CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1648 

 

 

n°1648
 
" Nuits blanches "

 

 

(1957)-(It,Fr)(1h37)  -      Drame romantique  

 

Réal. :     Luchino  Visconti   

 

 

Acteurs:  M.Schell, M.Mastroiani, J.Marais ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Visconti filme Livourne, superbement photographiée dans un univers parfois proche du fantastique, immédiatement fascinant, à la fois inquiétant et magique, où tout semble possible, pouvant passer de l'espoir au désespoir en une poignée de secondes. Pour autant, si le décor fait donc partie intégrante du récit, l'ami Luchino n'oublie jamais l'histoire d'amour souvent déchirante qu'il raconte, sans jamais tomber dans le pathos ou la facilité. Au contraire, alors que les personnages pourraient être rapidement agaçants, on comprend parfaitement leurs tourments, leurs angoisses, leurs espoirs, même (surtout?) lorsque ceux-ci peuvent paraître déplacés. Il faut dire que si Jean Marais s'avère très moyen (le seul défaut du film ?), le réalisateur a trouvé en l'éblouissant Marcello Mastroianni et l'émouvante Maria Schell un magnifique couple de cinéma, que l'éprouvant dénouement rend encore plus inoubliable..

Après la grosse déception qu'aura été, pour moi, " Rocco et ses frêres ", je m'apprétais à visionner ce long métrage de Luchino Visconti avec une certaine anxiété, mais au final, je me suis retrouvé à voir une oeuvre vraiment touchante et bien réussi dans son ensemble. L'histoire de ce mélodrame que réalisa le cinéaste italien en 1957, est assez émouvante, en grande partie grâce à son duo principal qui est composé de l'excellent Marcello Mastroianni et de l'adorable Maria Schell, et le tout se regarde donc avec beaucoup d'intêret du début jusqu'à une fin, il faut l'avouer, bien déchirante. La photographie en noirt et blanc est également une belle réussite, et rend d'ailleurs l'oeuvre à la fois bien inquiétante et étrange, mais aussi d'une grande tendresse sur certaines séquences. Une très belle réussite en ce qui me concerne.

Derrière la claquette de Visconti, le roman de Dostoïevski prend pour décor les rues et les canaux du vieux Livourne en Italie. Tout cela reproduit de manière réaliste, mais théâtrale, dans les studios de la Cinecittà qui se transforme d’une certaine manière en une vaste scène à travers laquelle le spectateur se déplace pour suivre les va-et-vient amoureux des deux protagonistes. La direction artistique et la photographie forment ici un couple plus solide que celui dans l’histoire qui se déroule à l’écran. Les deux personnages des Nuits blanches prennent de l’âge dans l’objectif de Visconti. Plutôt que d’assister aux premiers amours passionnés d’étudiants, on y découvre des êtres davantage marqués par la vie. Maria Schell est une actrice imprévisible et cela sert parfaitement bien sa Natalia tandis que Mastroianni est un cabotin exceptionnel qui peut rendre crédible n’importe quel revirement de situation. Son numéro de danse époustouflant et sa réaction lorsque réapparaît la silhouette du prince charmant de celle qui s’apprêtait à s’abandonner à lui prouvent qu’il peut aller dans toutes les directions. Les deux formes un duo parfait pour la direction qu’a voulu prendre le réalisateur. Dans le cas le Jean Marais, le rôle est bien en dessous de sa renommée. Il demeure accessoire et semble mal à l’aise. Mais sa présence n’atténue en rien la belle cohésion de cette production. On nous propose un univers harmonieux à la fois réaliste et onirique qui réussit à trouver sa propre écriture évitant ainsi de subir les foudres de la comparaison avec l’œuvre littéraire.

Beau film avec une superbe histoire d'amour adapté de Dostoïevski (donc de très bonne qualité). Les acteurs font ressentir un désespoir et une tristesse à fleur de peau. La réalisation est excellente et s'insère parfaitement dans les décors sombres et humides, plusieurs scènes semblent irréel (dans le café ou les gens dansent). La fin est prévisible mais splendide.

Un bien joli film par lequel j'avais démarré la filmographie de Luchino Visconti et qui se révèle très touchant. Servi par une superbe photographie qui attendrit encore plus l'ensemble et par une mise en scène sobre mais efficace, les qualités techniques sont donc bienau rendez-vous mais ce ne sont évidemment pas les seules raisons qui font que j'adore ce film. A commencer par la belle partition de Nino Rota qui embellit encore le film, des musiques chaleureuses, envoûtantes, magiques. J'ai également adoré le duo principal d'acteurs et en particulier le personnage de Marcello Mastroianni. La douce Maria Schell est également touchante dans son rôle de femme en attente d'un amour perdu. Si ce film apparaît tendre au premier abord, il se montre tout de même teinté d'une certaine forme de cruauté pourtant involontaire de la part des personnages à la base, Visconti peint la douleur de l'amour non réciproque, de l'amour perdu et aime montrer ces personnages en peine sentimentale. Un film très humain et très beau tout simplement, parfait pour démarrer Visconti.

Comme dans la nouvelle de Dostoïevski qui est à l’origine de la présente adaptation, Nuits Blanches est un film de fantômes dans lequel les solitudes errent dans l’espoir de rencontrer l’âme sœur et de remédier, pour l’éternité, à la précarité affective de leur état. Or, de la même manière que l’écrivain russe pensait sa romance impossible comme une relation triangulaire à la tête de laquelle siégeait l’absent(e), miroir tendu à celui ou celle qui croit y voir l’image de l’amour mais qui n’est, en réalité, que la projection de son besoin d’aimer vers un corps réceptacle de ses fantasmes, le film met en scène la constante tension vers un être absent, et transforme la déambulation amoureuse en accompagnement discursif où se racontent les fictions que les amants gardent au plus profond d’eux, tels des bouées de souvenirs auxquelles s’agripper pour ne pas sombrer dans la dépression et l’oubli. « Nous ne nous parlons pas, mais c’est comme si nous nous étions tout dit » : cette déclaration, prononcée par la belle Natalia, résume à merveille le paradoxe qui rassemble et dissocie à la fois notre couple central.

Film de Visconti d'une beauté rare et moins célèbre que certains de ces grandes fresques historiques comme le "Guépard". Marcello Mastroianni est parfait dans ce rôle d'amoureux à sens unique d'une Maria Schell, très bonne dans le rôle de la jeune fille naive mais complexe. Ce film s'inspire d'une nouvelle de Doistoveski sur laquelle James Gray s'est également inspiré pour réaliser le très bon "Two lovers". Il est amusant de voir que certaines scènes de ces deux fims sont quasiment analogues ( celle où Mastroianni se lance dans une danse alors qu'on voit qu'il n'est pas dans le coup ressemble très fort à scène où Joaquin Phoenix danse maladroitement dans une boîte de nuit New-Yorkaise, de même que l'émotion ressentie à la fin ). Ajoutons que l'atmosphère du film est particulière dans ces décors d'Italie d'après-guerre hivernale créés à la Cinecitta et sur une bande originale remarquable de Nino Rota.

 

Il est loin le néoréalisme : tournage en studio, photographie en N et B très travaillée, drame passionnel exacerbé... Ce film de Visconti souffre, de fait, d'un dispositif trop artificiel et d'une tonalité mélodramatique trop appuyée, notamment par le jeu de Maria Schell dont les minauderies larmoyantes sont agaçantes. Cela dit, il y a quelque chose de très beau dans cette ambiance irréelle, ce jeu d'ombre et de lumière. Le personnage féminin navigue entre raison et folie ; le personnage incarné par Marcello Mastroianni, timide et rêveur, se lâche, exprime ses sentiments et cherche à s'ancrer dans la réalité. L'acteur est magnifique et touchant, notamment lorsqu'il se jette sur la piste de danse et improvise une chorégraphie débridée. Visconti brode autour de lui un conte doux et cruel, fait d'illusions et de désillusions. Il brosse des tableaux d'une infinie tristesse (les dernières images, avec le chien) et se souvient, au détour d'une scène romantique, du contexte social, en montrant des gens qui dorment sous des ponts.

 

J'arrive mal à situer Visconti. 3ème que je vois de lui et je vois pas où il veut venir. Le cadre, la musique, quelques passages (comme la danse) uniques, mais ça ne suffit pas. Pour être franc Maria Schell m'a assez énervé, même Mastroianni que j'adore normalement n'a pas crevé l'écran, c'est souvent long, répétitif, et la fin on s'y attend un peu. Le cadre est là mais ça manque de vie, quand j'adore le traitement que fait un Fellini de la nuit, là c'est réellement pauvre, les personnages et leurs histoires m'ont pas vraiment inspiré,

Visconti nous donne une œuvre qui ressemble à du théâtre filmé, avec des décors qui sentent le carton pâte, qui ne décolle jamais en dehors des quelques minutes de simili bonheur précédant la conclusion et qui nous offre une morale bien simpliste. Les acteurs paraissent perdus dans cet univers qui sonne creux : Mastroianni fait ce qu’il peut avec tout le talent qu’on lui connaît mais Maria Schell, larmoyante, est beaucoup trop fade pour incarner une femme censée déchaîner autant de passion. Quant à Jean Marais, il choisit de jouer son rôle avec une dureté gratuite et inexplicable qui du coup en devient parfois comique. Enfin, la très belle musique de Nino Rota, surtout dans la séquence finale enneigée, me donne juste envie d’aller voir un Fellini… Là au moins, il y a de la vie !

 

 

 

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