CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1695 

 

 

n°1695
 
" La Marie du port "

 

 

(1950)-(Fr)(1h28)  -      Drame policier   

 

Réal. :     Marcel  Carné   

 

 

Acteurs:  J.Gabin, N.Courcel, C.Romain, J.Carette ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Commençons par casser la légende selon laquelle le film ne trouva pas son public, en fait il cumula à sa sortie 2,6 millions d'entrée. L'autre légende est la non-participation de Prévert, il n'apparait pas au générique pour des questions fiscales mais il était bien là. C'est très beau et filmé avec doigté et élégance, Gabin dans un rôle de vieux beau à 48 ans est parfait, mais la révélation du film est bien Nicole Courcel distillant les répliques assassines et tissant les fils de sa toile. La distribution féminine est d'ailleurs éclatante, Blanchette Brunoy est étonnante, et nous avons la surprise de voir brièvement Odette Laure en femme facile et Louise Fouquet (Madame Mouloudji) en prostituée. Le scénario est très fort (c'est du Simenon), on croit avoir affaire à une banale affaire de cœur alors que ce n'est pas vraiment ça. Il est aussi à remarquer la façon très décontractée avec laquelle Carné traite les relations hommes-femmes (quand on compare avec les films américains empêtrés dans le code Hays, il n'y a pas photo !). Le film est très cynique, surtout la fin qu'il convient de ne pas regarder distraitement. Une leçon de vie sans doute. "Je vais faire une bêtise autant que je la fasse avec toi", dira un moment Gabin à Marie, délivrant la clé du film. Chef d'œuvre !

« La Marie du port » et Jean Gabin s'échangent des regards qui en disent long! Le film pourrait se résumer à ses quelques plans magnifiques! Il y a une vraie atmosphère dans cet émouvant et vibrant hommage de Marcel Carné avec la nostalgie passée du Cherbourg de 1950! Ah, le café du port! On y sert toujours même quand il y a un enterrement! Et quand le cafè tourne, c'est Carette qui fait le show! Faute de tourner avec Anouk Aimée qui préféra tourner "Golden Salamander" avec Trevor Howard, le cinéaste du 'Quai des brumes" choisit la jeune et sournoise Nicole Courcel, le coeur battant du film, qui balaye, fait les lits, sert les gens avant de tomber sous le charme de Gabin et ses cheveux blancs! Quant à la charmante Blanchette Brunoy, elle joue les amantes qui s'ennuient! Dans ce film on se cherche, on se trouve, on s'embrasse dans le noir, on s'aime, on se quitte! Sinon la musique est de Joseph Kosma qui a travaillé de façon très heureuse avec Carné! Même s'il n'est pas à la hauteur du réalisme poétique de l'avant-guerre, ce classique mérite pourtant d'être réhabilité...

 

« La Marie du Port » (qui n’est d’ailleurs pas le film le plus connu de Marcel Carné) est un film très simple, efficace certes, mais il faut quand même avouer que si Jean Gabin n’était pas tout en haut de l’affiche, il n’y a rien qui inciterait le spectateur à le regarder. Là où Carné a bien joué le coup, c’est qu’il a eu l’intelligence de tisser une histoire d’amour platonique, plutôt que de céder à la facilité et au mielleux. Et oui, les charmes de Jean Gabin n’ont pas agi sur Nicole Courcel. Cette dernière d’ailleurs rivalise très bien avec le monstre sacré, que ce soit en terme d’interprétation ou de charisme. Voila donc un petit film sans prétention qui ne marquera ni le genre ni le cinéma en général, mais qui assure l’essentiel. Du travail honnête.

Une œuvre qui se démarque du reste de la filmographie de Marcel Carné par son optimisme. Sinon, on retrouve ses recettes habituelles : une histoire d'amour contrariée, un Jean Gabin égal à lui-même, une adaptation d'un livre de Georges Simenon... Les dialogues, co-écrits par Prévert, n'ont rien d'exceptionnels. L'intrigue ne comporte finalement qu'un seul vrai rebondissement, dès le premier quart d'heure on entrevoit déjà la fin. Le thème de l'infidélité, classique, aurait pu prendre une dimension supérieure si Marcel Carné avait creusé la relation entre les deux sœurs. malgré tout, le film est agréable à regarder. Le jeu du chat et de la souris, auquel se livrent le héros et la petite Marie, est sympathique. Nicole Courcel possède une vraie présence cinématographique, et contribue largement à l'intensité dramatique du film.

Doté d'un casting qui est vraiment judicieusement choisi ( Jean Gabin, Nicole Courcel, Blanchette Brunoy ou encore Claude Romain sont remarquables ), ce film de Marcel Carné à le mérite d'être fort sympathique à visionner, malgré son intrigue qui n'est pas d'une grande originalité. Il faut dire que la mise en scène est d'une grande élégance, que les dialogues sonnent particulièrement juste et qu'en plus la photographie en noir et blanc d'Henri Alekan est d'une réelle beauté sur certaines séquences. Dommage donc que le scénario ne soit pas plus élaboré, car sinon tout était réuni pour que cela soit un très grand film du cinéma français.

On dit de Carné qu'il représente le réalisme poétique; on dit aussi que ses bons films sont ceux auquels a collaboré Prévert, ce qui n'est pas le cas ici. Le réalisme poètique, c'est une atmosphère créée en idéalisant les milieux populaires, et "la Marie du port" correspond bien à ce cannevas. Prévert apportait une sophistication aux scénarios qu'on ne retrouve pas ici, et des mots d'auteurs que ses remplaçants ne savent inventer. Pourtant, si l'on accepte de rentrer dans cette histoire d'amour un rien bétasse et convenue (on songe au "Sabrina" de Billy Wilder, cependant postérieur), l'ensemble a du charme, de la vie, et Gabin campe un personnage auquel on peut s'attacher.

Ce film n’est pas représentatif de l’œuvre de Carné : le rythme est parfois lent, certains monologues trop longs et surtout les personnages sont édulcorés notamment Marie clairement arriviste dans le roman. En ce qui concerne le jeu d’acteur, si Gabin est dans une espèce d’entre-deux, Nicole Courcel, du haut de ses 18 ans, fait preuve de force et de ténacité.

 

J'avais oublié combien les films de l'Après-guerre de Marcel Carné était au mieux moyen, le plus souvent médiocre et ennuyeux, déjà que je trouve ceux de l'Avant-guerre et du pendant la Guerre hyper-surcotés, si on fait exception du génialement jouissif "Drôle de drame", "Dormez, dormez, petits pigeons...", mais "La Marie du Port" a bien su me le rappeler. C'est une adaptation d'un roman du passionnant Georges Simenon, mais étant donné que Carné réussira à faire trois ans plus tard du roman le plus passionnant d'Emile Zola un film médiocre et ennuyeux, et en plus avec une comédienne de l'acabit de Simone Signoret dans le rôle principal, il faut s'étonner de rien. Jean Gabin, Blanchette Brunoy, la jolie Nicole Courcel dans le rôle d'une femme qui veut s'élever socialement (ce qui est ici n'est franchement pas bien mis en évidence !!!), une affiche alléchante, une histoire qui a-priori promettait d'être intéressante et qui avait tout pour l'être et qui je suis sûr l'est à travers la plume de Simenon, si tout ça n'était pas noyé sous une mise en scène statique, qui donnerait l'impression d'un grand mouvement de caméra si cette dernière n'avait bougé ne serait-ce que d'un centimètre, et du bavardage, du bavardage, et le tout qui avance comme le bateau qui reste en cale sèche du film. Oui, on s'ennuie profondément, un film en cale sèche en quelque sorte.

 Dans le rôle de ce bourgeois provincial aux élans misogynes, Jean Gabin apparaît comme la silhouette brumeuse de son talent d'antan, d'avant l'Occupation. «La Marie du port» conçoit pleinement le monde comme une entité composée de deux parts distinctes : la bourgeoisie et la classe sociale qui lui serait inférieure. Au sortir de la seconde guerre mondiale, alors que le monde se partage entre idéologie capitaliste et utopie communiste, Carné rejoint la mouvance qui envahit la France à cette époque et qui aboutit à la scission étanche entre les castes sociales. Dès ce moment là, Carné quitte le communisme de Prévert pour rejoindre les maladresses du socialisme. Ces maladresses-là semblent comme répertoriées par «La Marie du port». Carné conçoit l'émancipation d'une personne de milieu modeste uniquement par le biais du paternalisme d'un individu bourgeois. Pour Carné, le petit être du peuple n'a pour se libérer de sa condition que de se soumettre au romantisme de la petite bourgeoisie. Assujetti aux bon sentiment du notable bourgeois (possible protagoniste chabrolien) le personnage Marie La Flem n'a pour fuir la condition de son milieu social qu'à s'indexer aux plaisirs du bon bourgeois.

 

 

 

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