CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1677 

 

 

n°1677
 
" L'étrange monsieur Victor "

 

 

(1938)-(Fr)(1h38)  -      Drame   

 

Réal. :     Jean Grémillon   

 

 

Acteurs:  Raimu, P.Blanchar, M.Renaud, V.Romance ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

"L'étrange monsieur Victor" est l'un des meilleurs films de Grémillon qui y dépeint une Provence (Toulon en l'occurrence) moins pittoresque que celle de Pagnol. Il permet surtout, dans un récit d'une fluidité constante, à un certain Raimu de montrer toute sa panoplie d'acteur qui ne se réduit pas à sa faconde méridionale. Subtil est le jeu de cet acteur qu'Orson Welles tenait pour le meilleur du monde. La palette de sentiments qu'il exprime dans le film laisse littéralement pantois. Un génie, ce Raimu, ni plus ni moins.

Raimu accompagné d'autres acteurs populaires, l'ambiance du Sud-Est, un accent à couper au couteau... On pourrait penser à une pagnolade. Que nenni. Ce film est un drame bien noir sur les apparences trompeuses. Voilà qui a peut-être déconcerté le public de l'époque, qui ne s'est pas rué dans les salles. Dommage, car cet Étrange Monsieur Victor est intéressant à plus d'un titre. D'abord pour la prestation de Raimu, toujours aussi imposant, mais dans un registre ambivalent où l'on n'a pas l'habitude de le voir évoluer. Il se tire à merveille de ce rôle à deux faces, l'une respectable et honorable, l'autre corrompue et vicelarde. Une sorte de docteur Jekyll et mister Hyde de la bourgeoisie toulonnaise... Ensuite, il y a la réalisation de Jean Grémillon (l'auteur de Remorques) qui n'a pas eu la carrière et la reconnaissance qu'il méritait. Le cinéaste conduit la narration de son film avec maîtrise, dans un style au réalisme sombre qui colle à la noirceur du propos (bien assumée), et qui est accentué par un beau travail de la lumière. Enfin, on peut souligner la qualité des dialogues de Marcel Achard et de Charles Spaak. Belle facture d'ensemble, donc, pour ce film rare et méconnu, qui n'aurait pas dû l'être.

"L'étrange Monsieur Victor" est parfumé du doux chant à l'accent toulousain. Les répliques sont comme des vers à la métrique savamment sudoise. Le film du génial Grémillon, en plus d'être une oeuvre qui joue au funambule entre le comique et le tragique est douée d'une réalisation splendide. Certains plans ont ça de wellesiens, avec les ombres grandiloquentes et les plans architecturaux. Le théme abordé dans cet "Etrange Monsieur Victor" est celui de la dualité. Dualité du genre combinée à celui du personnage de Raimu. Grémillon critique ainsi sa société ( celle de 38 ) comme Lang le fait avec "M", avec certes plus de légérté mais aussi plus de douceur, celle-ci même qui fait briller la Cannebière. Raimu y est formidable. Non seulement en acteur comique mais aussi en acteur audacieux qui ose jouer le crapuleux vicieux alors même qu'il est la bonhomie incarnée. "L'étrange Monsieur Victor" est un film drôle de trés haute qualité parce qu'il déborde de ses limites pour venir gambader dans celle, relativement close, du film noir.

 "L'étrange Mr Victor" est tout simplement poignant. Ses personnages tentent de s'accrocher à ce qu'ils ont, n'ont pas encore, ou ont eu et ne veulent pas perdre. Enfant, situation, statut social, mère vieillissante... Il est rare de montrer un personnage plus poignant quand il s'accroche à ses possessions que lorsqu'il tente de regagner la liberté; c'est pourtant le cas ici. Et Grémillon place ses personnages dans un éclairage unique, précurseur de Pialat à plus d'un titre, et cela aide à passer sur les temps morts du film, rares mais pertinents, sur cette époque dépassée mais déjà terriblement violente, sur l'insécabilité schizophrénique des choses. C'est fort, prenant, on ne s'en relève pas. Qu'aurions-nous fait à la place de ces personnages? Et pourtant Grémillon ne privilégie aucun point de vue, aucun style de vie, sans démagogie ni oui-ouisme paralysants. Un film sublime, pas une leçon de vie pourtant.

Jean Grémillon est un cinéaste honni. Dans sa filmographie il ne faut pas oublier cet Etrange Monsieur Victor, incarné superbement par Raimu. Le film, surprenant de noirceur et de violence, est une implacable analyse de la société française de l'époque, touchée par la grâce d'une mise en scène magnifique et d'un montage particulièrement inspiré, complètement musical. Un bijou.

 

Après un bon début nerveux ou Grémillon joue de la caméra et met parfaitement en place ses personnages et son intrigue, on tombe sur un passage de transition creux puis un huis clos qui ne fonctionne pas très bien car trop improbable.

A voir pour l'interprétation lumineuse de Raimu et pour la photographie, digne des plus grands films français des années 30. Pour le reste, le scénario est couru d'avance et l'histoire pas si excitante que ça. Grémillon a fait mieux.

 

Grémillon sort tout auréolé de « Gueule d’amour » et s’apprête à signer son chef d’œuvre « Remorque ». Comme il lui faut attendre, entre les deux ce sera ce film bizarre qui tient à peine debout en raison d’un scénario bancal et d’une mise en scène qui n’arrive pas à le remettre en équilibre. À partir d’un fait divers criminel, L’Étrange Monsieur Victor oscille entre innocence et culpabilité, réalisme quotidien ( les ruelles toulonnaises, ses terrasses ) et suspicion mal ordonnée . Le face à face entre le fuyard innocent et le bourgeois coupable s’éternise sous les auspices d’un cinéaste égaré dans le parfum pagnolesque . Raimu et sa faconde en sont responsables, mais une fois encore ce sont les femmes qui font le ménage, la vaisselle et la réussite de leur interprétation

Une histoire qui mériterait d'être retournée tant le contexte est trop ancré dans les images du film. PLV : aux amateurs de vieux films exclusivement.

 

 

 

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