CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1738 

 

 

n°1738
 
" Les deux cavaliers "

 

 

(1961)-(Am)-(1h49)  -      Western dramatique   

 

Réal. :     John  Ford   

 

 

Acteurs:  J.Stewart, R.Widmark, S.Jones ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Etonnant film de John Ford, foisonnant et un peu fourre-tout (reprend le même questionnement que celui de La prisonnière du désert, sur l'enlèvement de blancs par les Indiens) ; on navigue constamment entre drame et légereté. Le film est tout de même incroyablement cynique et noir pour un Ford, avec un rôle d'homme parfaitement immoral et cupide pour James Stewart, habituellement symbole de l'homme juste. On retrouve la subtilité dans le propos social, habituel chez Ford : le film présente différentes mentalités, entre le progessiste et le conservateur, entre l'homme de terrain et celui qui s'est embourgeoisé. Face aux Indiens, le propos oscille entre condamnation de leur violence et tolérance. Néanmoins, le film n'est pas parfait pour autant, même s'il est quand même bon.

 Ces Deux Cavaliers surprennent au final par ce mélange paradoxal mais heureux de légèreté et de gravité, d'humour et de sens tragique. Très bien écrit (en matière de dialogues comme en matière de construction dramatique, avec la reprise à la fin d'éléments scénaristiques du début), le film témoigne d'une science du divertissement et d'une conscience politique propres à Ford, dans un registre pas si classique que ça, celui du western social, sans action spectaculaire ni rythme trépident (l'affiche française est trompeuse), sans grands espaces non plus. Western aux ciels plombés et aux ambiances nocturnes. Western plutôt intimiste, toujours intelligent, percutant, savoureux. Western que l'on peut préférer, dans la filmo de Ford, à certains de ses grands classiques, plus monolithiques, plus lourds (Les Cheyennes, par exemple).

Superbe western. Peut-etre le seul western tragique. Il n'y a ici ni bons, ni méchants: " La tragédie, c'est quand les deux parties ont raison ensemble" Hegel. Chacun est victime de son destin et les solutions sont toujours ambiguës. Le shérif, réaliste et mème cynique est pourtant le seul a dépasser la bienpensance américaine face à des militaires idéalistes et enfermés dans leurs préjugés. Et puis il y a la scène extraordinaire du jeune "Comanche" qui, avant d'étre lynché, retrouve la boite à musique de son enfance.Lui , qui est devenu plus commanche que les Comanches, retrouve pour quelques instants avant sa mort la mémoire de son enfance. Qui meurt? l'enfant volé à sa famille ou le Comanche fanatique et cruel?

 

 Le casting est pour moi, le gros point fort du film, car que ce soit James Stewart dans le rôle du cynique shérif Guthrie McCabe, mais aussi Richard Widmark dans celui du lieutenant Jim Gary - un homme qui est vraiment respectueux envers les êtres humains -, ces deux acteurs s'en sortent à merveille et arrivent avec leurs talents légendaires à nous sortir une interprétation tout en finesse et pleine d'émotions. Ils sont accompagnés de quelques second rôles bien intéressant, notamment celui de Woody Strode dans le rôle d'un guerrier Comanche pour le moins impressionnant, et aussi de la charmante Linda Cristal dans le rôle d'Elena, une jeune aristocrate espagnol qui faisait partie des personnes que les indiens avait capturés ds années plus tôt. Précisons également la présence d'une partition musicale sympathique de George Duning ( a qui l'on doit la belle musique de " l'homme de la plaine " des années plus tôt ) et de maquillages assez réaliste et qui ont été supervisé par Ben Lane. J'ai donc pris, une fois de plus, un certain plaisir à suivre ce western, même si étonnement le metteur en scène racontera plus tard qu'il s'agissait du pire film qu'il aurait réalisé.

Les Deux Cavaliers est un western de facture classique avec ses beaux paysages, ses chevaux et ses indiens, mais on a du mal à rentrer dans l'action, ça manque de profondeur. Il faut aussi noter que le film n'aurait pas eu de cachet sans la présence des deux héros du genre, Stewart (dans un rôle inhabituel) et Widmark en militaire discipliné, qui noue une amitié avec le shérif Guthrie McCabe. Rien de bien surprenant, Ford dira même que ce film est "la pire merde que j'ai tourné en vingt ans", moi j'irais pas jusque là même si c'est loin d'être le meilleur de Ford mais ce film se regarde gentiment, surtout qu'il aborde pas mal de sujets et qu'on peut aisément passer de l'humour au plus sérieux.

Un John Ford méconnu mais pas des plus réjouissants avec une vision certes autocritique de l'Amérique puritaine face à la communauté indienne (les commanches en l'occurrence), mais limite trop naïve. On a du mal à se passionner pour les deux personnages entre cynisme du premier sonnant creux (Stewart), et le faible charisme du second jouant presque un rôle de timide (Widmarck). La morale est sauve et les américains prennent une leçon de comportement... pas exceptionnel mais pour l'époque, une critique aussi infime soit-elle de l'Amérique puritaine (face aux indiens!) était un exploit.

Beaucoup d'humour "old school" dans ce western de John Ford. Et à l'opposé, presque aucun coup de feu. A regarder pour les acteurs à l'interprétation là aussi très "old school", et pour les quelques idées du scénario dans la dernière partie. Agréable, mais rien d'impérissable non plus...

 

Un grand réalisateur, de grands acteurs (mais je ne trouve pas toujours James Stewart crédible dans la peau d'un cow-boy), un sujet intéressant donc un bon film. Pourtant ce n'est pas le cas, Les Deux Cavaliers ne décolle jamais, l'histoire s'enlise ; aucun souffle épique n'émane de la mise en scène de John Ford qui s'avère même bien molle. Même les grands ne peuvent pas toujours créer des chefs-d'oeuvre.

Comment de jeunes blancs enlevés par des Indiens finissent-ils par devenir Indien à leur tour et ne peuvent revenir à la civilisation américaine ? Un sujet d'une force inouïe... Mais un film raté, hélas. Avec ces "Deux cavaliers", Ford ne parvient jamais à prendre la pleine mesure de son sujet et réalise au final un film, somme toute, assez lourd, dominé par l'interprétation de Richard Widmark. Même le grand James Stewart ne semble guère concerné par une réalisation qui souffre d'un excès d'académisme et qui pèche cruellement d'inventivité. Que dire du scénario, aussi poussif qu'ennuyeux. Dommage... Le sujet en valait pourtant la peine.

Un western particulièrement décevant : certes le sujet est intéressant (le déracinement, le choc des cultures), quelques scènes sont émouvantes (la détresse des parents, "la boite à musique"), mais le tout suscite l'ennui. L'interprétation de James Stewart en aventurier cynique et de Richard Widmark en militaire zélé, transparente et sans conviction chez l'un comme chez l'autre, n'arrange pas les choses.

Sans etre trop mechant, j'ai hésité entre une et deux etoiles. J'opte pour les deux, mais seulement pour l'interprétation de Richard Widmarck et la scène de la boite à musique. Autrement, rien d'autre à sauver de ce western bien decevant pourtant réaliser par John Ford. Le film n'a aucun rythme, on ne s'interesse pas du tout au sort des personnages, et l'humour trop présent achève de rendre assez ridicule ce film.

Si vous n'avez vraiment rien d'autre à faire que de voir Widmark et Stewart discuter le bout de gras assis sur un tronc d'arbre en plan fixe pendant dix minutes, courez-y, sinon faites comme moi : fuyez ! (sur un cheval de préférence)

 

 

 

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