CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1706 

 

 

n°1706
 
" Au-dessous du volcan "

 

 

(1984)-(Am)(1h52)  -      Drame   

 

Réal. :     John Huston   

 

 

Acteurs:  A.Finney, J.Bisset, A.Andrews. ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

John Huston est un formidable adaptateur de grandes oeuvres littéraires à l'écran. J'ai lu le roman il y a déjà pas mal d'années. On peut dire schématiquement qu'il joue sur trois registres : l'intime, un couple qui se défait sans rémission, l'Histoire, la montée des fascisme et la proximité de la guerre, et puis toute une construction du récit et un symbolisme ésotériques sous jacent. On pourrait dire que l'alcoolisme lie le les premier et dernier aspects. Le film parvient à restituer formidablement les deux premiers, et, plus extraordinaire, parvient aussi à restituer quelque chose du dernier. Je ne crois pas que les plus érudits Lowriens trouveraient à mépriser l'"Au dessous du volcan" de J. Huston.

Un grand film crépusculaire, porté par un hallucinant Albert Finney. Malgré des longueurs, Huston parvient à restituer l'incroyable humanité d'un personnage qui porte sur ses épaules un condensé absolu de l'angoisse existentielle. Un film qui regarde la mort dans les yeux, sans rémission.

Ce film prend directement au coeur... Incommunicabilité, enfermement, désespoir, vacuité... Les images sont magnifiques, le Mexique sublimé ! Même si, dans la seconde partie du film, l'éthylisme d'Albert Finney devient un peu lourd et la fin trop tragico-romanesque...

L'action d'"Au-dessous du volcan" respecte l'unité de temps et de lieu. Elle se déroule le 2 novembre 1938, le Jour des morts, à Cuernavaca au Mexique. Elle a pour héros un consul britannique dont l'alcoolisme pathologique a causé la perte de sa charge. Geoffrey Firmin (Albert Finney) a sombré dans la boisson parce que sa femme Yvonne (Jacqueline Bisset) l'a quitté, parce qu'aussi il a vécu durant la Première guerre mondiale un traumatisme jamais cicatrisé. J'avais lu le roman de Malcom Lowry. Je ne l'avais pas aimé. J'avais vu il y a dix ans l'adaptation qu'en avait faite Guy Cassiers au Théâtre de la ville. Je ne l'avais pas aimé non plus. Logiquement, je n'aurais pas dû aimer le film de John Huston - que je suis pourtant allé voir, mû par je ne sais quel masochisme teinté d'encyclopédisme. Divine surprise ! je l'ai aimé !

John Huston a-t-il un jour été sur le déclin ? Difficile à croire tant ce film réalisé à la fin de sa vie pourrait encore donner du fil à retordre à tant de jeunes réalisateurs. Huston sait raconter une histoire. Et cela se voit à l'écran ! Réputé inadaptable à l'écran, "Au-dessous du volcan" prend ici toute sa force, filmé par un Huston plus cabotin que jamais. Dans le rôle du diplomate alcoolique, Albert Finney est tout simplement éblouissant. Et que dire de Jacqueline Bisset, plus belle que jamais, jouant juste et nullement impressionnée par le numéro d'acteur à qui elle donne la réplique. Derrière sa caméra, Huston, en grand directeur d'acteurs, se contente d'orchestrer la rage volcanique qui jaillit de tous ces coeurs désenchantés. Ce film est beau comme un roman d'Hemingway.

 

Je n'ai pas lu le roman réputé inadaptable de Malcolm Lowry mais qui ne l'était pas totalement puisque John Huston, peut-être le cinéaste a avoir le plus adapté de grandes oeuvres littéraires au cinéma, y est parvenu. Peut-être peut-on reprocher un symbolisme de la mort mis en scène de manière un peu trop lourde comme si le spectateur n'était pas suffisamment intelligent pour comprendre qu'elle est ici très prégnante de toute façon. Certains partis pris de mise en scène sont étonnants en particulier pour ce qui est de ne jamais avoir recours au flashback et de rester uniquement dans le présent ce qui permet de ne juger les personnages uniquement que par les actes qu'ils font dans le film, ceci est surtout visible pour celui joué par une touchante et très belle Jacqueline Bisset ; et aussi de ne jamais entrer à l'intérieur des protagonistes, ceci est surtout visible cette fois pour l'ex-mari alcoolique interprété magistralement par Albert Finney et dont on ne voit pas ainsi les hallucinations. Le tournage uniquement en extérieurs donne du relief au propos. Une oeuvre crépusculaire, un des derniers films de son réalisateur, qui vaut un détour pour son ton à hauteur d'homme.

On aimerait s’arrêter un peu plus sur le roman, son adaptation et la vision du cinéaste qui très vite fuit la ligne du scénario pour mettre en scène avec grandiloquence un grand acteur qui en fait beaucoup trop. Albert Finney dans la démesure de son personnage alcoolique, ex-consul britannique au Mexique, délaissé par sa femme, à la veille de la seconde guerre mondiale. On la pressent dans ce film où la mort rôde à chaque plan quasiment pour mener à la déchéance morale et physique d’un héros de papier. John Huston en rajoute des couches sur le funeste destin de l’humanité, même si l’épouse revient à la maison. Jacqueline Bisset joliment photographiée est encore plus belle, mais encore ?

 Ce n'est pas son plus grand film, très loin de là. Il ne se passe rien dans le roman. Dans le film non plus. L'atmosphère oppressante du Mexique l'est paradoxalement moins que dans la Nuit de l'Iguane et Finney est paradoxalement moins convaincant que Burton dans le rôle du raté alcoolique. Mlle Jacqueline Bisset est bien jolie mais ce serait une insulte de la comparer à Ava Gardner, Deborah Kerr ou Sue Lyon, réunies par le génie de l'auteur dans l'Iguane du même Huston ( certes 20 ans avant) sur un scénario de T Williams et W Faulkner. Excusez la comparaison avec ce chef-d'oeuvre mais elle était trop tentante.

 

Pour les honnêtes cinéphiles, la maestria de John Huston n’enlève rien au côté brise burnes d’un film qui s’éternise dans un embrouillamini de circonvolutions scénaristiques un peu vaines et de dialogues tantôt vasouillards tantôt grandiloquents. En outre, devant le jeu superfétatoire d’alcoolique d’Albert Finney, les mêmes cinéphiles se rappellent avec amertume le même type de performance outrancière que l’acteur déployait dans « Le Crime de l’Orient Express ». L’anglais, excellent dans la plupart de ses autres rôles, tentait là piètrement, de prendre un accent francophone et d’adopter les supposées mimiques d’Hercule Poirot, sans la réussite de Peter Ustinov. Si, après la première heure du film, les choses s’améliorent, l’ensemble n’en reste pas moins assommant.

Si j'adore certains films de John Huston (son merveilleux L'Homme qui voulût être roi est tout simplement un des mes 10 films préférés) d'autres de ses films me déçoivent. Dans le cas d'Au-dessous du volcan je le trouve carrément mauvais, j'étais curieux de découvrir cette œuvre car avec Huston derrière la caméra je m'attendais pas forcément à un chef-d'oeuvre mais à un film particulier changeant de l'ordinaire. Dès le début j'ai été surpris par le ton apathique du métrage qui n'est pourtant pas le style des autres films de Huston, une sorte de torpeur dont le film ne sortira jamais, je ne suis pas parvenu à m'accrocher à Au-dessous du volcan ne serait-ce un tant soit peu. Et si Albert Finney interprète bien son personnage par contre je l'ai trouvé guère attachant voire antipathique.

 

 

 

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