CINECRITIKIUM

 

 

 Fiche  1473 

 

 

n°1473
 
" Ema "

 

 

(2020)-(Chil)(1h42)  -      Drame, Thriller  

 

Réal. :     Pablo  Larrain    

 

 

Acteurs:  M.i Girolamo, G.Bernal, P.Giannini ...

 
  Critiques Presse 

  bonnes            moyennes           mauvaises      critiques  nd    

 

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En mettant au cœur de son dernier film une danseuse prise dans une cruelle tragédie de la maternité, Larraín confronte son cinéma au renouvellement des corps et des générations, tout en retrouvant, après avoir signé coup sur coup deux biopics, son essence.

Pablo Larrain signe un film puissant et incroyablement contemporain, le portrait d'une jeune danseuse insaisissable.

Avec "Ema", Pablo Larrain signe un nouveau chef-d’œuvre lyrique et décalé.

La puissance du cinéma de Pablo Larraín est tout à fait soluble dans le contemporain. Peut-être le film le plus revêche du réalisateur ; peut-être aussi le plus fascinant.

Un geste scandaleux, presque une caricature de mauvaise mère, à partir duquel le film va creuser un portrait plus complexe, fait d'expérimentations et de quêtes de plaisir sexuel, de chorégraphies et d'émancipation, exaltant la puissance du féminin.

Un personnage à la fois troublant et agaçant, un peu à l'image du film, dont la narration chaotique peut raser le spectateur, qui peine à comprendre où le réalisateur chilien veut en venir. Mais il fascine par une grande maîtrise formelle, une sensualité brûlante et une charismatique comédienne.

lLe final rocambolesque (Ema a séduit tous les membres d’une famille pour pouvoir garder un lien avec son fils) achève de nous convaincre que nous étions face à une mauvaise farce plutôt qu’un mélodrame contemporain.

Qu’ils dansent, s’agonissent d’injures ou fassent l’amour, on regarde sans empathie ces gens qui s’agitent, noyés sous la musique, comme des marionnettes dans un clip clinquant et vide de sens.

 

Critiques Spectateurs

  bonnes            moyennes           mauvaises 

 

 

Un feu tricolore qui flambe dans la nuit sous le regard d'une apprentie pyromane. La première scène d'Ema brûle la rétine et annonce un film incandescent. Et il l'est en effet, propre à diviser largement ses spectateurs, ce qui n'est pas nouveau pour le réalisateur chilien Pablo Larrain, si l'on veut bien se souvenir de El Club, qui a précédé les moins controversés Neruda et Jackie. Cette fois, le cinéaste se confronte à un sujet contemporain, avec ce portrait d'une jeune fille au feu, danseuse par ailleurs, qui va incendier sa propre existence et celle de quelques autres au passage. Le scénario d'Ema est complexe, emberlificoté, diront ses détracteurs, autour d'une adoption qui a mal tourné. Mais il y a bien d'autres choses dans le film : de nombreuses scènes de danse (trop, peut-être), de la musique (reggaeton), du sexe et des manipulations. Même ses contempteurs seront d'accord pour saluer la performance ébouriffante de la chilienne Mariana di Girolamo, en héroïne libre et désinhibée.

"Ema" n'aurait pas pu s'appeler autrement tant le personnage d'Ema capte tous nos regards et occupe tout l'espace avec la superbe Mariana Di Girolamo qui crève l'écran avec sa présence qui éclipse tout le monde et la puissance de son jeu. Ema est une femme qui sait ce qu'elle veut et qui va tout faire pour l'obtenir. Elle est à la fois envoûtante et sensuelle, mais aussi sulfureuse. Un personnage complexe pour un film qui l'est tout autant puisqu'il touche à tout. Il est question d'adoption, de maternité, de l'amour que l'on peut avoir pour un enfant adopté, mais aussi de danse, du métier de danseur et de la relation avec le chorégraphe.. Un drame qui va bouleverser sa vie à elle, sa vie de couple et sa vie de danseuse. "Ema" est vraiment particulier, un film intense, sulfureux et plein de passion qui mérite au moins un coup d’œil notamment pour Mariana Di Girolamo qui est excellente.

 

Flamboyant et malsain ! Une intrigue perverse nous plonge dans ce portrait de cette femme tordue. Intrigante et sensuelle le film ne cesse de surprendre par sa beauté de l'actrice principale et de par ces chorégraphies. Profond et cruel le réalisateur joue avec nos émotions tout comme son personnage.

 "Ema" est a priori dépourvu de la charge historique qui lestait ses films précédents. Son action se déroule dans le Chili contemporain, à Valparaiso, loin de la dictature militaire, de ses complices silencieux, de ses prêtres pédophiles. Il n’en est pas pour autant insignifiant, livrant un portrait particulièrement aiguisé des "millenials" chiliens. Ema incarne cette génération, paradoxalement rebelle et intégrée, individualiste et militante, "gender fluid" et maternelle. Ema est danseuse. Elle fait partie de la troupe que dirige Gaston et on comprend que leur rencontre s’est faite ici. Mais il y a entre les danseurs et leur chorégraphe un fossé générationnel.cette construction kaléidoscopique s’éclaire à la fin du film. On comprend alors que le vrai sujet de "Ema" n’est pas le chaos intérieur de son héroïne, filmé sans queue ni tête, mais la machination qu’elle a méticuleusement ourdie dont chaque élément du puzzle vient savamment s’agencer. Peu importe que la machination soit machiavélique et peu crédible, on sort de la salle doublement soufflé : soufflé par la folle énergie d’Ema, soufflé par sa froide détermination.

Parmi l’importante cohorte de réalisateurs sud-américains qui, au 21ème siècle, a petit à petit trouvé sa place sur les écrans du monde entier, le chilien Pablo Larrain est à coup sûr un des plus connus : sa trilogie sur la dictature chilienne, commencé en 2008 avec "Tony Manero" et terminée en 2012 avec "No", son pamphlet anticlérical "El Club" en 2015, son pseudo-biopic "Neruda" en 2016 lui ont même ouvert les portes du cinéma des Etats-Unis avec la réalisation de "Jackie", autre pseudo-biopic, consacré cette fois à Jackie Kennedy. "Ema" marque un retour au pays, provisoire semble-t-il. D’un réalisateur comme Pablo Larrain, on attend une grande réussite de chacun de ses films et on en arrive à considérer comme n’étant qu’une demi-réussite un film auquel on ne trouverait peut-être que des qualités chez un réalisateur débutant. Soyons juste : des qualités, il y en a dans "Ema", la photographie, tout particulièrement, des jeux de montage très intelligents, l’utilisation très réussie de la ville de Valparaiso, mais, à côté, on regrette un scénario trop alambiqué et une réalisation certes ambitieuse mais qui flirte parfois un peu trop avec une certaine prétention.

Le film n'est pas facile à comprendre au premier abord, jusqu'au deux tiers du film environ. Pour ceux qui auraient déjà vu un film de Pablo Larrain, la poésie visuelle et sa douceur est en quelque sorte sa marque de fabrique. On est donc logiquement surpris de voir un film qui parle ouvertement de sexe, d'abandon d'enfants, de bisexualité, voire de polyamour. Le tout dans un film dont le montage se révèle déstructuré, et dont la cohérence finale, si l'on est un temps soit peu attentif et concentré, se révèle à la fin.

Le réal parvient le tour de force de raconter les véritables affects des personnages à l'image (métaphore des couleurs et des décors), en décalage avec les remarques salées sursignifiantes et les coups tordus. Au final, tout ce petit monde est à la fois complètement attachant et tout à fait détestable. 

Difficile d'appréhender un tel film quand on n'a aucune connaissance des autres films du réalisateur... Pourtant, cet Ema ne peut pas laisser indifférent, tant les sujets abordés sont brûlants (l'adoption, l'échec de l'éducation, la confrontation de l'art de rue et du "grand art") et sont incarnés par des personnages dont l'écriture est fine et dont les caractères sont contrastés. Difficile de s'identifier en une héroïne qui incarne la marginalité, la méchanceté et le machiavélisme (pour le moins dans la première partie du film, car le personnage semble hermétique). S'il s'agit d'un film mettant en scène des danseurs de reggaeton, ce n'est finalement pas un film sur cette danse, mais sur les formes de marginalités, de déviance, mais aussi un film sur le genre. Dommage que le film s'emmêle sur des relations tortueuses dans la dernière partie du film, car le récit en devient confus. 

 

Comment Pablo Larrain, réalisateur du sublime Jackie, a pu à ce point se rater. Ema est un film totalement raté. Mise en scène clinquante et artificielle, scénario lourdingue et personnages creux, Ema se présente comme une sorte de psychodrame queer et multiplie les scènes de sexe d'un kitsch digne des vieux téléfilms érotiques M6. Ça se veut moderne, on dirait une mauvaise copie d'un film d'Almodovar des années 80. La relecture de Théorème est absolument risible tout comme la fin qui confirme le ridicule de l'entreprise. Les acteurs font ce qu'ils peuvent mais rien n'est à sauver, même pas les numéros de danse qui semblent eux-aussi datés. On attend le prochain film de Larrain en espérant qu'Ema sera juste une mauvaise passe...

 

 

 

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