CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1689 

 

 

n°1689
 
" The Addiction "

 

 

(1996)-(Am)(1h22)  -       Fantastique, Epouvante  

 

Réal. :     Abel Ferrara   

 

 

Acteurs:  L.Taylor, C.Walken, A.Sciona ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Complexe et inclassable The Addiction est l'un des sommets thématiques de la carrière d'Abel Ferrara : explorant la déchéance complète de son héroïne ( Lili Taylor, sensuelle en diable ) le filmeur chevronné du macadam new-yorkais nous entraîne dans un conte somptueux, impur et florissant qui convoque les fantômes de la culpabilité tout en dépeignant une culture maîtresse, plurielle et redoutablement influente sur le commun des mortels. Ferrara s'interroge en partie sur les vertus vampiriques des images, des références et des modes spirituelles tout en les associant aux structures internes du personnage de l'étudiante, à sa manière d'appréhender une vérité, une éthique, une re-transmission. Hautement cérébral sans jamais tomber dans l'élitisme abscons The Addiction bénéficie en outre de l'apparition fulgurante de l'incroyable Walken ( ici reconverti en dandy cynique et ultra-lucide ) et de la superbe photographie de Ken Kelsch, toute en lumière diffuse et granuleuse. Il serait grand temps de ressortir ce petit chef d'oeuvre de théorie poétique, qui s'affirme incontestablement comme l'un des meilleurs de son auteur. Un film génial.

Voilà un film éminemment personnel, d'une grande rigueur plastique (comme toujours chez Ferrara), assez radical dans son approche. Traiter de la culpabilité, de la transmission au travers d'une vision classique du vampirisme au cinéma aurait pu être intéressante bien que déjà vue. Mais le cinéaste déjoue nos attentes, en ne niant pas les origines de son sujet. Alternant naturalisme confortable diurne et expressionnisme pour les séquences nocturnes, la mise en scène balance avec subtilité entre dissection quasi documentaire d'une ville, témoin de l'Histoire des hommes en même temps que catalyseur de leur maux, et séquences vampiriques, poétiques et étranges, qui échappent à la convention par leur aspect inattendu. L'intrusion de la violence se fait ici par le montage et le cadrage, sans éclat. C'est ce climat serein d'une violence apaisée qui prédomine et donne au film l'allure d'une contemplation des rapports humains, magnifiée par la photographie. Très maîtrisée, cette oeuvre de Ferrara s'inscrit cela dit comme une expérience radicale, qui pourra en rebuter quelques uns.

 

Je suis passionné par tout ce qui se rapporte au vampirisme, livres, cinéma, et la je dois reconnaître que j'ai été fasciné, déjà par le noir et blanc qui s'apprête bien à ce genre de film, d'autre part, par la façon nouvelle de traiter le sujet: addiction, réflexion sur la vie, la mort.... Je reste sur ma faim, d'une part car le film se termine brutalement par une orgie de vampirisme, et du coup n'achève pas cette réflexion philosophique sur ce qu'est la vie, la mort, l'agonie, l'éternité... D'autre part, parce que Cristopher Walken, que j'adore n'apparait que quelques instants dans le film...

"The Addiction" marque un certain retour aux sources pour l'un des cinéastes les plus doués (et probablement le plus passionnant) de sa génération. Abel Ferrara, à qui l'on doit plusieurs tentatives belles et déjantées dans le monde du mystique mettait en scène au cours de l'année 1994 (et pas 1996 comme indiqué sur allociné) un nouvel essai, littéralement habité d'un bout à l'autre de son empreinte. Elargissant son champ de création traditionnel, il s'attache à une histoire de vampirisme servant à brillamment appuyer le contraste entre sa patte très "underground" que l'on perçoit régulièrement et le délire surréaliste et fantastique visible à un premier niveau de lecture. La beauté de son noir et blanc, l'immense soin qu'il a accordé à la lumière choquent car il pose un en même temps regard frontal aux mouvements de caméra hésitants sur son action. Ces prises de risques, un peu plus perceptibles encore lorsqu'après de belles scènes lentes et léchées interviennent de brusques ruptures de ton frappent fortement le spectateur.  Son raisonnement halluciné a de quoi déconcerter, quoique si vous daignez comme moi lui accorder une importante attention et que vous rentrez dans son délire, vous aurez beaucoup de mal à en sortir. Car au-delà de la simple culpabilité chrétienne et des pulsions de morts revenant sans arrêt se présente une magnifique synthèse de ce monde que Ferrara a créé et imposé avec brio. Avis aux fans.

 

« The Addiction » ne manque pas d’ambition. La petite héroïne coincée physiquement entre le maître (Christopher Walken) et la maîtresse (Annabella Sciora), moralement entre Nietzche et Kierkegaard et instinctivement entre le bien auquel elle aspire et le mal qui l’aspire. Waouh, ça c’est ambitieux. Sauf que passé l’impressionnante scène de vampirisation avec Annabella Sciora et jusqu’à la rigolote (enfin ça dépend du sens de l’humour que l’on a) soirée mondaine avec le carnage comme thème, le film s’étire, que dis-je, se dilate, se traîne, s’agonise en discours, réflexions et autres billevesées. Bref, pendant une heure ça baille dur ! Dommage car la bande son est remarquable et le noir et blanc de Ken Kelsch est splendide de contraste et de finesse, ce qui est une performance. Quant à la morale elle est simple : nous ne sommes pas mauvais par ce que nous faisons le mal, mais nous faisons le mal car nous sommes le mal (d’où les plans sur Dachau et My Lai), et il y a une différence entre être poussé et sauter dedans. L’addiction quoi. Sur ce je vais me coucher.

Avec un tel synopsis, je m'attendais à quelque chose de sympatoche. Pourtant, même si The Addiction ne dure que 1h15, j'ai souffert comme jamais pour le terminer. Je ne savais pas qu'il était question de vampires et ce simple constat m'a déjà agacé dès le départ. Je ne suis pas contre les films de vampires, mais là Ferrara ne va pas bien loin avec son film. Il nous passe en revue la plupart des caractéristiques vampiriques, à savoir la soif de sang, la sensibilité à la lumière, l'impossibilité de se voir dans un miroir, l'exclusion sociale, sans oublier les bons vieux clichés (après avoir bu du sang, celui-ci dégouline bien de la bouche). Bref, à part nous présenter une vampirette qui vagabonde dans la ville et pompe le sang de tout le monde avant de nous pomper l'air, le réalisateur ne nous offre pas grand chose. La plupart des scènes sont assez insupportables pour moi : il faut dire que je déteste cette partie du cou, ainsi que les seringues dans les bras, et que Ferrara prend un malin plaisir à filmer ces deux choses pendant des plombes. Résultat, dès la 7e minute je n'ai fait que souffrir et je crois même que j'ai rarement autant fermé les yeux devant un film 

Après les succès de film comme "Bad Lieutenant" ou "The king of N.Y.", Abel Ferrara s'est un peu perdu entre friction avec les studios ( Body Snatchers ) et films auteuristes cherchant à produire du "sens" pour plaire aux festivals, "The addiction" est clairement de la deuxième catégories. Cassant les codes du vampires et du cinéma d'horreur, le film multiplie les réflexions pompeuses sur le mythe du vampire empaqueté dans un fourre-tout de philosophie tout en questionnant la "foie chrétienne" de son auteur, une habitude récurrente chez lui. Et c'est bien là le gros problème du film qui est très bien interprété avec une ambiance incroyable ( une autre habitude positive cette fois-ci de son auteur), c'est juste un "gros trip" d'auteur vraiment lourd et assez ennuyeux par moment.

 

 

 

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