CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1683 

 

 

n°1683
 
" Les Yeux de Satan "

( Child's Play)

 

(1972)-(Am)(1h40)  -      Drame    

 

Réal. :     Sydney Lumet    

 

 

Acteurs:  J.Mason, B.Bridges, R.Preston ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Un Lumet inconnu qui s'avère une excellente surprise, Child's play a tout de l'ambiance de ses films fantastiques des années 70 sans que pour autant cela soit directement suggéré ; tout reste dans le flou. Est-ce que le diable c'est réellement emparé de cet établissement scolaire ou est-ce seulement une folie collective, on reste dans le doute jusqu'à la fin. Sans être parfait Child's play n'en reste pas moins très réussi et l'affrontement Preston/Mason est remarquable dommage par contre que le personnage incarné par Beau Bridges ne soit pas plus développé.

 

Si la carrière de Sidney Lumet forte de 45 films sur cinquante ans, aura surtout brillé à travers les films policiers ou de procès dénonçant la corruption qui minent les institutions régaliennes de l'Amérique, elle aura aussi été marquée par un éclectisme limité qui aura vu l'intellectuel qu'était le grand réalisateur s'aventurer avec prudence dans des domaines qu'il jugeait un peu trop éloigné de son terrain de jeu favori. C'est le cas avec "Les yeux de Satan" adapté d'une pièce de théâtre de Robert Marasco. Un collège religieux réputé voit revenir comme professeur de culture physique l'un de ses anciens élèves (Beau Bridges). Celui-ci ne tarde pas à constater que règne une ambiance des plus délétères au sein de l'établissement, prenant corps à travers la rivalité qui oppose deux professeurs au sujet de la discipline à appliquer.

Adapté d'une pièce qui fit un bide à Broadway. Histoire en vase clos d'un lycée catholique où les événements se précipitent : un vieux professeur (James Mason, subjuguant) se dit harcelé par un collègue, des élèves se mutilent, une chapelle est profanée ... Ca va mal finir, pour sûr, si Satan l'habite (le lycée). C'est un Lumet un peu lourd, ça lui arrive assez souvent, à vrai dire, qui hésite entre le suspense psychologique et le fantastique. Une oeuvre hybride, pas dénuée de qualités mais trop chargé d'effets grossiers.

Dans un registre inhabituel pour lui, Sidney Lumet se sort très honorablement de cette adaptation d'une pièce de théâtre assez sombre et fort peu connue, à l'image de ce film... fort peu connue. Ce qui peut se comprendre tant celui-ci est peu aimable et réservé à un public relativement averti, mais si le réalisateur s'est déjà montré plus à l'aise derrière la caméra, il parvient toutefois à reconstituer la lourde ambiance pesant dans le pensionnat, le doute imprégnant les murs, l'ambiguïté de chaque personnage, la volonté de nous troubler constamment par un détail, un dialogue... Non pas que « les apparences sont parfois trompeuses » soit un parti pris d'une audace ou d'une originalité folle, mais l'aspect très anxiogène, le renversement des valeurs, la remarquable interprétation (James Mason et Robert Preston y sont notamment impressionnants) donne beaucoup d'atouts et de sens à une expérience parfois un peu extrême, basculant dans l'étrange à plusieurs reprises (notamment lors du dénouement), mais ne laissant nullement indifférent : voilà un titre méritant bien plus que la quasi-indifférence dans laquelle il a toujours régné.

Un film totalement méconnu dans l'oeuvre de Sidney Lumet, et certainement une de ses oeuvres les plus mystérieuses. Car on ne sait vraiment jamais si on a affaire à une oeuvre sur un mouvement de révolte estudiantine, un peu dans la trame d'"If" mais en beaucoup moins soporifique, ou à un thriller surnaturel. Bien qu'il s'ingénie à faire bouger souvent la caméra, Lumet n'évite pas certaines lourdeurs théâtrales mais dirige à la perfection ses comédiens. James Mason est une fois de plus impressionnant dans le rôle d'un professeur rigide et (peut-être!) paranoïaque et trouve un partenaire à sa mesure à travers un Robert Preston très inquiétant. Sans être une réussite majeure, un film qui mérite pas l'oubli dans lequel il est tombé.

Un fantastique à la rare atmosphère plutôt étrange et homoérotique suivie d'une rare violence dans les accords, et au protagoniste étonnant dans le script: trouble et attirant.

 Les élèves sans aucune explication rationnelle deviennent violents les uns envers les autres. Le phénomène ne fait qu'empirer, exacerbant un peu peu plus tous les jours le différent entre les professeurs Jerome Malley (James Mason) et Joseph Dobbs (Robert Preston). Le contexte plutôt bien amené laisse présager une montée en tension que Sidney Lumet s'évertue pourtant à contenir ne souhaitant pas mettre l'accent plus que nécessaire sur des phénomènes surnaturels mais plutôt laisser deviner les pulsions homosexuelles refoulées qui taraudent les deux hommes et ne sont pas étrangères aux troubles comportementaux des élèves. L'attitude de Joseph Dobbs quand il présente l'établissement à Paul Reis revenu après dix ans est sans équivoque sur le sujet.

 Lumet sans doute au détriment des canons du genre qui exigent quelques retournements spectaculaires qui débouchent sur l'exposition de tout un décorum fantastique se concentre à démontrer avec la perspicacité qu'on lui connait les failles d'un système qui refuse la mixité. La tension est palpable grâce à l'affrontement tout à la fois violent et policé que se livrent un James Mason comme toujours parfait et un Robert Preston remplaçant Marlon Brando initialement prévu mais qui préféra se désister plutôt que de laisser la part belle à James Mason. C'est ce parti pris qui rend aujourd'hui le film très original mais surtout prémonitoire car en lien avec tous les scandales qui frappent à retardement les institutions religieuses chrétiennes. Quelques faiblesses sont malgré tout présentes qui ne peuvent permettre de placer le film en très bonne place au sein de la filmographie prestigieuse de Lumet notamment la prestation de Beau Bridges et le manque de crédibilité des scènes de violence entre les collégiens. Mais comme on peut le constater encore une fois, aucun film de Sidney Lumet n'est dénué d'intérêt.

 

Un film rare de Sidney Lumet, qui n'obtint aucun succès à sa sortie aux États-Unis et resta inédit en France. Quelque part entre Le Village des damnés, Rosemary's Baby et If, ce film reprend des thèmes à la mode des années 1960-1970 : vie d'internat et rébellion, enfants maléfiques, ambiance satanique, etc. Les effets visuels et sonores sont parfois un peu grossiers, mais le réalisateur parvient tout de même à créer une atmosphère tendue, pesante et angoissante. Le jeu des deux acteurs principaux, James Mason et Robert Preston, cultive l'ambiguïté autour des thèmes de la folie et de la perversion. Le problème, c'est que l'évocation d'actes sadiques et masochistes, ou encore les allusions homosexuelles ne débouchent pas sur grand-chose. Le scénario, qui entend maintenir jusqu'au bout une certaine opacité, apparaît au final plus inabouti que mystérieux. Et frustrant.

On se demande ce qui a poussé Sidney Lumet à adapter cette pièce de théâtre médiocre pour nous donner un film plat, faussement inventif, qui ne décolle jamais et finit dans une ambiguïté glauque. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, à l’image de James Mason, pour sauver ce film du désastre mais ils n’y réussissent que très partiellement, la plupart d’entre eux (et en premier lieu le prof de gym, joué très maladroitement par Beau Bridges) étant réduits à des ectoplasmes de personnages, sans âme ni épaisseur. Même la réalisation de Lumet est pour une fois sans imagination, le scénario est insipide et la finalité de tout cela, je l’avoue, m’échappe complètement… À éviter !

 

 

 

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