CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1514 

 

 

n°1514
 
" Une pure formalité "

 

 

(1994)-(It,Fr)(1h47)  -      Thriller policier énigmatique  

 

Réal. :     Giuseppe  Tornatore    

 

 

Acteurs:  G.Depardieu, R.Polanski, S.Rubini ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      L'Humanité    Première      France Soir     Elle     Ouest France     Le Nouvel Obs    La Croix 

 

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Une pure formalité (Una pura formalità) est un film italo-français réalisé par Giuseppe Tornatore en 1994. Un grand film dont l'excellent scénario est écrit par Giuseppe Tornatore et Pascal Quignard. Un film étrange, déroutant, un huis-clos dans un lieu mystérieux, de très bon seconds rôles et un formidable duo porté par deux monstres du cinéma. formidable tête à tête entre deux grands acteurs : Gérard Depardieu et Roman Polanski. La musique est signé par le grand Ennio Morricone. Un film prenant, envoûtant a ne pas spoilier. Une fois entré dedans, on n'en ressort pas.

"Une pure formalité" est avant tout une curiosité, tout d'abord dans l'histoire déroutante, et ensuite dans le face à face improbable Depardieu/Polanski. Rien que pour ces deux monstres du cinéma, ça vaut le détour. "Une pure formalité" propose une histoire palpitante, bien que peu mouvementée, pour un huis-clos déroutant. On nous plonge dans un mystère, dans lequel le personnage incarné à merveille pas Depardieu se retrouve empêtré, dont Polanski est chargé de résoudre. On n'en sait pas plus que lui, et on prend énormément de plaisir à voir les choses s'éclaircir peu à peu, ou alors à voir le mystère s'épaissir, jusqu'à un dénouement assez inattendu. Le titre à double sens s'avère judicieux, et contribue à marquer le spectateur, lorsqu'il en comprend le vrai sens. A défaut d'être fondamental, "Une pure formalité" marque néanmoins les esprits, et ce dans le bon sens du terme.

Comment écrire sur ce film sans être prétentieux ou à côté de la plaque ? Je n'en dirais donc que peu de chose. Un film sur l'après... Y a-t-il quelque chose après ? Après une mort violente et préméditée, passe-t-on par un " interrogatoire " poussé au cours duquel on prend conscience qu'on est plus. Plus rien dans le sens où on n'existe plus pour le monde des vivants. Pour ceux qui restent, il reste des images et une histoire, des souvenirs, des remords et des regrets mais il n'y a plus personne au bout du fil... Les acteurs sont prodigieux. La réalisation extraordinaire. 

Formidable scénario avec une énigme originale qu'on ne découvre qu'à la fin du film et une atmosphère à la Tarkovski - Un formidable rôle pour Gérard Depardieu - Polanski "patenotrement" effrayant -Ca c'est du cinéma !

On peut détester Depardieu l’homme mais le comédien est bel et bien le plus grand acteur français actuel. Il nous prouve une fois de plus l’étendue de son talent dans ce film et passe de la colère, même cruauté à la tristesse et au questionnement puis à la résignation. Onoff, le grand écrivain qu’il joue se retrouve dans un huis clos au commissariat et bloqué la nuit par une pluie abondante, une coupure d’électricité et de téléphone. Face à lui Polanski, le commissaire qui a lu et relu ses livres jusqu’à connaitre par cœur des passages l’interroge par pure formalité mais se transformera au fil de la nuit en véritable interrogatoire. Un cadavre a été trouvé près de la maison d’Onoff. Qu’a-t-il fait la veille ? Qui est la victime ? Est-il impliqué ? Depardieu est magistral face aux photos retrouvées par le commissaire puis face aux pages blanches de sa déposition. A voir pour ce superbe face à face.

J'ai regardé ce film au moins une dizaine de fois depuis sa sortie en France, c'est-à-dire depuis plus de 25 ans, et je ne m'en lasse pas. On peut le voir à n'importe quel degré, lui donner le sens qu'on veut : thriller, polar, film noir, film métaphysique, méditation sur ce qui constitue l'identité de l'homme (le souvenir ?). La cure subie par Oloff est brutale, c'est à un accouchement de soi-même auquel on assiste, difficile, violent, mais le héros en sort transfiguré grâce à son passeur psycho-pompe, le commissaire de police. C'est un film superbe : la première partie est austère, on s'enfonce dans le marécage de la déréliction. Puis l'image, s'éclaire peu à peu... la lumière commence à pénétrer dans ce poste de police déshérité, au fond de nulle part, et on sent que quelque chose d'autre est possible, peut-être, quelque chose de moins désespérant... on n'ose y croire, et pourtant.... Superbe.... la fin me donne toujours la chair de poule. La belle chanson écrite par Pascal Quignard (tout le scénarion est d'ailleurs de Quignard), "Ricordare," véritable leitmotiv de la seconde partie du film l'éclaire et suggère une possible issue..

 

Entre Cinema Paradiso et Marchand de rêves, on sait ce que le très bien nommé Tornatore tournait : du cinéma, au sens propre. Dans cette entredeux, il fait jaillir de nulle part un ovni diablement littéral sur des diables littéraires : Depardieu, écrivain, accusé, névrotique, et Polanski, lecteur, accusateur, critique. Deux interprétations phénoménales, plus glaçantes que la pluie interminable noyant le commissariat jusqu’aux os, jaunes et noires comme une combinaison métamorphique du cinéma de genre à l’italienne, où les acteurs sont venus tout donner mais sacrifier leur voix dans un tournage multilingue qu’on sait fort peu pratique. On ne le sent pas venir, mais cette pure formalité est l’annonce d’une nuit qui sera étirée dans l’histoire jusqu’à en faire toute la trame, le long de laquelle on croit apprendre à connaître ces personnages si psychologiquement aboutis dont la caméra retrace le mouvement des émotions sans avoir besoin d’espace.

Une exiguïté policière mais une continuité audacieuse et frissogène dans la sombreur et l’humidité, la prise mayonnaisique d’un maëlstrom fantastique attaché au plus proche de la personnalité des interprètes. C’est une nuit de cauchemar que l’on passe avec la pluie en arrière-fond comme du bruit blanc, pourtant ce sont les ombres qui règnent et des nuages noirs qui s’entrelacent dans les esprits malmenés par le vrai enquêteur : Tornatore, tournant un film et en bourrique, un magicien d’alchimies ténébromanciques, auteur de confusions rendant le débat sur son art impossible mais exaltant tout de même.

Avant tout un face à face de très haut niveau entre deux mythes du cinéma. Une ambiance glauque, poisseuse, suintante, une sorte de huis-clos nocturne dans un commissariat en décrépitude, l'interrogatoire d'un homme errant seul sans papiers dans un bourg ou un meurtre s'est produit; et une mystérieuse amnésie qui mènera à une étonnante surprise, et un deuxième visionnage éventuel pour une compréhension globale de l'oeuvre. On regrettera néanmoins la longueur de l'interrogatoire en question, qui devient lassant à force de questions-réponses, dialogues, puis monologues avant d'arriver au dénouement. Pas étonnant de la part d'un réalisateur qui aime magnifier ses comédiens, auteur notamment de Cinéma Paradiso (longuet aussi).

Que dire de ce film? C'est un film artistique et complexe. C'est un formidable duo d'acteurs: Depardieu est magnifique et Polanski, moins prolifique, est pas très bien aussi. Malgré le huis clos, les longues joutes verbales, on ne s'ennuie pas. Pourtant l'histoire bien que simple, on interroge quelqu'un, un célèbre écrivain soi-disant, pour un possible meurtre. Mais au fur et à mesure que le film avance, que certains détails apparaissent on reste dans l'expectative et le questionnement. Tout reste flou et énigmatique. Il faut être prêt à se poser des questions. Les images sont belles, les décors aussi, les lumières, on sent que c'est travaillé et c'est beau. C'est plus que La Légende du pianiste sur l'océan à mon avis. La musique de Morricone ne me laissera pas un grand souvenir par contre. Comme dit plusieurs fois, ce film mérite surement plusieurs visionnages pour en capter tout la complexité et la subtilité et peut-être répondre à certaines questions.

 

Il est tellement lent et tortueux que ce film en devient vite insupportable.

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA