CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1667 

 

 

n°1667
 
" De bruit et de fureur "

 

 

(1988-(Fr)(1h35)  -      Drame    

 

Réal. :     Jean-Claude  Brisseau   

 

 

Acteurs:  B.Cremer, F.Négret, F.Babe  ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première      France Soir     Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

 

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Comment se faire une place dans un monde instable ? Comment avoir des perspectives d'avenir face à une impasse ? Ces deux questions constituent le point de départ de « De bruit et de fureur ». Le film s'ouvre sur l'arrivée de Bruno, jeune adolescent, dans une cité difficile. Tout son parcourt va nous permettre d'entrevoir une galerie de personnages tous différents, mais tous acteurs du monde dans lequel ils vivent. Chacun d'eux, toujours intelligemment et sensiblement travaillé, apporte alors de nouvelles questions, qui ouvrent chacune plusieurs pistes de réflexions, pouvant mener vers des éléments de réponses … Le film devient alors une œuvre incroyablement dense, où chaque sort et chaque situation sont toujours traités de manière assidue sans jamais tomber dans l'accusation facile (le point de vue se rapproche même d'une certaine forme de compassion envers les personnages les plus virulents – en particulier envers ceux de Bruno Cremer et François Négret, tous deux magnifiques). La pertinence de l'analyse sociale se double d'une dimension poétique toute simple mais terriblement poignante qui, parachevée par de sublimes et furtifs passages symbolistes, fait office d'appel à un autre monde, plus libre, plus responsable, mais qui semble tellement loin … c'est absolument bouleversant. Et plus que jamais d'actualité ...

Avec "Le thé au harem d'Archimède", c'est de loin le film le plus abouti sur la banlieue! Jean Claude Brisseau se rèvèle avec "De bruit et de fureur" un auteur complet, mélange d'inspiration originale et de ton personnel! Le propos de cette peinture hyper réaliste de la délinquance adolescente en milieu social défavorisé est de dénoncer le mal par le mal, d’alarmer les consciences en poussant la démonstration à l’extrême, d’échauder une allégorie sur l’innocence et la corruption et de mettre en branle une métaphysique de la rédemption! Nombreux sont ceux qui, au Festival de Cannes 88, n’ont pas hésité à crier au chef d’oeuvre! C’en est un et même plus que ça! En exergue de son film, Brisseau a placé une citation sublime extraite de Macbeth : « Le sang fut versè aux temps anciens avant que les lois humaines eussent adouci les moeurs ». Ce vers exprime en profondeur le sens de son deuxième long métrage qui excelle à saisir ces moments de basculement où un détail suffit à installer l'irréparable! Côté casting, Bruno Crèmer, dont la violence et la bêtise frisent autant la tragédie que la comédie, se montre impressionnant! il faut le voir tirer au fusil sur des images d’indiens dans le couloir de son appartement! Tout comme le jeune Vincent Gasperitsch en jeune gamin avec une mère totalement absente qui va rencontrer la terreur du CES, François Négret, adolescent hyper-violent, qui livre ici une prestation époustouflante! Et le mot est faible! Quant à Fabienne Babe, elle se montre remarquable en institutrice! De plus, Brisseau réussit avec talent des séquences littéralement incroyables dont un final, d'une dureté exceptionnelle! L’interdiction aux moins de 18 ans a même soulevé un petit scandale dans ce film choc du cinéma français, qui, après un crescendo « de bruit et de fureur » se termine dans une paix rédemptrice entre cruauté et tendresse, brutalité et lyrisme, où seule la chanson de Nana Mouskouri « Aux marches du Palais », illumine ce monde crépusculaire! Une véritable perle...

Un film absolument magistral, d'une force incroyable... Il est assez difficile de mettre des mots sur ça, tout cette noirceur, ce pessimisme, cette saleté, et en parallèle cet espoir, cette poésie qui tente de survivre dans ce monde sale et froid... On observe la vie sans pitié et sans justice menée par les habitants d'une cité, mise en scène intensément bien par Jean Claude Brisseau, et on observe également la vie de Bruno, prisonnier de cet enfer duquel il ne parvient a se défaire, une vie a laquelle il s'attache malheureusement trop... Ce qui est passionnant et impressionnant dans "De Bruit Et De Fureur" ce n'est pas seulement sa noirceur, dépeinte superbement, c'est aussi ses symboles, sa poésie qui tente de se frayer un chemin et qui prend finalement toujours le dessus... Brisseau réalise la un immense chef d'oeuvre, a la mise en scène virtuose et aux acteurs parfaits (et notamment Bruno Cremer). Incroyable, magistral, grandiose...

Une vraie claque, un très bon film sur les banlieues comme on en voit peu. Un univers brut, un scénario habile, une mise en scène intelligente, un rythme soutenu qui sait alterner les petits et grands moments. Le film se donne, offrant une image forte, émouvante, magique et tellement réelle. Une réussite totale.

 

En tant qu'enseignant Jean-Claude Brisseau a connu cette vie en banlieue et a tenu à nous la raconter. De nombreux éléments paraissent invraisemblable, lui assure pourtant être en deçà de la vérité. Un film choc donc, qui il y a déjà presque 40 ans donnait l'alerte sur les conditions de vie en banlieue.

De ce film je ne retiendrai sans doute que le rôle de Bruno Cremer assez déjanté... Faut dire qu'il en tient une couche à faire du tir dans son appartement, à se passer des lois... Mais après le reste je sais pas trop... On n'est clairement pas dans la réalité, je veux dire par là qu'on n'est pas dans un film naturaliste, c'est un environnement urbain assez fantasmé avec ses gangs, ses hors la loi, ses jeunes qui zonent, qui emmerdent le monde, qui volent des mobylettes... Mais où tout est décuplé... le bordel en classe, l'attitude des enfants, des parents... Faut réussir à rentrer dans cet univers qui quelque part est quand même assez lourd en symboles. Et ces symboles ne me plaisent pas, l'oiseau, la femme à poil... je trouve ça plus lourd que beau,Je suis assez déçu, sans que le film soit déplaisant, il y a des moments marrants et sympas... comme la rencontre entre Cremer et l'assistante sociale, mais c'est à l'image du reste du film : trop. Faut que je puisse y croire outre le côté marrant d'aller tabasser des gens et faire du tir tout en insultant la prof... Ce que ne fait pas ce film. Toute cette lourdeur m'empêche d'être ému. Après le titre qui annonçait ça, en citant Shakespeare...

A celui qui pense que ce film n'est qu'une banlieue fantasmée par quelqu'un qui n'y a jamais mis les pieds, je réponds que c'est plutôt lui qui ne connait rien à la banlieue telle qu'elle a existé jusque dans les années 80. Certes l'enchaînement de violences présentées dans ce film n'est pas très réaliste en si peu de temps mais les personnages sont tout à fait crédibles. Entre les traumatisés des guerres, l'alcoolisme galopant et le déracinement des banlieues, il y avait de quoi créer de terribles situations familiales. Et je ne dénigre pas les banlieues de cette époque, j'y ai grandi et en garde de bons souvenirs. Seul bémol au film, son côté "fantastique" dont on se demande l'utilité.

Mon deuxième Brisseau après "A l'aventure". On retrouve son univers où tout est exacerbé. On est à l'opposé d'un cinéma tout en finesse. J'avais entièrement rejeté "A l'aventure" (mysticisme et sexe surfait, bourgeois), "De bruit et de fureur" m'a davantage parlé même si j'ai encore eu cette impression de me faire clouer le cerveau, d'avoir été victime d'un cinéma qui m'impose tout (le rêve, le réel, le drame...) de manière absolutiste. Paradoxe entre l'onirisme proposé (encore une fois la mort) et cette absence de liberté laissée au fantasme du spectateur. Paradoxe aussi entre cette magnifique caricature de la violence made in HLM qu'il semble chérir et l'absence cruelle de tout optimisme. Un troisième Brisseau m'y fera peut-être voir plus clair.

J'ai trouvé les jeunes acteurs excellents, les dialogues très bien écrits et la dernière scène émouvante, pour le reste j'ai eu l'impression d'être pris en otage par une esthétique naturaliste qui sert en fait à véhiculer une vision déformée et assez nihiliste de la banlieue. Les quelques scènes oniriques sont trop kitsch et chargées en symboles pour moi. Le film est assez dérangeant, il a donc sûrement sa raison d'être (surtout à l'époque, où le "problème" des banlieues commençait à être d'actualité), mais à part noircir le tableau, je ne vois pas très bien ce qu'il cherche à faire.

 

Le film se veut choc sur la réalité des violences en banlieue encore inexploité au cinéma français à l'époque. Il oublie d'intégrer l'immigration dans son sujet, ce qui est déjà une grosse erreur. Mais surtout il est très mal mis en scène avec un casting particulièrement mauvais.

Une turbo-bouse signée Jean-Claude Brisseau, l'homme aux histoires fantastico-érotiques. Le casting est des plus pitoyables, avec des acteurs qui semblent sortis tout droit du cirque Pinder. L'exemple le plus frappant est la réunion tenue par le principal, son adjoint et la prof de français, un sommet de non-crédibilité. Que vient foutre Bruno Cremer dans cette galère ? Une question qui restera à jamais sans réponse. Le scénario est d'un grand ridicule, on nage en plein délire. Un mec qui s'exerce à la carabine dans son salon, des mioches qui pètent les plombs et montent sur le toit de l'école, ...les fantasmes d'un pauvre type qui n'a jamais mis le moindre orteil dans une cité ou une ZEP, et qui s'imagine que c'est le règne du chaos le plus absolu. La symbolique de l'oiseau, qu'on nous martèle toutes les cinq minutes, fait plus pitié qu'autre chose. "De bruit et de fureur" est tellement minable, que les bouses postérieures de Brisseau comme "Les anges exterminateurs" passeraient presque pour des chefs-d'œuvre, c'est dire.

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA