CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1497 

 

 

n°1497
 
" Le port de la drogue "

 

 

(1953)-(Am)(1h20)  -       Policier   

 

Réal. :     Samuel Fuller   

 

 

Acteurs:  R.Widmark, J.Peters, T.Ritter ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

Le Monde    Le Parisien    Le Journal du dimanche    Les Inrockuptibles     L'Express       Télérama      Cahiers du Cinéma       Positif    

 Paris Match     Le Figaro     Libération      Charlie Hebdo   Première      France Soir     Elle     Critikat.com      Le Nouvel Obs    La Croix 

(reprise 2012)

Une merveille.

Un trésor du film noir mêlant violence graphique et humour acide.

Si Bresson a plutôt le génie de l'ellipse, c'est celui du "crépitement" qui caractérise Fuller. Toutes les scènes sont chargées d'un potentiel explosif, comme allumées à retardement, retenues quand il le faut, mais aussi lâchées quand il est l'heure. Avec son génie du casting, Fuller a mis face à face les deux chats hurlants du cinéma américain

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

C'est le cinquième Fuller que je voie, et j'ai globalement toujours le même avis (sauf pour Shock Corridor), c'est bien, très bien fait, mais c'est un peu long (malgré la courte durée du film). Par contre ce que j'ai adoré dans ce film-ci, c'est les personnages, c'est tous des mecs louches, pas net, qui manipulent, sont manipulés (bien sûr il y a le méchant communiste qui est lui est tout noir, mais en même temps c'est un communiste, la lie de l'humanité ! Ces gens là s'opposent à l'enrichissement !), le fait qu'il n'y ait pas un seul personnage principal, mais une flopée qui vont défiler, se contre, s'entrecroiser, ça donne une richesse au film. On n'est jamais dans les clichés, au contraire, toutes les relations, tous les enjeux se complexifient de plus en plus parce qu'il y a cette richesse des personnages. D'ailleurs le film vaut pour ça, et pour sa mise en scène. L'intrigue est juste un prétexte, un MacGuffin qu'on a remplacé par de la drogue dans la version française.. Mais c'est un bon film, vraiment intéressant, du vrai cinéma. 

 Tous les personnages sont plus ou moins sombres et complexes et ça, Fuller le retranscrit bien, notamment avec une atmosphère mystérieuse et nocturne adéquate. Il arrive aussi à inclure de l'émotion dans son récit, notamment dû à l'évolution de la relation entre les deux protagonistes, et ça marche bien. Il capte parfaitement la ville de New York et ses petits malfrats, à l'image de cette géniale scène d'ouverture dans le métro. Jean Peters est aussi authentique que touchante et face à elle, le brillant Richard Widmark apporte complexité et présence à son personnage. Un film noir au fond politique douteux mais finalement peu exploité, servant juste d'intrigue et Samuel Fuller met en scène une galerie de personnages louches et sombres où l'on suit leurs errements dans une ambiance nocturne.

Chef d’oeuvre de mise en scène, peu de films atteignent ces sommets, c’est admirable de bout en bout plus le nombre de visions augmente. La direction d’acteurs est parfaite elle aussi à tel point que le couple des marginaux Widmark/Peters devient crédible grâce à leurs jeux et au contexte qui les entoure. Je peux aujourd'hui en dire autant du scénario mais il m'a longtemps gêné tant il est complexe, je n'étais pas capable de tout reconstituer à ma sortie. Visiblement Fuller se moque complètement du confort intellectuel des spectateurs, il n’en fait qu’à sa tête en grand cinéaste qu’il est . Tout ici est fabriqué au profit du montage et des plans que cela soit les moments comiques ou tragiques. La leçon comique d'enquête de Moé adressée à Zara ou la tragédie de sa fin de vie, si belles soient-elle, n’obéissent à aucune nécessité. C'est du pur cinéma d'auteur qui ravi les cinéphiles mais gêne les spectateurs cartésiens . Il en est de même pour le ''tabassage'' final de Candy (on la croit vraiment morte) ou les deux morceaux de pellicule manquants : que deviennent ils et que devient Joey? et les communistes ? Ce ne sont que des prétextes à l’action qui ne suivent aucune logique interne. Chez Fuller, cela passe admirablement dans ‘’Naked kiss’’ ou ‘’Forty guns’’ qui sont loin du réalisme mais ici dans un film qui a choisi le support ''film noir'' cela à de quoi surprendre le grand public.

Hypocritement rebaptisé Le Port de la Drogue pour la version française, Pickup on South Street est un film d'une puissance rare. Tout commence par cette scène d'anthologie dans le métro : le vol du microfilm par Richard Widmack, magnifique en pickpocket dont le talent n'a d'égal que l'élégance. Dans cet espace publique où les corps se frôlent dans l'indifférence la plus totale, son regard croise celui de Jean Peters... Intimité violée dans la délicatesse. Samuel Fuller filme ce délit comme une scène d'amour, il découpe cette séquence de manière pratiquement orgasmique. Bref, cette introduction mythique justifie à elle seule le visionnage. Pour ce qui est du reste du film, c'est tout aussi délicieux : une mise en scène simple et discrète, d'une efficacité à couper le souffle. Si Pickup on South Street est un film exemplaire, c'est parce qu'il privilégie l'intimité et les tourments intérieurs de ses personnages à leurs convictions politiques ( la figure incarnée par Jean Peters en est la preuve incontestable ). Oui, il s'agit bien d'un chef d'oeuvre du septième Art : un classique incontournable.

Magnifique film noir. Un film lyrique, charnel, sensuel, violent, intense tourné pour l'essentiel en décors naturels. Tout y est superbe (photo, mise en scène, acteurs, musique) y compris son sujet et son ton, la polémique sur son prétendu anticommunisme étant particulièrement stupide , le film témoigne au contraire parfaitement de son époque et a pour "héros" des sans grades luttant pour leur survie et pris en tenaille entre la police et les espions.

 Entre espionnage et trahison, Samuel Fuller nous entraîne en plein cœur d’un palpitant thriller de 80 minutes où l’on ne voit pas le temps passer. Magnifié par un superbe noir & blanc, l’intrigue nous tient en haleine de bout en bout, les scènes dans le métro sont mémorables (la chaleur et la moiteur se font ressentir alors que dans la rame, tous les protagonistes sont serrés les uns contre les autres, ce qui créé une tension supplémentaire pour le pickpocket), ajoutez à cela des rares scènes d’action d’un réalisme saisissant (notamment la scène finale se déroulant dans une station de métro), comment ne pas succomber à ce magnifique polar ?

 

. Sur la forme, le film nous propose un noir et blanc tranchant, et personnages étoffés. Jean Peters est poignante en jeune femme mêlée à une histoire qui la dépasse, et qui va en voir de toute les couleurs. Richard Widmark est excellent pickpocket insolent au charisme ravageur. La rumeur dit que J. Edgar Hoover détestait le film à cause de ce personnage aux antipodes des héros patriotiques et nobles. "Pickup on South Street" est ainsi un bon film d'espionnage, qui a de la personnalité. 

Que ceux qui crient au chef d'œuvre s'achètent des lunettes et ils verront (juste une seconde) Jean Peters sortir de sa baignoire… en maillot de bain noir ! On remarquera aussi que l'agent communiste est si fort qu'il sait déceler à l'œil nu un microfilm incomplet, on ne saura jamais d'ailleurs ce qu'est devenu la partie manquante, ni ce qu'est devenu le méchant après s'être échappé de sa souricière. Ça fait désordre tout ça ! Ensuite il y a l'anticommunisme, moi je veux bien, on en pas mal à en être revenu…. mais encore faut-il que ce soit subtil, car  là c'est tellement primaire et rabâché (oui, rabâché) que c'en devient  ridicule, le communisme figure le mal absolu sans que personne ne sache dire pourquoi ? L'intrigue est très faible, mais Fuller s'en fiche ce qui l'intéresse c'est de s'attarder sur les deux personnages principaux, seulement s'il est vrai que Peters crève l'écran (quelle belle femme !), Widmark n'est pas vraiment à l'aise dans le rôle. Le film possède néanmoins quelques bons atouts : une très belle photo, la fabuleuse scène d'entrée dans le métro, un bon rythme, quelques bonnes castagnes et surtout le visage de Jean Peters. Difficile de trancher entre ce qui est bon (voire très bon) et ce qui ne l'est pas, on dira donc que c'est moyen.

Un polar surpuissant, violent. Mais le film n'était fait pour être une histoire de drogue où la formule était sur un microfilm qui fut volé par un pickpocket. Ce film racontait l'histoire de traîtres bolcheviques et sur le microfilm, il était censé y avoir des photos à ce qui paraît. Ce qui est intéressant, c'est de mettre le film en version française sous-titrée français et vous vous apercevrez de la différence des deux scénarios.

 

En pleine période noire, je me devais donc de regarder ce "monument du noir"... La comparaison ne tient pas avec l'énorme "night and the city"; qui est la vraie référence du film noir. Quelle déception, passé la scène d'introduction du métro le reste du film est lent, conventionnel, convenu. J'ai regardé le film jusqu'au bout car Widmark est mon acteur fétiche du film noir.

Les années cinquante aux Etats-Unis furent marquées par la peur du communisme et le maccartysme (la fameuse « chasse aux sorcières »). Ce que l’opinion publique savait et pensait de ceux qu’on appelait « les Rouges » peut être résumé dans cette réponse de la vieille Moe (Thelma Ritter) dans ce dialogue savoureux : « Que savez-vous des Rouges ? – Rien mais je ne les aime pas ! » Samuel Fuller, cinéaste d’extrême droite, célèbre pour ses apologies de l’armée et de la violence essaie de nous faire le coup (mais à l’envers) de Fritz Lang dans M le maudit : police, truands, indics… tous unis, non pas contre un meurtrier tueur d’enfants mais contre ces « sales rouges » qui menacent l’intégrité du territoire US (« The flag » est le terme qui revient le plus souvent tout au long du film). Le problème est que même au-delà de cette idéologie primaire, la valeur cinématographique de Fuller est très loin de celle de Lang, évidemment… le contraire se saurait ! La mise en scène est conventionnelle et le scénario fait de ficelles tellement grosses qu’on a parfois envie de rire. Les acteurs font ce qu’ils peuvent pour sauver cette farce, ce qui vaut de ma part une étoile à ce navet ridicule. Mention spéciale à Thelma Ritter, déjà citée et à Jean Peters, sensuelle en diable… Richard Widmark, malgré de louables efforts, n’arrive pas à rendre crédible son personnage de truand converti par l’amour en patriote. À signaler pour finir que le titre français est totalement à côté de la plaque : il n’y a pas une once de drogue dans ce film. C’est que la version française évite soigneusement de faire allusion aux communistes (ça n’aurait pas plu chez nous en 1952…) et sert donc une fausse traduction, véritable trahison en règle du scénario original, où le microfilm destiné aux « rouges » est censé contenir une recette de drogue… Ubuesque !

 

 

 

Index Films

 

Sommaire  MAGALMA