CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  179 

 

 

 

n°179
 
" Le Moine "

 

 

(2011 )-(Fr,Es)-( 1h41 )  -    Thriller, Historique  

 

Réal. :     Dominik Moll 

 

Acteurs  :  V.Cassel, D.François, J.Japy  ... 

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Les moyens mobilisés par le film produisent, à l'instar de la complexité de la narration, un effet d'hypnose au ralenti qui vient de l'expressionnisme de Fritz Lang ou du meilleur Roman Polanski.

Dominik Moll a évacué les outrances blasphématoires du roman au profit d'un conte au classicisme rigoureux, qu'il parsème d'inventions visuelles. Interprété par un Vincent Cassel intensément sobre - si l'on ose dire -, le héros n'est plus un fantoche lubrique, mais une victime dont le sort semble joué d'avance.

Avec un Vincent Cassel convaincant et toujours au sommet de son jeu, "Le Moine" reste avant tout une oeuvre d'atmosphère et Moll maîtrise son art de filmer le glauque, le malsain et le malaise en se réappropriant les codes inhérents au genre, ce qu'il avait brillamment mis en oeuvre dans "Harry, un ami qui vous veut du bien".

Vincent Cassel étonne avec son jeu intériorisé et minimaliste. Dommage que le scénario soit édulcoré.

De cette fièvre gothique, Dominik Moll s'empare avec les honneurs, faisant entrer dans la palette de son film tout le nuancier esthético-historique qui lui est attaché. Certains souvenirs cinématographiques, dont le baroque flamboyant des "Diables" de l'Anglais Ken Russell, remettent toutefois cette prolifique imagerie à une place plus modeste. "Le Moine" apparaît alors comme une synthèse qui, faute de transcender le genre et de prouver sa nécessité contemporaine, tient un peu de l'exercice de style.

On aime le scénario fidèle à la perversion du récit d'origine, les dialogues ciselés, l'ambiance envoûtante due à la photographie qui joue sur les contrastes (paysages solaires de l'Espagne, vie nocturne dans le monastère) et la suggestion du surnaturel.

Bien que le matériau dramatique soit extrêmement riche, relatant une crise de la foi du moine Ambrosio confronté à la puissance de l'érotisme et à l'érotisme et à l'imaginaire surnaturel, la mise en scène peine à trouver une forme qui incarne les forces invisibles.

Vincent Cassel en fait des chapelets.

Dominik Moll et sa scénariste, Anne-Louise Trividic, vident systématiquement leur intrigue du suc des péripéties qui s'annoncent. Le récit cahote, les enjeux dramatiques fondent sous le soleil ibère, les destins des personnages se croisent maladroitement. Surtout, Dominik Moll s'empêche visiblement de jouer la carte du fantastique et du baroque.

Dominik Moll, lui, opte pour une ambiance thriller, en appuyant les effets sonores et visuels. Pourtant, quelque chose ne fonctionne pas dans le projet, qui reste soit trop désincarné, soit trop théorique.

Le cinéaste consacre son film à cette histoire de perdition sexuelle. Pour les distraits et les mal-comprenants, il multiplie même les plans de gargouilles ostensiblement phalliques, dressées sur les murs d'églises comme d'impudents défis à Dieu. La fable qui en découle est lourde, solennelle, empesée.

"Le Moine" ressemble fortement à un "Nom de la rose" du pauvre : mise en scène plan-plan, interprétation balourde, effets spéciaux kitschs et ringards, intrigue grotesque et cousue de fil blanc.

D'un côté, Vincent Cassel, en saint puceau tenté puis dévoyé par le diable, est à peu près aussi convaincant dans le rôle d'un moine que le serait Scarlett Johansson dans le rôle de Mère Teresa. De l'autre, Sergi López, dont on devine immédiatement, à son regard tordu, qu'il est Satan. Tout cela est trop sage, trop scolaire, trop référentiel (à Hitchcock, au cinéma bis italo-hispanique, on imagine), jamais habité, hanté. Quel gâchis !

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

"Le moine" se révèle être un film puissant et de plus très intéressant... Vincent Cassel incarne son rôle avec beaucoup de force et de sobriété ! Les décors et l'ambiance générale valent à eux seuls le détour ! Un film historique à l'esthétique soignée, doublé d'une histoire passionnante... La comparaison avec "Le nom de la rose" est tentante mais tourne court tant ces deux films sont différents ! Les crimes commis dans le contexte de l'inquisition sont la base même du premier alors que la personnalité et le destin du frère Ambrosio font tout l'intérêt du deuxième ! Bravo !

"Le moine" est un film difficile d'accès, une réflexion sur la spiritualité et les oppositions qui animent ceux qui ont la foi! Prestation inattendue et finalement réussie pour Vincent Cassel, contraint de mettre en sourdine sa rapiditè de parole! La réalisation est maîtrisée, à la limite du surréalisme, et l'atmosphère gothique à souhait! Bien sûr le film n'est pas exempt de faiblesses (le scénario est parfois convenu, la belle Deborah François est sous-exploitée) mais dans son ensemble, le trouble l'emporte sur plusieurs interprétations possibles! Ce qui n’est pas un mal en soi! 

 

Cassel est bon, et Moll est toujours aussi fin ("Harry, un ami qui vous veut du bien"). Et il y a une trame qui est très bien racontée jusqu'au bout. Mais DIEU que c'est LENT ! On prie tout le long pour que cela accélère un tantinet, même si tout est bon. Mais Cassel et Moll n'ont pas de culot. Il faut oser.

 

Film très lent sans action sans surprise, le jeu des acteurs est assez plat. Thème du bien et du mal, un moine se voit emmené dans les chemins du péché. Je me suis ennuyé.

L’archétype même des décors, l'ambiance nous repoussent dès le début du film, même s'ils sont bien choisis. Vincent Cassel est convaincant en moine mais le scénario, plein de maladresse dénigre le récit et enlève toute crédibilité pour en venir à la perdition sexuelle.

 Je ne sais pas ce qui est le plus "drôle" : ce film ou le fait que Libé le compare à du Fritz Lang et du Polanski ... ! Ça ressemble au contraire à un clip enigma des années 90. Il ne se passe rien, mais rien... à part quelques longueurs jamais inspirées, jamais vécues. C'est fade et concon. Palme à Sergi Lopez dans la scène finale où on atteint le sommet du ridicule !

Le passage du héros du "côté obscur de la Force" s'avère aussi brutal que ridicule. Sa fuite en avant ne l'est pas moins. La partie finale relève presque du burlesque tellement elle jure avec le reste. Au-delà de ces défauts, c'est surtout l'ennui que suscite le film qui s'avère rédhibitoire.

Les effets spéciaux fantomatiques sont risibles (draps blancs, lampe torche dans le dos) et le tout est soutenu tant bien que mal par un Cassel parfois juste parfois poilant (écoutez la façon dont il dit "oui, le malin est puissant" j'en ris encore). L'intégrisme chrétien sévit au cinéma en réponse à la montée de l'intégrisme d'autres religions comme une barrière de cierges. Ça donne envie de revoir le Nom de la Rose tout ça...

Cette adaptation dramatiquement scolaire et sans inspiration du roman gothique de Lewis n'a même pas le charme d'une série Z. Beaucoup trop sage pour en faire un vrai geste cinématographique, beaucoup trop cliché dans son discours pour lui donner une profondeur. On est très très loin de l'humanité de "Léon Morin prêtre" de Melville. Des personnages sans âme (le comble !), une mise en scène poussiéreuse et sans ampleur.

 

 

 

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