CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1830 

 

 

n°1830
 
" Makala "

 

 

(2017)-(Fr)-(1h36)  -      Drame, Documentaire  

 

Réal. :     Emmanuel  Gras   

 

 

Acteurs:  K. Kasongo, L.Kasongo...

 

Synopsis

 

 

Au Congo, un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.

 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

 Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première     Bande à part      Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

 

Par ces allers-retours entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, Makala embrasse presque d’un trait de plume, la filiation d’un esclave moderne du capitalisme mondialisé aux héros de nos mythes les plus universels.

Toujours dans l’action, sans commentaire superflu, juste quelques dialogues épars. Bouleversant.

On a presque la sensation de participer, de transpirer et de s'essouffler avec le personnage. Si la grandeur du cinéma réside dans sa puissance d'incarnation, de dévoilement, de renouvellement du regard, alors on sait que "Makala" est grand dès ses premières minutes.

Emmanuel Gras fait plus que de documenter une réalité extérieure (...). Puisqu’il est un vrai cinéaste, il sublime cette réalité en révélant sa part d’étrangeté, de grandeur ou même de beauté, et il élève son personnage à hauteur de mythe en faisant résonner la condition humaine en ce seul être, sorte de Sisyphe incarné en un miséreux prolétaire africain.

En un documentaire puissant où la trajectoire obstinée de ce villageois relève du mythologique, Emmanuel Gras prouve que la force d’un récit tient en la façon de regarder, non seulement les êtres mais également ce qui les entoure et ce qu’ils font, aussi modestes soient leurs gestes, car c’est alors un monde intérieur qui s’ouvre. Grand film.

Emmanuel Gras réussit un film qui confine à l'expérience immersive. Une oeuvre à la fois sublime et déconcertante.

Entre thriller social et chronique métaphysique, "Makala" brûle de l’essence noire de son titre. Il en a l’éclat ténébreux et la dureté, qui est aussi celle de la vie de Kabwita, héros d’un voyage harassant

Makala se construit en « bel objet » cinématographique sur le dos de son sujet, offrant une photographie coquette et dépolitisée de la misère du monde.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

La critique sévère de « Makala » parue dans Les Cahiers du Cinéma accuse un peu vite le cinéaste d’avoir opté pour un parti-pris esthétisant qui néglige totalement l’aspect politique d’un récit se fondant sur ce qu’on appelle aujourd’hui la « pénibilité » du travail. Dans une interview, Emmanuel Gras, le réalisateur répond indirectement à ces reproches en expliquant que, sans aucunement ignorer la dimension politique de ce qu’il montre, il a préféré se focaliser sur l’accomplissement du travail effectué plutôt que sur les souffrances qu’il génère. Ce choix, à mon avis, n’a rien de choquant. Quant à prétendre que le cinéaste se complaît tellement dans la beauté des images que sa « posture éthique en devient intenable », c’est une accusation qui me semble injustifiée. La caméra, bien au contraire, demeure presque constamment à hauteur de son personnage et le film reste, d’un bout à l’autre, fortement marqué par son ambition quasi documentaire.

Une histoire simple et passionnante: transporter une centaine de kilos, sans doute, en poussant un vélo sur 50 km pour vendre des sacs d charbon de bois à la capitale du Katanga Kolwezi. Un vrai thriller depuis l'arbre que le héros, au sens propre, abat jusqu'a l'arrivée à Kolwezi et…vous verrez bien. Ce n'est pas un film de pleureur sur lAfrique mais simplement un mise en image de la pauvreté et de la volonté humaine. On pourrait lui reprocher de ne pas prends parti mais c'est à chacune de faire son chemin pour saisir la réalité au delà des images, lesquelles sont fabuleuses par leur beauté. Le son et la musique sont au niveau de ce que l'on pourrait appeler la finesse de l'intrigue sur le chemin. Regard tendre, sans parti pris de dénonciation mais qui nous en apprend plus sur l'Afrique que tous les documentaires misérabilistes, et sur l'âme humaine au delà de toutes les races et les conditions sociales.

Très beau film. L'état d'un travail, l'état d'un rêve pour une famille africaine du Congo. Peu de mots, une vie éprouvante, et il faut tenir. On est avec cet homme qui peine pour nourrir sa famille et agrandir la maison... caméra pleine de tendresse, on peine avec lui... Beaucoup d'amour entre l'homme et la femme... Beaucoup de difficultés, le projet n'était pas très bon, les prix mal calculés... C'est leur vie... Bravo au cinéaste et aux acteurs.

Emmanuel Gras nous révèle, par le placement de sa caméra au plus près de son personnage, la vie ou plutôt la survie d'une famille en RDC mais aussi la violence d'une société dénuée de protection, dans laquelle chacun ne peut compter que sur sa propre force et celle de sa famille. De l'abattage de l'arbre à la vente du charbon de bois, qui en est issu, à la ville située à 50 km, sans autre moyen de transport qu'un vélo, le cinéaste nous emmène sur les chemins de brousse déserts et les routes parcourues à toute vitesse de camions fous jusqu'à la ville où d'autres négoces se jouent. La scène de prière évangélique vient compléter ce tableau d'une humanité qui nous parait ancestrale et est pourtant bien celle du temps actuel à 8h de vol de Paris.

Film très abouti, qui n'est pas pour moi, un documentaire, car il accompagne des personnages attachants et propose une histoire scénarisée relativement éloignée d'un documentaire réaliste .....les images et la musique sont très belles, il y a une atmosphère qu'on ne trouve qu'en Afrique, pauvreté, nonchalance, convivialité ou partage, l'harmonie règne tout au fil des images , et l'on, s'imprègne d'émotions riches et conviviales.....Bref un film à ne pas rater, surtout qu'il risque de disparaître vite des écrans..

 

J'avoue que ce film me laisse un sentiment assez partagé, ayant l'impression d'être passé à côté du sujet et de son émotion, faut-il peut être ne pas se sentir fatigué en le voyant. Car, le terrible périple du vendeur de charbon qui transporte sa marchandise pesant sur son vélo brinquebalant, nous fatigue autant qu'il épuise le courageux père de famille. Pourtant, cette partie du film est superbe, la qualité de la photographie et de la gestion des différentes lumières du jour et de la nuit rendent ce calvaire assez fort. On pense à quelques films du néoréalisme italien, de Fédérico Fellini ou des raisins de la colère de John Ford. La souffrance est communicative. Dommage que certaines scènes (la longue prière à la fin) plombent un peu le film. Le film dénote une certaine sensorialité. Dès le début, lors du long plan séquence du coupage de l'arbre, nous avons l'impression que la fumée va se faire sentir dans la salle et que le vent violent de la savane va nous décoiffer. Curieuses sensations. Le problème de Makala vient, je crois de la confrontation entre le documentaire et la fiction et d'un certain ennui de temps à autre. Un film à revoir pour une nouvelle appréciation.

On se pose des tas de questions en regardant Makala. Déjà, sur son essence de documentaire puisque, visiblement, tout était scénarisé et a été joué ou rejoué. Mais on en accepte le principe parce que tout sonne vrai et réaliste. Kabwita abat un arbre, en fait du charbon de bois, charge un vélo d'un nombre incalculable de sacs du précieux matériaux et chemine pendant 50 kilomètres, frôlé par les camions sur une route de latérite, avant de vendre son charbon aux habitants de la ville. Le réalisateur, Emmanuel Gras, n'a pas voulu de voix off ou de commentaires. Le montage dynamise un sujet et une mise en scène plutôt austères et contemplatifs malgré la beauté de certaines images. De la pudeur, oui, sur la condition de ce Sisyphe moderne mais aussi une certaine vision de l'Afrique, comme abonnée à la pauvreté et à l'exploitation. Il y aurait beaucoup de choses à dire d'autre sur le continent noir et on aimerait que ce soient justement des réalisateurs africains qui puissent l'exprimer. C'est une autre histoire ? Peut-être, mais aussi celle-là qui vient à l'esprit en regardant Kabwita s'échiner à pousser son vélo chargé de sacs de charbon, comme un mineur de fond derrière son wagonnet.

 

Film extrêmement gênant, (pas dérangeant, gênant) par sa facilite a « poetiser » la souffrance d un homme, sans compassion, sans l aider une seule fois. Mais de manière moderne attention (filmage de dos, duree de plan repetitive comme il faut pour faire serieux, pour faire acte artistique), On lui détruit son velo: tant mieux ca fait un événement, la caméra était pile au bon endroit comme par hasard... c’est « payant » pour dramatiser sur le dos de la personne. On fait son beurre sur la détresse des gens. Le gars trime pour gagner quelques milliers de francs cfa (autant dire rien) pour parcourir 50 km a pied chargé comme une mule / generique du film blindé de thunes = le monsieur filmé dont on donnera a peine à entendre son prénom, en aura-t-il vu un peu la couleur?. En bref, assez abject, tant dans le filmage insistant que dans le violoncelle vibrotant d’émotion plaquée (partition pauvre et ringarde). 

Je suis consternée qu'au 21ème siècle, on aie encore ce regard misérabiliste, condescendant et plein de "compassion", empli d'une charité "chrétienne" envers l'Afrique et ses habitants. Je suis consternée, mais pas étonnée, que Cannes récompense ce genre de films, parce que nous, ici,, en Europe, en Occident, ça nous arrange bien de porter et soutenir ce regard, ces images telles que nous les renvoie Emmanuel Gras. Il suit " à distance", les souffrances et le labeur d'un jeune charbonnier qui sur 50km peine à transporter ses kilos de charbon sur un vélo, presque une ferraille, pour les vendre en ville.Emmanuel Gras a fait un choix, que son film "fasse vrai", et donc sans interroger, sans regarder, sauf à une distance dérangeante, sans contextualiser et questionner les raisons de cette misère, il filme mais surtout met en scène. Son esthétisme, l'image léchée, le temps qu'il prend à filmer la souffrance, la poussière etc.... est presque répugnante. Surtout quand l'on voit sur quelle scène il choisit d'arrêter le film. L'église, le recours à dieu. Je ne supporte plus cette bonne conscience, qui d'ailleurs n'interroge pas l'existence de la présence de l'évangélisme de sa prégnance, mais aussi de la réappropriation qu'en font ici les Congolais. Fuyez Makala.
S

 

 

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