le soir, sinon je crois que je n'y aurais pas survécu ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on s'ennuie certes poliment mais de manière tout à fait ferme. Ca me rappelle ces nouvelles fantastiques de Maupassant, où l'auteur était visiblement emballé par ce qu'il entreprenait bien qu'il ne fut à aucun moment capable d'imprimer un quelconque suspense, et ce malgré un beau maniement de la langue : ou comment se détruire en faisant quelque chose d'inhabituel sans tenter vraiment d'adapter son style au contexte... Lé dénouement est soigné et la technique évidemment correcte ; n'empêche, une heure trente quand on a rien à dire, ça fait long pour le spectateur.

La camera se déplace bien, elle a une lourdeur qui finit par géner et comme les personnages montrés ne sont guère intéressants,l'ennui vient vite. Que Bunuel fasse n'importe quoi,il en a le droit ,mais je crains que ce film n'intéresse plus beaucoup de monde. Il est terriblement subversif et surtout d'une façon particulièrement gratuite qui n'aboutit à rien. Les allusions à la religion sont lourds:vierge,agneaux pascals,ange,apocalypse...Tout cela est bien convenu. Dans ''Nazarin ''on ressortait du film en ayant compris un certain nombre de choses;entre autres pourquoi Bunuel avait un problème avec la morale catholique. Ici rien de tout cela et seuls ceux qui aiment ce genre de cinéma y trouveront leur compte.

Très décevant ce Buñuel ! Une charge contre la bourgeoisie ? Si c'est cela (car ce n'est même pas sûr), je l'ai trouvé bien caricaturale ! Du burlesque, de l'humour ? Où ça, ou ça ? Moi je n'en ai point vu ! Et puis pendant tout le film je me suis posé une question fondamentale à laquelle je n'ai pa eu de réponse : Où et quand ces messieurs dames font-ils pipi ?

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA