CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1529 

 

 

n°1529
 
" Michel-Ange "

 

 

(2020)-(Rus,It)(2h09)  -      Drame historique, Biopic  

 

Réal. :     Andrey  Konchalovsky  

 

 

Acteurs:  A.Testone, J.Diehl, F.Gaudiello ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

 Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première     Les Echos       Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs      La Croix  

 

Le dernier film d’Andreï Konchalovsky, "Michel-Ange" (Il peccato) tient du miracle : suivant le peintre en proie à ses démons, le spectateur assiste à la résurrection d’un monde. Une véritable splendeur.

Andreï Konchalovsky, le grand cinéaste russe, réalise, à plus de 80 ans, un chef-d’œuvre de vitalité et de véracité, portant le cinéma au rang d’art sacré.

On peut sans danger avancer l’hypothèse que ce portrait magistral de Michel-Ange est aussi, à la manière du Balzac de Rodin, un magistral autoportrait.

Dans une langue tout aussi complexe que dépouillée, Andrey Konchalovsky décrit les tourments d’un immense artiste partagé entre sa passion pour Dante, la création, le besoin d’argent et les contingents politiques. Proprement envoutant.

Ces “débordements” pourraient finir par lasser s’ils n’étaient pas aussi magnifiquement vécus – incarnés est en dessous de la vérité en l’occurrence – par un Alberto Testone impressionnant tout du long, et sans que ses faux airs de Hugh Jackman y soient pour quoi que ce soit.

Au final, sa peinture d’une Renaissance où la violence et la crasse côtoient le sublime recèle peu de surprises. À l’exception d’une scène centrale autour d’un énorme bloc de marbre, extrait dans la montagne de Carrare, que Michel-Ange convoite à tout prix. Ce « monstre » finit par sauver le film.

Konchalovsky voulait que l’odeur de la sueur, du vomi ou de la salive traversent l’écran, mais en jouant sur les oppositions (par exemple le précieux Raphaël face au crasseux Michel-Ange) il réduit le dégoût, la maladie ou la folie à ce qu’en expriment les acteurs, parfois de manière grotesque.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

 On se félicite que Andreï Kontchalovski ait choisi de concentrer son film consacré à Michel-Ange sur une période relativement courte de la vie de ce très grand artiste, un choix qui permet de donner un portrait complet de la personnalité de l'homme tout en évitant le papillonnage et de trop fréquentes ellipses. Le réalisateur avait pour objectif de capturer la véritable saveur de la Renaissance : des spécialistes ne tarderont pas à nous donner leur avis, mais, à la vision du film, on a l'impression que l'objectif recherché a été atteint. 

On est fasciné par la beauté de la photographie, la qualité des reconstitutions; qu’elles soient à Carrare, Florence ou Rome…. Bien sûr, j’avais imaginé un Michel-Ange raffiné, sophistiqué et j’ai vu un Génie trivial, coincé entre deux familles qui le soutiennent financièrement...et l'exploitent en rivalisant pour obtenir l'exclusivité. Son financement assuré (auprès des deux mécènes!!!), il se débat au quotidien avec les ouvriers dont il a besoin pour réaliser ses projets et les mettre en place.….. Quant au transport et à l’acheminement des blocs de marbre…..ce sont les « travaux d’Hercule » .... C'est très beau !

Modèle de biopic, rigoureux sans être académique, inventif sans être abscons. Cette coproduction Russo-italienne marque le grand retour de Kontchalovsky après une série d'œuvres inégales.

 

Dans le portrait à facettes de Michel-Ange, perfectionniste fou, tourmenté par son génie et par un enfer qu'il voit poindre à son horizon ; artiste méprisant, mais habité par une énergie propre à soulever des "monstres" de marbre ; homme d'affaires coincé entre deux sphères d'influence familiale et politique, et qui s'en joue de façon canaille, jamais à une trahison près, mais toujours près de ses sous… Autre atout du film : la composition excellente de l'acteur principal, Alberto Testone. Faciès qui le pose en cousin italien de Hugh Jackman. Nervosité irradiante. Yeux clairs et fougueux. Andreï Konchalovsky orchestre son projet avec métier. Cela donne un film de qualité, mais bizarrement sans aspérité, malgré l'intention d'aller hors des sentiers battus de l'hagiographie. Il manque probablement quelques "accidents", fulgurances ou pics dramatiques pour rompre le flux un peu monocorde et long du récit.

Un sujet peu traité et traité sur un registre original.. je ne suis pas assez historienne pour me prononcer sur la pertinence historique mais la vision des villes et campagnes italiennes me semble intéressante. La violence des relations est sans doute juste. En revanche le film aurait beaucoup gagné à faire une demi-heure de moins et à être moins hystérique.

Ne pas s’y tromper. Il ne s’agit pas tellement d’un film sur l’œuvre créatrice de Michel-Ange, ses techniques, son inspiration mais plutôt sur le personnage lui-même et ses tourments. Ceci dans le contexte d’une (future) Italie de la Haute-Renaissance, encore très médiévale et pas folichonne, écartelée par les luttes d’influence et de pouvoir autour de l’Eglise et de la Papauté. C’est un peu difficile à suivre et à saisir pour le spectateur lambda, pas du tout familiarisé au sujet. Ça restera donc surtout un film pour érudit et un public trié sur le volet. Cela-dit, on apprend toujours un petit quelque chose de ce genre de biopic. C’est toujours ça de pris. L'absence de version autre que l'originale dans la langue de Dante (cité et évoqué plusieurs fois, vous voilà dans le contexte) n'aide pas non plus.

L’artiste n’a pas vraiment intéressé jusqu’à ce jour le cinéma qui lui rend enfin grâce, même si le contenu ne me semble guère consistant au regard de l’homme et de son œuvre. On ne la voit quasiment pas, excepté sur le générique de fin qui nous invite au musée. Andrey Konchalovsky évite le biopic, et pourquoi pas, en ne se concentrant que sur la période de gloire de Michel-Ange confronté à de nombreux concurrents et à une guerre interne entre les della Rovere et les Médicis. C’est principalement ce que j’ai vu et plus ou moins apprécié dans ce film qui ne montre pas vraiment qui était Michel-Ange l’artiste, mais plus l’homme un brin canaille, et cupide. Talentueux aussi, on le sait, on le devine , mais on ne l’aperçoit que très peu et s’il ne fallait retenir qu’une séquence, celle du bloc de marbre à retirer des carrières de Carrare est un beau moment de cinéma.

Bien des images de ce Michel-Ange pourront légitimement rester dans les esprits quand on pensera à l'artiste maniériste italien. Une séance-débat avec deux professeurs d'université dans mon cinéma de quartier a révélé que cette vision du XVIe siècle et de son principal créateur était assez juste. La reconstitution est ambitieuse, l'acteur principal hyper-impliqué, le témoignage des conflits entre les grandes familles romaine et florentine bien rendu. Mais le cinéaste se complet trop dans sa représentation rabelaisienne de la période moderne. ça chie, ça vomit, ça gueule, ça crache, ça saigne, ça pue, tout le temps, partout. Jusqu'à en devenir épuisant. D'autres choix scénaristiques auraient pu mener vers une vision plus sereine et équilibré d'un moment de l'histoire où les gens devaient tout de même de temps en temps se parler normalement, non ?

 

S’il est certes la victime de l’affrontement à mort des Della Rovere et des Médicis, il sait lui aussi jouer de cette rivalité et se vendre au plus offrant en trahissant sans vergogne sa parole et en cachant une incroyable avarice derrière des protestations pas toujours convaincantes de frugalité. Cette duplicité même rend le personnage peu attachant. Et elle le rend aussi paradoxalement assez pauvre. Car, une fois qu’on a compris que Michel-Ange, tel que le décrit Konchalovsky, était à la fois génial et cupide, les scènes censée se dérouler à Rome, à Florence et à Carrare deviennent vite répétitives sans éclairer l’exaltation créatrice du héros ni la puissance de ses réalisations.

Voilà l'illustration que ce n'est pas suffisant une histoire pour faire un film! Long, manque de rythme, surjoué, répétitif...bref, ennuyeux !

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA