CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1492 

 

 

n°1492
 
" Montanha "

(Un adolescent à Lisbonne)

 

(2016)-(Por,Fr)(1h31)  -      Drame    

 

Réal. :     João  Salaviza  

 

 

Acteurs:  D.Mourato, M. J. Pinho, R.Perdigão  ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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La mise en scène saisit ainsi avec une impressionnante sensualité la vie de David, ce nouveau desdichado, jeune prince inconsolé d’un Lisbonne moderne aux espoirs abolis.

Sans jamais tirer sur la corde du pathos (ce qui lui donne a contrario un aspect un peu sec), "Montahna" puise sa force et sa pertinence de ceci, qu’il ne considère pas le fait de grandir comme le gain de quelque chose, mais comme une perte irrémédiable.

Montanha nous rappelle que le cinéma peut aussi faire le même effet qu’une délicieuse maladie, qu’un film peut susciter une addiction aussi âpre que suave.

Certains verront une réalisation morne, trop soucieuse du rendu de son image au risque de perdre le spectateur en route. D'autres, au contraire (parmi lesquels je me compte) défendront l'exigence artistique du jeune cinéaste.

Nimbé de poésie et éclairé du soleil brûlant de Lisbonne, voici un nouveau regard sur ce passage complexe de l’enfance à l’adolescence. Si l’esthétisme du film est incontestable, l’atmosphère éthérée qui l’accompagne nous laisse désemparés.

Un film qui revendique, presque à chaque séquence, sa « personnalité » tout en étant au fond assez peu personnel.

L’exercice est exécuté avec talent, voire virtuosité, mais le film demeure trop fermé sur lui-même, comme obsédé par sa propre forme, pour que le spectateur parvienne à y entrer et y trouver son compte.

Ces liens familiaux restent chargés d'émotion. Mais des partis pris de mise en scène trop marqués la neutralisent. Le film prend finalement la direction d'un formalisme visuel prétentieux.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Au-delà des nombreux travaux sur la lumière et les cadrages, voici l’histoire d’un gamin prit dans une vie de délinquance douce-amère. Le jeune David, 13 ans, vole un scooter, ne va plus à l’école, fume, boit, bref a tout d’un bon à rien. Ses parents le laissent tout faire. Et pourtant, celui-ci grandit et comprend certaines choses mieux que les adultes. Il est normal qu’à cet âge, on a pas encore de projets et d’ambitions. On vit au jour le jour et on teste les limites. Mais à côté de ça, le jeune David comprend les relations humaines, il prend soin de sa mère un peu désillusionnée par la maladie de son père. Montanha est un peu l’antonyme des drames familiaux en France. Dans un calme certain, le film prouve que la compréhension passe avant tout par le dialogue, sans avoir besoin de monter sur ses grands chevaux et de s’énerver. Il y a beaucoup d’amour à ressentir et le spectateur ne pourra s’empêcher d’aimer ce jeune gosse. Montanha vaut également beaucoup pour sa dernière scène qui donne tout le sens à ce rapport mère-fils. 

Froid, lent et un brin austère, ce petit film qui se déroule pourtant au cours d'un été caniculaire à Lisbonne est une jolie chronique sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte d'un garçon un peu mélancolique et coupé du monde. Une très belle photo et une mise en scène inspirée.

Montanha s’ouvre sur une image sublime, celle d’un enfant allongé sur son lit, nous tournant le dos, et dont l’échine ensoleillée fend la pénombre ambiante comme une cicatrice incandescente. Avant même que le récit ne démarre, il y a là un mélange de douleur et d’alanguissement qui contient en secret toute la formule du film à venir. Ce dos, c’est celui d’un garçon de 14 ans, David, et ce soleil ardent, celui d’un été caniculaire, inondant ces grands ensembles immobiliers de Lisbonne, où l’enfant vit. dans Montanha, le sujet compte moins que la façon dont Salaviza s’en empare, le revisite parfois jusque dans ses clichés (fête foraine, soirée, transe musicale, baisers volés, rébellions), le trempant dans un noir d’encre, le soumettant à un ralentissement général, bien loin de la fébrilité et de l’effervescence qu’on attache d’habitude au parcours adolescent.

Un garçon et une fille s’embrassent goulûment, cadrés en gros plan, dans la nuit. On ne voit pas leurs corps, on ne peut qu’imaginer ce qui se passe au niveau de leurs mains, de leurs ceintures et plus bas, on n’entend que les bruits de baisers et de succions… Cette séquence où l’on ne “voit rien” (ou presque) mais où l’on entend et imagine tout, est d’un érotisme brûlant.“Ouïr c’est jouir”, disait en substance le Divin Marquis, ce que prouve cette scène qui témoigne de tout le talent de João Salaviza et de la beauté non ramenarde mais puissante de son premier film. 

 

A Lisbonne, l'été, le soleil brûle les repères et l'innocence, dérègle l'atmosphère pour accabler le péril de l'adolescence. 

 Accompagnant son magnifique acteur dans une moiteur anesthésiante, M parvient à capter qqchose de l'adolescence, de l'ennui et de l'angoisse.

João Salaviza n’échappe malheureusement pas aux conventions du genre, ni à celles de l’exercice du premier long-métrage. Il parvient cependant à implanter sa signature de cinéaste dans un ensemble intelligemment modelé et touchant. Le Néoréalisme à la portugaise David a 14 ans et a l’habitude d’être livré à lui-même. Un matin, cette notion d’indépendance va être chamboulée par l’arrivée de sa mère et de sa sœur, venues à Lisbonne pour s’occuper de la maison alors que le grand-père de David est à l’hôpital. Le récit initiatique du garçon commence ainsi, il prend source dans l’attente d’un dénouement tragique. David tente de se battre contre cette suspension du temps et s’occupe par des actions vides de sens, dont seuls les adolescents semblent avoir encore le secret. Le film sur l’adolescence détient sa poésie dans un interstice presque paradoxal. Il s’agit de regarder un enfant occuper son temps comme un enfant, c’est-à-dire en ne faisant rien de vraiment utile ni urgent. 

Au-delà d'un jeune acteur très convaincant, João Salaviza parvient péniblement à tirer une certaine ampleur de sa mise en scène naturaliste.
 

Le personnage de l'adolescent écorché vif qui traîne sa carcasse désoeuvrée est attachant malgré sa rugosité. Mais cela ne saurait tenir lieu d'action. Au bout d'une heure, on en est toujours au même point qu'au début. Mon voisin dans la salle dormait...

Comment est la vie quand on a presque 15 ans et que l'on habite dans une banlieue de Lisbonne ? Le passage de l'enfance à l'adolescence, sujet rebattu du cinéma contemporain, est dans Montanha traité de façon très formelle, avec un vrai travail de mise en scène sur la lumière et du scénario sur la compression du temps. Sinon, Joao Salaviza n'a rien d'autre à raconter, que des bribes d'existence d'un garçon aux attaches familiales fortes et lâches à la fois, délinquant plus par désoeuvrement que par conviction, aux amitiés et amours encore peu assurées. Le film se complait dans une atmosphère délavée au détriment d'un récit sans tempo qui fuit l'émotion et la psychologie au risque de susciter l'ennui. Et c'est bien celui-ci qui gagne le spectateur.

 

 

 

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